Puis les oiseaux viendront, gazouillant leurs amours, A mes lointains pensers donnaient un autre cours. Ils diront leurs amours, et moi, sous la ramée, Comme eux, je te dirai ma pâle bien-aimée, Aux longs cheveux plus noirs que l’aile du corbeau, Aux yeux d’ébène, au front intelligent et beau, Sa bouche jeune et mûre, et sur ses dents nacrées Le rire éblouissant de ses lèvres pourprées, Et sa belle indolence et sa belle fierté, Et sa grâce plus douce encor que sa beauté ! Alors, adieu mon île et les vertes savanes,
Et les ravins abrupts tapissés de lianes, Les mimosas en fleur, le chant des bengalis ! Adieu travaux et vers, la Muse et mon pays ! J’aurai tout oublié, radieux et fidèle, Pour ne me souvenir et ne parler que d’elle ! Je te raconterai – souvenir embaumé ! – Comment, un soir d’avril, je la vis et l’aimai ; Comment de simples fleurs, de douces violettes, Furent de notre amour les chastes interprètes ; Comment, un autre soir, à son front j’ai posé Des lèvres où mon cœur palpitait embrasé ; Comment dans un éclair de volupté suprême, Pressant contre mon sein le sein brisé qui m’aime, Foudroyé de bonheur et me sentant mourir, J’ai crié : « Maintenant, ô mort ! tu peux venir ! »
Mais, vois ! le ciel serein ! la belle matinée !Tout nous promet sur l’herbe une bonne journée.Viens-t’en ! fuyons la ville ! Amis au cœur joyeux, Allons vivre ! fermons nos livres ennuyeux ! Ensemble et seuls, allons sous l’épaisse ramure Prendre un long bain d’oubli, de calme et de verdure.
Puis les oiseaux viendront, gazouillant leurs amours,
A mes lointains pensers donnaient un autre cours.
Ils diront leurs amours, et moi, sous la ramée,
Comme eux, je te dirai ma pâle bien-aimée,
Aux longs cheveux plus noirs que l’aile du corbeau,
Aux yeux d’ébène, au front intelligent et beau,
Sa bouche jeune et mûre, et sur ses dents nacrées
Le rire éblouissant de ses lèvres pourprées,
Et sa belle indolence et sa belle fierté,
Et sa grâce plus douce encor que sa beauté !
Alors, adieu mon île et les vertes savanes,
Et les ravins abrupts tapissés de lianes,
Les mimosas en fleur, le chant des bengalis !
Adieu travaux et vers, la Muse et mon pays !
J’aurai tout oublié, radieux et fidèle,
Pour ne me souvenir et ne parler que d’elle !
Je te raconterai – souvenir embaumé ! –
Comment, un soir d’avril, je la vis et l’aimai ;
Comment de simples fleurs, de douces violettes,
Furent de notre amour les chastes interprètes ;
Comment, un autre soir, à son front j’ai posé
Des lèvres où mon cœur palpitait embrasé ;
Comment dans un éclair de volupté suprême,
Pressant contre mon sein le sein brisé qui m’aime,
Foudroyé de bonheur et me sentant mourir,
J’ai crié : « Maintenant, ô mort ! tu peux venir ! »
Mais, vois ! le ciel serein ! la belle matinée !Tout nous promet sur l’herbe une bonne journée.Viens-t’en ! fuyons la ville ! Amis au cœur joyeux,
Allons vivre ! fermons nos livres ennuyeux !
Ensemble et seuls, allons sous l’épaisse ramure
Prendre un long bain d’oubli, de calme et de verdure.
Auguste Lacaussade, Poèmes et Paysages