Ce poème est de mon père, amoureux des mots et des belles lettres.

Mots

Ce poème est de mon père, amoureux des mots et des belles lettres.

Ecrit par l'Ordissinaute Christine


Essayant de tresser des lueurs orphelines
Dans le royaume sombre où l'esprit est enclos
Les doigts de la Fileuse ont découvert des mots
Fugaces comme oiseaux que le ciel illumine.

Nés d'un embrasement ou d'un Verbe céleste
Ils marient les lambeaux fuyants des souvenirs
Jalons évanescents d'un concert à venir
Dont des voleurs de sens constamment nous délestent.

Sont-ils des étrangers dans un jardin en passe
D'oublier la douceur de leur berceau lointain
Ou bien des familiers laissés un beau matin
Comme ballons au vent que des enfants pourchassent ?

Leur souffle peut courir couloirs et labyrinthes
S'époumonant parfois aux prêches du désert
Raviver les bûchers des pourvoyeurs d'enfers
À la fin succomber pour devenir des plaintes.

Passerelles jetées entre les solitudes
Ils font imaginer des bonheurs imprévus
Quand nous sentons vibrer des destinées perdues
Fissurant un instant toutes nos certitudes.

Fileuse donne-moi la clé de ces messages
Éternels ou dissous dès qu'ils sont envoyés.
Qui parle avec nos mots à nos raisons liés
Les retrouverons-nous à la fin du voyage?

(auteur anonyme)?