Voici que Février revient, plein de promesses, Çà et là quelques fleurs s’ouvrent hâtivement ; Il peut encor neiger, mais le grand froid régresse Et l’on perçoit déjà des jours l’allongement.
Le printemps apparaît, le rude hiver s’achève ; Par les champs, par les prés, dévalent les ruisseaux, Le vieil arbre bourgeonne et se gorge de sève, Bientôt, dans sa ramée, nicheront les moineaux.
Un soleil radieux inonde la colline, Au jardin tout prend vie, tout cherche à émouvoir, Et je sens, sous mes pas, tandis que je chemine, La terre qui frémit et palpite d’espoir.
La vigne endolorie sous le poids des nuages, Pareille au clapotis des barques enchainées, Gémit, pleure et s’éteint comme un brasier mouillé Par la rage du ciel et son gravier d’outrages.
Les lavoirs de soleil et leurs lourds sarcophages Ruissellent de tumeurs aux couleurs bigarrées, Comme si leur destin se tissait sous les dès De gouttes détachées d’un suaire sauvage.
Seule, morne et feutrée, une cloche d’airain Sonne un glas parfumé d’une douce beauté Dont le silence boit la mélodie sans fin.
Or la vigne endurcie, comme un oratorio, Fugue le long de mots brillants de nouveauté, Que ce poème joue sur un pas d’adagio.
Francis Etienne Sicard, Odalisques, 1975.
Ce commentaire a été modifié le 09/01/2021 à 14:22
Une légende d'Alsace :Saint Arbogast et le fils de la veuve.
Arbogast fut évèque de Strasbourg dans la seconde moitié du VIIe siècle, il aurait d'abord vécu en ermite dans la forêt de Hagueneau avant d'être nommé évêque à Strasbourg.
En l'an 676, Saint Arbogast était malade dans son lit : une pauvre veuve supplia qu'on la mit en présence du saint évêque ; elle voulait lui présenter une requête, dans une grande peine qu'elle avait.Arbogast, père et protecteur des veuves et des orphelins, accorda volontiers à la pauvre femme ce qu'elle demandait et la fit approcher deson lit de douleur.
Tout en larmes, elle lui raconta que son fils unique, faussement accusé de vol, était mort comme un criminel sur la "côte du bourreau". L'auteur véritable du vol était retrouvé et l'innocence de son fils reconnue, mais hélas ! trop tard. Elle priait le saint évêque d'ordonner que les restes de la victime innocente, enfouis sous le gibet, fussent exhumés et déposés en terre bénie.
Arbogast accueillit favorablement le récit touchant de la mère affligée et la consola en ces termes : "Bonne mère, ne te tourmente plus pour ton enfant ; on fera quelque chose pour lui, car j'irai moi-même me coucher à son côté."
Deux ans après, Arbogast mourut ; comme il a été raconté plus haut, il se fit enterrer sous le gibet, sur la côte du bourreau. Mais sur ce terrain de la Justice s'éleva plus tard la chapelle Saint Michel, et ainsi fut exaucé le vœu de la pieuse veuve, et ainsi fut tenue la promesse de l'évêque qui avait dit que son fils reposerait à son côté en terre bénie.
Janvier est revenu. Ne crains rien, noble femme ! Qu'importe l'an qui passe et ceux qui passeront ! Mon amour toujours jeune est en fleur dans mon âme ; Ta beauté toujours jeune est en fleur sur ton front.
Sois toujours grave et douce, ô toi que j'idolâtre ; Que ton humble auréole éblouisse les yeux ! Comme on verse un lait pur dans un vase d'albâtre, Emplis de dignité ton coeur religieux.
Brave le temps qui fuit. Ta beauté te protège. Brave l'hiver. Bientôt mai sera de retour. Dieu, pour effacer l'âge et pour fondre la neige, Nous rendra le printemps et nous laisse l'amour.Victor Hugo.
Voici que Février revient, plein de promesses,
Çà et là quelques fleurs s’ouvrent hâtivement ;
Il peut encor neiger, mais le grand froid régresse
Et l’on perçoit déjà des jours l’allongement.
Le printemps apparaît, le rude hiver s’achève ;
Par les champs, par les prés, dévalent les ruisseaux,
Le vieil arbre bourgeonne et se gorge de sève,
Bientôt, dans sa ramée, nicheront les moineaux.
Un soleil radieux inonde la colline,
Au jardin tout prend vie, tout cherche à émouvoir,
Et je sens, sous mes pas, tandis que je chemine,
La terre qui frémit et palpite d’espoir.
Isabelle Callis-Sabot
C’est l’hiver sans parfum ni chants.
Dans le pré, les brins de verdure
Percent de leurs jets fléchissants
La neige étincelante et dure.
Quelques buissons gardent encor
Des feuilles jaunes et cassantes
Que le vent âpre et rude mord
Comme font les chèvres grimpantes.
Et les arbres silencieux
Que toute cette neige isole
Ont cessé de se faire entre eux
Leurs confidences bénévoles
Bois feuillus qui, pendant l’été,
Au chaud des feuilles cotonneuses
Avez connu les voluptés
Et les cris des huppes chanteuses.
Vous qui, dans la douce saison,
Respiriez la senteur des gommes,
Vous frissonnez à l’horizon
Avec des gestes qu’ont les hommes.
Vous êtes las, vous êtes nus,
Plus rien dans l’air ne vous protège,
Et vos coeurs tendres ou chenus
Se désespèrent sur la neige.
Et près de vous, frère orgueilleux,
Le sapin où le soleil brille
Balance les fruits écailleux
Qui luisent entre ses aiguilles.
Anna de Noailles, Le coeur innombrable.
Les rêves qui tournent dans ma tête
Sont des rêves d'amour de bonheur
Aussi de merveilleux airs de fête
Qui ravivent la flamme de mon cœur
Les rêves qui tournent dans ma tête
Me donnent une envie folle de ton corps
Avec un désir qui fait tempête
Sur la dernière touche d'accord
Ma vie semble accrochée à tes lèvres
Au présent et à nos souvenirs
Qui ne veulent ni fondre, ni disparaître
Dans l'ombre qui les fera s'enfuir
Ma vie est ce présent que je t'offre
Avec toute ma sincérité
Que les jours gravent comme un orfèvre
Sous les lèvres du verbe aimer
Laisse toi aller sur mon épaule
Car ma vie entière t'appartient
Loin de ses amants qui se désolent
D'avoir rompu leurs plus tendres liens
Laisse toi aller sur mon épaule
Pour être longtemps en lune de miel
Quand ton beau sourire auréole
cet amour qui nous parait éternel
Trouvé sur le net
La vigne endolorie sous le poids des nuages,
Pareille au clapotis des barques enchainées,
Gémit, pleure et s’éteint comme un brasier mouillé
Par la rage du ciel et son gravier d’outrages.
Les lavoirs de soleil et leurs lourds sarcophages
Ruissellent de tumeurs aux couleurs bigarrées,
Comme si leur destin se tissait sous les dès
De gouttes détachées d’un suaire sauvage.
Seule, morne et feutrée, une cloche d’airain
Sonne un glas parfumé d’une douce beauté
Dont le silence boit la mélodie sans fin.
Or la vigne endurcie, comme un oratorio,
Fugue le long de mots brillants de nouveauté,
Que ce poème joue sur un pas d’adagio.
Francis Etienne Sicard, Odalisques, 1975.
Arbogast fut évèque de Strasbourg dans la seconde moitié du VIIe siècle, il aurait d'abord vécu en ermite dans la forêt de Hagueneau avant d'être nommé évêque à Strasbourg.
En l'an 676, Saint Arbogast était malade dans son lit : une pauvre veuve supplia qu'on la mit en présence du saint évêque ; elle voulait lui présenter une requête, dans une grande peine qu'elle avait.Arbogast, père et protecteur des veuves et des orphelins, accorda volontiers à la pauvre femme ce qu'elle demandait et la fit approcher deson lit de douleur.
Tout en larmes, elle lui raconta que son fils unique, faussement accusé de vol, était mort comme un criminel sur la "côte du bourreau". L'auteur véritable du vol était retrouvé et l'innocence de son fils reconnue, mais hélas ! trop tard. Elle priait le saint évêque d'ordonner que les restes de la victime innocente, enfouis sous le gibet, fussent exhumés et déposés en terre bénie.
Arbogast accueillit favorablement le récit touchant de la mère affligée et la consola en ces termes : "Bonne mère, ne te tourmente plus pour ton enfant ; on fera quelque chose pour lui, car j'irai moi-même me coucher à son côté."
Deux ans après, Arbogast mourut ; comme il a été raconté plus haut, il se fit enterrer sous le gibet, sur la côte du bourreau. Mais sur ce terrain de la Justice s'éleva plus tard la chapelle Saint Michel, et ainsi fut exaucé le vœu de la pieuse veuve, et ainsi fut tenue la promesse de l'évêque qui avait dit que son fils reposerait à son côté en terre bénie.
Janvier est revenu. Ne crains rien, noble femme !
Qu'importe l'an qui passe et ceux qui passeront !
Mon amour toujours jeune est en fleur dans mon âme ;
Ta beauté toujours jeune est en fleur sur ton front.
Sois toujours grave et douce, ô toi que j'idolâtre ;
Que ton humble auréole éblouisse les yeux !
Comme on verse un lait pur dans un vase d'albâtre,
Emplis de dignité ton coeur religieux.
Brave le temps qui fuit. Ta beauté te protège.
Brave l'hiver. Bientôt mai sera de retour.
Dieu, pour effacer l'âge et pour fondre la neige,
Nous rendra le printemps et nous laisse l'amour.Victor Hugo.