LA PLUME ET LE PINCEAU

Il en coûte souvent,
de faire naître un mot,
pour le livrer au vent,
du monde indifferent;

Mûri dans l'âme où il est né,
pétri d'émotions contrariées,
au bout de la plume, il a cherché,
en vain le sens de sa destinée.

Etonné il s'est vu préféré:
les belles phrases recopiées,
aux fins de redorer blason
les jours sans imaginations.

Faut_il écrire un bon mot
pour faire sourire l'intello?
museler le gros mot égaré
choquant les prudes effarouchées ?

Faut_il endimancher les mots
pour que le texte sonne beau ?
ou faut_il les "déculotter"
pour être en phase en société ?

Dois_je parler de la misére,
pour faire perler les paupières,
et mériter dans les chaumiéres
l' auréole  des généreuses?

Suffit_il de belles maximes
des donneurs de leçons de  vie,
pour être déclarée gentille
par des lecteurs sans malice?

Mieux vaut  du poil caresser
avec la plume  nos  gentils minets,
et s'attirer la sympathie
des mamies de la compagnie

Mais comment parler de l'amour,
de la douleur et de la mort  ?
existe_t_il des mots très forts,
porteurs de réconfort, toujours?

C'est là que mon pinceau
dormant depuis des mois,
au secours de mon cerveau
me fit un grand cadeau:

En esquissant sans hésiter
sur la toile deshabituée,
la gravité d'un visage
d'où s'échappait une larme.

Si vous la voyez, sur la joue couler
vite : séchez_la d'un baiser,
comme la signature,
de votre plus belle écriture.

Oderay
(déc 2015)