Girouette

Sombre soir de novembre
Un mesquin tourbillon,
Vient de briser mes jambes
Une piètre exécution.

Je n'ai pas vu venir
La puissance du vent,
Prêt à m'anéantir
De son air dominant.

Bel ouvrage d'acier
Je campais sur le toit,
Aux courants d'air valsais
A l'aube des frimas.

Moi, banale Girouette
Éjectée par le vent,
J'en ai perdu la tête
Parmi les encombrants.

Recyclage moqueur
Reléguée au broyeur,
Roule, roule Girouette
Gênante marionnette.

Cabossée dans ma chute
Oeil pâle, poil hirsute,
Dans ce bas caniveau
Près des rats je prends l'eau.

Tel un pantin blessé
Je ne sais plus m'orienter,
L'allure nonchalante
Je dérive chancelante.

Sur des braises fumantes
L'étreinte d'un marteau
L'armure brinquebalante
Apaise ses sanglots.

Mon cœur inoxidable
A repris des couleurs,
Un artisan affable
Lui a rendu l'honneur.

Vivi février 2020