Une mésaventure domestique très parfumée !

Rue des parfums

Une mésaventure domestique très parfumée !

Ecrit par l'Ordissinaute Pierre le montois

Ce titre fait songer à quelques rues de la Chine ou du Vietnam. Il n'en est rien, c'est chez nous. Près de Paris, et proche de Pontoise, que s'est trouvée l'espace d'un soir, cette rue-là. La rue principale de notre lotissement est bordée des deux côtés de gentils pavillons dits «de banlieue».
A l'époque, la vente à domicile se pratique régulièrement : le boulanger et le laitier passent chaque jour, ils viennent juste de délaisser le cheval et sa carriole pour un fourgon. Un soir d'automne de 1955 ou 1956, une camionnette entre dans la rue et se fait connaître à grands coups de klaxon.
À l'époque, rares sont les femmes qui travaillent alors que c'est le plein emploi pour les hommes. Aussi, les ménagères sortent sur le pas de leur porte. Le type propose des poireaux, ils sont superbes, d'un beau blanc surmonté d'un vert profond, tous très gros et vendu à un prix attrayant. Ravies, ces dames font affaire. Toute la rue achète.
À six heures, les soupes sont sur le feu. C'est alors que c'est arrivé : une odeur ronde, épaisse, profonde s'est répandu dans l'air. Et, horreur ! Oui, ça sentait fort la Merde ! Toute la rue, enrobée de ce parfum épouvantable. Devant leur porte, les ménagères sidérées vérifiaient l'origine : bon sang, les poireaux !
Le pire : les maris rentraient pour mettre les pieds sous la table et manger la soupe ! Chacun chez soi, les explications et les cris dans la discrétion domestique.
Chez nous aussi, ça a chauffé, rien que des mots. Ce soir-là, pour les autres je ne sais pas, mais nous on a mangé des pâtes.
L'explication est venue le lendemain : ces légumes venaient des champs d'épandage de la Patte d'Oie d'Herblay, une plaine près de Pontoise où le maraîcher pensait bien faire en utilisant le plus vieil engrais pas cher.
Ne faites pas le déplacement pour juger sur place, la ville a tout dévoré : usines, tours immenses côte à côte, béton, goudron. Même les chiens ne trouvent plus de place pour faire leurs besoins, c'est pour vous dire!