Vous avez un regard singulier et charmant ; Comme la lune au fond du lac qui la reflète, Votre prunelle, où brille une humide paillette, Au coin de vos doux yeux roule languissamment ;
Ils semblent avoir pris ses feux au diamant ; Ils sont de plus belle eau qu’une perle parfaite, Et vos grands cils émus, de leur aile inquiète, Ne voilent qu’à demi leur vif rayonnement.
Mille petits amours, à leur miroir de flamme, Se viennent regarder et s’y trouvent plus beaux, Et les désirs y vont rallumer leurs flambeaux.
Ils sont si transparents, qu’ils laissent voir votre âme, Comme une fleur céleste au calice idéal Que l’on apercevrait à travers un cristal.
Théophile Gautier
Ce commentaire a été modifié le 13/02/2021 à 15:31
Je suis un petit flocon Tout menu, tout blanc, tout rond, Je voltige dans l’air léger, Je me balance Au bout des branches, Et puis je viens me percher Au bout de ton petit nez
Je suis un peu froid. Tu crois ? C’est tant pis pour toi, Voilà !
Je suis un petit flocon Tout menu, tout blanc, tout rond, Qui aime beaucoup s’amuser Dans le vent… et sur ton nez !
Quand j’entrai dans la vie, au sortir de l’enfance, A cet âge innocent où l’homme sans défense, Inquiet, sans appui, cherche un guide indulgent, Et, demandant au ciel un ami qui l’entende. Sent qu’il a si besoin d’une main qu’on lui tende Et d’un regard encourageant ;
Toi seule, armant ta voix d’une affreuse ironie, As fait sur un enfant peser ta tyrannie : A tes rires amers que tu m’as immolé ! Par un plaisir cruel prolongeant ma souffrance, Ta bouche comme un crime a puni l’ignorance Et tes dédains m’ont accablé.
Sais-tu que se venger est bien doux ? Mon courage A supporté l’affront et dévoré l’outrage : Comme une ombre importune attachée à tes pas J’ai su te fatiguer par ma fausse tendresse, J’ai su tromper ton cœur, j’ai su feindre l’ivresse D’un amour que je n’avais pas.
Te souviens-tu d’abord comme ta résistance Par de cruels mépris éprouva ma constance. Mais je pleurai, je crois, je parlai de mourir… Et puis, on ne peut pas toujours être rebelle ; A s’entendre sans fin répéter qu’on est belle, Il faut pourtant bien s’attendrir.
Grâce au ciel ! ma victoire est enfin assurée ; Au mépris d’un époux et de la foi jurée. Enfin, tu t’es livrée à moi, tu m’appartiens ! J’ai senti dans ma main frémir ta main tremblante Et mes baisers errants sur ta bouche brûlante Se sont mêlés avec les tiens !
Et bien ! sache à présent, et que ton cœur se brise. Sache que je te hais et que je te méprise, Sache bien que jamais je ne voulus t’avoir Que pour pouvoir un jour en face te maudire. Rire de tes tourments, à mon tour, et te dire Tout ce que je souffre à te voir !
As-tu donc pu jamais, malheureuse insensée, Croire que ton image occupait ma pensée ? Connais-moi maintenant et comprends désormais Quelle horreur me poussait, quelle rage m’enflamme, Et ce qu’il m’a fallu de haine au fond de l’âme Pour te dire que je t’aimais ?
J’ai donc bien réussi, je t’ai donc bien frappée ; Par un adolescent ta vanité trompée A pu croire aux serments que ma voix te jurait ! Malgré cet œil perçant, malgré ce long usage, Tu n’as donc jamais rien trouvé sur mon visage Qui trahît cet affreux secret ?
Je te lègue en fuyant, une honte éternelle. Je veux que le remords, active sentinelle. S’attache à sa victime, et veille à tes côtés, Qu’il expie à la fois mes chagrins, mes injures Et cette horrible gêne et ces mille parjures Que la vengeance m’a coûtés.
C’est bien. Je suis content : j’ai passé mon envie ; D’un souvenir amer j’empoisonne ta vie. Va-t’en ! pour me fléchir ces cris sont superflus. Va-t’en ! pleure à jamais ta honte et ta faiblesse Et songe bien au moins que c’est moi qui te laisse Et que c’est moi qui ne veux plus !
Légende d'Alsace : Les ruines désolées de l'abbaye de Niedermunster "Bas Rhin".
Cette abbaye est bien connue des promeneurs des environs du Mont Sainte Odile . En effet, le lien n'est pas forcément évident, mais il s'agit bien des ruines du second monastère créé par la sainte protectrice de l'Alsace, Odile de Hohenbourg. Les ruines sont laissées à l'état brut après des saccages en cascade et un pillage effectué en règle après l'évocation d'une légende relatant la présence d'une relique sacrée en ses murs.
L'abbaye de Niedermunsterest un lieu mystérieux, propices aux mythes et aux légendes. On raconte que les fantômes des malades en attente d'un miracle habiteraient toujours en ces lieux...Si vous vous y rendez, appréciez les ruines et l'atmosphère lourd qui entoure l'abbaye qui garde ses secrets.
Chaque année, voici la journée de la gourmandise ! Ha !, cette odeur malicieuse qui nous taquine Avant tout, préparer la limpide pâte à crêpe, Négligeons les dérangeants régimes privatifs.
Déposons les ingrédients les uns après les autres, Évitons de surchauffer la poêle sur le feu, Légèrement sucrées ou badigeonnées de confitures, Empilées dans une assiette, les premières crêpes arrivent.
Ultra chaude, elles disparaissent dans les bouches Rires et sourires ponctuent les bruits de déglutissements.
Ce commentaire a été modifié le 02/02/2021 à 08:46
Aimez-vous le passé
Et rêver d’histoires
Évocatoires
Aux contours effacés ?
Les vieilles chambres
Veuves de pas
Qui sentent tout bas
L’iris et l’ambre ;
La pâleur des portraits,
Les reliques usées
Que des morts ont baisées,
Chère, je voudrais
Qu’elles vous soient chères,
Et vous parlent un peu
D’un coeur poussiéreux
Et plein de mystère.
Paul-Jean Toulet
Près de la mer, sur un de ces rivages
Où chaque année, avec les doux zéphyrs,
On voit passer les abeilles volages
Qui, bien souvent, n’apportent que soupirs,
Nul ne pouvait résister à leurs charmes,
Nul ne pouvait braver ces yeux vainqueurs
Qui font couler partout beaucoup de larmes
Et qui partout prennent beaucoup de coeurs.
Quelqu’un pourtant se riait de leurs chaînes,
Son seul amour, c’était la liberté,
Il méprisait l’Amour et la Beauté.
Tantôt, debout sur un roc solitaire,
Il se penchait sur les flots écumeux
Et sa pensée, abandonnant la terre
Semblait percer les mystères des cieux.
Tantôt, courant sur l’arène marine,
Il poursuivait les grands oiseaux de mer,
Imaginant sentir dans sa poitrine
La Liberté pénétrer avec l’air.
Et puis le soir, au moment où la lune
Traînait sur l’eau l’ombre des grands rochers,
Il voyait à travers la nuit brune
Deux yeux amis sur sa face attachés.
Quand il passait près des salles de danse,
Qu’il entendait l’orchestre résonner,
Et, sous les pieds qui frappaient en cadence
Quand il sentait la terre frissonner
Il se disait: Que le monde est frivole! »
Qu’avez-vous fait de votre liberté!
Ce n’est pour vous qu’une vaine parole,
Hommes sans coeur, vous êtes sans fierté!
Pourtant un jour, il y porta ses pas
Ce qu’il y vit, je ne le saurais dire
Mais sur les monts il ne retourna pas.
Étretat, 1867
Vous avez un regard singulier et charmant ;
Comme la lune au fond du lac qui la reflète,
Votre prunelle, où brille une humide paillette,
Au coin de vos doux yeux roule languissamment ;
Ils semblent avoir pris ses feux au diamant ;
Ils sont de plus belle eau qu’une perle parfaite,
Et vos grands cils émus, de leur aile inquiète,
Ne voilent qu’à demi leur vif rayonnement.
Mille petits amours, à leur miroir de flamme,
Se viennent regarder et s’y trouvent plus beaux,
Et les désirs y vont rallumer leurs flambeaux.
Ils sont si transparents, qu’ils laissent voir votre âme,
Comme une fleur céleste au calice idéal
Que l’on apercevrait à travers un cristal.
Théophile Gautier
Je suis un petit flocon
Tout menu, tout blanc, tout rond,
Je voltige dans l’air léger,
Je me balance
Au bout des branches,
Et puis je viens me percher
Au bout de ton petit nez
Je suis un peu froid.
Tu crois ?
C’est tant pis pour toi,
Voilà !
Je suis un petit flocon
Tout menu, tout blanc, tout rond,
Qui aime beaucoup s’amuser
Dans le vent… et sur ton nez !
C’est l’hiver sans parfum ni chants.
Dans le pré, les brins de verdure
Percent de leurs jets fléchissants
La neige étincelante et dure.
Quelques buissons gardent encor
Des feuilles jaunes et cassantes
Que le vent âpre et rude mord
Comme font les chèvres grimpantes.
Et les arbres silencieux
Que toute cette neige isole
Ont cessé de se faire entre eux
Leurs confidences bénévoles.
Bois feuillus qui, pendant l’été,
Au chaud des feuilles cotonneuses
Avez connu les voluptés
Et les cris des huppes chanteuses,
Vous qui, dans la douce saison,
Respiriez la senteur des gommes,
Vous frissonnez à l’horizon
Avec des gestes qu’ont les hommes.
Vous êtes las, vous êtes nus,
Plus rien dans l’air ne vous protège,
Et vos coeurs tendres ou chenus
Se désespèrent sur la neige.
Et près de vous, frère orgueilleux,
Le sapin où le soleil brille
Balance les fruits écailleux
Qui luisent entre ses aiguilles.
Anna de Noailles
Quand j’entrai dans la vie, au sortir de l’enfance,
A cet âge innocent où l’homme sans défense,
Inquiet, sans appui, cherche un guide indulgent,
Et, demandant au ciel un ami qui l’entende.
Sent qu’il a si besoin d’une main qu’on lui tende
Et d’un regard encourageant ;
Toi seule, armant ta voix d’une affreuse ironie,
As fait sur un enfant peser ta tyrannie :
A tes rires amers que tu m’as immolé !
Par un plaisir cruel prolongeant ma souffrance,
Ta bouche comme un crime a puni l’ignorance
Et tes dédains m’ont accablé.
Sais-tu que se venger est bien doux ? Mon courage
A supporté l’affront et dévoré l’outrage :
Comme une ombre importune attachée à tes pas
J’ai su te fatiguer par ma fausse tendresse,
J’ai su tromper ton cœur, j’ai su feindre l’ivresse
D’un amour que je n’avais pas.
Te souviens-tu d’abord comme ta résistance
Par de cruels mépris éprouva ma constance.
Mais je pleurai, je crois, je parlai de mourir…
Et puis, on ne peut pas toujours être rebelle ;
A s’entendre sans fin répéter qu’on est belle,
Il faut pourtant bien s’attendrir.
Grâce au ciel ! ma victoire est enfin assurée ;
Au mépris d’un époux et de la foi jurée.
Enfin, tu t’es livrée à moi, tu m’appartiens !
J’ai senti dans ma main frémir ta main tremblante
Et mes baisers errants sur ta bouche brûlante
Se sont mêlés avec les tiens !
Et bien ! sache à présent, et que ton cœur se brise.
Sache que je te hais et que je te méprise,
Sache bien que jamais je ne voulus t’avoir
Que pour pouvoir un jour en face te maudire.
Rire de tes tourments, à mon tour, et te dire
Tout ce que je souffre à te voir !
As-tu donc pu jamais, malheureuse insensée,
Croire que ton image occupait ma pensée ?
Connais-moi maintenant et comprends désormais
Quelle horreur me poussait, quelle rage m’enflamme,
Et ce qu’il m’a fallu de haine au fond de l’âme
Pour te dire que je t’aimais ?
J’ai donc bien réussi, je t’ai donc bien frappée ;
Par un adolescent ta vanité trompée
A pu croire aux serments que ma voix te jurait !
Malgré cet œil perçant, malgré ce long usage,
Tu n’as donc jamais rien trouvé sur mon visage
Qui trahît cet affreux secret ?
Je te lègue en fuyant, une honte éternelle.
Je veux que le remords, active sentinelle.
S’attache à sa victime, et veille à tes côtés,
Qu’il expie à la fois mes chagrins, mes injures
Et cette horrible gêne et ces mille parjures
Que la vengeance m’a coûtés.
C’est bien. Je suis content : j’ai passé mon envie ;
D’un souvenir amer j’empoisonne ta vie.
Va-t’en ! pour me fléchir ces cris sont superflus.
Va-t’en ! pleure à jamais ta honte et ta faiblesse
Et songe bien au moins que c’est moi qui te laisse
Et que c’est moi qui ne veux plus !
Félix Arvers, Pièces inédites, 1851
Cette abbaye est bien connue des promeneurs des environs du Mont Sainte Odile . En effet, le lien n'est pas forcément évident, mais il s'agit bien des ruines du second monastère créé par la sainte protectrice de l'Alsace, Odile de Hohenbourg. Les ruines sont laissées à l'état brut après des saccages en cascade et un pillage effectué en règle après l'évocation d'une légende relatant la présence d'une relique sacrée en ses murs.
L'abbaye de Niedermunsterest un lieu mystérieux, propices aux mythes et aux légendes. On raconte que les fantômes des malades en attente d'un miracle habiteraient toujours en ces lieux...Si vous vous y rendez, appréciez les ruines et l'atmosphère lourd qui entoure l'abbaye qui garde ses secrets.
Mont Sainte Odile.
Chandeleur
Chaque année, voici la journée de la gourmandise !
Ha !, cette odeur malicieuse qui nous taquine
Avant tout, préparer la limpide pâte à crêpe,
Négligeons les dérangeants régimes privatifs.
Déposons les ingrédients les uns après les autres,
Évitons de surchauffer la poêle sur le feu,
Légèrement sucrées ou badigeonnées de confitures,
Empilées dans une assiette, les premières crêpes arrivent.
Ultra chaude, elles disparaissent dans les bouches
Rires et sourires ponctuent les bruits de déglutissements.