Emouvantes locomotives sous vos soupirs de diamant Les courbes, les siphons et les plaques chantantes Tablier trépidant des heures Vous entrez à longs cris dans les villes béantes.
Ballerine de fonte ô danseuse bruyante Locomotive au vent sous le premier tunnel Attaqué, dépassé - le train sort comme un ver Et la fumée s'éteint dans les soufflets du ciel
Vers Orléans, Paris, Angers, Nantes, la mer Ou vers Bordeaux Saint-Jean sur le haut pont de fer Au-dessus des bateaux paresseuse Garonne Au-dessus de la terre dans une amitié forte
*** Lorsque l'Amour vous fait signe, suivez-le, même si ses voies sont dures et raides.
___________
*** Et, lorsque ses ailes vous enveloppent,cèdez-lui, quoique la lame cachée dans son plumage puisse vous blesser.
*** Et lorsqu'il vous parle, croyez-le, quoique sa voix puisse fracasser vos rêves comme le vent du Nord qui saccage le jardin.
___________
*** Car de même l' amour peut vous couronner, de même il peut vous crucifier. *** Car il est fait pour vous aider à croitre comme pour vous élaguer.
_____________________
*** L' Amour ne donne rien que lui-même et ne prend rien que de lui-même.
*** L' Amour ne possède pas ni ne veut être possédé, car l'Amour se suffit de l' Amour. *** Ne faites pas de l' Amour une chaine, laissez-le plutôt être une mer se balançant entre les rivages de vos âmes.
*** Remplissez chacun la coupe de l'autre mais ne buvez pas à la même coupe. *** Chantez et dansez ensemble, mais sachez demeurer seuls, pareils aux cordes du luth qui sont seules mais savent vibrer ensemble en musique.
________________
*** Donnez vos coeurs mais sans que l'un et l'autre le garde.
*** Et restez ensemble mais pas trop près l'un de l'autre,
car les colonnes du Temple se dressent à distance, et le chêne et le cyprès ne poussent pas à l' ombre l'un de l'autre.
Et si c'était la dernière fois... Et si c'était la dernière fois que tu voyais, tu regarderais avec une telle attention que ton regard d'un seul coup d'oeil embrasserait tout l'horizon. Et si c'était la dernière fois que tu marchais, tu poserais tes pieds avec tant de douceur et de légèreté qu'ils deviendraient des ailes et tu pourrais voler. Et si c'était la dernière fois que tu respirais, tu humerais l'air avec un tel allant que tu te trouverais vivant jusqu'à la fin des temps. Et si c'était la dernière fois que tu t'éveillais, ce moment d'ultime conscience aurait tellement de force et de clarté qu'il éclairerait tes nuits jusqu'à l'éternité. Et si c'était la dernière fois que tu pensais, la plus vulgaire de tes pensées s'auréolerait de tant d'innocence qu'elle te conduirait jusqu'à la source : au pays du silence. Et si c'était la dernière fois que de la solitude tu souffrais, tu serais si reconnaissant de connaître l'absence que tu percevrais le parfum de l'éternelle présence. Et si c'était la dernière fois que tu jugeais, tu serais si confus de ce penchant coupable que tu verrais le beau au sein du condamnable. Et si c'était la dernière fois que tu te remémorais les bons moments et les mauvais, tu remercierais si fort de les avoir connus que tu verrais les fils entre les deux tendus. Et si c'était la dernière fois que tu créais, ton inspiration serait si féconde que tu pourrais comprendre l'origine du monde. Et si c'était la dernière fois que tu aimais, tu glorifierais l'instant avec un tel zèle qu'il emplirait ton coeur à jamais d'amour universel. Et si c'était la dernière fois que tu riais, ton esprit tant se dilaterait qu'au mirage du petit "je" jamais plus ne se prendrait. Et si c'était la dernière fois que face à toi-même tu te trouvais, tu rentrerais tant dans ce jeu de miroir que tu pourrais percer le secret de ton histoire. Et si c'était la dernière fois que tu lisais les mots au fond de toi prendraient âme et corps et donneraient naissance à l'Etre que tu n'es pas encore. Si tu fais toute chose avec autant de passion, d'attention et d'amour que si c'était la dernière fois, alors, ce sera la première fois où tu SERAS. Gérard Bellebon
Je ris souvent, je voudrais m’éclater J’aime profiter de chaque journée Déjà très tôt quand je m’éveille Surtout, s’il fait un beau soleil
Chaque jour est beau si je suis bien Je me fous de ce que sera demain Je veux profiter de mon aujourd’hui Crier bien fort que c’est beau la vie
Mais je suis un être humain Il arrive que j’en sois moins certain Que je tende à oublier des choses Que surtout hier tout était rose Je trouve que plus rien n’est pareil J’oublie même qu’il faisait soleil Alors je cherche, je voudrais trouver Trouverais-je un moyen de me rappeler
Que la vie aussi peut être compliquée Qu’on ne vit pas toujours en été Que les mauvais jours que nous vivons Nous aident au fond, à apprécier les bons
Je devrais très fort remercier la vie Qui serait monotone s’il n’en était pas ainsi Texte Claude Marcel Breault
Tout est possible
Nombre de gens pourraient mieux s’amuser Ils ne sont heureux qu’à moitié Toujours accrochés à leur passé Ils n’ont qu’un désir, recommencer
Ils ont vécu des moments bons, ou mauvais Même de très bons, ou de très mauvais C’est redevenir jeune qu’ils aimeraient Pouvoir, tout revivre ce qu’ils ont fait
Ils pensent d’ailleurs et trop souvent Que leur vie ne sera plus comme avant Ils se rappellent, des amis importants Se souviennent, de leur vie évidemment
Ils voudraient encore leur parler Ils voudraient, les entendre se raconter Ils aimeraient encore, les revoir sourire Ils vivent dès lors, tous leurs vieux souvenirs
Au fond, s’ils pouvaient justes se décider Se dire, qu’ils en ont vraiment assez S’ils pouvaient, revenir dans leur présent S’ils essayaient, de sourire plus souvent
Ils ne seraient plus, heureux qu’à moitié C’est toute leur vie qui pourrait changer On peut tous hélas ! Vivre une belle vie Il suffit de vouloir, de relever ce défi
*** Le Capitaine qui devient Goéland *** - conte québécois - Monsieur Edmond Monsieur Edmond est un homme grand, mince, méticuleux, habillé de vêtements complètement étanche ; un de ces hommes qui semblent fait pour être toujours en contact avec la Mer. D'ailleurs, au premier coup d’œil, Edmond ressemble un peu au commandant Cousteau. Edmond est mécanicien et matelot sur le Bella Desgagnés depuis 25 ans. Cet homme a un rêve : devenir Capitaine et chaque voyage est pour lui une nouvelle occasion d’en apprendre plus sur le Saint Laurent. Edmond connait la côte nord comme son jardin : pour lui, chaque rivière, chaque île, chaque baie, chaque rocher, tout ce qui borde le fleuve a son histoire, sa légende, son secret et tout au long du voyage, quand il peu prendre un peu de temps libre, il m’en parle. Mais quand il est dans la salle des machines, Edmond a ce regard pénétrant qui m’impressionne… C’est ensuite dans la timonerie, alors que nous naviguons dans la brume du petit matin, que cet homme, qui pour moi n’est rien d’autre qu’un vrai Capitaine, nous conte :
Le capitaine qui devient Goéland. Il était une fois, un capitaine qui avait travaillé tout l’hiver en foret avec deux maitres charpentiers à la construction d’une goélette... Par une jolie nuit de printemps, le bateau étant bien fini et tout peint de blanc, on y attela des chevaux pour le descendre à la rive. Le matin, lorsque les habitants aperçurent le navire, ils dirent qu’ils n’en avaient jamais vu d’aussi beaux. Ils firent une fête de lancement et le capitaine, accompagné de son équipage, partit le lendemain en mer. Mais le beau voilier revint sans capitaine quelques jours plus tard ; tombé malade au large, les hommes avaient jeté son corps à la mer. Après quelques mois au paradis, le capitaine s’ennuyait tellement de son navire qu’il demanda à Dieu de le laisser revenir une heure sur la mer pour contempler le navire. Après maints refus, Dieu accepta que le capitaine, transformé en goéland, puisse voler au-dessus de son navire. Mais s’il arrivait quelque chose à l’oiseau, un malheur frapperait la goélette. Le bateau filait toutes voiles dehors sur le Saint-Laurent quand un marin fit remarquer qu’un goéland perché sur un mât suivait depuis longtemps du regard le travail de l’équipage. Pour montrer son adresse, il saisit une pièce de monnaie et la lança avec force à l’oiseau. Celui-ci, frappé violemment à la tête, s’échoua sur le pont du navire. Aussitôt, un vent s’éleva sur la mer et le bateau alla se perdre corps et biens sur des récifs. Depuis, les marins ont l’habitude de dire qu’il ne faut jamais tuer un goéland en mer.
Pierre de Ronsard(1524-1585) Recueil :Sonnets pour Hélène (1578). Te regardant assise auprès de ta cousine, Belle comme une Aurore, et toi comme un Soleil, Je pensai voir deux fleurs d'un même teint pareil, Croissantes en beauté, l'une à l'autre voisine.
La chaste, sainte, belle et unique Angevine, Vite comme un éclair sur moi jeta son oeil. Toi, comme paresseuse et pleine de sommeil, D'un seul petit regard tu ne m'estimas digne.
Tu t'entretenais seule au visage abaissé, Pensive toute à toi, n'aimant rien que toi-même, Dédaignant un chacun d'un sourcil ramassé.
Comme une qui ne veut qu'on la cherche ou qu'on l'aime. J'eus peur de ton silence et m'en ahai tout blërne, Craignant que mon salut n'eût ton oeil offensé. Pierre de Ronsard
Pour moi c'était dans mon bureau
Il était là, comme il était beau
Il n'attendait plus que moi
Souriant je presse mes pas
Le caressant partout de mes mains
Je voulais que ça se passe bien
Faire connaissance avec le toucher
Qu'il me donne ce que je demandais
Que le charme agisse entre nous
Que sur lui mes doigts glissent partout
Sourire aux lèvres je me suis installé
A coeur joie je me suis donné
De toute ma patience en faire usage
Rester, malgré ma nervosité, sage
Ma première émotion dévoilée
De mes doigts le connaitre tout entier
Doucement, fiévreusement le frôler
Toute la soirée, il m'a comblé
J'avais enfin trouvé le bonheur
J'avais entre mes mains, un ordinateur
Auteur inconnu
Au Vent des Locomotives
Emouvantes locomotives sous vos soupirs de diamant
Les courbes, les siphons et les plaques chantantes
Tablier trépidant des heures
Vous entrez à longs cris dans les villes béantes.
Ballerine de fonte ô danseuse bruyante
Locomotive au vent sous le premier tunnel
Attaqué, dépassé - le train sort comme un ver
Et la fumée s'éteint dans les soufflets du ciel
Vers Orléans, Paris, Angers, Nantes, la mer
Ou vers Bordeaux Saint-Jean sur le haut pont de fer
Au-dessus des bateaux paresseuse Garonne
Au-dessus de la terre dans une amitié forte
Maurice Fombeure
Prophète, parle-nous de l'Amour ...
*** Lorsque l'Amour vous fait signe, suivez-le,
même si ses voies sont dures et raides.
___________
*** Et, lorsque ses ailes vous enveloppent,cèdez-lui,
quoique la lame cachée dans son plumage puisse vous blesser.
*** Et lorsqu'il vous parle, croyez-le,
quoique sa voix puisse fracasser vos rêves
comme le vent du Nord qui saccage le jardin.
___________
*** Car de même l' amour peut vous couronner,
de même il peut vous crucifier.
*** Car il est fait pour vous aider à croitre
comme pour vous élaguer.
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*** L' Amour ne donne rien que lui-même
et ne prend rien que de lui-même.
*** L' Amour ne possède pas ni ne veut être possédé,
car l'Amour se suffit de l' Amour.
*** Ne faites pas de l' Amour une chaine,
laissez-le plutôt être une mer se balançant
entre les rivages de vos âmes.
*** Remplissez chacun la coupe de l'autre
mais ne buvez pas à la même coupe.
*** Chantez et dansez ensemble, mais sachez demeurer seuls,
pareils aux cordes du luth qui sont seules mais savent vibrer ensemble en musique.
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*** Donnez vos coeurs mais sans que l'un et l'autre le garde.
*** Et restez ensemble mais pas trop près l'un de l'autre,
car les colonnes du Temple se dressent à distance,
et le chêne et le cyprès ne poussent pas à l' ombre l'un de l'autre.
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Khalil Gibran
Et si c'était la dernière fois que tu voyais,
tu regarderais avec une telle attention
que ton regard d'un seul coup d'oeil embrasserait tout l'horizon.
Et si c'était la dernière fois que tu marchais,
tu poserais tes pieds avec tant de douceur et de légèreté
qu'ils deviendraient des ailes et tu pourrais voler.
Et si c'était la dernière fois que tu respirais,
tu humerais l'air avec un tel allant
que tu te trouverais vivant jusqu'à la fin des temps.
Et si c'était la dernière fois que tu t'éveillais,
ce moment d'ultime conscience aurait tellement de force et de clarté
qu'il éclairerait tes nuits jusqu'à l'éternité.
Et si c'était la dernière fois que tu pensais,
la plus vulgaire de tes pensées s'auréolerait de tant d'innocence
qu'elle te conduirait jusqu'à la source : au pays du silence.
Et si c'était la dernière fois que de la solitude tu souffrais,
tu serais si reconnaissant de connaître l'absence
que tu percevrais le parfum de l'éternelle présence.
Et si c'était la dernière fois que tu jugeais,
tu serais si confus de ce penchant coupable
que tu verrais le beau au sein du condamnable.
Et si c'était la dernière fois que tu te remémorais les bons moments et les mauvais,
tu remercierais si fort de les avoir connus que tu verrais les fils entre les deux tendus.
Et si c'était la dernière fois que tu créais, ton inspiration serait si féconde
que tu pourrais comprendre l'origine du monde.
Et si c'était la dernière fois que tu aimais, tu glorifierais l'instant avec un tel zèle qu'il
emplirait ton coeur à jamais d'amour universel.
Et si c'était la dernière fois que tu riais, ton esprit tant se dilaterait
qu'au mirage du petit "je" jamais plus ne se prendrait.
Et si c'était la dernière fois que face à toi-même tu te trouvais,
tu rentrerais tant dans ce jeu de miroir
que tu pourrais percer le secret de ton histoire.
Et si c'était la dernière fois que tu lisais
les mots au fond de toi prendraient âme et corps
et donneraient naissance à l'Etre que tu n'es pas encore.
Si tu fais toute chose avec autant de passion,
d'attention et d'amour que si c'était la dernière fois,
alors, ce sera la première fois où tu SERAS.
Gérard Bellebon
Je ris souvent, je voudrais m’éclater
J’aime profiter de chaque journée
Déjà très tôt quand je m’éveille
Surtout, s’il fait un beau soleil
Chaque jour est beau si je suis bien
Je me fous de ce que sera demain
Je veux profiter de mon aujourd’hui
Crier bien fort que c’est beau la vie
Mais je suis un être humain
Il arrive que j’en sois moins certain
Que je tende à oublier des choses
Que surtout hier tout était rose
Je trouve que plus rien n’est pareil
J’oublie même qu’il faisait soleil
Alors je cherche, je voudrais trouver
Trouverais-je un moyen de me rappeler
Que la vie aussi peut être compliquée
Qu’on ne vit pas toujours en été
Que les mauvais jours que nous vivons
Nous aident au fond, à apprécier les bons
Je devrais très fort remercier la vie
Qui serait monotone s’il n’en était pas ainsi
Texte Claude Marcel Breault
Tout est possible
Nombre de gens pourraient mieux s’amuser
Ils ne sont heureux qu’à moitié
Toujours accrochés à leur passé
Ils n’ont qu’un désir, recommencer
Ils ont vécu des moments bons, ou mauvais
Même de très bons, ou de très mauvais
C’est redevenir jeune qu’ils aimeraient
Pouvoir, tout revivre ce qu’ils ont fait
Ils pensent d’ailleurs et trop souvent
Que leur vie ne sera plus comme avant
Ils se rappellent, des amis importants
Se souviennent, de leur vie évidemment
Ils voudraient encore leur parler
Ils voudraient, les entendre se raconter
Ils aimeraient encore, les revoir sourire
Ils vivent dès lors, tous leurs vieux souvenirs
Au fond, s’ils pouvaient justes se décider
Se dire, qu’ils en ont vraiment assez
S’ils pouvaient, revenir dans leur présent
S’ils essayaient, de sourire plus souvent
Ils ne seraient plus, heureux qu’à moitié
C’est toute leur vie qui pourrait changer
On peut tous hélas ! Vivre une belle vie
Il suffit de vouloir, de relever ce défi
Texte Claude Marcel Breault
"La vie n'est qu'un Echo
Ce que tu envoies te revient,
Ce que tu sèmes, tu le récoltes
Ce que tu donnes t'est rendu,
Ce que tu vois chez les autres
Existe en toi-même!
Souviens-toi, la vie est un Echo
Tout te reviendra toujours!"
Eveil oriental
Comme moi, Il avait l'âme d'un poète
Il me mettait le coeur en fête
Pour lui j'avais un grand respect
et une grande et tendre amitié
Il avait l'âge de mon fils que j'ai perdu........
et il le savait..
Ma conscience me dictait la morale!!
Alors Où est le mal?
Je souhaite qu'il soit heureux aujourd'hui,
C'est mon plus grand bonheur
Et jamais je ne l''effacerai de mon coeur
Je ne garde qu'un bon souvenir ....................
La raison chavire quand le coeur soupire..
Il est dit que le coeur a ses raisons
Que la raison ignore
C'est bien là mon seul tort........
Bonne chance doux poète , magnifique petite perle,
et ...Sois heureux avec elle...
- conte québécois -
Monsieur Edmond
Monsieur Edmond est un homme grand, mince, méticuleux, habillé de vêtements
complètement étanche ; un de ces hommes qui semblent fait pour être
toujours en contact avec la Mer. D'ailleurs, au premier coup d’œil,
Edmond ressemble un peu au commandant Cousteau.
Edmond est mécanicien et matelot sur le Bella Desgagnés depuis 25 ans. Cet
homme a un rêve : devenir Capitaine et chaque voyage est pour lui une
nouvelle occasion d’en apprendre plus sur le Saint Laurent.
Edmond connait la côte nord comme son jardin : pour lui, chaque rivière,
chaque île, chaque baie, chaque rocher, tout ce qui borde le fleuve a
son histoire, sa légende, son secret et tout au long du voyage, quand il
peu prendre un peu de temps libre, il m’en parle. Mais quand il est
dans la salle des machines, Edmond a ce regard pénétrant qui
m’impressionne…
C’est ensuite dans la timonerie, alors que nous naviguons dans la brume du
petit matin, que cet homme, qui pour moi n’est rien d’autre qu’un vrai
Capitaine, nous conte :
Le capitaine qui devient Goéland.
Il était une fois, un capitaine qui avait travaillé tout l’hiver en foret
avec deux maitres charpentiers à la construction d’une goélette... Par
une jolie nuit de printemps, le bateau étant bien fini et tout peint de
blanc, on y attela des chevaux pour le descendre à la rive.
Le matin, lorsque les habitants aperçurent le navire, ils dirent qu’ils
n’en avaient jamais vu d’aussi beaux. Ils firent une fête de lancement
et le capitaine, accompagné de son équipage, partit le lendemain en mer.
Mais le beau voilier revint sans capitaine quelques jours plus tard ;
tombé malade au large, les hommes avaient jeté son corps à la mer.
Après quelques mois au paradis, le capitaine s’ennuyait tellement de son
navire qu’il demanda à Dieu de le laisser revenir une heure sur la mer
pour contempler le navire. Après maints refus, Dieu accepta que le
capitaine, transformé en goéland, puisse voler au-dessus de son navire.
Mais s’il arrivait quelque chose à l’oiseau, un malheur frapperait la
goélette.
Le bateau filait toutes voiles dehors sur le Saint-Laurent quand un marin
fit remarquer qu’un goéland perché sur un mât suivait depuis longtemps
du regard le travail de l’équipage. Pour montrer son adresse, il saisit
une pièce de monnaie et la lança avec force à l’oiseau. Celui-ci, frappé
violemment à la tête, s’échoua sur le pont du navire.
Aussitôt, un vent s’éleva sur la mer et le bateau alla se perdre corps et biens
sur des récifs. Depuis, les marins ont l’habitude de dire qu’il ne faut
jamais tuer un goéland en mer.
Pierre de Ronsard (1524-1585)
Recueil : Sonnets pour Hélène (1578).
Te regardant assise auprès de ta cousine,
Belle comme une Aurore, et toi comme un Soleil,
Je pensai voir deux fleurs d'un même teint pareil,
Croissantes en beauté, l'une à l'autre voisine.
La chaste, sainte, belle et unique Angevine,
Vite comme un éclair sur moi jeta son oeil.
Toi, comme paresseuse et pleine de sommeil,
D'un seul petit regard tu ne m'estimas digne.
Tu t'entretenais seule au visage abaissé,
Pensive toute à toi, n'aimant rien que toi-même,
Dédaignant un chacun d'un sourcil ramassé.
Comme une qui ne veut qu'on la cherche ou qu'on l'aime.
J'eus peur de ton silence et m'en ahai tout blërne,
Craignant que mon salut n'eût ton oeil offensé.
Pierre de Ronsard