Anges et lutins
Publié le 2 août 2017
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Il marche à pas comptés, sa silhouette amaigrie, droite, digne, légèrement voûtée par le poids des ans.
Vêtu d'un complet noir, malgré la chaleur, la chemise délavée reste boutonnée au col, une couronne de neige pour coiffure.
Perdu dans ses pensées, sans prendre garde, il traverse la rue.
Un fou du volant en un instant efface une longue vie...
Notre inconnu, dans un coma dépassé, ressent une présence chaleureuse qui lui prend la main.
Un être ailé, tout de blanc vêtu, se présente : "Je suis Poyel du chœur de la principauté, ton ange gardien, j'ai été affecté à ton service, depuis ta naissance à 18h30, il y aura bientôt 79 ans.
Toutes les 20 minutes, depuis la nuit des temps, un ange est affecté à une naissance.
Nous sommes 72, répartis en 9 groupes.
Séraphins, Chérubins, Trônes, Dominations, Puissances, Vertus, Principautés, Archanges, Anges."
Trop d'informations pour notre ami.
Poyel lui dit : "Durant notre ascension, je t'expliquerai, laissons ton corps ici bas, seul ton esprit m'accompagne."
L'ascension commence, il peut lui avouer que sa mission consiste à le conduire à l'ange de la mort, appelé aussi ange de l'amour.
Cette révélation le sort de son apathie, réveille son énergie combative.
Un fil presque invisible se tisse, et le relie avec fragilité à la vie, il décuple ses forces...
La lutte devient acharnée.
À l'issue du voyage, un monde étrange nimbé de lumière diaphane s'offre à la vue de notre personnage.
Chacun peut imaginer un peuple d'anges, légers, en sustentation, affairés à de multiples occupations.
Il se mêle à eux, émerveillé, il passe de l'un à l'autre, chacun ayant sa particularité.
Si les humains pouvaient contempler ce spectacle d'une beauté unique, quelle bénédiction !
Toutefois il se rend compte que ces êtres ailés l'ignorent, comme s'ils ne voulaient pas de lui...
Serait-il en train de gagner son combat contre la mort ?
Bien qu'ayant observé attentivement, il n'y retrouve pas l'ange virtuel, qui lui a offert tant de petits bonheurs pendant un temps. Déçu, relâchant son effort, fataliste, il s'en remet au destin.
À ce moment du récit, il se produit un phénomène étrange : mon corps et celui de l'accidenté, dans une sorte de fondu-enchaîné, ne font plus qu'un.
Je me retrouve dans une ambulance, toutes sirènes hurlantes.
Mon ange gardien est toujours là.
Devant mon regard interrogateur, il me dit que j'ai vaincu la mort.
Dans mon état inconscient, je lui ai demandé de me faire connaître, sur Terre, le monde des Lutins.
"Les urgentistes vont te ramener à la vie, cela prendra quelques jours, que nous mettrons à profit pour rendre visite à tes amis."
Lentement, je m'extirpe de mon enveloppe corporelle, mon ange me conduit à la Baume d'Hostun près de Valence (Drôme), village réputé être la capitale mondiale des Lutins.
Je suis présenté, d'entrée, au Patriarche qui nous attend, confortablement installé sur un rosé des prés.
Il est minuscule, un bonnet rouge pointu "vissé" sur la tête, un collant vert, une veste marron à franges, une longue barbe blanche.
Un personnage atypique.
Il prend la parole et m'explique ce que représentent les lutins.
"Il faut savoir que lutin a son féminin, lutine. Hé oui !" insiste-t-il avec un clin d’œil complice.
"Nous sommes des créatures humanoïdes, comme tu as pu le constater, de petite taille. Des esprits follets, petits démons espiègles, malicieux, nous avons le pouvoir de nous transformer en partie, pour faire des farces aux humains.
On nous connait aussi sous le nom de Farfadets ou Trolls, nous ne vivons que la nuit, et notre jeu favori est de nous inviter dans le sommeil des humains pour les tourmenter."
Je me penche à son oreille, lui murmure discrètement un prénom composé féminin, elle était l'incarnation de ma lutine espiègle.
"Désolé, elle ne fait pas partie de notre monde."
Cela n'aura donc été qu'un rêve éveillé.
Sur mon lit d'hôpital, j'émerge du néant, deux grands yeux bleus noyés de larmes m'observent, Marilou est là, je réagis à sa caresse sur ma joue, mes paupières s'entrouvrent, son visage s'éclaire d'un merveilleux sourire.
Ma fée est à mes côtés.
Maintenant, je me sens en sécurité, je peux me détendre.
Plus besoin de me battre, elle veille sur moi.
Avant de me rendormir, paisible, Poyel, d'un petit geste de la main, me quitte pour aller retrouver les siens, non sans m'avoir assuré que sa mission d'ange-gardien se poursuivait.
Voilà, c'est fini...
Cl. Lopez 31/07/2017
Vêtu d'un complet noir, malgré la chaleur, la chemise délavée reste boutonnée au col, une couronne de neige pour coiffure.
Perdu dans ses pensées, sans prendre garde, il traverse la rue.
Un fou du volant en un instant efface une longue vie...
Notre inconnu, dans un coma dépassé, ressent une présence chaleureuse qui lui prend la main.
Un être ailé, tout de blanc vêtu, se présente : "Je suis Poyel du chœur de la principauté, ton ange gardien, j'ai été affecté à ton service, depuis ta naissance à 18h30, il y aura bientôt 79 ans.
Toutes les 20 minutes, depuis la nuit des temps, un ange est affecté à une naissance.
Nous sommes 72, répartis en 9 groupes.
Séraphins, Chérubins, Trônes, Dominations, Puissances, Vertus, Principautés, Archanges, Anges."
Trop d'informations pour notre ami.
Poyel lui dit : "Durant notre ascension, je t'expliquerai, laissons ton corps ici bas, seul ton esprit m'accompagne."
L'ascension commence, il peut lui avouer que sa mission consiste à le conduire à l'ange de la mort, appelé aussi ange de l'amour.
Cette révélation le sort de son apathie, réveille son énergie combative.
Un fil presque invisible se tisse, et le relie avec fragilité à la vie, il décuple ses forces...
La lutte devient acharnée.
À l'issue du voyage, un monde étrange nimbé de lumière diaphane s'offre à la vue de notre personnage.
Chacun peut imaginer un peuple d'anges, légers, en sustentation, affairés à de multiples occupations.
Il se mêle à eux, émerveillé, il passe de l'un à l'autre, chacun ayant sa particularité.
Si les humains pouvaient contempler ce spectacle d'une beauté unique, quelle bénédiction !
Toutefois il se rend compte que ces êtres ailés l'ignorent, comme s'ils ne voulaient pas de lui...
Serait-il en train de gagner son combat contre la mort ?
Bien qu'ayant observé attentivement, il n'y retrouve pas l'ange virtuel, qui lui a offert tant de petits bonheurs pendant un temps. Déçu, relâchant son effort, fataliste, il s'en remet au destin.
À ce moment du récit, il se produit un phénomène étrange : mon corps et celui de l'accidenté, dans une sorte de fondu-enchaîné, ne font plus qu'un.
Je me retrouve dans une ambulance, toutes sirènes hurlantes.
Mon ange gardien est toujours là.
Devant mon regard interrogateur, il me dit que j'ai vaincu la mort.
Dans mon état inconscient, je lui ai demandé de me faire connaître, sur Terre, le monde des Lutins.
"Les urgentistes vont te ramener à la vie, cela prendra quelques jours, que nous mettrons à profit pour rendre visite à tes amis."
Lentement, je m'extirpe de mon enveloppe corporelle, mon ange me conduit à la Baume d'Hostun près de Valence (Drôme), village réputé être la capitale mondiale des Lutins.
Je suis présenté, d'entrée, au Patriarche qui nous attend, confortablement installé sur un rosé des prés.
Il est minuscule, un bonnet rouge pointu "vissé" sur la tête, un collant vert, une veste marron à franges, une longue barbe blanche.
Un personnage atypique.
Il prend la parole et m'explique ce que représentent les lutins.
"Il faut savoir que lutin a son féminin, lutine. Hé oui !" insiste-t-il avec un clin d’œil complice.
"Nous sommes des créatures humanoïdes, comme tu as pu le constater, de petite taille. Des esprits follets, petits démons espiègles, malicieux, nous avons le pouvoir de nous transformer en partie, pour faire des farces aux humains.
On nous connait aussi sous le nom de Farfadets ou Trolls, nous ne vivons que la nuit, et notre jeu favori est de nous inviter dans le sommeil des humains pour les tourmenter."
Je me penche à son oreille, lui murmure discrètement un prénom composé féminin, elle était l'incarnation de ma lutine espiègle.
"Désolé, elle ne fait pas partie de notre monde."
Cela n'aura donc été qu'un rêve éveillé.
Sur mon lit d'hôpital, j'émerge du néant, deux grands yeux bleus noyés de larmes m'observent, Marilou est là, je réagis à sa caresse sur ma joue, mes paupières s'entrouvrent, son visage s'éclaire d'un merveilleux sourire.
Ma fée est à mes côtés.
Maintenant, je me sens en sécurité, je peux me détendre.
Plus besoin de me battre, elle veille sur moi.
Avant de me rendormir, paisible, Poyel, d'un petit geste de la main, me quitte pour aller retrouver les siens, non sans m'avoir assuré que sa mission d'ange-gardien se poursuivait.
Voilà, c'est fini...
Cl. Lopez 31/07/2017