L'Epouvantail

Ecrit par l'Ordissinaute Paule Husson - 1

Planté au milieu du carré
Il surveille,à l'affût, immobile
C'est le travail à lui assigné
Par l'homme pour effrayer les volatiles.

Las, comme il s'ennuie !
Car à force d'agiter ses bras de paille
Martinets,étourneaux, pies, se sont enfuis
Plus aucun dans les champs ne tournaille !

Il rêve au temps des semailles
Quand des nuées d'oiseaux
S'ébattaient à ses pieds de fagotaille
Gobant avidement les grains semés par boisseaux.

Au moindre vent agitant ses hardes
Des milliers d'oiselets, de corbeaux
S'élançaient vers le ciel en hordes criardes
Tournoyaient mais se reposaient aussitôt.

Puis sont venues les moissons !
Sur le sol rasé par les faux
Plus de graines à picorer, plus de pinsons,
Les oiseaux ont déserté les carreaux !

Mais lui, l'épouvantail,
Les hommes l'ont oublié.
Automne, hiver, le froid le tenaille
La pluie, le gel l'ont atrophié!

Enfin, vient le printemps.
Avec la douceur du soleil d'avril
On se souvient de lui, on refait son accoutrement
Loques bleues, rouges, jaunes ! Il jubile !

Heureux, il gonfle son poitrail
Invite le vent à jouer dans ses guenilles,
Fier, il est prêt pour de nouvelles batailles
Gre à vous mésanges, votre vue l'émoustille!

Les champs retournés, la terre ensemencée
Le cycle de la vie, à nouveau, recommence
A nouveau les herbes frémissent d'impatience,
A nouveau l'épouvantail reprend sa surveillance.

Paule Husson