Poésies,contes et légendes.

Par Yannick Fondin - 1 il y a 10 années 4 mois
10/06/2016 - 08:01


"La Grenade" conte Zen ?...

Comme je vivais jadis dans le cœur d’une grenade, j’entendis une graine dire :
« Un jour je deviendrai un arbre, et le vent chantera dans mes
branches, et le soleil dansera sur mes feuilles, et je serai un arbre
puissant et beau durant toutes les saisons. »

Puis une autre graine dit : » Quand j’étais aussi jeune que vous, je
nourrissais des rêves semblables. Mais maintenant que je suis à même de
peser et de mesurer toute chose, je me rends compte que tous mes espoirs
étaient vains. »

Et une troisième graine dit aussi : « Je ne vois rien en nous qui promette un avenir brillant ; »

Et une quatrième graine dit : « Sans un grand avenir, piètre vie que la nôtre. »

Et une cinquième dit : « Pourquoi nous disputer sur ce que nous serons, alors que nous ignorons même ce qui nous sommes. »

Mais une sixième répliqua : « Quoi que nous soyons, nous continuerons d’être ! »

Et une septième dit : « Je forme des idées claires sur l’avenir, mais je ne peux les exprimer par des mots. »

Puis une huitième parla et une neuvième et une dixième et toutes les autres
graines parlèrent à la fois, et je ne pouvais plus rien comprendre dans
cette confusion de voix.

Et ainsi, je déménageai ce jour-là dans le cœur d’un coing, où les graines étaient peu nombreuses et presque silencieuses.

Khalil Gibran.
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Conte Zen, c'est "ma participation ajoutée" à ce texte remarquable de Khalil Gibran.

« Sois zen » est devenu synonyme de « Calme-toi; une sorte de  « Lâche prise »...

Lâcher prise, c'est comprendre que rien n'est permanent ou solide et que tout est en perpétuel changement.

L'auteur est né à Bcharré au Liban en 1883 ; poète et peintre libanais il est décédé en 1931 à New York,
il est surtout connu pour son livre "Le prophète".
On a comparé Gibran à William Blake et il est appelé par l’écrivain Alexandre Najjar le « Victor Hugo libanais ».
Il était chrétien catholique de rite maronite.

Ses dernières années furent marquées par la maladie et les sollicitations
mondaines suscitées par sa gloire, car Gibran le Libanais était devenu
un écrivain américain exprimant des intérêts universels. Outre la
rencontre de l’Orient et de l’Occident, ce poète incarne surtout
l’acharnement d’un homme à être un vivant.
09/06/2016 - 11:01

La mort du loup
 
Les nuages couraient sur la lune enflammée
Comme sur l'incendie on voit fuir la fumée,
Et les bois étaient noirs jusques à l'horizon.
Nous marchions sans parler, dans l'humide gazon,
Dans la bruyère épaisse et dans les hautes brandes,
Lorsque, sous des sapins pareils à ceux des Landes,
Nous avons aperçu les grands ongles marqués
Par les loups voyageurs que nous avions traqués.
Nous avons écouté, retenant notre haleine
Et le pas suspendu. -- Ni le bois, ni la plaine
Ne poussait un soupir dans les airs ; Seulement
La girouette en deuil criait au firmament ;
Car le vent élevé bien au dessus des terres,
N'effleurait de ses pieds que les tours solitaires,
Et les chênes d'en-bas, contre les rocs penchés,
Sur leurs coudes semblaient endormis et couchés.
Rien ne bruissait donc, lorsque baissant la tête,
Le plus vieux des chasseurs qui s'étaient mis en quête
A regardé le sable en s'y couchant ; Bientôt,
Lui que jamais ici on ne vit en défaut,
A déclaré tout bas que ces marques récentes
Annonçait la démarche et les griffes puissantes
De deux grands loups-cerviers et de deux louveteaux.
Nous avons tous alors préparé nos couteaux,
Et, cachant nos fusils et leurs lueurs trop blanches,
Nous allions pas à pas en écartant les branches.
Trois s'arrêtent, et moi, cherchant ce qu'ils voyaient,
J'aperçois tout à coup deux yeux qui flamboyaient,
Et je vois au delà quatre formes légères
Qui dansaient sous la lune au milieu des bruyères,
Comme font chaque jour, à grand bruit sous nos yeux,
Quand le maître revient, les lévriers joyeux.
Leur forme était semblable et semblable la danse ;
Mais les enfants du loup se jouaient en silence,
Sachant bien qu'à deux pas, ne dormant qu'à demi,
Se couche dans ses murs l'homme, leur ennemi.
Le père était debout, et plus loin, contre un arbre,
Sa louve reposait comme celle de marbre
Qu'adorait les romains, et dont les flancs velus
Couvaient les demi-dieux Rémus et Romulus.
Le Loup vient et s'assied, les deux jambes dressées
Par leurs ongles crochus dans le sable enfoncées.
Il s'est jugé perdu, puisqu'il était surpris,
Sa retraite coupée et tous ses chemins pris ;
Alors il a saisi, dans sa gueule brûlante,
Du chien le plus hardi la gorge pantelante
Et n'a pas desserré ses mâchoires de fer,
Malgré nos coups de feu qui traversaient sa chair
Et nos couteaux aigus qui, comme des tenailles,
Se croisaient en plongeant dans ses larges entrailles,
Jusqu'au dernier moment où le chien étranglé,
Mort longtemps avant lui, sous ses pieds a roulé.
Le Loup le quitte alors et puis il nous regarde.
Les couteaux lui restaient au flanc jusqu'à la garde,
Le clouaient au gazon tout baigné dans son sang ;
Nos fusils l'entouraient en sinistre croissant.
Il nous regarde encore, ensuite il se recouche,
Tout en léchant le sang répandu sur sa bouche,
Et, sans daigner savoir comment il a péri,
Refermant ses grands yeux, meurt sans jeter un cri



Alfred de VIGNY (1797-1863)
09/06/2016 - 10:54

 

08/06/2016 - 08:27


4 - Le banc de sable

Un de mes amis m’a raconté une fois, il
était avec des amis au bord de la mer,
avec leurs enfants, quand une des filles
c’est laissée surprendre par un contre-
courant marin.

Très vite, le contre-courant commençait
à la déporter vers le large. Mon ami réalisa
le danger, et plongea pour aller la secourir.

Le courant était plus fort qu’il s’y attendait,
cela lui prit beaucoup d’efforts et de temps
pour l’atteindre.

Quand il réussit à l’attraper, elle était à deux
doigts de se noyer.

Il essaya du mieux qu’il put de la ramener
sur le rivage, mais il sentit que ses forces
l’abandonnées et qu’il n’y arriverait pas.

A ce moment-là, il cria vers Dieu pour son
aide. Il entendit une voix dans son fond
intérieur qui lui disait d’arrêter de lutter,
mais qu’il devait se tenir debout, les pieds
sur le banc de sable.

Il réalisa que ses pieds pouvaient se tenir
sur un banc de sable, et comme cela, il
arriva, tant mieux que mal, à se tenir
debout et à résister au courant, jusqu’à
ce qu’un bateau des garde-côtes arrive
pour les secourir.

Arrivé en sécurité sur le rivage, un des
sauveteurs lui dit :

« Je n’arrive pas à comprendre comment
vous avez pu tenir aussi longtemps là-bas,
avec cette jeune fille dans vos bras, vous
débattant contre le courant ? »

Mon ami, alors, lui expliqua comment le
banc de sable l’avait aidé à tenir le coup.

« Je ne sais pas de quoi vous parlez »,
l’homme lui dit, « nous savons que dans
cet endroit où nous vous avons trouvé,
le fond de la mer est profond de plusieurs
mètres de profondeur, de plus, il n’existe
pas de banc de sable dans cet endroit ! »

Même au milieu de la mer, Dieu peut
vous donnez quelque chose pour faire
tenir vos pieds, même s’il doit le créer
lui-même, en réponse à vos prières
06/06/2016 - 09:11
La légende des deux Amants de Saint Alyre  
 

Les deux amants de saint-Alyre.
   
Ce fut sous l’épiscopat de saint Népotien, 3ème évêque d’Auvergne (troisième siècle) que mourut
dans la ville d’Auvergne( Clermont ), Saint Injurieux et sa chaste épouse.
   Ils étaient tous les deux enfants uniques, issus des plus nobles et
plus riches familles de la province. Le premier jour de leur noce, ils
s’engagèrent mutuellement à vivre, pendant tout le temps de leur
mariage, dans la virginité. Cette promesse fut si agréable à Dieu, que,
par une grâce spéciale qu’il leur accorda, ils ne la violèrent jamais,
tout en demeurant ensemble dans la même maison, mangeant à la même table
et couchant dans le même appartement. 

   La femme étant morte la première, comme on la mettait en terre, le mari levant les yeux et les mains au ciel s’écria : 

« Seigneur, vous me l’aviez donné vierge, je vous la remets vierge » 

« Silence ! Silence ! Mon ami, répondit la défunte, pourquoi cette indiscrétion, quand personne ne vous y force ? » 

   Peu de temps après le mari mourut et fut enterré dans le même
cimetière, à quelque distance de l’endroit où avait été ensevelie son
épouse.

   Le lendemain les deux tombeaux se trouvèrent placés l’un à côté de
l’autre. Les corps de ces deux chastes époux connus sous le nom des deux Amans,
reposaient dans l’église de Saint Alyre, au faubourg de la ville de Clermont


06/06/2016 - 09:08

Le miel du printemps

Quand la terre se couvre d’or

Et que dès l’aurore
Le soleil se reflète dans les champs
Et que le blé danse joliment
Que chaque parcelle de terre
Laisse libre cours à son art
Dessinant dans son lopin
Sa propre toile
Laissant au paysage sa signature

Quand la terre revêt son tapis vert
Et que valse dans son ventre
Les herbes folles
Et que pointe de ses entrailles
La pousse de ses semences
Le temps chante la romance
A l’abondance
Quand les champs harnachés
De leurs robes colorées
Se pavanent dans leurs atours
Au gré du vent
Que les oiseaux survolent gaiement
En quête de leur pitance
Et picore ce tableau gourmand
Il est temps de vivre pleinement
De savourer le moment
De s’extasier, de rire, de chanter
Au gré du bonheur
Qui pousse dans le pré
Car l’oranger, le rouge prendront
Bientôt la place et la cèderont
Au brun, et au blanc pour que la dormance
Revienne donner vigueur
Au prochain printemps….
Quel beau cycle que celui de la vie

@Dominique Chouinard

 


06/06/2016 - 08:20

Pour réchauffer le coeur  et  remplacer le soleil 
 

 
 Préparer une grande casserole,
Couper les mots de colère,
Garder ceux qui sont adoucissants,
Équilibrants et apaisants,
Brosser, peler et laver égoïsme,
Hacher les conflits et la froideur,
Enlever la peau de la contrariété et celle des ressentiments avant cuisson,
Rejeter le mauvais, annuler le négatif,
Combiner le respect et la courtoisie,
Ajouter une très grosse canne d'affections,
Une bouteille pleine de délicatesses,
Mesurer un gros contenant plein de bon sens,
Mettre le bouillon de la politesse bien dégraissé de l'inattention,
Un cube d'accessibilité,
Mêler la bonne attitude, la vitalité, l'enthousiasme,
Mettre un bouquet garni de paroles aimables,
Parsemer de poudre de disponibilité,
Saupoudrer de beaucoup, beaucoup d'amour,
Accompagné d'une voix douce,
Ne pas mettre trop de reproches, attention, ça gâterait le tout,
L' ajout de la cordialité donne un très bon petit goût,
On peut varier avec la convivialité,
Certains préfèrent avec un soupçon d'étreintes,
Remuer délicatement,
Épaissir pour lui donner la texture veloutée de la tendresse,
Incorporer petit à petit l'humour,
Encore meilleure si on a préalablement prévu la bienveillance.
À feu doux, et porter à ébullition l'émerveillement,
Réduire le feu des arrières-pensées,
Laisser mijoter le don de soi et les p'tits bonheurs,
Poursuivre la cuisson dans une ambiance sereine et chaleureuse.
Un parfum agréable de compréhension se propagera
dans toute la maisonnée.
Varier les saveurs. Et sortez votre plus belle soupière !
Une soupe exquise, saine, équilibrée, bonne à se délecter,
Chaude et très réconfortante.
Une recette appétissante, nourrissante et adaptable à toute la famille.
On peut l'accompagner de biscuits de gestes sympathiques
ou de croûtons de finesses, et d'un filet de bon accueil.
Déguster le plaisir de vous sentir rassasié.
Très bon choix lorsqu'on reçoit la visite à souper.
 

Un régal !   Bonne sou....soupe !!!
 
 

 
Sois heureux
et ayez une belle journée
Le reste, on s'en fout...
 
Tant qu'on est debout...

 



04/06/2016 - 08:12
Fleur de pluie

Telle la lumière crue du matin,

Lorsque le ciel immense

Demeure pâle et gris,


Pluie, tu envahis les champs et les villes

Jusqu’à faire déborder nos calmes rivières

Comme si tu voulais nous chasser.

 
Et le vent plutôt que de sécher les sols

Disperse tes ondées

Jusqu’à nos cœurs meurtris.

 
Mais demain ou après-demain,

Qui sait,

Aux rayons d’un soleil neuf

Eau, tu luiras de mille feux.


Comme mille fleurs d’argent

Ton flux s’écoulera lentement,

Et la vie s’épanouira,

Encore.

 
 (Malices)
04/06/2016 - 08:10

            Tendresse
 
      Tu es ce garçonnet que je berce en silence,
      Pour apaiser bientôt les trop vives souffrances!
      Ton visage est pourtant tout couronné de blanc,
      Mais l'homme n'est-il pas un éternel enfant?
      J'essuie d'un doigt léger, les perles de sueur
      Qui se forment à ton front, au creux de ta douleur!
      Je murmure des mots qui rassurent et apaisent,
      Et souffle doucement, pour attiser les braises
      Que tu laisses s'éteindre dans ton corps épuisé.
      Et sur tes yeux fiévreux, je dépose un baiser.
      Et, lorsque lentement, se ferment tes paupières;
      J'éteins à ton chevet, la trop vive lumière.
 
            Nicole Larrue
04/06/2016 - 07:48

      « LA FAUCHEUSE » 
 
 
Mors * de V.Hugo

Je vis cette faucheuse. Elle était dans son champ.

Elle allait à grands pas moissonnant et fauchant,
Noir squelette laissant passer le crépuscule.
Dans l'ombre où l'on dirait que tout tremble et recule,
L'homme suivait des yeux les lueurs de la faulx *. 
Et les triomphateurs sous les arcs triomphaux
Tombaient ; elle changeait en désert Babylone,
Le trône en l'échafaud et l'échafaud en trône,
Les roses en fumier, les enfants en oiseaux,
L'or en cendre, et les yeux des mères en ruisseaux.
Et les femmes criaient : -- Rends-nous ce petit être.
Pour le faire mourir, pourquoi l'avoir fait naître ? --
Ce n'était qu'un sanglot sur terre, en haut, en bas ;
Des mains aux doigts osseux sortaient des noirs grabats ;
Un vent froid bruissait dans les linceuls sans nombre ;
Les peuples éperdus semblaient sous la faulx sombre
Un troupeau frissonnant qui dans l'ombre s'enfuit ;
Tout était sous ses pieds deuil, épouvante et nuit.
Derrière elle, le front baigné de douces flammes,
Un ange souriant portait la gerbe d'âmes.

Mars 1854…Victor Hugo, Les Contemplations (1856)
*Mors et faulx…( orthographe de Hugo )