Poésies,contes et légendes.

Par Yannick Fondin - 1 il y a 10 années 4 mois
20/05/2018 - 13:42

 
Les habitants de l'Isle-aux-Grues parlent encore du petit bonhomme qui ne
sortait que de nuit et ne parlait à personne. Il ne suivait jamais la
route, s'en allant léger comme un chat sur le plein ou à travers les
champs. On ne pouvait même pas relever ses traces sur la neige
fraîchement tombée.
 
Pendant une trentaine d'année, la présence de ce gnome replet, vêtu d'un
costume sombre, épouvanta les insulaires, surtout les ivrognes et les
batteurs de femmes qui étaient ses victimes préférées !
Il ne s'attaquait  pas souvent aux femmes et aux enfants. L'église
insistait  sur le fait de donner des messes aux âmes du purgatoire ce
qui risquait de le faire partir de l'île.
 
Louis Lebel, un beau et brave homme, revenant un soir d'une soirée où il
avait fêté plus que d'habitude, aperçut le petit bonhomme qui tenait sa
tête dans sa main venant à sa rencontre sur la côte.
Lebel, figé par la peur, n'eut qu'une minute pour décider de se défendre.

 

Il commença bras-le-corps, mais il ne réussissait pas à retenir le gnome tout d'une venue.
Il tenta de l'assommer avec ses poings, mais les coups ne portaient pas.
Le petit homme avançait toujours et Lebel dut se jeter en bas de la côte,
haute de plusieurs pieds. C'est là que les villageois qui s'inquiétaient
de son absence le trouvèrent le matin étendu sur les saillies de tuff.
 
Par la suite, même l'incrédule curé fut plus réservé en parlant du farfadet
et Lebel ne fit plus étalage de sa bravoure, portant sur son visage les
traces du combat.
Quant au gnome, on pense qu'il mourut en 1832, l'année du choléra, puisqu'on
ne le rencontra plus jamais après cette terrible épidémie qui se
répandit même dans les lieux les plus isolés du Canada.

 
20/05/2018 - 10:10




Une poésie, c'est un sourire un jour de pluie
l'amour, un poème qui se récite chaque jour

L'Amitié finit parfois en Amour, mais rarement l'amour en Amitié

Le verbe aimer est un des plus difficiles à conjuguer
- son passé n'est pas simple,
- son présent n'est qu'indicatif
- et son futur est toujours conditionnel. -

Jean Cocteau





18/05/2018 - 14:11
Les Soleils de Mai
 
D’un souffle virginal le plus aimé des mois
Emplit l’air ; le lilas aux troncs moussus des bois
Suspend sa grappe parfumée ;
Les oiseaux sont joyeux et chantent le soleil ;
Tout sourit ; du printemps, tout fête le réveil :
Toi seule es triste, ô bien-aimée !
« Pourquoi ces yeux rêveurs et ce regard penché ?
De quel secret ennui ton cœur est-il touché ?
Qu’as-tu ma grande et pâle Amie,
Qu’as-tu ? Vois ce beau ciel sourire et resplendir !
Oh ! souris-moi ! Je sens mon cœur s’épanouir
Avec la terre épanouie.
« Sur le cours bleu des eaux, au flanc noir de la tour,
Regarde ! l’hirondelle est déjà de retour.
Ailes et feuilles sont décloses.
C’est la saison des fleurs, c’est la saison des vers.
C’est le temps où dans l’âme et dans les rameaux verts
Fleurissent l’amour et les roses.
« Soyons jeunes ! fêtons le beau printemps vainqueur !
Quand on est triste, Amie, il fait nuit dans le cœur ;
La joie est le soleil de l’âme !
Oublions ce que l’homme et la vie ont d’amer !
Je veux aimer pour vivre et vivre pour aimer,
Pour vous aimer, ma noble Dame !
« Loin de nous les soucis, belle aux cheveux bruns !
Enivrons-nous de brise, et d’air et de parfums,
Enivrons-nous de jeunes sèves !
Sur leurs tiges cueillons les promesses des fleurs !
Assez tôt reviendront l’hiver et ses rigueurs
Flétrir nos roses et nos rêves ! »
Et, tandis qu’il parlait, muette à ses côtés,
Marchait la grande Amie aux regards veloutés ;
Son front baigné de rêverie
S’éclairait à sa voix d’un doux rayonnement ;
Et, lumière de l’âme, un sourire charmant
Flottait sur sa lèvre fleurie.

Auguste Lacaussade
 Poèmes et Paysages, 1897
17/05/2018 - 14:51
Océan .


 
Mon cœur est un océan
il joue avec les récifs
vient dormir sur la plage
part en vagues d’ambre
dont l’écume s’échappe
bribes qui s’agglomèrent
échouent sur cette page
pour y former des phrases
reflets d’opale de l’eau
à marée basse au soleil
 
 (Malices)
14/05/2018
17/05/2018 - 09:07
La Fée aux yeux bleus : légende de Provence...

 
On raconte qu'une très jolie fée aux longs cheveux blonds et aux yeux
bleus, prénommée Lavandula, aurait vu le jour au milieu des lavandes
sauvages de la montagne du Lure.Les années passèrent et l'envie lui vint
un jour de s'installer. Ne sachant pas où elle se voyait domiciliée,
elle décida de feuilleter son cahier de paysages pour faire un choix
éclairé. Son survol s'arrêta brusquement sur la page présentant les
terres incultes de la Provence.


Bouleversée par la tristesse du panorama, la fée se mit à pleurer. En tombant sur
le livre, ses larmes de couleur lavande tachèrent la page de bleu. Dans
l'espoir de réparer sa maladresse, Lavandula tenta en vain de sécher ses
yeux bleus et d'essuyer la page, mais l'effet contraire se produisit.
Les gouttelettes se répandirent sur le paysage de la Provence.


Désespérée, la fée traça un grand pan de ciel bleu au-dessus du sol taché pour dissimuler son erreur.



C'est depuis ce jour que la lavande pousserait allégrement sur les terres de
la Provence et que les jeunes filles de la région auraient dans les yeux
une étincelle bleu lavande, surtout devant le spectacle qu'offre le
ciel bleuté tombant sur les champs de lavande en fin de journée.




17/05/2018 - 08:36



Fleurs de liberté

 
Dans tous les murs il y a une lézarde,

dans toute lézarde, très vite,

il y a un peu de terre,

dans cette terre, la promesse d'un germe,

dans ce germe fragile, il y a l'espoir d'une fleur,

et dans cette fleur, la certitude ensoleillée

d'un pétale de liberté.

Oui, la liberté est en germe même dans les murs les plus hostiles.

La liberté peut naître d'une fissure, d'une rupture, d'un abandon.

Elle peut naître aussi d'une ouverture, d'un mouvement.

La liberté a de multiples visages, elle est parfois la caresse

d'un regard qui a croisé le mien, l'élan

d'une parole qui a transformé la mienne

pour en faire un chemin.

Les murs les plus cachés sont souvent au-dedans

et dans ces murs aussi, il y a des lézardes.

Laisse pousser tes fleurs

Elles sont les germes de la vie à venir.

 
Jacques Salomé

Ce commentaire a été modifié le 17/05/2018 à 09:04
16/05/2018 - 14:17
Les herbes du champ du Feu 

La mauvaise réputation du Champ du Feu est peut-être due à une plante
inconnue qui aurait empoisonné les troupeaux. Un berger qui y avait
amené ses moutons les vit devenir furieux et se dévorer ; ses chiens
étaient aussi pris de frénésie. On prétendit que la chaume était peuplée
d'esprits mauvais qui hantaient son herbe. Seul un des rois mages
parvenait à les faire fuir en répandant de la myrrhe et en piétinant
l'herbe...

Le Champ du Feu est le point culminant du Bas-Rhin au Ban de la Roche, à 1 099 mètres d'altitude. En hiver, l'endroit est propice au ski de fond et au ski alpin.
En été, la station est idéale pour les randonnées pédestres ou à VTT


16/05/2018 - 08:44


Ce commentaire a été modifié le 16/05/2018 à 08:44
15/05/2018 - 13:51
La chatte noire .



Dans le moulin de Roupeyrac,
Se tient assise sur son sac
Une chatte couleur d'ébène ;
Il est bien certain qu'elle dort :
Ses yeux ne sont que deux fils d'or
Et ses griffes sont dans leur gaine.

Pourtant, ne vous y fiez pas
Et trottinez un peu plus bas,
Rats qui courez par les trémies,
Si vous ne voulez, tout à coup,
Sentir entrer dans votre cou
Toutes ces griffes endormies.

Gardez-vous de donner l'assaut
Au grain qui dort sous le boisseau !
Car, si la Noire se réveille,
Demain, en sacrant, le meunier
Trouvera rouge, au farinier,
La farine blanche la veille.

Soyez discrets, soyez prudents !
N'allez pas aiguiser vos dents
Sur le sac où dort l'assassine,
Car elle bondirait soudain,
Et vous lui crieriez, bien en vain :
"Cousine ! cousine ! oh ! cousine !..."

Près du moulin, dans le verger,
Au soleil, on voit s'allonger
Une chatte couleur d'ébène ;
Il est bien certain qu'elle dort :
Ses yeux ne sont que deux fils d'or
Et ses griffes sont dans leur gaine

Pourtant, ne vous y fiez pas
Et voletez un peu moins bas,
Moineaux, pillards de chenevières !
En s'éveillant, elle pourrait,
Pour se dégourdir le jarret,
Vous faire mordre la poussière.

Chardonnerets au beau pourpoint,
Dans ce verger ne nichez point ;
O roitelet, ô rouge-gorge,
Pinson, hôte du vieux poirier,
Ecoutez donc ! ... j'entends crier
Des oisillons que l'on égorge...

C'est bien la chatte noire, hélas !
Elle rôdait par les lilas,
Ainsi qu'un tigre dans les jungles,
Et, flairant quelque fin souper,
Jusqu'au nid elle a dû grimper.
Gare à ses dents ! gare à ses ongles !
...

Il est minuit, la ferme dort.
Seule, ouvrant ses deux grands yeux d'or,
Près du foyer, la chatte veille
Et songe, en passant proprement
Sa patte alternativement
Derrière l'une et l'autre oreille.
 
François Fabié
14/05/2018 - 14:25
Légende de la vigne .


 
Il s'agit de la légende de Bacchus, telle que nous la rapporte la mythologie.
La mère de Bacchus, une princesse thébaine, nommée Sémélé, était morte, et
son père, Jupiter le fit élever, d'abord, par de jeunes femmes, qu'on
appelait des nymphes, dans les environs de Nysa, ville de l'Arabie
heureuse.
 
Mais quand Bacchus eut un peu grandi, il reçut l'ordre d'aller trouver, à
Naxia, le vieux Silène, qui devait achever son éducation. Le chemin
était long, l'enfant fatigué !... Il s'assit sur une pierre, pour se
reposer...
 

 
En jetant les yeux à ses pieds, Bacchus vit une petite herbe, déjà bien
sortie du sol, et il la trouva si belle qu'il pensa tout de suite à
l'emporter avec lui, pour la planter dans le jardin qu'il ne manquerait
pas d'avoir chez son précepteur.
 
Il la déracina et la prit dans sa main.
Le soleil était très chaud.
Il eut peur que sa petite herbe ne se desséchât avant d'arriver à Naxia.
 

 
Un os d'un grand oiseau, mort déjà depuis longtemps, se trouva sur le chemin. Il y introduisit le plant, et poursuivit sa route.
 
Dans la main du jeune garçon, la tige croissait si vite, que bientôt elle dépassa l'os par le bas.
 
Comme il craignait encore qu'elle ne séchât, il regarda autour de lui, et
voyant un os de lion, bien plus gros que l'os du grand oiseau, il y
introduit celui-ci, avec la petite herbe.
 
La tige croissant toujours, dépassa bientôt l'os de lion.
 
Alors Bacchus, ayant trouvé un os d'âne, énorme, bien plus gros que le gros
os du lion, bien plus grand que le grand os du grand oiseau, passa
dedans et le gros os du lion et le grand os du grand oiseau et la plante
verte.
 
Il arriva enfin à Nixia.
Quand il voulut mettre la plante dans la terre, il s'aperçut que les racines
étaient si bien entrelacées autour de l'os de l'oiseau, autour de l'os
du lion, autour de l'os de l'âne qu'il serait impossible de dégager la
tige, sans endommager les racines !...
 Comme il tenait fort à son herbe, il la planta telle quelle, elle et son triple corset d'os.
 


La vigne - car c'était une vigne, qu'avec tant de soins il avait apportée - grandit rapidement.
A la grande joie de Bacchus, elle porta des grappes merveilleuses, qu'il pressa et dont il fit le premier vin.
 
Et il éprouva un étonnement très grand, quand il fut non seulement témoin,
mais la première victime d'un grand prodige, que tout le monde peut
encore constater aujourd'hui.
 
Car aujourd'hui encore, comme il arriva jadis à Bacchus, dès que quelqu'un
commence à boire le jus du raisin, il devient gai et chante comme un
oiseau ; s'il en boit davantage, il pousse des rugissements, devient
fort et féroce comme un lion, s'il en boit trop, sa tête se baisse et il
devient aussi bête, aussi entêté qu'un âne...