Poésies,contes et légendes.

Par Yannick Fondin - 1 il y a 10 années 4 mois
28/01/2017 - 08:23



 
 



Ton rire

Tu peux m’ôter le pain,
m’ôter l’air, si tu veux :
Mais ne m’ôte pas ton rire.

Ne m’ôte pas ta rose,
que tu égrènes
Ni l’eau qui brusquement
éclate dans ta joie
Ni la vague d’argent
qui déferle de toi.

De ma lutte si dure
Quand je rentre les yeux las,
quelquefois, d’avoir vu
la terre qui ne change pas
mais, dès le seuil, ton rire
monte au ciel, me cherche
et ouvre pour moi toutes
les portes de la vie.

A l’heure la plus sombre
égrène, mon amour,ton rire

et si tu vois
mon sang tacher soudain
les pierres de la rue, Ris !

Aussitôt ton rire
se fera pour mes mains
fraîche lame d’épée.

Dans l’automne marin,
Fais que ton rire dresse
sa cascade d’écume,

Et au printemps,mon  amour,
Que ton rire soit comme
la fleur que j’attendais,
la fleur , la rose
de mon pays sonore.

Moque-toi de la nuit,
du jour et de la lune,

Moque-toi de ces rues
divagantes de l’île,

Moque-toi de cet homme
amoureux maladroit,

Mais lorsque j’ouvre, moi,
les yeux ou les referme,

Lorsque mes pas s’en vont,
Lorsque mes pas s’en viennent,

Refuse-moi le pain,
L’air, l’aube, le printemps,

Mais ton rire jamais
Mon amour,

Car alors , j’en mourrais.


 (de Pablo Neruda)


26/01/2017 - 10:45


   Rumeur hostile

Le Bouche à oreille
Titille mes tympans
Loin de mes orteils
J'actionne le chenapan
 
J'envoie de vilaines ondes
Pervers loin de Prévert
J'exploite les failles , en vers
Et contre tout , si fécondes
 
Un bla bla bien placé
Vient l'atmosphère glacer
Un commérage bien huilé
Peut brûler tous les blés
 
J'en ai l'eau à la bouche
Mes papilles inoffensives
Excitent mon palais je salive
Les lèvres prennent la mouche
 
Les langues se délient
Enfument les osselets
De quelques mots déplacés
Flattant mon indélicate envie
 
Je ne baisse encore pavillon
Je publie mes excès de zèle
La rumeur hostile, ce papillon
Poste ses vers sans ombrelles
 
Thierry Petibon

"Ocean vers"
26/01/2017 - 09:11



La neige nous met en rêve
Sur de vastes plaines,
Sans traces ni couleurVeille mon cœur,
La neige nous met en selle
Sur des coursiers d’écume.
 
Sonne l’enfance couronnée,
La neige nous sacre en haute-mer,
Plein songe,
Toute voile dehors.
 
La neige nous met en magie.
Blancheur étalée.
Plumes gonflées
Où perce l’œil de cet oiseau
Mon cœur ,
Trait de feu sous des palmes de gel
Fille de sang qui m’émerveille.

Anne Hébert 
(1916 - 2000)

Née à Sainte-Catherine-de-Fossambault (Québec) en 1916
Décédée en 2000,
Femme de lettres canadienne, de langue française.
Auteur de romans (Kamouraska, Les fous de bassan)
et de recueils lyriques (Le tombeau des rois)
25/01/2017 - 15:03


Fumées colorées pour s'évader hors du temps
Vapeurs parfumées dans l'éventail de ce qui existe
Heureux regard sur l'abeille qui butine
Dans le solfège du vent de mer domine la rieuse
Au sourire de la brise nagent des poissons argentés
Aériens les mots tintent dans l'esprit du poète
Au lointain l'on entend des refrains envolés
Tandis que  la zibeline se terre grelottante
Est-ce que la mésange rêve en naviguant dans les airs
Lorsque l'accordéon joue des mélodies nostalgiques
Pensif face à l'eau pleure un jazzer triste
Pendant que sa dulcinée le regarde étonnée
Juste à côté un violoniste d'occasion féraille son violon
Drôle d'idée que de tomber amoureux
D'une statue au sourire édenté
 
@copiryght Marie-Hélène

25/01/2017 - 11:31
Mais qu'importe, ô ma bien-aimée !
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Minuit passé pas encore endormi
vent glacial
même la girouette
semble raide

Taol Kurun
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Ah la longue nuit
Ah la longue nuit
encore mille ans plus tard
errent mes pensées

Shiki Masaoka
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Mais qu'importe, ô ma bien-aimée !
Le terme incertain de nos jours ?
Pourvu que sur nos coeurs calmés,
Le temps nous entraîne en son cours;
Si le présent nous paraît agréable,
Pourquoi pousser plus loin notre examen,
Sans profiter de l'heure favorable ?
Ne gâtons pas l'aujourd'hui pour demain. 

J.A.

25/01/2017 - 08:18

 Quand On Est Vieux...
On égrène le chapelet de tous nos souvenirs...
Quand on est vieux, ils sont si nombreux...
On ne craint pas l’avenir, on est rendus désormais...
L’amour de nos vingt ans a duré tout ce temps...
On s’aime toujours autant, mais c’est un peu différent...
D’avoir vieilli ensemble rend nos gestes plus tendres...
Notre corps s’est affaissé, on a perdu notre santé...
Les rides nous ont marqués, nos mains sont froissées...
Nos cheveux ont grisonnés, mais notre coeur sait aimer...
On peut encore donner , un beau sourire, un baiser...
Nos mains savent distribuer des trésors de joies et de bonté...
Des gestes de grande amitié, il nous suffit d’aimer!
Aussi quand on est vieux...
Nous faisons de notre mieux pour rendre le autres heureux...
Nous, on a seulement besoin de nous tenir par la main pour finir notre chemin... (Du Net)


25/01/2017 - 08:15

« Tentez...Braver...Persister...
Persévérer...être fidèle à soi-même...
Prendre corps à corps le destin...
Étonner la catastrophe par le peu de peur qu’elle nous fait...
Tantôt affronter la puissance injuste...
Tantôt insulter la victoire ivre...
Tenir bon...tenir tête...
Voilà l’exemple dont les peuples ont besoin...
Et la lumière qui les électrise. »  
(Victor Hugo)
24/01/2017 - 08:08
UN JOUR UNE HISTOIRE : LA PORTEUSE DE PAIN

Parmi les travailleurs matineux qui chaque jour circulent, rapides et muets, sur les trottoirs balayés de frais de la capitale, dans les rues encore vides d’équipages et de passants luxueux, et dont les boutiques s’ouvrent une à une, la porteuse de pain, forte et grande fille osseuse,bien découplée, frappe surtout l’oeil du voyageur qu’un train de nuit vient de débarquer dans la ville qui s’éveille.
Rarement jolie, mais respirant la santé et la sève, comme une plante rustique, la porteuse de pain contraste singulièrement avec l’aspect pâle, maigriot,petit, usé, du peuple qui se rend à ses ateliers, l’oeil rougi et la lèvre gercée. Ainsi que la Perrette de La Fontaine, la porteuse de pain marche à grands pas, bien que chargée comme un mulet. Elle met, pour être plus agile, cotillon simple et souliers plats. Aussi, dans la fraîcheur brumeuse des grandes voies, elle s’avance intrépidement, solide et sobre comme une autruche, le front haut, le regard clair, le nez au vent. 



La brise frisotte ses cheveux noirs et mats comme la braise éteinte, ou bien d’un blond doré, qui rappelle la couleur de la farine rôtie. Son honnête poitrine où bat un coeur placide, et qu’Henri Heine qualifierait sans doute de « végétal », fait bomber le corsage de son tablier en grosse toile bleue, corsage qui se boutonne dans le dos, comme celui des petites filles. Sur ce dos large, carré, dont les omoplates ne s’émeuvent jamais, quel que soit le faix dont le patron les charge, une hotte d’osier s’appuie, qui contient les innombrables pains encore tièdes, que la pratique attend impatiemment.

Comme je me rappelle bien, encore à présent, l’arrivée de la porteuse de pain,chez nous, lorsque j’étais petit. Dame, à cet âge-là, j’avais faim de bonne heure, et je n’aimais pas beaucoup le pain rassis; or, m’en aller
sans un croûton de pain tendre à « l’externat » où m’attendait l’impitoyable analyse logique, me semblait un sort bien rigoureux.
Donc,je guettais, la langue en trompette, l’arrivée de là boulangère et de ses petits pains qui sentaient si bon. De loin, dans la rue, je la voyais par la fenêtre s’arrêter à chaque porte, déposer à terre sa hotte que les chiens, j’ai le regret de le dire, venaient flairer de trop près, puis elle disparaissait dans les maisons, pour un petit bout de temps. Puis elle émergeait de nouveau des corridors noirs. Sa robe enfarinée s’agitait au vent. Elle passait ses bras vigoureux dans les bretelles de la hotte et se dirigeait enfin vers notre logis, avec son fardeau odorant. 



Bientôt, ses immenses souliers frappaient les marches de notre escalier comme des battoirs. Elle donnait son rude coup de sonnette. Notre petite bonneallait ouvrir. Alors, me glissant derrière elle, j’assistais,
toujours la langue en trompette, au dialogue que les deux braves filles échangeaient sur le palier. Régulièrement notre petite bonne critiquait amèrement l’état de cuisson des pains, et elle tâtait d’un doigt expérimenté les carapaces croustillantes des boulots ou des pains fendus. De son côté, la porteuse défendait sa maison avec vivacité, et tandis qu’elle prenait chaleureusement le parti du four de son patron, sa tête s’agitait avec force et une pluie de farine voltigeait dans l’air autour de nous. Cela me faisait éternuer. Tout en s’escrimant de la sorte, la porteuse prenait notre taille des mains de la bonne, l’appliquait contre l’une de celles qu’elle portait en trousseau à sa ceinture, et elle les dotait d’un nouveau cran, au moyen d’un couteau à lame dentelée dont j’avais généralement peur. La marque faite, les deux filles de la campagne se disaient bonjour et se quittaient. La porte refermée, oubliant la porteuse de pains, et son immense tablier à corsage poudré à blanc, et sa hotte gigantesque, je me précipitais sur le pain frais, comme un sauvage sur son ennemi.



Maintenant, quand le matin je croise dans les rues de Paris une porteuse de pain, je revois tout à coup les choses charmantes de mon enfance, j’y songe d’un coeur serré, mais mon appétit d’autrefois renaît gaiement. En un mot, comme j’ai.eu l’honneur de vous le dire, j’ai toujours la langue en trompette à l’aspect du pain qu’on vient de tirer du four.





 
23/01/2017 - 09:52
AVANT LE DERNIER JOUR  

Ce soir,demain dans trois jours ou plus tard.
je ne contrôle plus trop ma vie.
c'est le sort qui en décidera.
mon destin  est lié a ma maladie.
je n'ai rien demandé,mais il s'est installé.

Au début,je n' y croyais pas vraiment.
doucement mais sûrement il s'est organisé.
un long regard devant mon miroir,
m'a donné tant d'indications négatives,
que j'ai fini par comprendre ma situation.

Il y au moins une chance qui accompagne,
mes journées afin d'éviter de sombrer.
toute ma vie défile ,un peu n'importe comment.
de mon enfance,ma jeunesse,mes amis mes amours,
condensé des meilleurs moments ,qui cohabitent avec les moins

Bons.

Je serai présent le jour ,ou mon sacre arrivera,
debout,assis ,couché les yeux ouverts ou fermés.
pas grâve mais cela sera le dernier.
avant la fatalité je voulais vous dire mes amours mes amis,
que je vous aime tous,même ceux qui sont mes ennemis.

Je n'aurais pas peur !

cosmos



23/01/2017 - 07:55
Mon album souvenirs

Je feuillette dans mes pensées
Nageant dans les flots de mes souvenirs
Éphémérides de mon cœur tourmenté
Attentive à l'écho de mes pages mélancoliques

Émerge une belle mélodie
Qui vagabonde dans ma boîte à secrets
La transparence est assez vive
Pour que son chant soit divine caresse

Je cherche un peu mon souffle
Pour trouver les traces de ton sourire
Parfois les pensées me viennent en retour
Telle une caresse et j'entends ton rire...

Mais la nuit emmêle les contours
Se croisent tout au long du chemin
Frôle l'esprit à mille pensées confuses
Comme des ricochets sur mon chemin

Je flotte entre le fantasme et la réalité
Attentive aux paroles du vent
Les mots impossibles sont abolis
Comme les luminaires au firmament

Quand tu chantes dans le silence, je t'entends
Une chanson, un poème, un contexte
Les notes tourbillonnent dans ma tête
Laissent grandir mes souvenirs du moment

    MF