De tout.......!

Par Yannick Fondin - 1 il y a 10 années
29/01/2016 - 15:08
Toutes les personnes aiment les orchidées....

Orchidée phalaenopsis en cascade - fleurde 12 cm de diamètre - elle a fleuri durant 7 mois !
 
Orchidée phalaenopsis couleur jaune et rose , cette orchidée ci-haut fleurit tout au long de l'année.


 
Orchidée phalaenopsis : joli dégradé de couleurs.


 
Orchidée Vanda , couleur bleue, tachetée blanche - racine à l'air.


  chidée Dendrobium Nobilee - petites clochettesblanches - coeur vert pale
 
Orchidée phalaenopsis : couleur rose foncé.


 
Orchidée phalaenopsis : couleur lilas,coeur rose foncé
 
Orchidéephalaenopsis : blanche au coeur jaune
 
Sur les photos du bas, l'orchidée est tout en fleurs

Orchidée phalaenopsis : grenat foncée- comme du velours


 
Orchidée phalaenopsis : petites fleursrose et blanche au coeur jaune


:
Sabots de Vénus : dans le jardin

 

Orchidée phalaenopsis : fleurs grenat-saumonau coeur rose foncé


 
Petite orchidée phalaenopsis: petites fleurs grenat foncées - au coeur rose foncé
titeorchidée phalaenopsis : plantebasse, d'une hauteur de 30 cm
  
Orchidée phalaenopsis: fleurs blanches avec coeur rose foncé
 
Sabot de Vénus : orchidée dans un pot de terre cuite


enopsishybride : fleurs grenat très fonçé, presque
noir
 
Orchidées 3 hampes : fleurs jaune-beige , coeur grenat foncé.



 
Orchidéeen cascade : très grandes fleurs rose, rose foncé,avec du vert tendre, rose et au coeur rose et jaune


 
Orchidée avecdes fleurs d'un rose lumineux, le bout des pétales sont allongés et pointus


 
Orchidée Calimero: mini orchidée avec très petites fleurs framboise avec du léger jaune


 
Orchidées Pleione Formosana : lilas et blanche


 
Orchidée Ut Zygoèetalum: à partir de bulbes



Une partie de mes orchidées: elles ont déjà fleuries à plusieures reprises


 
Orchidée phalaenopsis: grande orchidée, avec petites fleurs rose au centre puis dégradé blanc. Coeur jaune-rose-blanc. Comme les
fleurs des cerisiers du Japon


 
Orchidée phalaenopsis: orchidée d'une hauteur d'env. 1 mètre


 
Orchidée en cascade : grandes fleurs comme peintes de grosses marbrures violet et blanc. avec croix violet au centre

Phalaenopsisblanche rayée rose
29/01/2016 - 14:42
Mayyan,c'est très sympa de votre part de vouloir m'aider mais je ne sais pas comment faire,j'apprends toute seule petit à petit,mais je ne suis pas très douée
29/01/2016 - 14:41
Visite Du Président Iranien :
Des Statues De Vénus Ont Été Couvertes...

Une statue de Vénus exposée au musée du Capitole, à Rome.
PHOTO AFP Agence France-Presse Rome

Le président iranien Hassan Rohani a assuré mercredi à Rome n'avoir fait
aucune demande auprès de ses hôtes italiens pour que les statues
dénudées du musée du Capitole, visité lundi soir, soient cachées par des
paravents pour ne pas l'indisposer...

 
«C'est bien une question de journalistes ça», a-t-il d'abord affirmé, avec un
sourire, lors d'une rencontre avec la presse étrangère à son hôtel
mercredi matin.

Assurant «n'avoir eu aucun contact à ce sujet» au préalable avec les
autorités italiennes, il a ajouté: «Je sais que les Italiens sont très
hospitaliers, un peuple qui cherche à rendre le séjour de ses invités le
plus agréable possible et je les en remercie pour cela».

Mardi, le Corriere della Sera, citant des sources au sein de la délégation iranienne, avait assuré que
les paravents avaient été installés après une inspection préalable.

Interrogé à ce sujet alors qu'il accompagnait M. Rohani au Colisée, le
ministre italien de la Culture, Dario Franceschini, a estimé qu'il était
«incompréhensible» de couvrir les statues.

«Je pense qu'il y aurait eu d'autres façons de ne pas aller contre la
sensibilité d'un hôte étranger aussi important», a-t-il estimé, assurant
que ni lui ni le chef du gouvernement, Matteo Renzi, n'avaient «été
informés» de la démarche.

Selon les journaux italiens mercredi, «l'excès de zèle» serait à mettre
au crédit du bureau de l'État en charge du protocole lors de l'accueil
des hôtes étrangers. Ce bureau dépend de la présidence du Conseil mais
agit de manière autonome.

À la mairie de Rome, gestionnaire du musée, des sources internes ont
assuré à la presse que la municipalité n'avait eu «aucun rôle» dans
cette décision.

En accueillant son hôte lundi dans le site prestigieux du Capitole, où
une quinzaine d'accords portant sur des milliards de dollars ont été
signés, M. Renzi avait pourtant mis l'accent sur la richesse historique
des deux pays, assurant qu'ils avaient en commun d'être «deux
superpuissances de la beauté et de la culture».

Et en plus d'avoir couvert ses statues, l'Italie a aussi accepté de
bannir le vin lundi, le temps d'un déjeuner avec le président de la
République, Sergio Matterella, et d'un dîner avec M. Renzi.

Ces décisions ont provoqué une petite polémique en Italie, où le parti
anti-euro et anti-immigrés de la Ligue du Nord a dénoncé un «énième acte
de soumission à une culture qui ne nous appartient pas».

Les Radicaux italiens ont quant à eux rappelé que lors de la visite du
pape François à Turin en juin, les affiches d'une exposition de la
peintre polonaise art déco Tamara de Lempicka avaient également été
couvertes, mais «personne ne s'en était scandalisé».
29/01/2016 - 14:27
Comment Nettoyer Un Lino : 4 Nettoyants Naturels

Comment Nettoyer efficacement un revêtement en lino Le revêtement au sol doit être nettoyé régulièrement.
Il est nécessaire d’ôter les traces de poussière comme les impuretés. Vous avez un
revêtement en lino ? Pour lui assurer une bonne longévité, oubliez les
produits ménagers trop agressifs. Apprenez à réaliser votre propre
nettoyant en suivant ces quelques conseils de grands-mères.


Le Savon Noir Pour Un Effet Brillant
Le savon noir liquide est idéal pour le revêtement en lino.
Ses propriétéspermettent de désincruster les sols tout en lui donnant un aspect
lustré. Pour utiliser ce produit, il suffit d’additionner deux cuillères
à soupe de savon noir dans 5 litres d’eau chaude.

Ce nettoyant s’utilise comme n’importe quel produit ménager.
Trempez le balai, l’essorez puis lavez les sols avant de rincer.


Le Vinaigre Blanc Pour Désincruster
Pour désincruster vos sols en lino, le vinaigre blanc est le produit le plus
puissant qui existe. Cette astuce permet également de désinfecter les
sols. Pour un lavage rapide, ajouter un verre de vinaigre blanc (25 ml)
dans de l’eau chaude et propre.

Si les sols sont encrassés, vous pouvez reprendre l’astuce à base de
vinaigre blanc en pensant à diluer un verre de cristaux de soude.
L’odeur du vinaigre blanc n’est pas très agréable pour tout le monde,
vous pouvez éventuellement ajouter de l’huile essentielle de citron ou
de menthe.


Les Cristaux De Soude Pour Un Nettoyage En Profondeur...
Les vertus des cristaux de soude ne sont plus à présenter. Désinfecter, désincruster, nettoyer : voici les trois actions des cristaux de soude.
Pour utiliser ce produit miraculeux, il faut ajouter 3 cuillères à soupe de
cristaux par demi-litre d’eau chaude (soit 6 cuillères à soupe pour 1
litre d’eau) et manipuler les cristaux de soude avec la plus grande
précaution. De fait, le port de gants et de lunettes de protection est
vivement recommandé.


Le Jaune D’Oeuf Pour Le Lustrage...
Vous pouvez protéger votre lino en utilisant une astuce de grand-mère à base
de jaune d’œuf. Après avoir aspiré et nettoyé vos sols, appliquez un
mélange de jaune d’œuf battu et d’eau chaude (2 jaunes d’œuf battu par
litre d’eau). Il suffit de lustrer en passant la serpillière dans la
mixture à base d’œuf.
29/01/2016 - 14:24
Bonjour Marie-Jeanne,j'ai volontairement copié pour vous montrer qu'on peut,avec du temps bien sur,donner une présentation plus facile à lire aux textes,trés intéressants,que vous mettez sur ce forum.Ça n'est pas une leçon,comme certains vont le dire,mais j'aimerai vous aider,comme nos prédécésseurs l'ont fait avec moi.Cordialement.
29/01/2016 - 13:17
                              Langouste et homard : anatomie comparée











La période des fêtes approche. Sans doute allez-vous manger du homard ou
de la langouste, mais vous êtes-vous déjà demandé ce qui différenciait
ces deux crustacés a priori assez similaires ? Ils font partie de ces
animaux que l’on croit connaître, mais dont on ne sait en réalité pas
grand chose. Pire encore, on se trompe souvent à leur sujet, leur
attribuant des caractéristiques imaginaires ou des aires de répartition
douteuses. Nous allons les regarder de près et les comparer, vous serez
surpris de voir à quel point ils sont dissemblables, mais tout aussi
fascinants l’un que l’autre.
Pour commencer, attardons-nous deux minutes sur la taxonomie. Les homards sont des crustacés décapodes issus
de la famille des néphropidés. Dans cette famille, il y a plein de
cousins rigolos, des langoustines aux écrevisses. Et puis il y a le
genre Homarus, qui comprend deux espèces seulement, le homard européen ou homard breton, alias Homarus gammarus, et le homard américain ou Homarus americanus.
Sauterelles et cafards des mers
Parmi les néphropidés, point de langoustes. Celles-ci sont également des crustacés décapodes, mais leur
famille est celle des palinuridés. Elle est composée d’un grand nombre
d’espèces, une soixantaine, aux noms plus ou moins amusants comme la
langouste diablotin, la langouste fouet arabe ou la langouste
fourchette. D’ailleurs, puisqu’on est dans les noms, sachez que le mot
« langouste » vient du latin « locusta », c’est-à-dire « sauterelle ».
La sauterelle des mers en somme.
Le homard a quant à lui été appelé « cockroach of the seas » par les anglophones à l’époque où il abondait,
en français « cafard des mers ». Ce n’est pas tout à fait idiot de
parler de sauterelles et de cafards, même si c’est un abus de langage
dans le cas de la langouste, car les deux crustacés sont des
arthropodes, comme les araignées, blattes et autres mille-pattes.
Langouste commune et homard commun
Quoi qu’il en soit, les homards et langoustes ne sont pas cousins. Les écrevisses sont bien plus proches
des homards que ne le seront jamais les langoustes. L’explication est
simple : en gros, on classe tout ce qui a des pinces du côté des
homards, et tout ce qui n’en a pas ira chez les langoustes.
Histoire de bien comprendre, regardons les gravures de la langouste (à gauche) et du homard (à droite).
Plusieurs choses sautent aux yeux. Tout d’abord, le homard a
effectivement deux grosses pinces, mais la langouste n’en a pas. Bon, en
fait, ce n’est pas complètement vrai : les femelles langoustes ont deux
mini-pinces de rien du tout au bout de leur dernière paire de pattes,
mais rien de comparable au homard.
Le fait d’avoir des pinces (ou pas) n’est pas anodin. Voyez-vous, les crustacés n’en sont pas dotés ou
dépourvus simplement pour qu’on puisse les différencier. Non, la pince,
c’est une arme pour se défendre et attaquer. Pour le homard, tout va
bien, mais la pauvre langouste doit trouver un autre moyen de repousser
les prédateurs. Elle a donc un corps très différent du homard, orné de
pics acérés, d’où son nom anglais de « spiny lobster ».
Des antennes pour voyager en groupe
Si l’on observe de près une tête de homard et une tête de langouste, c’est flagrant : le homard est lisse,
hormis son petit rostre qui a inspiré la forme des casques des guerriers
Turcs au Moyen-Âge ou Zischägge, tandis que la langouste est piquante
au possible. Elle a également deux petites cornes qui lui donnent un air
diabolique.
Tête de langouste ornée et tête de homard breton © Camille Oger
Ce n’est pas là la seule arme de la langouste. Comme vous pouvez le constater, elle possède de plus grosses
et longues antennes que le homard. Ces antennes ne sont pas des armes en
tant que telles, mais elles lui servent à se protéger. Elles sont
notamment utiles pour tâter le terrain avant de s’aventurer quelque
part, et ainsi éviter de se faire croquer.
Mais surtout, et ça c’est très joli, les antennes sont les mains que les langoustes se tendent entre elles pour
rester groupées. En effet, l’une de leurs forces face aux prédateurs,
c’est leur instinct grégaire. Elles se déplacent souvent en groupe
(jusqu’à une cinquantaine d’individus) et se servent de leurs antennes
pour se toucher mutuellement et se suivre. Un peu comme les éléphants
qui tiennent le queue de celui qui est devant avec leur trompe. Elle
n’en a pas l’air comme ça, mais la langouste est donc un animal
sociable. Le homard quant à lui, c’est un solitaire.
Langoustes à la queue-leu-leu © Kanciruk et Herrnking, 1978
Le cri de la langouste
Enfin, l’arme défensive la plus géniale de la langouste, c’est un son puissant qu’elle produit, là encore à
l’aide de ses antennes. En frottant l’une d’elles contre une partie
souple de sa carapace, elle émet un violent « frfrfrrrfrfrrrrrrr » qui
éloigne les malotrus. La première fois que j’ai voulu saisir une
langouste vivante aux Philippines, je me suis approchée d’elle
maladroitement, et, exactement comme un chat voyant un enfant de 3 ans
sadique s’avancer, elle a paniqué et m’a lancé son cri en tentant de
s’échapper. Trop mignon.
La fuite reste en effet l’ultime solution de repli, et une langouste, ça nage très vite. C’est encore une
nette différence entre les deux animaux : le homard n’aime pas l’eau
chaude ; or plus l’eau est froide, plus il est engourdi. La langouste,
au contraire, aime la chaleur et est toujours très vive.
En ce qui concerne la prédation, le homard, grâce à ses pinces, est bien loti. Il peut manger tout un tas de
choses, car il est dans la capacité de couper, avec sa pince dont le
tranchant est bien net et acéré (souvent la pince droite), appelée
cisaille, et de broyer avec l’autre, plus grosse et cabossée, appelée
marteau.
Pince de homard, pour broyer © Camille Oger
Contrairement à la croyance poulaire, ce n’est pas un charognard mais un bon chasseur. Il sort la nuit pour
attraper poissons, oursins, crabes et autres étoiles de mer. Et en bon
prédateur solitaire, quand il fait une grosse prise, il lui arrive
d’ensabler ses restes pour les manger plus tard.
La langouste, elle, a un champ des possibles alimentaires plus limité ; avec ses fines pattes, elle n’est
pas vraiment équipée pour la chasse. Et une fois la prise effectuée,
elle n’est pas non plus en mesure de la couper en petits morceaux. Par
conséquent, elle s’attaque à des proies un peu nulles, du genre qui ne
s’enfuit pas : des petits coquillages, des algues ou carrément des
animaux morts, c’est plus simple.
L’art du camouflage : du brun en Amérique, du bleu en Europe
Voilà pour les pinces et les antennes. Mais la liste des différences est encore très longue. Passons à la
couleur. Celle-ci est définie par le milieu dans lequel vit le crustacé,
dans le but de le camoufler efficacement. Pour comprendre les
caractéristiques chromiques de ces animaux donc, il faut regarder où ils
vivent. Et ça, c’est très perturbant. Parce qu’on s’aperçoit avec
stupeur qu’on ne connaît vraiment rien à ces bêbêtes.
Commençons par le homard. Il est en général brun à vert pour le homard américain, rarement bleu, très
rarement jaune, rouge ou albinos. Cela n’a rien d’étonnant car il vit
sur la côte atlantique de l’Amérique du Nord, du Canada au New Jersey.
Là, les fonds sont à peu près dans ces teintes-là, vert
foncé-marronnasse, donc le homard est ton sur ton et il est très
content.
Le homard breton, lui, n’est pas breton, malgré les a priori. Enfin pas seulement. Certes, il vit dans les eaux
bretonnes et normandes, mais il est partout en Europe en réalité. On en
trouve au-dessus du cercle polaire, dans les fjords norvégiens, dans la
Méditerranée (mais pas plus à l’Est que la Crête, faut pas abuser), dans
la mer Noire, bref, partout, sauf dans la Baltique, apparemment pour
des raisons de salinité. Habitant les zones infra-littorales,
c’est-à-dire entre 50 et 60 mètres de profondeur, il vit dans le grand
bleu. Par conséquent, logique, il est bleu.
Homard breton qui va passer à la casserole © Camille Oger
Pas besoin de couleurs chatoyantes pour charmer les femelles, le homard n’en a que faire. Son mode de
reproduction élaboré est assez intéressant à observer. C’est la femelle
qui part en quête d’un mâle. Elle ne veut pas le plus beau, le plus fort
ou le plus intelligent, non, elle jette son dévolu sur celui qui a le
plus chic terrier.
Lorsqu’elle l’a trouvé, elle l’envoûte. Pour cela, elle urine, mais attention, un homard ça urine par la tête,
là où sont logées ses deux vessies. Pschiiiit, un jet d’urine chargé de
phéromones, qui part jusqu’à deux mètres en avant, le homard mâle est
instantanément mort d’amour. Là, étreinte pleine de tendresse, et
accouplement en position du missionnaire, sans pénis s’il vous plaît.
Parce qu’un homard n’en a pas. A la place, il possède deux pattes
natatoires qu’il utilise pour fertiliser les ovules et que l’on appelle
donc gonopodes.
La femelle portera les oeufs fécondés dans son abdomen pendant une longue période, pouvant atteindre 12 mois.
Des oeufs rouge foncé très bons à manger. Bref, pour la séduction, peu
importe la couleur, chez le homard, ce qui compte, c’est le terrier et
l’odeur.
Découpe de homard femelle avec oeufs © Camille Oger
La langouste n’a quant à elle pas besoin de couleurs non plus pour la reproduction, car c’est une adepte de la
fecondation externe. Pas d’accouplement donc. Pourtant, elle est souvent
très colorée. Cela s’explique par son aire de répartition. Sa couleur
lui sert de camouflage, et selon l’endroit, différentes chromies sont de
rigueur. On la trouve en effet partout où l’eau est assez chaude, de
l’océan Pacifique à l’océan Indien en passant par la Méditerranée,
l’Atlantique et la mer Rouge. Elle aime les eaux peu profondes, les
récifs de corail et les rochers.
La langouste tropicale, technicolor
D’une espèce à l’autre, les couleurs varient grandement. Certaines, vivant dans les rochers, sont brunes ; la
langouste commune de Méditerranée est rouge ; les langoustes ornées des
récifs de l’Indo-Pacifique sont carrément barriolées, en mode
technicolor avec du bleu et du vert turquoise, des points blancs,
jaunes, noirs, roses. Ce sont celles que l’on trouve le plus fréquemment
aux Philippines.
Panulirus homarus et panulirus ornatus à Coron, Philippines © Quentin Gaudillière
On ne verrait qu’elles sur un rocher breton, mais dans un récif rempli de poissons flashy, d’étoiles de mer
bleu fluo, de corail jaune, violet, rose et d’autres spirobranches-arbres de Noël, elle passe inaperçue. Mais qu’il s’agisse des homards ou des
langoustes, une fois cuits, tous sont logés à la même enseigne : ils
rougissent, un point c’est tout.
Pour ce qui est de la taille, difficile d’établir une comparaison entre homards et langoustes car cela dépend de
l’espèce. Les homards américains sont de loin les plus grands et gros,
avec un record établi en 1977 par un monstre de 20 kilos. Nos Européens sont bien plus petits. Pour les langoustes, il y a aussi
du gros calibre, mais étant dépourvues de pinces, elles sont bien moins
lourdes. Ce spécimen incroyable par exemple ne pèse que 5 kilos malgré sa taille impressionnante.
Des homards géants aux homards disparus
Ce qu’il faut avoir en tête, c’est que la taille moyenne des homards et langoustes que nous connaissons
actuellement est faussée par des siècles de surpêche. Autrefois, on
capturait des énormes machins, on ne savait plus quoi en faire. Sur le
continent américain, c’était l’angoisse : du homard, encore du homard,
toujours du homard. Ca fait snob de dire ça aujourd’hui, mais vraiment,
ils n’en pouvaient plus. Comme tout ce qui abonde, il n’avait pas de
valeur marchande ou presque. Même pas besoin de se fatiguer à le pêcher :
à la première tempête, pouf, plein de homards échoués sur la plage.
C’était le plat du pauvre, de la bonniche, du prisonnier, de l’orphelin.
Dans le Massachusets, la loi interdisait d’en servir à ces malheureux
plus de deux fois par semaine.
Et puis comme tout ce que les Américains touchent – c’est vilain de dire ça mais c’est vrai – de gaspillage en
gaspillage, à force d’enterrer le crustacé dont on ne savait que faire,
pour éviter qu’il sente et afin de l’utiliser comme engrais, le homard
s’est raréfié, les prises ont été de plus en plus petites, on pêchait
des bébés, puis plus rien, et là, d’un coup, on s’est dit « tiens, y en a
pas, j’en veux » ; on lui a crié, les yeux pleins de larmes « reviens
homard, en fait je t’aime », mais c’était trop tard.
La pollution n’a rien arrangé non plus, car ces animaux, comme les langoustes, y sont très sensibles. Bref, de
moins en moins de homards et de langoustes, des spécimens de plus en
plus petits, et des zones entières où ils ont carrément disparu.
Forcément, maintenant que c’est cher, rare et pas très écolo d’en
manger, on en veut, on veut plein, on en veut plus, on est passionné et
on les bouffera jusqu’au dernier. La routine.
Ne manger que la queue de la langouste ? Hérésie !
Du côté de la langouste, gaspillage aussi, d’autant plus qu’on a tendance à n’en manger que la queue. On se
plaint, « ouin, elle a pas de piiinces », mais en fait, il y a de la
chair partout dans une langouste, sacrebleu. Je me suis amusée à en
décortiquer une entièrement quand je vivais à Banuang Daan aux
Philippines. Verdict : plein à manger dans les grosses antennes, dans
les pattes, dans la tête, c’est la folie.
Et comme on ne sait toujours pas comment élever les superbes langoustes ornées de l’Indo-Pacifique par exemple, on doit
les capturer à l’état naturel, sans trop respecter les tailles et
quotas, parce que sinon c’est pas drôle. Forcément, les populations
baissent.
Panulirus ornatus ou langouste ornée décortiquée © Camille Oger
Ce qui est particulièrement triste, c’est que sans nous, ces bestioles iraient très bien. S’il y avait tant
de homards dans les eaux américaines jusqu’à l’arrivée de l’homme blanc,
zoopathe en force, c’est parce qu’un homard, comme une langouste
d’ailleurs, ça ne vieillit pas. Génétiquement parlant, ces animaux sont
prodigieux.
On n’a compris qu’en 2012, cette année quoi, comment calculer leur âge. Muant régulièrement, pas d’indication
sur leur carapace ; on se contentait jusque là de faire des estimations
fondées sur leur taille. Mais on vient de découvrir qu’il faut en
réalité étudier leurs yeux et leur système digestif. On a alors pu constater une impressionnante longévité qui pourrait bien être infinie. En effet, ces bestioles renouvelleraient en permanence leurs séquences génétiques à l’aide d’une enzyme appelée télomérase.
Des animaux qui ne vieillissent jamais
Pas de vieillissement donc, pas non plus d’affaiblissement. Enfin, ils ne perdent pas leur fertilité avec le
temps, au contraire, il semblerait que les vieux homards soient plus
prolifiques que les jeunes. Ah, c’est bête qu’on ait tué tous les vieux,
tiens. Pour couronner le tout, un homard, comme un lézard, peut se
faire amputer, il s’en fiche. Ses pinces repoussent. Au début, il aura
un peu l’air bête avec sa mini-pince d’un côté, mais bien vite, la
question sera réglée. Le revers de la médaille, quand on est increvable,
c’est qu’on stocke les polluants et métaux lourds. Miam.
Bon, avec tout ça, vous devriez maintenant être en mesure de différencier le homard et la langouste et
de comprendre pourquoi ils ne se ressemblent pas. Et à l’aveugle, que
diriez-vous ? Gustativement, les saveurs ne sont pas les mêmes. Le
homard breton est censé être de loin ce qu’il y a de mieux, toutes
variétés de homards et langoustes confondues, je ne me prononcerai pas
là-dessus. Il est difficile de juger car les langoustes que nous
consommons en France arrivent souvent congelées d’Afrique ou du
Pacifique et il est donc absurde de comparer un animal vivant et un
machin déjà découpé et gelé dans la saumure.
Homard prêt à déguster © Camille Oger
En terme de santé pour finir, sachez que la langouste est plus riche en protéines, lipides et glucides que le
homard, et donc plus calorique – 98 calories pour 100 grammes de homard
contre 143 pour la langouste. Tous deux sont une excellente source de
vitamines et minéraux, avec des nuances : la langouste est la championne
de la vitamine A et de la vitamine B3, du phosphore, du sélénium, du
potassium ou du zinc, tandis que le homard se rattrape sur la vitamine
B5, la vitamine B6, l’iode ou le calcium.
Sur ce, je vous souhaite de joyeuses fêtes et vous laisse le soin d’accommoder ces charmants crustacés comme
il vous plaira, avec des sauces époustouflantes ou au naturel, vous me
raconterez, joyeux Noël !

29/01/2016 - 09:43
EH BIEN MAYYAN !.............ON COPIE SUR MOI,C'EST PAS BIEN,C'EST PAS GRAVE DEUX FOIS LE MËME ARTICLE.ÇA PEUT ARRIVER À TOUT LE MONDE.
 CETTE PETITE REMARQUE EST GENTILLE ENTRE ORDISSINAUTES.
AMITIÉES
29/01/2016 - 09:13
Pêche à la poutine au Cros de Cagnes


Fin mars 2013, la saison de la poutine touche à sa fin. Pour ceux qui n’ont
pas suivi, la poutine, ce sont des alevins de sardines, anchois ou
gobies très prisés dans la région niçoise, j’en ai longuement parlé dans
ce précédent billet. Il y a quelques jours, j’ai eu la chance d’assister à la plus belle
pêche de la saison en France. C’était au Cros de Cagnes, le principal
port de pêche à la poutine du pays, au petit matin.

Sur la plage, les pêcheurs attendent le signal du pointu © Camille Oger
Il suffit de prendre la route du bord de mer (très empruntée car c’est l’un des seuls axes à relier Cannes,
Antibes, Nice, l’Italie etc) vers 5h30 du matin et d’observer la mer
pour repérer les pêcheurs de poutine. A cette heure encore sombre, leur
pointu est de sortie ; deux hommes à bord sont chargés de repérer un bon
coin pour pêcher. Le reste de l’équipe les attend sur la plage en
s’habillant.
La plus petite équipe de pêcheurs du Cros
Ces hommes-là sont peu nombreux ; ils sont cinq ou six, souriants comme tout. Ils me disent gentiment : « On
est la plus petite équipe du Cros vous savez, si vous voulez voir
quelque chose de plus impressionnant, il vaut mieux aller voir
Georges. » Georges est probablement très sympathique mais il fait les
choses en bien plus grand. Et moi, ce que j’aime, ce sont les petits,
discrets, modestes que Nice Matin ne vient pas filmer tous les ans.
Je reste donc avec ma petite équipe, les frangins Michel et Gilbert, l’adorable Eddy, maçon le reste de l’année,
et les autres, enfants du pays, la cinquantaine pour la plupart, fils
de pêcheurs qui ont dû se tourner vers une autre carrière faute de
poisson, faute de travail. Pour la poutine, ils se réunissent chaque
année et ne savent jamais ce que la nature leur donnera. « En 2011 et
2012, c’était pourri, » racontent-ils, mais cette année est très bonne.
Pêcher à la senne, mode d’emploi
Pendant que je palabre avec mes pescadous préférés (ça veut dire pêcheur en provençal), le pointu longe les
plages, puis s’approche du bord à l’endroit choisi pour la pêche. Là,
les hommes jettent une corde à un pêcheur posté sur la plage. Il la
saisit et court vers le reste de l’équipe qui va devoir commencer à
tirer. Les hommes agiront non pas depuis la plage mais un peu plus haut,
depuis le trottoir – ou la « promenade » comme on dit ici.

Le pescadou à terre saisit la première corde © Camille Oger
Cette corde dont les pêcheurs s’emparent, c’est la première extrémité de la senne ou bourgin dans le patois local. La technique de pêche employée est appelée issaugue : il s’agit d’une senne à mailles serrées qui sera tirée à bras
d’hommes depuis le bord. Pour comprendre un peu mieux comment tout cela
fonctionne, voici une vidéo qui explique tout ; c’est du provençal et
non du niçois, les termes sont assez différents dans les deux langues
mais le principe est exactement le même.

Mon cher Eddy et sa sangle © Camille Oger
Les hommes vont commencer à tirer sur la corde à l’aide de sangles qu’ils enfilent en bandoulière. Chaque sangle
se termine par une corde lestée par un plomb et agrémentée d’un
flotteur. Comme les bolas des Argentins, ces cordes lestées sont jetées sur la corde de la senne ; le poids du plomb va leur
permettre de s’y enrouler, et le flotteur va les y retenir.
Le geste est simple : on enroule sa sangle, on tire sur la corde jusqu’à arriver au niveau de la route, on
décroche sa sangle et on recommence. Le dernier passe devant et devient
le premier, ainsi de suite pendant 20 bonnes minutes.
Pêcher dans un environnement hostile
La promenade est étroite et très fréquentée, même à 5h30 du matin. Il y a des joggeurs fous, des
cyclistes à fond la caisse sur la piste cyclable, et juste derrière, des
voitures qui passent en très grand nombre. Quand la Côte d’Azur s’est
développée, elle a tout misé sur le tourisme et a joyeusement oublié
qu’il y avait là des pêcheurs.
Alors on fait comme on peut, on espère ne pas tomber sur des abrutis ou des gens trop ensuqués, un accident est
vite arrivé car les pêcheurs utilisent toute la largeur du trottoir.
Comme celui-ci est assez étroit, ils passent leur temps à enrouler et
dérouler leur sangle, ne pouvant opérer que sur une distance de quelques
mètres.

Les pêcheurs commencent à tirer la corde © Camille Oger

Vue d’ensemble : pêcheurs à l’ouvrage et route du bord de mer © Camille Oger
Pendant que ça tire, le pointu est toujours en mer. Il s’éloigne du bord et déploie la senne en formant un
grand arc de cercle pour piéger les alevins. Puis il se rapproche du
bord plus loin vers le levant (l’Est si vous préférez) et va donner la
deuxième corde – l’autre extrémité de la senne – au reste de l’équipe.
Les copains viennent aider, la manoeuvre est délicate et on a grand
besoin de bras.
Obstacle de taille : les préfabriqués tout pourris du bord de mer
Et puis on a un obstacle de taille, j’en parle parce que ça me met hors de moi : des bâtiments érigés sur la
promenade viennent sérieusement compliquer l’opération. Pourtant, il est
strictement interdit de construire à cet endroit, un McDonald’s installé là en a d’ailleurs fait les frais. Il a été détruit quelques années après avoir miraculeusement – hum –
obtenu un permis de construire qui n’était pas tout à fait en règle.
Mais comme les mairies de la Côte d’Azur sont cohérentes, d’autres
bâtiments se sont mis à faire leur apparition quelques années plus tard.

Sur la plage, un restaurant de merde complique l’opération © Camille Oger
Des bâtiments hideux (oui messieurs les propriétaires, vos merdes méritent de partir à la mer à la prochaine
tempête, ça polluera mais on a bien compris que ce n’était pas votre
problème, le reste du monde) qui bouchent la vue et qui incommodent les
pêcheurs de poutine dans leurs manoeuvres. Il faut contourner les
constructions, ne pas emmêler les cordes au passage, c’est vraiment
super.
Au fait, si vous vous demandez comment on a pu avoir le droit de construire là après avoir justement démonté un
bâtiment sous prétexte que c’est interdit, je vais vous l’expliquer, la
raison est vraiment très bien. En fait, ces affreux restaurants-bars ne
sont pas en dur mais en préfabriqué pourrave ; ils n’étaient censés
être là que l’été, pour nos chers touristes. L’hiver venu, on démonte,
promis, oui oui oui.
Sauf que l’hiver venu, oh la la c’est trop dur, oh la la c’est trop cher, bon ben on va les laisser. Ils sont
fermés hors-saison, bien entendu, comme ça on a juste la joie d’avoir un
truc qui ne sert à rien sous le nez. Et puis d’une année sur l’autre,
on en ajoute de nouveaux, parce que respecter la Loi Littoral, c’est notre passion. Pardon, je m’énerve, revenons à nos petits pêcheurs.
La cadence s’accélère, le halage touche à sa fin
Quand la deuxième corde est là, les hommes descendent tous sur la plage. Ils tirent de toutes leurs forces
depuis une bonne demi-heure, ils commencent à peiner et à rougir, et
pourtant le plus difficile reste à venir. Dans un premier temps, les
deux groupes de pêcheurs vont tirer sur leurs cordes respectives en
gardant une certaine distance. Puis les deux bourdoun, les bois qui renforcent les deux ailes du filet, commencent à apparaître. C’est
le signe que la senne vient à eux, ils crient : « A ramba ! » pour signaler qu’il est temps de rapprocher les deux cordes parallèles.
Les deux groupes d’hommes se décalent peu à peu en continuant le halage ;
ils sont bientôt côte à côte.
La cadence s’accélère, les groupes sont de plus en plus serrés et redoublent d’efforts. Ce ne sont plus des
cordes que les hommes tirent, mais le filet lui-même, trempé, qui leur
cisaille les mains. On ne se relaye plus, on ne se sert plus des sangles
; on reste sur place, on force sur les bras et les cuisses.

Dernière ligne droite, la senne est bien visible © Camille Oger

Ho hisse © Camille Oger
Et puis soudain, la margue surgit des flots : c’est la poche du filet qui se rabat sur les alevins à mesure
que les hommes hissent la senne. Elle se tend, se gonfle, le ressac rend
les choses difficiles, la mer est grosse ce matin. Grosse pour la
Méditerranée bien sûr, mes chers Normands et Bretons sont priés de de ne
pas se moquer.
A cet endroit, l’érosion est telle que l’on perd pied en 8 secondes quand on va se baigner. Les vagues ne sont
pas forcément impressionnantes, mais elles plongent très profondément.
Il est donc extrêmement difficile de remonter un filet plein, car il est
sans cesse attiré vers le fond. Les hommes perdent l’équilibre, les
vagues sont trop fortes et les entraînent. A plusieurs reprises, ils
tentent de ramener la margue sur la plage mais elle leur échappe
toujours.

En s’aidant de quelques grosses vagues, ils arrivent finalement au bout de leurs peines. C’est un beau travail
d’équipe, une danse avec la vague et non contre elle, les hommes ne
pourraient pas le faire le poids, elle est bien trop puissante pour eux.

La margue est hissée ! © Camille Oger
Quand la margue est enfin posée au sec, énorme, pleine à craquer, personne ne se précipite pour l’ouvrir. Il va
d’abord falloir retrouver ses esprits. Tous les hommes ont exactement le
même geste : ils attrapent leur genoux dans leurs mains, regardent le
sol et tentent de retrouver leur souffle.
Récupérer, inspecter les filets, réunir les alevins
Quand ça commence à aller un peu mieux, le deuxième geste, c’est de regarder ses mains, douloureuses, rougies,
gonflées, pour s’assurer que tout va bien. Cela prend une à deux minutes
tout au plus, mais ce temps de récupération est nécessaire. Personne
n’y coupe, même les plus impatients.

Temps de récupération près l’effort du halage © Camille Oger
Les bras engourdis, les pescadous doivent démêler leur senne malmenée par les vagues avant d’examiner son
contenu : le filet est déchiré de part et d’autre, emberlificoté, il
faut le remettre en ordre afin de ne pas l’endommager davantage en
l’ouvrant. Les hommes inspectent l’ampleur des dégâts au passage : le
filet est dans un sale état, il leur faudra deux jours complets de
travail pour le réparer.

Le filet a souffert © Camille Oger
Après cela, il faut secouer la senne pour réunir tous les alevins dans la margue. Ils frétillent encore, mais
plus pour très longtemps. Un alevin, ça tient très mal hors de l’eau,
beaucoup moins bien qu’un poisson adulte. Ils cessent de remuer bien
vite, mais leur texture un peu visqueuse colle aux mailles. Alors on
secoue, on secoue très fort en formant un cercle autour de la margue,
comme si on voulait tendre une toile pour faire un trampoline. Mais les
bébés poissons ne sauteront plus, ils sont déjà morts.

On secoue la margue pour réunir les alevins © Camille Oger
On voit bien dans les yeux des pêcheurs que la pêche a été bonne, très bonne même. A vue de nez, ça dépasse les
100 kilos, c’est exceptionnel. « C’est presque trop, me disent-ils, on
ne s’attendait pas à ça. » Chaque matin, ils jettent en effet leur senne
une seule fois, et ramènent généralement quelques kilos les meilleurs
jours.

Plus de 100 kilos de poutine en une seule prise © Camille Oger
Ils sont partagés entre le réflexe du pêcheur, dont les yeux s’illuminent en voyant le poisson, et le deuxième
effet kiss cool du pêcheur, ce moment de culpabilité où l’on se demande
si on n’a pas vidé la mer de ses poissons. S’il en restera demain. S’il
n’aurait pas été préférable d’en prendre deux fois moins. Pour la
nature, et pour la profession.
Petites sardines devenues grandes : c’est la fin de la saison
Pendant ce temps, derrière eux, c’est la fête de la mouette. Tous les oiseaux de mer du coin s’agitent près du
bord et se régalent de poutine. Je lance en riant à l’un des pêcheurs :
« Dîtes donc, ce sont vos concurrents directs ceux-là ! » Il me regarde
avec douceur et me répond sur un ton bienveillant : « Mais non, il faut
bien qu’il mangent quand même, ce n’est pas à nous tout ça. » Je les
aime encore plus, mes petits pescadous.

Festin de poutine pour les mouettes © Camille Oger
On sort les caisses en polystyrène, il faut agir vite, la poutine commence déjà à sentir,en seulement quelques
minutes. rapidement, Eddy les remplit une à une, faisant glisser la
masse informe d’alevins à la main. Ils sont beaux, très brillants,
argentés : ce sont des sardines.

Eddy remplit les caisses de poutine © Camille Oger

Ah la bella poutina, bébés sardines © Camille Oger
Certains poissons sont déjà grands ; c’est le signe que la saison touche à sa fin. Elle a commencé le 5 mars,
nous sommes le 27. Elle aurait dû durer 45 jours, mais elle sera
écourtée et prendra fin le 30 mars. C’est le gendarme maritime qui prend
la décision finale, mais les pêcheurs savent exactement ce qu’ils
doivent faire et ne cherchent pas à prolonger la saison.

Sardines adolescentes, signe qu’il faut cesser la pêche © Camille Oger
110 kilos chez mes pêcheurs, 250 kilos à côté : a-t-on trop pêché ?
Quand toutes les caisses sont remplies, on les pèse. Verdict : 110 kilos de poutine pour mes pescadous d’amour,
250 kilos un peu plus loin, chez Georges. Là, c’est carrément trop :
c’est bien beau de pêcher, mais il va falloir écouler tout ça, et la
poutine doit être vendue très fraîche. Quand on a des quantités trop
importantes, on dévalue la pêche, on prend le risque de gaspiller et on
met en péril les stocks.
Les pêcheurs rangent précieusement la senne, et chargent les caisses pleines d’alevins dans une voiture qui
sent bon la pescaille – même au karcher, ça reste une odeur pareille –
ils s’en vont en direction de la halle aux poissons du Cros de Cagnes,
située en face du port, à côté de l’université de la mer.

On range la senne et on charge la voiture © Camille Oger
A la halle, les alevins seront vendus 10 à 15 euros le kilo, pour être revendus le double ou le triple sur les
marchés et les étals des poissonniers en ville.

On dépose la prise du jour à la halle aux poissons du Cros © Camille Oger
Au port, juste en face, le pointu rentre au bercail, il est 8h30. Les hommes sont ravis, à la fois fatigués et
encore excités. On va prendre le café, on parle de la mer, du port du
Cros qui risque d’être ravagé par un projet touristique ignoble dans les
prochaines années, des jeunes qui ne reprendront pas le métier.

Le pointu en cale au port © Camille Oger
Cette pêche extraordinaire aura été la plus belle de la saison, et la plus belle depuis des années.
« Vous nous avez porté bonheur, » me dit Eddy. Je ne pense pas que ce soit vrai,
mais le lendemain, ils ressortiront pêcher avec une autre senne et ne
prendront rien. Moi, je repars avec un beau sac de poutine que je vais
cuisiner en omelette et en beignets
29/01/2016 - 09:07
20 fruits surprenants dont vous n'avez jamais entendu parler ? .

Photo du pandanus tectorius ou fruit de l'Hala.

Avez-vous déjà goûté du Salak, Pandanus tectorius ou encore un quartier de pomme de jacque ? Probablement pas. Pourtant, ces fruits aux noms étranges existent bien et regorgent tous de bienfaits.

Cette sélection de fruits, d'origine plus ou moins lointaine, vous étonnera probablement. À travers ces découvertes et ces couleurs, c’est l'incroyable diversité de la nature devant laquelle il faut s’émerveiller. Restons convaincus que la Nature ne fournis pas que des pommes, des bananes et des oranges et soyons fiers de constater la richesse d’une biodiversité qu’il faut préserver.
 
Pour commencer la sélection, voici la pomme de jacque (du jacquier).
Le jacquier, ou jaquier, Artocarpus heterophyllus est un arbre de la famille des Moraceae, originaire d’Inde et du Bangladesh (ou il est surnommé le "fruit du pauvre"), cultivé et introduit dans la plupart des régions tropicales, en particulier pour ses fruits comestibles. C’est une espèce proche de l’arbre à pain, Artocarpus altilis, avec lequel il ne doit pas être confondu. Il est cultivé majoritairement en Asie du Sud-Est, au Brésil et Haïti.

 
Salak ou fruit du serpent.
Le salak est un petit palmier très épineux, parfois rampant mesurant jusqu'à 6 m de haut. Son fruit comestible est le « salak » ou « fruit serpent » (salak signifie serpent en javanais et en soundanais) ; c'est une grande drupe ovale ou fusiforme de 5 à 8 cm de long, recouverte de dures écailles brunes rappelant la peau d'un serpent. Sa chair est blanche avec un noyau de la taille d'une noisette. Il pousse à Java et à Sumatra mais son origine reste inconnue. On le cultive principalement en Thaïlande, Malaisie et Indonésie. 


 
Le jabuticaba.
Le Jaboticaba ou Guapuru est une espèce de petits arbres à fruits natif de la région du Minas Gerais, dans le sud-est du Brésil. Le fruit est noir-pourpre, mesure 3-4 cm de diamètre, et contient de un à quatre grosses graines. Il possède une pulpe blanche et sucrée ou rose et gélatineuse.

 
Lougane ou oeil du dragon.
Le longane , ou longani, est le fruit du longanier, petit arbre tropical et subtropical, à feuilles persistantes, d'environ vingt mètres
de hauteur, originaire du Sud-Est de la Chine où il pousse naturellement. Son nom vient du chinois et du vietnamien lung ngaan, qui
signifient œil de dragon.

 
Pandanus tectorius ou fruit de l'Hala.
Fruit du « Pandanus Utilis », cette curiosité naturelle, grande d’environ 20 cm de diamètre, est une source de nourriture majeure en Micronésie. S’il peut être mangé cuit, il est beaucoup plus souvent « mâchouillé » ou plus simplement encore consommé sous forme de jus.
 
Les mains de bouddha.
La main de Bouddha est un agrume aromatique. Ce fruit pousse sur un buisson ou un petit arbre, qui possède des longues branches parsemées d'épines. Le fruit est divisé en sections ressemblant à des doigts. Il a une peau épaisse et sa chair (s'il y en a) est faiblement acide et non-juteuse, sans pépins. Il est très aromatique et est principalement utilisé par les Chinois et les Japonais pour parfumer les chambres et les affaires personnelles, comme les vêtements.

 
Durian.
Le Durian est un arbre tropical à feuillage persistant qui produit des fruits comestibles. Ce fruit, lui aussi appelé durian, est récolté dans le sud-est de l'Asie mais également en Amérique du Sud. Il se présente comme une grosse baie ovoïde (parfois plus de 40 cm de longueur), pesant jusqu'à 5 kg, avec une carapace de grosses épines, et poussant en haut de grands arbres. Il est connu pour son goût particulier et sa forte odeur à tel point qu'il est interdit dans les lieux publics et dans les transports en commun par de nombreux pays d'Asie du Sud-Est.

 
Rocou (ou roucou, annatto, achiote).
Le roucou est une espèce d'arbres ou d'arbustes des régions d'Amérique tropicale. Il est aussi cultivé dans le sud-est asiatique. Ses fleurs sont roses et il donne des fruits rouges à épines remplis de graines, rouges elles aussi. Son fruit, le rocou n'est pas comestible. Il est récolté puis séché pour en extraire la cire qui entoure les graines, très riche en caroténoïdes.

 
Kiwano ou melon à corne.
Le cucumis metulifer est une espèce de plante tropicale originaire d'Afrique et d'Arabie (Yémen). Son fruit comestible

 
Akebia ou Akébie à cinq feuilles.
Originaire des forêts tempérées d'Asie orientale, ce fruit violet
pourpre et pruineux au goût insipide murit entre septembre et octobre.

 
Akée (aki ou blighia sapida).
Le akée est une espèce proche du litchi. Originaire d'Afrique occidentale et cultivé dans les régions tropicales, ce fruit et
comestible mais non sans dangers.

 
Ramboutan (ou litchi chevelu).
Le ramboutan est un fruit tropical d'Asie issu de l'arbre du même nom.
Il appartient à la même famille que les litchis, les longanes et les quenettes. Même si certaines variétés ne sont pas juteuses, elles
dégagent un parfum sucré et leur goût s'apparente à celui du raisin.

 
Combava (ou combawa, cumbava, cumbaba, makrut, citron combera, lime kaffir).
Le combava est un agrume dont le nom provient des anciennes cartes maritimes où une île indonésienne à l’est de Bali, dans l'archipel de la Sonde dans la mer des Moluques, est dénommée « Sumbawa ». Il est originaire de ces îles.

 
Mangoustan (ou mangouste, ou fruit des dieux).
Le mangoustan est un fruit arrondi violacé de la taille d'une balle de golf à la peau épaisse et très amère, appelée péricarpe, qui renferme une chair blanche divisée en 5 à 6 quartiers. Le goût fin est un mélange d'acidité et de sucré. Les mangoustans sont des fruits très appréciés en Asie et en Afrique centrale pour leurs propriétés curatives. Le mangoustan est un des fruits les plus riches en antioxydants naturels, dont au moins 40 xanthones. C'est dans le péricarpe du fruit que ceux-ci sont concentrés.

 
Pitaya (ou fruit du dragon).
Le pitaya mesure une dizaine de centimètres et pèse environ 350 grammes. Sa chair est comestible et ressemble par sa texture et la présence de petits pépins noirs à celle du kiwi, avec un goût cependant beaucoup plus doux.

 
Aguaje (buriti ou fruit du Palmier-bâche).
L'aguaje contient 21 à 38 fois plus de provitamine A que la carotte, de25 à 31 fois plus de vitamine E que l'avocat, et la pulpe d'aguaje a autant de vitamine C que la pulpe d'orange ou de citron.

 
Le carambolier ou la pomme de Goa.
Le carambolier est un arbre tropical d'origine Asiatique. Il pousse aussi en Amérique du Sud, en Australie, en Israël et aux Indes où on appelle son fruit “pomme de Goa”. Le fruit du carambolier, la carambole,surprend par sa forme particulière et sa peau à l'aspect cireux. Coupé transversalement, elle a la forme d'une étoile à cinq branches. De couleur jaune, ferme et croquant, la carambole a un goût acidulé agréablement frais.

 
Langsat (ou duku).
C'est le symbole de la province de Narathiwat en Indonésie.

 
Chérimole (ou fruit crème glacée).
Son goût est semblable à celui de la pomme cannelle, du cœur de bœuf et du corossol, provenant tous d'arbres du genre Annona qui pousse en Amérique du Sud.

 
Cupuaçu.
Le fruit du cupuaçu une cabosse ronde à oblongue, et couverte d'un duvet brun. Elle peut atteindre 20 cm de long pour 10 cm de diamètre, et peser 1 à 2 kg, ce qui en fait le fruit le plus gros de la famille.

 
Sapote noir (ou caca poule).
Originaire du Mexique et d'Amérique Centrale, la sapote noire est un fruit ovale de couleur brune et au goût chocolaté, surnommé « caca poule » en raison de sa couleur. Elle se mange principalement cuite, ou alors crue, à condition d’être mûre et blette, comme pour le kaki.
29/01/2016 - 08:15
                           Pêche à la poutine au Cros de Cagnes











Fin mars 2013, la saison de la poutine touche à sa fin. Pour ceux qui n’ont
pas suivi, la poutine, ce sont des alevins de sardines, anchois ou
gobies très prisés dans la région niçoise, j’en ai longuement parlé dans
ce précédent billet. Il y a quelques jours, j’ai eu la chance d’assister à la plus belle
pêche de la saison en France. C’était au Cros de Cagnes, le principal
port de pêche à la poutine du pays, au petit matin.
Sur la plage, les pêcheurs attendent le signal du pointu © Camille Oger
Il suffit de prendre la route du bord de mer (très empruntée car c’est l’un des seuls axes à relier Cannes,
Antibes, Nice, l’Italie etc) vers 5h30 du matin et d’observer la mer
pour repérer les pêcheurs de poutine. A cette heure encore sombre, leur
pointu est de sortie ; deux hommes à bord sont chargés de repérer un bon
coin pour pêcher. Le reste de l’équipe les attend sur la plage en
s’habillant.
La plus petite équipe de pêcheurs du Cros
Ces hommes-là sont peu nombreux ; ils sont cinq ou six, souriants comme tout. Ils me disent gentiment : « On
est la plus petite équipe du Cros vous savez, si vous voulez voir
quelque chose de plus impressionnant, il vaut mieux aller voir
Georges. » Georges est probablement très sympathique mais il fait les
choses en bien plus grand. Et moi, ce que j’aime, ce sont les petits,
discrets, modestes que Nice Matin ne vient pas filmer tous les ans.
Je reste donc avec ma petite équipe, les frangins Michel et Gilbert, l’adorable Eddy, maçon le reste de l’année,
et les autres, enfants du pays, la cinquantaine pour la plupart, fils
de pêcheurs qui ont dû se tourner vers une autre carrière faute de
poisson, faute de travail. Pour la poutine, ils se réunissent chaque
année et ne savent jamais ce que la nature leur donnera. « En 2011 et
2012, c’était pourri, » racontent-ils, mais cette année est très bonne.
Pêcher à la senne, mode d’emploi
Pendant que je palabre avec mes pescadous préférés (ça veut dire pêcheur en provençal), le pointu longe les
plages, puis s’approche du bord à l’endroit choisi pour la pêche. Là,
les hommes jettent une corde à un pêcheur posté sur la plage. Il la
saisit et court vers le reste de l’équipe qui va devoir commencer à
tirer. Les hommes agiront non pas depuis la plage mais un peu plus haut,
depuis le trottoir – ou la « promenade » comme on dit ici.
Le pescadou à terre saisit la première corde © Camille Oger
Cette corde dont les pêcheurs s’emparent, c’est la première extrémité de la senne ou bourgin dans le patois local. La technique de pêche employée est appelée issaugue : il s’agit d’une senne à mailles serrées qui sera tirée à bras
d’hommes depuis le bord. Pour comprendre un peu mieux comment tout cela
fonctionne, voici une vidéo qui explique tout ; c’est du provençal et
non du niçois, les termes sont assez différents dans les deux langues
mais le principe est exactement le même.
Mon cher Eddy et sa sangle © Camille Oger
Les hommes vont commencer à tirer sur la corde à l’aide de sangles qu’ils enfilent en bandoulière. Chaque sangle
se termine par une corde lestée par un plomb et agrémentée d’un
flotteur. Comme les bolas des Argentins, ces cordes lestées sont jetées sur la corde de la senne ; le poids du plomb va leur
permettre de s’y enrouler, et le flotteur va les y retenir.
Le geste est simple : on enroule sa sangle, on tire sur la corde jusqu’à arriver au niveau de la route, on
décroche sa sangle et on recommence. Le dernier passe devant et devient
le premier, ainsi de suite pendant 20 bonnes minutes.
Pêcher dans un environnement hostile
La promenade est étroite et très fréquentée, même à 5h30 du matin. Il y a des joggeurs fous, des
cyclistes à fond la caisse sur la piste cyclable, et juste derrière, des
voitures qui passent en très grand nombre. Quand la Côte d’Azur s’est
développée, elle a tout misé sur le tourisme et a joyeusement oublié
qu’il y avait là des pêcheurs.
Alors on fait comme on peut, on espère ne pas tomber sur des abrutis ou des gens trop ensuqués, un accident est
vite arrivé car les pêcheurs utilisent toute la largeur du trottoir.
Comme celui-ci est assez étroit, ils passent leur temps à enrouler et
dérouler leur sangle, ne pouvant opérer que sur une distance de quelques
mètres.
Les pêcheurs commencent à tirer la corde © Camille Oger
Vue d’ensemble : pêcheurs à l’ouvrage et route du bord de mer © Camille Oger
Pendant que ça tire, le pointu est toujours en mer. Il s’éloigne du bord et déploie la senne en formant un
grand arc de cercle pour piéger les alevins. Puis il se rapproche du
bord plus loin vers le levant (l’Est si vous préférez) et va donner la
deuxième corde – l’autre extrémité de la senne – au reste de l’équipe.
Les copains viennent aider, la manoeuvre est délicate et on a grand
besoin de bras.
Obstacle de taille : les préfabriqués tout pourris du bord de mer
Et puis on a un obstacle de taille, j’en parle parce que ça me met hors de moi : des bâtiments érigés sur la
promenade viennent sérieusement compliquer l’opération. Pourtant, il est
strictement interdit de construire à cet endroit, un McDonald’s installé là en a d’ailleurs fait les frais. Il a été détruit quelques années après avoir miraculeusement – hum –
obtenu un permis de construire qui n’était pas tout à fait en règle.
Mais comme les mairies de la Côte d’Azur sont cohérentes, d’autres
bâtiments se sont mis à faire leur apparition quelques années plus tard.
Sur la plage, un restaurant de merde complique l’opération © Camille Oger
Des bâtiments hideux (oui messieurs les propriétaires, vos merdes méritent de partir à la mer à la prochaine
tempête, ça polluera mais on a bien compris que ce n’était pas votre
problème, le reste du monde) qui bouchent la vue et qui incommodent les
pêcheurs de poutine dans leurs manoeuvres. Il faut contourner les
constructions, ne pas emmêler les cordes au passage, c’est vraiment
super.
Au fait, si vous vous demandez comment on a pu avoir le droit de construire là après avoir justement démonté un
bâtiment sous prétexte que c’est interdit, je vais vous l’expliquer, la
raison est vraiment très bien. En fait, ces affreux restaurants-bars ne
sont pas en dur mais en préfabriqué pourrave ; ils n’étaient censés
être là que l’été, pour nos chers touristes. L’hiver venu, on démonte,
promis, oui oui oui.
Sauf que l’hiver venu, oh la la c’est trop dur, oh la la c’est trop cher, bon ben on va les laisser. Ils sont
fermés hors-saison, bien entendu, comme ça on a juste la joie d’avoir un
truc qui ne sert à rien sous le nez. Et puis d’une année sur l’autre,
on en ajoute de nouveaux, parce que respecter la Loi Littoral, c’est notre passion. Pardon, je m’énerve, revenons à nos petits pêcheurs.
La cadence s’accélère, le halage touche à sa fin
Quand la deuxième corde est là, les hommes descendent tous sur la plage. Ils tirent de toutes leurs forces
depuis une bonne demi-heure, ils commencent à peiner et à rougir, et
pourtant le plus difficile reste à venir. Dans un premier temps, les
deux groupes de pêcheurs vont tirer sur leurs cordes respectives en
gardant une certaine distance. Puis les deux bourdoun, les bois qui renforcent les deux ailes du filet, commencent à apparaître. C’est
le signe que la senne vient à eux, ils crient : « A ramba ! » pour signaler qu’il est temps de rapprocher les deux cordes parallèles.
Les deux groupes d’hommes se décalent peu à peu en continuant le halage ;
ils sont bientôt côte à côte.
La cadence s’accélère, les groupes sont de plus en plus serrés et redoublent d’efforts. Ce ne sont plus des
cordes que les hommes tirent, mais le filet lui-même, trempé, qui leur
cisaille les mains. On ne se relaye plus, on ne se sert plus des sangles
; on reste sur place, on force sur les bras et les cuisses.
Dernière ligne droite, la senne est bien visible © Camille Oger
Ho hisse © Camille Oger
Et puis soudain, la margue surgit des flots : c’est la poche du filet qui se rabat sur les alevins à mesure
que les hommes hissent la senne. Elle se tend, se gonfle, le ressac rend
les choses difficiles, la mer est grosse ce matin. Grosse pour la
Méditerranée bien sûr, mes chers Normands et Bretons sont priés de de ne
pas se moquer.
A cet endroit, l’érosion est telle que l’on perd pied en 8 secondes quand on va se baigner. Les vagues ne sont
pas forcément impressionnantes, mais elles plongent très profondément.
Il est donc extrêmement difficile de remonter un filet plein, car il est
sans cesse attiré vers le fond. Les hommes perdent l’équilibre, les
vagues sont trop fortes et les entraînent. A plusieurs reprises, ils
tentent de ramener la margue sur la plage mais elle leur échappe
toujours.

En s’aidant de quelques grosses vagues, ils arrivent finalement au bout de leurs peines. C’est un beau travail
d’équipe, une danse avec la vague et non contre elle, les hommes ne
pourraient pas le faire le poids, elle est bien trop puissante pour eux.
La margue est hissée ! © Camille Oger
Quand la margue est enfin posée au sec, énorme, pleine à craquer, personne ne se précipite pour l’ouvrir. Il va
d’abord falloir retrouver ses esprits. Tous les hommes ont exactement le
même geste : ils attrapent leur genoux dans leurs mains, regardent le
sol et tentent de retrouver leur souffle.
Récupérer, inspecter les filets, réunir les alevins
Quand ça commence à aller un peu mieux, le deuxième geste, c’est de regarder ses mains, douloureuses, rougies,
gonflées, pour s’assurer que tout va bien. Cela prend une à deux minutes
tout au plus, mais ce temps de récupération est nécessaire. Personne
n’y coupe, même les plus impatients.
Temps de récupération près l’effort du halage © Camille Oger
Les bras engourdis, les pescadous doivent démêler leur senne malmenée par les vagues avant d’examiner son
contenu : le filet est déchiré de part et d’autre, emberlificoté, il
faut le remettre en ordre afin de ne pas l’endommager davantage en
l’ouvrant. Les hommes inspectent l’ampleur des dégâts au passage : le
filet est dans un sale état, il leur faudra deux jours complets de
travail pour le réparer.
Le filet a souffert © Camille Oger
Après cela, il faut secouer la senne pour réunir tous les alevins dans la margue. Ils frétillent encore, mais
plus pour très longtemps. Un alevin, ça tient très mal hors de l’eau,
beaucoup moins bien qu’un poisson adulte. Ils cessent de remuer bien
vite, mais leur texture un peu visqueuse colle aux mailles. Alors on
secoue, on secoue très fort en formant un cercle autour de la margue,
comme si on voulait tendre une toile pour faire un trampoline. Mais les
bébés poissons ne sauteront plus, ils sont déjà morts.
On secoue la margue pour réunir les alevins © Camille Oger
On voit bien dans les yeux des pêcheurs que la pêche a été bonne, très bonne même. A vue de nez, ça dépasse les
100 kilos, c’est exceptionnel. « C’est presque trop, me disent-ils, on
ne s’attendait pas à ça. » Chaque matin, ils jettent en effet leur senne
une seule fois, et ramènent généralement quelques kilos les meilleurs
jours.
Plus de 100 kilos de poutine en une seule prise © Camille Oger
Ils sont partagés entre le réflexe du pêcheur, dont les yeux s’illuminent en voyant le poisson, et le deuxième
effet kiss cool du pêcheur, ce moment de culpabilité où l’on se demande
si on n’a pas vidé la mer de ses poissons. S’il en restera demain. S’il
n’aurait pas été préférable d’en prendre deux fois moins. Pour la
nature, et pour la profession.
Petites sardines devenues grandes : c’est la fin de la saison
Pendant ce temps, derrière eux, c’est la fête de la mouette. Tous les oiseaux de mer du coin s’agitent près du
bord et se régalent de poutine. Je lance en riant à l’un des pêcheurs :
« Dîtes donc, ce sont vos concurrents directs ceux-là ! » Il me regarde
avec douceur et me répond sur un ton bienveillant : « Mais non, il faut
bien qu’il mangent quand même, ce n’est pas à nous tout ça. » Je les
aime encore plus, mes petits pescadous.
Festin de poutine pour les mouettes © Camille Oger
On sort les caisses en polystyrène, il faut agir vite, la poutine commence déjà à sentir, en seulement quelques
minutes. rapidement, Eddy les remplit une à une, faisant glisser la
masse informe d’alevins à la main. Ils sont beaux, très brillants,
argentés : ce sont des sardines.
Eddy remplit les caisses de poutine © Camille Oger
Ah la bella poutina, bébés sardines © Camille Oger
Certains poissons sont déjà grands ; c’est le signe que la saison touche à sa fin. Elle a commencé le 5 mars,
nous sommes le 27. Elle aurait dû durer 45 jours, mais elle sera
écourtée et prendra fin le 30 mars. C’est le gendarme maritime qui prend
la décision finale, mais les pêcheurs savent exactement ce qu’ils
doivent faire et ne cherchent pas à prolonger la saison.
Sardines adolescentes, signe qu’il faut cesser la pêche © Camille Oger
110 kilos chez mes pêcheurs, 250 kilos à côté : a-t-on trop pêché ?
Quand toutes les caisses sont remplies, on les pèse. Verdict : 110 kilos de poutine pour mes pescadous d’amour,
250 kilos un peu plus loin, chez Georges. Là, c’est carrément trop :
c’est bien beau de pêcher, mais il va falloir écouler tout ça, et la
poutine doit être vendue très fraîche. Quand on a des quantités trop
importantes, on dévalue la pêche, on prend le risque de gaspiller et on
met en péril les stocks.
Les pêcheurs rangent précieusement la senne, et chargent les caisses pleines d’alevins dans une voiture qui
sent bon la pescaille – même au karcher, ça reste une odeur pareille –
ils s’en vont en direction de la halle aux poissons du Cros de Cagnes,
située en face du port, à côté de l’université de la mer.
On range la senne et on charge la voiture © Camille Oger
A la halle, les alevins seront vendus 10 à 15 euros le kilo, pour être revendus le double ou le triple sur les
marchés et les étals des poissonniers en ville.
On dépose la prise du jour à la halle aux poissons du Cros © Camille Oger
Au port, juste en face, le pointu rentre au bercail, il est 8h30. Les hommes sont ravis, à la fois fatigués et
encore excités. On va prendre le café, on parle de la mer, du port du
Cros qui risque d’être ravagé par un projet touristique ignoble dans les
prochaines années, des jeunes qui ne reprendront pas le métier.
Le pointu en cale au port © Camille Oger
Cette pêche extraordinaire aura été la plus belle de la saison, et la plus belle depuis des années. « Vous nous
avez porté bonheur, » me dit Eddy. Je ne pense pas que ce soit vrai,
mais le lendemain, ils ressortiront pêcher avec une autre senne et ne
prendront rien. Moi, je repars avec un beau sac de poutine que je vais
cuisiner en omelette et en beignets.