Le chat, le chien et le gigot
Un jour, un vieux matou faisant grise mine
Tenaillé par la faim, par le froid et la peur
S’en vint rôder, son estomac criant famine
Auprès d’un feu de bois, alléché par l’odeur ;
Des manants s’emploient à cuire sur un brasier
Un gigot chipé le matin au village,
Qui sentait si bon aux narines du greffier,
Qu’il décida donc d’en oser chapardage.
Sans un miaulement ; le matou sait se taire,
S’approche rampant, les yeux rivés sur son repas,
S’en lèche les babines, sûr de son affaire …
Soudain on entend un terrible brouhaha !
Au voleur ! Crie fort l’escroqué en colère ;
Avisés du larcin les voisins aussitôt
Se joignant au volé en fidèles compères
Se ruent sur les croquants armés de grands couteaux ;
Là, nos lascars ne voulant pas laisser faire
Jetèrent le pilon, eh oui, je vous le dis,
Sous le nez de notre famélique hère
Dans la gueule grande ouverte de notre mistigri.
Mais il n’eut pas le temps de savourer ce mets
Il lui fut confisqué sans être dégusté
Par un chien dont les crocs fortement acérés
N’incita pas minet à vouloir batailler.
Affamé il s’en vint,honteux s’en est allé
Jurant que désormais on ne le prendrait plus
A croire à un dîner facilement gagné ;
C’est l’estomac vide,qu’il s’en va fort déçu.
Or le clebs à son tour, chassé par le lésé
Dû lâcher sa prise sous peine d’être tué ;
Il ne put alors que bien triste assister
Au partage du rôt entre amis et boucher !
Moralité :
Sachez, chers amis, qu’en toute circonstance
Par votre travail gagner votre pitance ;
Ne croyez surtout pas vous nourrir sans effort
Du moindre cuisseau bien rôti… Vous auriez tort.
Agate/Ln G/25/02/2015