Poésies,contes et légendes.

Par Yannick Fondin - 1 il y a 10 années 4 mois
24/05/2015 - 08:07

Ferme tes jolis yeux car les heures sont brèves

Au pays merveilleux,au beau pays du rêve,

Ferme tes jolis yeux

Car tout n'est que mensonge, le bonheur est un songe,

Ferme tes jolis yeux.


Jean-Baptiste Del Amo




L'amour commence par un regard,

le regard s'arrête sur l'autre, le regarde choisit l'autre,

le reconnaît puis les regards s'unissent, se caressent,

on aime avec les yeux, l'amour est contemplation, extase,

on n'a pas besoin de se parler, on se regarde, on se touche des yeux,

on se caresse, on se lèche, on gémit des yeux,

on pleure, on s'unit, on crie avec les yeux. 
On peut s'aimer derrière des barreaux,

rien qu'avec des yeux.


Katherine Pancol



 
Le premier regard, c'est la première note magique jouée sur la corde d'argent de notre cœur

Khalil Gibran 


 



"Yeux d'une femme" Dick Rivers

24/05/2015 - 07:58

*** Le faisant doré *** - poésie de Auguste ANGELLIER (1848-1911) -



Le Faisan doré

Quand le Faisan doré courtise sa femelle,
Et fait, pour l'éblouir, la roue, il étincelle
De feux plus chatoyants qu'un oiseau de vitrail.
Dressant sa huppe d'or, hérissant son camail
Couleur d'aube et zébré de rayures d'ébène,
Gonflant suri plastron rouge ardent, il se promène,
Chaque aile soulevée, en hautaines allures ;
Son plumage s'emplit de lueurs, les marbrures
De son col vert bronzé, l'ourlet d'or de ses pennes,
L'incarnat de son dos, les splendeurs incertaines
De sa queue où des grains serrés de vermillon
Sont alternés avec des traits noirs sur un fond
De riche, somptueuse et lucide améthyste,
Tout s'allume, tout luit...



... Et, sur ces yeux muants de claires pierreries 
S'unissant, se brisant en des joailleries 
Que sertissent le bronze et l'acier, et l'argent, 
Court encore un frisson d'or mobile et changeant, 
Qui naît, s'étale, fuit, se rétrécit, tressaille, 

Éclate, glisse, meurt, coule, ondule, s'écaille,
S'écarte en lacis d'or, en plaques d'or s'éploie, 
Palpite, s'alanguit, se disperse, poudroie, 
Et d'un insaisissable et féerique réseau 
Enveloppe le corps enflammé de l'oiseau


.
23/05/2015 - 16:17
Poême De Charles Péguy d'après une prière de Saint augustin -

                         Musique de Kitaro - Rosa Mystica - (Peace On Earth)


La mort n'est rien,
je suis seulement passé, dans la pièce à côté.

Je suis moi. Vous êtes vous.
Ce que j'étais pour vous, je le suis toujours.

Donnez-moi le nom que vous m'avez toujours donné,
parlez-moi comme vous l'avez toujours fait.
N'employez pas un ton différent,
ne prenez pas un air solennel ou triste.
Continuez à rire de ce qui nous faisait rire ensemble.

Priez, souriez,
pensez à moi,
priez pour moi.

Que mon nom soit prononcé à la maison
comme il l'a toujours été,
sans emphase d'aucune sorte,
sans une trace d'ombre.

La vie signifie tout ce qu'elle a toujours été.
Le fil n'est pas coupé.
Pourquoi serais-je hors de vos pensées,
simplement parce que je suis hors de votre vue ?
Je ne suis pas loin, juste de l'autre côté du chemin.

Canon Henry Scott-Holland (1847-1918), traduction d'un extrait de "The King of Terrors", sermon sur la mort 1910...
Quelquefois attribué à Charles Péguy, d'après un texte de Saint Augustin


22/05/2015 - 09:27

 
Un essai d'une forme Poétique appelée Villanelle ,
                             
Que ne suis-je une hirondelle

Pour m'envoler dans les airs ,

Et déployer mes deux ailes .

Et sans faire excès de zèle

Sans essuyer de revers ,

Que ne suis-je une hirondelle .

De mes rémiges aux ocelles ,

Planer au-dessus des mers

Et déployer mes deux ailes .

Faire la cour à une sittelle ,

A l'abri du feuillage vert ,

Que ne suis-je une hirondelle .

Répandre une paix éternelle

Sur la surface de la terre ,

Et déployer mes deux ailes .

Envers le Père , être fidèle ;

Monter aux cieux , sans colère .

Que ne suis-je une hirondelle

Et déployer mes deux ailes .


 
 Blanche
22/05/2015 - 09:02

Le miroir à deux faces.




Le miroir à deux faces     
 

Ce miroir a deux faces, l'une ternie, l'autre pas.

D'un côté du miroir il y a le Bien qui se dit :" je me vois mal ! "  De
l'autre côté, il y a le Mal qui se dit : "je me vois bien ! "

 

A force de se regarder dans le miroir, le Bien qui se trouve irréprochable, l'a terni par tant de prétention et se voit mal.
 

Le Mal qui ne peut se voir plus mal qu'il ne l'est, n'a pas terni son image et il se voit bien.
 

Entre le bien et le mal, il n'y a pas de différence. Quoique... Le Bien qui
juge le Mal devient moche et le Mal qui accepte le Bien devient beau.

 

Ma conclusion:
Celle ou celui qui voit le mal partout devrait se regarder attentivement au moins une fois nu dans un miroir !

 

Mais en fait, il n'y a pas de mal à faire le bien, et ce n'est pas bien de faire le mal.

Si le miroir n'avait pas de tain, le Bien et le Mal ne feraient qu'un !



Et comme disait Jean Cocteau :
"Les miroirs
feraient bien de réfléchir avant de renvoyer les images."


22/05/2015 - 08:55
LA LEGENDE DU BOUVIER ET DE LA TISSERANDE



 
 L' empereur Céleste avait sept filles intelligentes et habiles. La plus
jeune étaitla plus gentille et la plus travailleuse. Experte en tissage,
on l'appelait la Tisserande.

Un jour, pour se reposer de leur travail, elle et ses soeurs descendirent sur terre pour se baigner dans une rivière limpide.
 


Près de la rivière vivait un jeune orphelin qui faisait paître les boeufs
dans la vallée et vivait avec son frêre aîné et sa belle soeur. Tout le
monde l'appelait le bouvier. Il avait alors plus de 20 ans, n'avait pas
encore pris femme et travaillait tous les jours du matin au soir.

Sa solitude et sa peine lui avait attiré la sympathie d'un vieux buffle
qui vivait jour et nuit avec lui. Ce vieux buffle pouvait comprendre ses
paroles et le bouvier les siennes.

Au cours des ans, ils étaient devenus de fidèles compagnons partageant ensemble joies et peines.


Ce jour-là, après avoir labouré un lopin de terre, le bouvier mena le
buffle au bord de la rivière pour l'abreuver. C'est alors qu'il vit les
sept soeurs se baigner dans la rivière et s'ébattre joyeusement dans
l'eau. Toutes étaient très belles, surtout la plus jeune.

 Comprenant l'émoi du jeune homme, le Buffle lui dit à l'oreille :
- Va prendre les habits qui se trouvent près du saule, et celle que tu aimes deviendra ta femme.
Le bouvier fit deux pas en avant, puis hésita, intimidé.
- Dépêche-toi ! Vous ferez un très beau couple !
Le bouvier s'élança finalement, prit les vêtements de la jeune fille près
du saule et fit demi-tour. Surprises par l'apparition de cet inconnu,les
jeunes filles se rhabillèrent en hâte et s'envolèrent dans le ciel.
Seule resta dans l'eau la jeune Tisserande.



 
Le bouvier lui ayant pris ses habits, elle ne pouvait pas sortir et attendait avec impatience, les joues écarlates.
- Bouvier, rends-moi mes habits ! Supplia la Tisserande.
- D'accord, si tu acceptes de devenir ma femme ! Répondit le jeune homme en la regardant amoureusement.
Malgré l'agacement qu'elle éprouvait face à ce jeune homme insolent, l'air
sincère et honnête et le regard sentimental du bouvier lui allèrent
droit au coeur.

Elle hocha la tête sans mot dire.


 
Dès lors, le bouvier et la Tisserande devinrent un couple inséparable. L'homme labourait et la femme tissait.


Le temps passa.......
Quelques années après, le bouvier et la Tisserande avaient un garçon et une fille.


Mais la nouvelle de la vie terrestre de sa fille parvint aux oreilles de
l'Empereur Céleste. Furieux qu'on eût ainsi violé la loi céleste, il
envoya aussitôt un génie chercher la Tisserande pour la ramener au Ciel.

Contrainte de se séparer de son mari et de ses enfants, la Tisserande pleura de douleur.


Tandis que la Tisserande était escortée jusqu'au Palais céleste, le bouvier ne
se consolait pas de la perte de sa femme aimée et les enfants
pleuraient après leur mère.

Portant ses enfants dans deux paniers au bout d'une palanche, il partit à sa recherche.



Il allait la rejoindre quand la femme de l'Empereur Céleste apparut et s'ingéra dans l'affaire.
Elle agita la main, et une rivière large et profonde aux eaux tumultueuses brisa l'avance du bouvier.



Ainsi, des deux côtés de la Voie Lactée, le bouvier et la Tisserande se regardèrent de loin, sans pouvoir se réunir.
Très affligé, le bouvier ne voulut pas quitter le bord de la rivière.
De l'autre côté, la Tisserande regardait les vagues impétueuses les
larmes aux yeux, refusant de tisser les brocarts célestes.

Devant leur résistance, l'Empereur Céleste dut faire des concessions et leur permit de se retrouver une fois par an.
Depuis, chaque année, le septième jour du septième mois du calendrier lunaire,
les pies célestes forment une passerelle provisoire sur laquelle le
bouvier et ses enfants rencontrent la Tisserande.

La tristesse de leur séparation émut tout le monde et attira la sympathie
de chacun. Dans l'Antiquité, chaque année, le soir du septième jour du
septième mois du calendrier lunaire, beaucoup de gens restaient à
veiller dehors, contemplant longuement le ciel et les deux
constellations de chaque côté de la Voie Lactée, le Bouvier et la
Tisserande.




 
Saisis de pitié, ils attendaient leur rencontre.
A côté du bouvier scintillent deux petites étoiles; on dit que ce sont ses enfants qui viennent voir leur mère .....
 

22/05/2015 - 08:51


*** La lune *** - conte des frères Grimm 
 
 
Il était autrefois un pays où les nuits étaient sombres, et le ciel couvrait cette contrée comme un drap noir.
La lune n'y sortait jamais, pas une seule étoile ne scintillait dans
l'obscurité. Les ténèbres y régnaient comme à la création du monde. 

Quatre jeunes hommes de ce pays partirent un jour en voyage et arrivèrent dans
un autre royaume où tous les soirs, lorsque le soleil se couchait
derrière la montagne, s'allumait dans les cimes d'un chêne un disque
étincelant qui répandait au loin une douce lumière. Cela permettait aux
gens de tout bien voir et distinguer, même si la lumière n'était pas
aussi forte et éclatante que celle du soleil. 

Les voyageurs s'arrêtèrent et, abasourdis, demandèrent au paysan qui
passait par là avec son chariot quelle était cette lumière. 

- C'est la lune, répondit le paysan. Notre maire l'a achetée pour trois
écus et l'a attachée au sommet du chêne. Tous les jours il doit y
rajouter de l'huile et bien la nettoyer pour qu'elle brille comme il
faut. Nous lui payons ce service un écu chacun. 

Le paysan partit en cahotant, et l'un des jeunes hommes siffla:
- Une telle lampe nous serait bien utile chez nous! Nous avons un chêne
aussi grand que celui-ci, nous pourrions l'y accrocher. Quel plaisir de
ne plus marcher en tâtonnant! 

- Savez vous ce que nous allons faire? lança le deuxième. Nous irons chercher un
cheval et une charrette et nous emporterons la lune avec nous. Ils
n'auront qu'à s'en acheter une autre. 

- Je sais bien grimper, dit le troisième, je la décrocherai. 
Le quatrième trouva un cheval et une charrette et le troisième grimpa sur
l'arbre. Il fit un trou dans le disque lumineux, passa une corde à
travers le trou et fit descendre la lune. Dès que la lune étincelante
fut dans la charrette, ils lui passèrent une couverture pour que
personne ne s'aperçoive du vol. Ils transportèrent la lune sans encombre
jusque dans leur pays et l'accrochèrent sur le haut chêne. Et tout le
monde se réjouit, les jeunes et les vieux, de cette nouvelle lampe dont
la lumière pâle se répandait dans les champs et dans les prés, et jusque
dans les cuisines et les chambrettes. Des grottes dans la montagne
sortirent des lutins et des petits génies en petits manteaux rouges et
ils se mirent à danser la ronde dans les prés. 

Notre quatuor de voyageurs prit la lune en charge. Ils ajoutaient de l'huile,
nettoyaient la mèche et percevaient pour leur travail un écu par
semaine. Mais le temps passa et ils devinrent vieux et grisonnants, et
lorsque l'un d'eux tomba malade et sentit que ses jours étaient comptés,
il exigea qu'on mit dans son cercueil un quart de la lune en tant que
sa propriété. Après sa mort, le maire grimpa sur l'arbre, découpa un
quart de la lune avec des ciseaux de jardinier et on le mit dans le
cercueil du défunt. La lune perdit un peu de son éclat, mais pour le
moment cela ne se voyait pas trop. 

Quelque temps après, le deuxième décéda on l'enterra avec le deuxième quart de
la lune, et la lumière baissa un peu plus. Et elle faiblit encore
lorsque le troisième mourut et emporta, lui aussi, son quart de lune
avec lui. Et dès qu'ils enterrèrent le quatrième, l'obscurité totale
d'autrefois envahit à nouveau tout le pays. Et chaque fois que les gens
sortaient de chez eux sans leur lanterne, ils se cognaient les uns aux
autres. 

Or, les quatre quarts de la lune se rejoignirent sous la terre, là, où depuis toujours l'obscurité
régnait. Les morts, très étonnés d'y voir de nouveau, se réveillaient.
La lumière de la lune était suffisante car leurs yeux avaient perdu
l'habitude et n'auraient pu supporter l'éclat du soleil. Ils se
levèrent, les uns après les autres, et tous se mirent à faire la fête de
nouveau, comme ils en avaient l'habitude autrefois. Les uns jouèrent
aux cartes, d'autres allèrent danser et d'autres encore partirent à
l'auberge, commandèrent du vin, se saoulèrent, se donnèrent du bon
temps, puis se disputèrent et finirent par attraper des bâtons. Et ce
fut la bagarre. Et quelle bagarre et quel tapage! Le vacarme était tel
qu'il parvint jusqu'au ciel. 

Saint Pierre, qui surveille la porte d'entrée du paradis, pensa qu'une révolte avait
éclaté aux enfers. Il appela l'armée céleste pour repousser l'odieux
ennemi et ses complices pour le cas où ils voudraient attaquer la
demeure des défunts. Personne ne s'étant présenté, saint Pierre lui-même
monta à cheval et, passant par la porte céleste, descendit tout droit
aux enfers. Il ramena le calme parmi les défunts décharnés, leur fit
regagner leurs tombes, il emporta la lune avec lui et l'accrocha dans le
ciel.


 
20/05/2015 - 08:06


J'aime le bruit du silence
Qui me laisse parler avec le vent
Lui me parle de ses voyage
J'aime voler au creux des vagues
Que le silence sait faire danser
Il rit, il joue, me fait des blagues
Et le bonheur vient m'habiter
Un souffle a peine une douce brise
Une musique de tendresse
Et ce silence me donne encore
Avec ce vent bien des caresses
Il sent la paix des océans
Comme un secret, une confidence
C'est comme toi quand tu me parle
Tu me rassure, avec tes mots doux
J'entends le vide qui se remplit
Avec mes joies et mes survies
Et ce silence fait tant de bruit
Par une paix qu'il sait offrir.


inconnu
20/05/2015 - 07:44

*** Les trois feuilles du serpent ***
      - conte des frères Grimm -


Il y a maintenant fort longtemps que vivait un roi dont la sagesse était
connue dans tout son royaume. On ne pouvait rien lui cacher, il semblait
capter dans les airs des nouvelles sur les choses les plus secrètes. Ce
roi avait une étrange habitude: tous les midis, alors que la grande
table était desservie et qu'il n'y avait plus personne dans la salle,
son serviteur fidèle lui apportait un certain plat. Or, ce plat était
recouvert, et le valet lui-même ignorait ce qu'il contenait; personne
d'ailleurs ne le savait, car le roi ne soulevait le couvercle et ne
commençait à manger que lorsqu'il était seul. Pendant longtemps cela se
passa ainsi. Mais un jour, le valet, ne sachant plus résister à sa
curiosité, emporta le plat dans sa chambrette et referma soigneusement
la porte derrière lui. Il souleva le couvercle et vit un serpent blanc
au fond du plat. Cela sentait bon et il eut envie d'y goûter. N'y tenant
plus, il en coupa un morceau et le porta à sa bouche. Mais à peine
sentit-il le morceau sur sa langue qu'il entendit gazouiller sous la
fenêtre. Il s'approcha, écouta et se rendit compte qu'il s'agissait de
moineaux qui se racontaient ce qu'ils avaient vu dans les champs et dans
les forêts. Le fait d'avoir goûté au serpent lui avait donné la faculté
de comprendre le langage des animaux.


Ce jour-là, justement, la reine perdit sa plus belle bague, et les soupçons se portèrent
sur le valet qui avait la confiance du roi et avait donc accès partout.
Le roi le fit appeler, le rudoya et menaça de le condamner s'il ne
démasquait pas le coupable avant le lendemain matin. Le jeune homme jura
qu'il était innocent mais le roi ne voulut rien entendre et le renvoya.
Le valet, effrayé et inquiet, descendit dans la cour où il commença à
se demander comment il pourrait bien faire pour s'en tirer. Il y avait
là, sur le bord du ruisseau, des canards qui se reposaient en discutant à
voix basse tout en lissant leurs plumes avec leur bec. Le valet
s'arrêta pour écouter. Les canards se racontaient où ils avaient pataugé
ce matin-là et quelles bonnes choses ils avaient trouvées à manger puis
l'un d'eux se plaignit: « J'ai l'estomac lourd car j'ai avalé par
mégarde une bague qui était sous la fenêtre de la reine. » Le valet
l'attrapa aussitôt, le porta dans la cuisine et dit au cuisinier: «
Saigne ce canard, il est déjà bien assez gras. » - « D'accord, »
répondit le cuisinier en le soupesant. « Il n'a pas été fainéant et il
s'est bien nourri; il devait depuis longtemps s'attendre à ce qu'on le
mette dans le four. » Il le saigna et trouva, en le vidant, la bague de
la reine. Le valet put ainsi facilement prouver son innocence au roi.
Celui-ci se rendit compte qu'il avait blessé son valet fidèle et voulut
réparer son injustice; il promit donc au jeune homme de lui accorder une
faveur et la plus haute fonction honorifique à la cour, que le valet
choisirait.

Le valet refusa tout et demanda seulement un cheval et de l'argent pour la route,
car il avait envie de partir à la découverte du monde.
Aussi se mit-il en route dès qu'il eut reçu ce qu'il avait demandé.
Un jour, il passa près d'un étang où trois poissons, qui s'étaient pris dans les roseaux,
étaient en train de suffoquer. On dit que les poissons sont muets, et pourtant le valet
entendit leur complainte qui disait qu'ils ne voulaient pas mourir si
misérablement. Le jeune homme eut pitié d'eux; il descendit de son
cheval et rejeta les trois poissons prisonniers dans l'eau. Ceux-ci
recommencèrent à frétiller gaiement, puis ils sortirent la tête de l'eau
et crièrent: « Nous n'oublierons pas que tu nous as sauvés et te
revaudrons cela un jour. » Le valet continua à galoper et eut soudain
l'impression d'entendre une voix venant du sable foulé par son cheval.
Il tendit l'oreille et entendit le roi des fourmis se lamenter: « Oh, si
les gens voulaient faire un peu plus attention et tenaient leurs
animaux maladroits à l'écart! Ce cheval stupide piétine avec ses lourds
sabots mes pauvres serviteurs! » Le jeune homme s'écarta aussitôt et le
roi des fourmis cria: « Nous n'oublierons pas et te revaudrons cela un
jour! » Le chemin mena le valet dans la forêt où il vit un père corbeau
et une mère corbeau en train de jeter tous leurs petits du nid. «
Allez-vous-en, sacripants, » croassèrent-ils, « nous n'arrivons plus à
vous nourrir vous êtes déjà assez grands pour vous trouver à manger tout
seuls! » Les pauvres petits, qui s'agitaient par terre en battant des
ailes, piaillèrent: « Comment pourrions-nous, pauvres petits que nous
sommes, subvenir à nos besoins alors que nous ne savons même pas voler!
Nous allons mourir de faim! » Le jeune homme descendit aussitôt de son
cheval, le transperça de son épée et l'abandonna aux jeunes corbeaux
pour qu'ils aient de quoi se nourrir. Les petits s'approchèrent et,
après s'être rassasiés, crièrent: « Nous ne t'oublierons pas et te
revaudrons cela un jour! »

Le valet fut désormais obligé de continuer sa route à pied. Il marcha et marcha et,
après une longue marche, il arriva dans une grande ville dont les rues étaient très
peuplées et très animées. Soudain, un homme arriva à cheval et annonça
que l'on cherchait un époux pour la princesse royale, mais que celui qui
voudrait l'épouser devrait passer une épreuve difficile et, s'il
échouait, il devrait payer de sa vie. De nombreux prétendants s'y
étaient déjà essayés et tous y avaient péri. Mais le jeune homme,
lorsqu'il eut l'occasion de voir la princesse, fut si ébloui de sa
beauté qu'il en oublia tous les dangers. Il se présenta donc comme
prétendant devant le roi.

On l'emmena immédiatement au bord de la mer et on jeta sous ses yeux un anneau
d'or dans les vagues. Puis, le roi lui ordonna de ramener l'anneau du fond de la mer,
et ajouta: « Si tu émerges de l'eau sans l'anneau, les vagues te rejetteront sans cesse
jusqu'à ce que tu périsses. » Tous plaignirent le jeune homme et s'en allèrent.
Seul, debout sur la plage, le valet se demanda ce qu'il allait
bien pouvoir faire, lorsqu'il vit soudain trois poissons s'approcher de
lui. C'étaient les poissons auxquels il avait sauvé la vie. Le poisson
du milieu portait dans sa gueule un coquillage qu'il déposa aux pieds du
jeune homme. Celui-ci le prit, l'ouvrit et y trouva l'anneau d'or.
Heureux, il le porta au roi, se réjouissant d'avance de la récompense.
Or, la fille du roi était très orgueilleuse et, dès qu'elle eut appris
que son prétendant n'était pas de son rang, elle le méprisa et exigea
qu'il subît une nouvelle épreuve. Elle descendit dans le jardin et, de
ses propres mains, elle répandit dans l'herbe dix sacs de millet. « Tu
devras ramasser ce millet! » ordonna-t-elle, « que ces sacs soient
remplis avant le lever du soleil! Et pas un seul grain ne doit manquer! »
Le jeune homme s'assit dans l'herbe et se demanda comment il allait
pouvoir s'acquitter de cette nouvelle tâche. Ne trouvant pas de
solution, il resta assis en attendant tristement l'aube et la mort. Or,
dès que les premiers rayons de soleil éclairèrent le jardin, il vit
devant lui les dix sacs de millet remplis à ras. Ils étaient rangés les
uns à côté des autres et pas un grain ne manquait. Le roi des fourmis
était venu la nuit avec des milliers de ses serviteurs et les fourmis
reconnaissantes avaient rassemblé tout le millet avec infiniment de soin
et en avaient rempli les sacs. La princesse descendit elle-même dans le
jardin et constata avec stupéfaction que son prétendant avait rempli sa
tâche. Ne sachant pourtant toujours pas maîtriser son cœur plein
d'orgueil, elle déclara: « Il a su passer les deux épreuves, mais je ne
serai pas sa femme tant qu'il ne m'aura pas apporté une pomme de l'Arbre
de Vie. » Le jeune homme ignorait où poussait un tel arbre, mais il
décida de marcher là où ses jambes voudraient bien le porter, sans trop
d'espoir de trouver l'arbre en question. Il traversa trois royaumes et
il arriva un soir dans une forêt. Il s'assit au pied d'un arbre pour se
reposer un peu lorsqu'il entendit un bruissement dans les branches
au-dessus de sa tête et une pomme d'or tomba dans sa main. Au même
moment, trois corbeaux se posèrent sur ses genoux et dirent: « Nous
sommes les trois jeunes corbeaux que tu as sauvés de la famine. Nous
avons appris que tu étais en quête de la pomme d'or et c'est pourquoi
nous avons traversé la mer et sommes allés jusqu'au bout du monde où se
trouve l'Arbre de Vie pour t'apporter cette pomme. » Le jeune homme, le
cœur joyeux, prit le chemin du retour et remit la pomme d'or à la belle
princesse qui ne pouvait plus se dérober. Ils coupèrent la pomme de Vie
en deux, la mangèrent ensemble et, à cet instant, le cœur de la
princesse s'enflamma d'amour pour le jeune homme. Ils s'aimèrent et
vécurent heureux jusqu'à un âge très avancé.

 
18/05/2015 - 13:04