Insurrection Poétique
Face à l'obscurantisme, indignons-nous.
Shulekha
Les cheveux de Shulekha ne dansent pas dans le vent.
Son corps est recouvert des pieds à la tête.
Sous le voile, le corps se developpe,
Ses cheveux poussent librement,
Ses tétons s'épanouissent.
Cache-toi, Shulekha, cache vite cette honte,
Cache tes cheveux, tes yeux, ton menton,
Cache ton nez, tes lèvres et tes seins,
Cache tes orteils, cache toute cette indécence.
Tait-toi, surtout, ne fait pas de bruit,
Entre vite dans une cage,
Seule la cage peut sauver une femme.
Shulekha cache son corps,
Cache toutes les parties indignes de son corps.
Il émane d'elle une odeur de sang impur.
Honte, honte à toi, ne sors pas Shulekha,
Ne va pas dans la rue !
Tes seins pointent tels des tours, en te voyant,
Toi, ange du paradis venu en cette terre,
Ils éprouvent de la haine et de la peur,
Ils sentent leurs s'exciter.
Honte, honte à toi !
Tu t'égares,
Du calme, entre dans les rénèbres,
Entre dans la cage vérrouillée.
Seule la cage peut sauver une femme.
Shulekha n'a pas pu voir la beauté de la terre,
Ni la sentir, ni la goùter.
Elle n'a aucun droit aux droits d'un être humain.
Taslima Nasreen. (non daté)