Le rêve L'essentiel est de rêver Aussi important que de respirer Ce n'est qu'une question de survie L'esprit a besoin de fantaisie Le rêve invisible est bien réel Parfois il nous donne des ailes Des images défilent dans la tête Et plus rien ne nous arrête Le rêve trace un beau chemin Il influe notre quotidien Le rêve peut changer une vie Et on vit des moments exquis On ne peut jamais l'oublier Dans notre vie il restera gravé Ce sera notre plus beau souvenir Le passé fera toujours sourire Le futur représentera l'espoir Seulement le rêve d'un soir Il peut dans notre vie tout changer Et ne plus voir les saisons passer.
Clodisa, c'est vrai hier triste souvenir , pour ne rien arranger ce covid , heureusement le temps est très doux , j'en profite pour finir de nettoyer tous mes parterres,ect..
C'est l'heure. Un lourd silence étalé sur la plaine. Des hommes dans un trou attendent, l'arme au poing. L'armistice, la fin ? — Ces gars y croient à peine, L'avenir et la paix leur paraissent trop loin.
On ne se battrait plus ? Quatre longues années Peuvent-elles finir en un jour, sans effort ? La guerre écrase encor leur vie emprisonnée Quand le destin fait grâce et repousse la mort.
Mais des clairons là-bas sonnent... c'est la retraite ! Des cloches ?... c'est le bourg à peine délivré. Une angoisse inconnue fait se courber les têtes, Les cœurs sont trop petits pour cet instant sacré.
Des larmes ont brillé sous toutes les paupières, La joie et la douleur se tiennent par la main. Ces larmes, je le jure, ont été les premières, Et coulaient du désir dont l'esprit était plein.
Tu te croyais un homme et voilà que tu pleures, Lazare inconscient tiré d'entre les morts. Cette heure soit bénie entre toutes les heures Qui a brisé la guerre et vu frémir les forts.
Sais-tu, clairon, ce que tu sonnes ? C'est la vie, C'est l'espoir éveillant la triste humanité. Frères, embrassez-vous, car la guerre est finie, Paix sur la terre à ceux de bonne volonté.
Avant de dépouiller la défroque de guerre, Nous irons vers nos morts semés comme le grain, Nos copains de douleur, nos compagnons, nos frères, Les pas chançards qui sont partis avant la fin.
Il ne faut pas surtout ceux-là qu'on les oublie : Tous, les gens de l'arrière et les gens de l'avant, Faites place en vous-même à ces pâles hosties, Ce sera toujours peu que d'y songer souvent.
Nous ? qu'importe ! Qui s'occupera de nous autres, Ces gibiers à canon que leur chance a sauvés ? Dans le monde oublieux de ses anciens apôtres Nous reprendrons sans bruit l'ouvrage inachevé.
La vie sera pour nous, peut-être, tutélaire. Nous n'en voulons qu'un peu de douceur et d'amour. Après avoir donné la justice à la terre, Nous la voulons à notre tour.
L'adversité sur nous trouvera moins de prise ; Nous serons patients, forts de l'avoir été ; Nous haïrons les sots, les mufles, la bêtise ; Nous haïrons surtout la guerre, sans pitié.
Mais, vieillis avant l'âge, une épaisse fatigue Nous posera longtemps sa griffe sur les reins. Puisse notre énergie depuis qu'on la prodigue Avoir assez d'élan pour nous remettre en train.
Car ce serait, mon Dieu, une peine infinie Que d'avoir tout donné sans avoir retenu Un peu de cette ardeur nécessaire à la vie Et de se sentir lâche auprès de l'inconnu.
Sonne, clairon, ce qui finit, ce qui commence ; Leur pensée rend pareils les vainqueurs aux vaincus. Clairon, sonne et tais-toi. Jusqu'à cette heure immense Nous voulons oublier que nous avons vécu.
Et demain, grâce au temps colporteur d'espérance, Nous n'aurons plus — si nous savons devenir vieux — Qu'un souvenir confus de la grande souffrance, Ce qui reste au matin d'un rêve ténébreux.
Henry-Jacques, La symphonie héroïque, Les Belles Lettres, 1921.
L'essentiel est de rêver
Aussi important que de respirer
Ce n'est qu'une question de survie
L'esprit a besoin de fantaisie
Le rêve invisible est bien réel
Parfois il nous donne des ailes
Des images défilent dans la tête
Et plus rien ne nous arrête
Le rêve trace un beau chemin
Il influe notre quotidien
Le rêve peut changer une vie
Et on vit des moments exquis
On ne peut jamais l'oublier
Dans notre vie il restera gravé
Ce sera notre plus beau souvenir
Le passé fera toujours sourire
Le futur représentera l'espoir
Seulement le rêve d'un soir
Il peut dans notre vie tout changer
Et ne plus voir les saisons passer.
L'inoubliable
C'est l'heure. Un lourd silence étalé sur la plaine.
Des hommes dans un trou attendent, l'arme au poing.
L'armistice, la fin ? — Ces gars y croient à peine,
L'avenir et la paix leur paraissent trop loin.
On ne se battrait plus ? Quatre longues années
Peuvent-elles finir en un jour, sans effort ?
La guerre écrase encor leur vie emprisonnée
Quand le destin fait grâce et repousse la mort.
Mais des clairons là-bas sonnent... c'est la retraite !
Des cloches ?... c'est le bourg à peine délivré.
Une angoisse inconnue fait se courber les têtes,
Les cœurs sont trop petits pour cet instant sacré.
Des larmes ont brillé sous toutes les paupières,
La joie et la douleur se tiennent par la main.
Ces larmes, je le jure, ont été les premières,
Et coulaient du désir dont l'esprit était plein.
Tu te croyais un homme et voilà que tu pleures,
Lazare inconscient tiré d'entre les morts.
Cette heure soit bénie entre toutes les heures
Qui a brisé la guerre et vu frémir les forts.
Sais-tu, clairon, ce que tu sonnes ? C'est la vie,
C'est l'espoir éveillant la triste humanité.
Frères, embrassez-vous, car la guerre est finie,
Paix sur la terre à ceux de bonne volonté.
Avant de dépouiller la défroque de guerre,
Nous irons vers nos morts semés comme le grain,
Nos copains de douleur, nos compagnons, nos frères,
Les pas chançards qui sont partis avant la fin.
Il ne faut pas surtout ceux-là qu'on les oublie :
Tous, les gens de l'arrière et les gens de l'avant,
Faites place en vous-même à ces pâles hosties,
Ce sera toujours peu que d'y songer souvent.
Nous ? qu'importe ! Qui s'occupera de nous autres,
Ces gibiers à canon que leur chance a sauvés ?
Dans le monde oublieux de ses anciens apôtres
Nous reprendrons sans bruit l'ouvrage inachevé.
La vie sera pour nous, peut-être, tutélaire.
Nous n'en voulons qu'un peu de douceur et d'amour.
Après avoir donné la justice à la terre,
Nous la voulons à notre tour.
L'adversité sur nous trouvera moins de prise ;
Nous serons patients, forts de l'avoir été ;
Nous haïrons les sots, les mufles, la bêtise ;
Nous haïrons surtout la guerre, sans pitié.
Mais, vieillis avant l'âge, une épaisse fatigue
Nous posera longtemps sa griffe sur les reins.
Puisse notre énergie depuis qu'on la prodigue
Avoir assez d'élan pour nous remettre en train.
Car ce serait, mon Dieu, une peine infinie
Que d'avoir tout donné sans avoir retenu
Un peu de cette ardeur nécessaire à la vie
Et de se sentir lâche auprès de l'inconnu.
Sonne, clairon, ce qui finit, ce qui commence ;
Leur pensée rend pareils les vainqueurs aux vaincus.
Clairon, sonne et tais-toi. Jusqu'à cette heure immense
Nous voulons oublier que nous avons vécu.
Et demain, grâce au temps colporteur d'espérance,
Nous n'aurons plus — si nous savons devenir vieux —
Qu'un souvenir confus de la grande souffrance,
Ce qui reste au matin d'un rêve ténébreux.
Henry-Jacques, La symphonie héroïque, Les Belles Lettres, 1921.