A chacun selon son talent
Il s'était trouvé invité à suivre une délégation composée d'élus du département et de la commune, accompagnée des inévitables représentants de l’État, préfet et sous-préfet, venue visiter l'usine de construction automobiles, principal employeur de cette ville de la région parisienne. Alors que le gros de la délégation traversait les ateliers et les chaînes de montage dans une indifférence teintée d'un léger mépris, lui n'en finissait plus de répondre aux saluts et de serrer des mains :
«Bonjour, Monsieur Henry, comment ça va, Monsieur Henry.
-Vous venez au foot samedi, Monsieur Henry ?
-Votre dame va mieux, monsieur Henry ?»
Agacé et sûrement un peu jaloux, un sous-préfet s'approche et le questionne :
«Vous êtes un élu ou un représentant syndical?
- Pas du tout, je suis le patron du bar tabac-PMU et aussi le président du club de football».
Et citons cette sentence que le journal sud-Ouest a saisi sur une plaque de contre-plaqué protégeant une vitrine lors de la Férié de Dax, frappée au coin du bon sens :
«La terre est trop basse, le ciel beaucoup trop haut, seul le comptoir est à la bonne hauteur».
Une autre, de même provenance, au contenu ésotérique à valeur d'éthylotest et dont l'auteur était arrivé aux portes du bonheur :
«Les escargots meurent debout !».