Une chouette histoire ... de Chouette Hulotte
Publié le 21 août 2017
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Mon histoire commence un an après le départ de mon ami Rahal, disparu trop tôt, l'année de mes 13 ans, tout au début des grandes vacances, en juillet.
Sorti de l'internat, je retrouvais mon univers, avec toujours le même bonheur.
De notre petite bande, il ne restait plus personne, l'Oued était toujours le terrain de jeux favori d'autres enfants qui nous avaient remplacé. La vie est un éternel recommencement...
En ce qui me concerne, j'avais perdu mon insouciance juvénile en entrant dans le monde des adultes.
Dans la mesure de mes moyens, je participais aux travaux de la ferme.
Le soir je me retrouvais dans ma chambre, si souvent partagée avec Rahal.
À 13 ans on est un homme. On ne pleure pas.
Je dormais la fenêtre ouverte d'où je distinguais nettement "notre" olivier.
Un soir j'entends le hululement lugubre d'une chouette, à donner des frissons !
Les paysans avaient une croyance, ils associaient ces chants nocturnes à une annonciation de mort, au point que certains clouaient leurs cadavres sur les portails de leurs bâtiments fermiers. Pour se justifier, ils accusaient les chouettes de boire le sang des enfants, la nuit venue.
Quant à moi, ces oiseaux m'ont toujours fasciné, ils sont magnifiques, je ne les crains pas, je les aime.
Ce soir là, pourtant, j'avais l'impression que ce chant n'était pas habituel, il semblait plaintif, insistant.
Le lendemain, mes parents étaient absents, je savais où se trouvait le nid de la chouette : dans une cavité à même le tronc de l'olivier, à environ 4m du sol.
À l'aide d'une échelle, je grimpais et tentais de découvrir avec curiosité pourquoi cet oiseau semblait m'avoir appelé à l'aide, la nuit dernière.
J'ai tout de suite compris. Deux oisillons déjà bien emplumés criaient famine, la maman blessée au bout d'une aile se trouvait incapable de chasser pour les nourrir. Pour les avoir souvent observés, je savais que ces rapaces étaient carnassiers.
J'allais dans la cuisine découper un morceau de viande rouge en lamelles grossières. J'ai cherché dans une vieille boite de jouets "MECCANO" pour trouver de quoi confectionner deux petites attelles et pris un rouleau de sparadrap dans la pharmacie.
Ma priorité fut de donner la becquée aux trois locataires, la viande crue avalée en moins de temps qu'il ne faut pour l'écrire.
Puis vint le moment délicat de la pose des attelles. Cela me prit du temps. Parfois, un petit coup de bec me faisait comprendre que je lui faisais mal. Quand ce fut achevé, j'étais assez satisfait du résultat.
Il fallait maintenant me préoccuper de leur trouver de quoi se sustenter chaque jour. Je prenais la responsabilité d'assurer la pitence de mes trois protégés. En conséquence, chaque jour, j'allais à la recherche de tout ce que je savais faire partie de leur menu habituel, grenouilles, lézards, sauterelles, j'y ajoutais de la viande crue.
Papa et maman observaient mon manège avec tendresse sans jamais intervenir, c'était mon affaire.
Peu avant la reprise des cours, cela faisait deux longs mois, que je m'occupais sans relâche de les soigner et de pourvoir à leurs besoins.
Les deux oisillons, devenus des chouettes adultes, quittèrent le nid. Après deux ou trois survols de la maison, elles disparurent dans le ciel.
Ce même jour, je décidais avec anxiété de retirer les attelles de la maman. Cela fait, elle sorti du nid, battit des ailes, tenta avec précaution un envol et, le réussi ! Décrire ici ma fierté est impossible. A son tour elle disparu à l'horizon. Papa et maman à mes côtés ne pouvaient cacher leur émotion. Leur fils venait d'achever avec succès une mission des plus délicates et faisait d'eux des parents fiers.
À 13 ans on est un homme. On ne pleure pas.
Cette histoire se suffit à elle même, elle pourrait s'arrêter là.
La suite demeure une énigme pour moi... Sept ans plus tard, durant les 25 mois de la guerre d'Algérie, une chouette est venue nicher près de ma chambre, les ruines d'une maison lui avaient servi d'accueil. Je la voyais tous les jours, elle aussi m'observait, j'éprouvais une sensation bizarre.
A cette occasion, j'appris que c'était une chouette hulotte appelée chat-huant.
À distance cet oiseau, pourtant nocturne, me suivait dans tous mes déplacements, y compris sur le théâtre de mes opérations militaires. Cela m'intriguait.
Un jour qu'elle sommeillait sur son perchoir, je saisi mes jumelles et, en gros plan, je remarquais qu'un bout de l'une de ses ailes avait une petite déformation, j'étais sidéré ! Serait-il possible que... Oh non ! j'hallucine ! mon imaginaire me joue encore des tours.
Cette adorable chouette aurait-elle pu être mon ange gardien durant cette longue période de danger permanent ?
cl. Lopez le 18/08/2017
Sorti de l'internat, je retrouvais mon univers, avec toujours le même bonheur.
De notre petite bande, il ne restait plus personne, l'Oued était toujours le terrain de jeux favori d'autres enfants qui nous avaient remplacé. La vie est un éternel recommencement...
En ce qui me concerne, j'avais perdu mon insouciance juvénile en entrant dans le monde des adultes.
Dans la mesure de mes moyens, je participais aux travaux de la ferme.
Le soir je me retrouvais dans ma chambre, si souvent partagée avec Rahal.
À 13 ans on est un homme. On ne pleure pas.
Je dormais la fenêtre ouverte d'où je distinguais nettement "notre" olivier.
Un soir j'entends le hululement lugubre d'une chouette, à donner des frissons !
Les paysans avaient une croyance, ils associaient ces chants nocturnes à une annonciation de mort, au point que certains clouaient leurs cadavres sur les portails de leurs bâtiments fermiers. Pour se justifier, ils accusaient les chouettes de boire le sang des enfants, la nuit venue.
Quant à moi, ces oiseaux m'ont toujours fasciné, ils sont magnifiques, je ne les crains pas, je les aime.
Ce soir là, pourtant, j'avais l'impression que ce chant n'était pas habituel, il semblait plaintif, insistant.
Le lendemain, mes parents étaient absents, je savais où se trouvait le nid de la chouette : dans une cavité à même le tronc de l'olivier, à environ 4m du sol.
À l'aide d'une échelle, je grimpais et tentais de découvrir avec curiosité pourquoi cet oiseau semblait m'avoir appelé à l'aide, la nuit dernière.
J'ai tout de suite compris. Deux oisillons déjà bien emplumés criaient famine, la maman blessée au bout d'une aile se trouvait incapable de chasser pour les nourrir. Pour les avoir souvent observés, je savais que ces rapaces étaient carnassiers.
J'allais dans la cuisine découper un morceau de viande rouge en lamelles grossières. J'ai cherché dans une vieille boite de jouets "MECCANO" pour trouver de quoi confectionner deux petites attelles et pris un rouleau de sparadrap dans la pharmacie.
Ma priorité fut de donner la becquée aux trois locataires, la viande crue avalée en moins de temps qu'il ne faut pour l'écrire.
Puis vint le moment délicat de la pose des attelles. Cela me prit du temps. Parfois, un petit coup de bec me faisait comprendre que je lui faisais mal. Quand ce fut achevé, j'étais assez satisfait du résultat.
Il fallait maintenant me préoccuper de leur trouver de quoi se sustenter chaque jour. Je prenais la responsabilité d'assurer la pitence de mes trois protégés. En conséquence, chaque jour, j'allais à la recherche de tout ce que je savais faire partie de leur menu habituel, grenouilles, lézards, sauterelles, j'y ajoutais de la viande crue.
Papa et maman observaient mon manège avec tendresse sans jamais intervenir, c'était mon affaire.
Peu avant la reprise des cours, cela faisait deux longs mois, que je m'occupais sans relâche de les soigner et de pourvoir à leurs besoins.
Les deux oisillons, devenus des chouettes adultes, quittèrent le nid. Après deux ou trois survols de la maison, elles disparurent dans le ciel.
Ce même jour, je décidais avec anxiété de retirer les attelles de la maman. Cela fait, elle sorti du nid, battit des ailes, tenta avec précaution un envol et, le réussi ! Décrire ici ma fierté est impossible. A son tour elle disparu à l'horizon. Papa et maman à mes côtés ne pouvaient cacher leur émotion. Leur fils venait d'achever avec succès une mission des plus délicates et faisait d'eux des parents fiers.
À 13 ans on est un homme. On ne pleure pas.
Cette histoire se suffit à elle même, elle pourrait s'arrêter là.
La suite demeure une énigme pour moi... Sept ans plus tard, durant les 25 mois de la guerre d'Algérie, une chouette est venue nicher près de ma chambre, les ruines d'une maison lui avaient servi d'accueil. Je la voyais tous les jours, elle aussi m'observait, j'éprouvais une sensation bizarre.
A cette occasion, j'appris que c'était une chouette hulotte appelée chat-huant.
À distance cet oiseau, pourtant nocturne, me suivait dans tous mes déplacements, y compris sur le théâtre de mes opérations militaires. Cela m'intriguait.
Un jour qu'elle sommeillait sur son perchoir, je saisi mes jumelles et, en gros plan, je remarquais qu'un bout de l'une de ses ailes avait une petite déformation, j'étais sidéré ! Serait-il possible que... Oh non ! j'hallucine ! mon imaginaire me joue encore des tours.
Cette adorable chouette aurait-elle pu être mon ange gardien durant cette longue période de danger permanent ?
cl. Lopez le 18/08/2017