Les tribulations du fleuve Adour
Publié le 21 avril 2017
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En premier lieu, voici le fleuve Adour en chiffres.<br /> Longueur : 310 km.<br /> Étiage : 300 m3/s.<br /> En crue : 2000 m3/s. <br />Bassin versant : 17028 km². <br />Affluents : rive gauche, 15, rive droite, 3.<br /> Ce fleuve au débit irrégulier, qui cause de fréquentes inondations, draine l'ouest de la chaîne pyrénéenne et les collines de Chalosse et du Tursan.<br /> Dans un premier temps, il descend des montagnes situées plein nord, puis, dans la plaine, se heurte aux sables des Landes.<br /> Et il rencontre là son vrai problème : se tailler un lit dans la plaine sablonneuse ; c'est ce qui lui a valu de nombreuses tribulations au cours des siècles.<br /> Les lacs et étangs des Landes sont le résultat de ces errements.<br /> De plus, pour accéder à l'océan, il lui faut franchir un cordon dunaire très épais, dont la dune du Pilat est la monstrueuse illustration !<br /> Et l'océan, seul maître chez lui, déplace d'énormes quantités de sable au gré des marées et des tempêtes.<br /> Arrêté dans sa course, le fleuve prend la pente et part vers l'ouest le long des collines, pour se diriger vers Bayonne. En l'an 1000, le nord l'attire à nouveau, il se disperse en plusieurs bras, créant un large delta.<br /> En 1320, autre avatar, la conjugaison de pluies diluviennes et d'une terrible tempête, qui bouche d'un énorme banc de sable l'accès à l'Océan, l'oblige à commettre une folie : il se jette vers le nord, le long des dunes, en un flot de 400 m. de large, arrachant tout sur son passage sur 28 km.<br /> Il retrouve l'océan à Vieux-Boucau.<br /> Les hommes créent à cet endroit Port d'Albret.<br /> Le fleuve, à l'époque, est une artère vitale pour le transport des marchandises, et donc pour le commerce ; c'est pourquoi la ville de Bayonne, qui n'a plus de débouché sur l'océan, va s'employer à récupérer ce trafic lucratif.<br /> À la suite d'un "lobbying" patient auprès du roi Charles IX, la ville obtient le droit de détourner le fleuve vers Bayonne. Les corporations y font se succéder les corvées et en 1578, aidé par une crue de la Nive, le dernier bouchon cède et le fleuve rejoint l'océan.<br /> La ville revit et prospère ; Port d'Albret,en revanche, périclite rapidement.<br /> Et l'océan ?<br /> Il se venge et apporte assez de sable pour créer la barre de l'Adour, rendant compliquée la sortie du port, et condamnant la ville à des travaux permanents d'endiguement et de dragage.<br /> Voilà pour le passé, mais nul ne peut dire l'avenir, l'océan écrira la suite.<br />