Tu sais fort bien ce qu'il en est : Si je regarde La lune de cristal, la branche rouge du lent automne à ma fenêtre, si je touche près du feu la cendre impalpable ou le corps ridé du bois, tout me conduit à toi, Comme si tout ce qui existe - parfums, clarté, métaux - étaient de petits bateaux naviguant vers les îles, tes îles qui m'attendent.
Je suis cet oiseau fou qui privé de la vue S'envole,effarouché,affolé,éperdu, Se heurte rudement,néglige les obstacles En attendant du ciel on ne sait quel miracle! Comme lui maintenant,il n'y a rien à faire, Quand tu laches ma main,je perds tous mes repères, Je divague sans fin cherchant cette lueur Que je trouve en toi et fait taire mes peurs! Ne m'abandonne pas au bord de ce rivage, Seule,égarée,sans foi ou bien je fais naufrage! Cette ancre me rassure et fait taire mes doutes. De ma vie maintenant,tu es la clé de voute. Guide-moi désormais,montre-moi le chemin, Appuyés l'un à l'autre,affrontons le destin!
SOUVENIRS HEUREUX Je me souviens encore des calmes promenades Qu’heureux nous faisions tout le long du canal Captivés, enchantés par le ciel automnal Et les reflets changeants des feuilles par myriades. Alanguis, frissonnants sous le doux vent malin, Les minces peupliers se miraient dans l’eau pure. Les buissons épineux cachaient la noire mûre. L’humble reine-des-prés embaumait le chemin. Nous marchions sereins, comme pris sous le charme De la nature en fleur, comblés par ses bienfaits. La frêle libellule, alerte, voletait, Petit nuage bleu au long corps vert et parme. Les chalands paresseux glissaient sur l’eau dormante. Nous saluions toujours d’un signe de la main Les mariniers actifs s’agitant pleins d’entrain, Et suivions des yeux la vague bouillonnante. La journée s’achevait, hélas trop éphémère, Un oiseau déluré lançait son chant moqueur, Il fallait repartir, toujours à contrecœur, L’âme et le corps repus, riches de joie amère. Oui c’était le bon temps, celui du plaisir tendre, De la saine gaieté, du bonheur partagé. En mon esprit demeure un souvenir figé, Perdu à tout jamais, avec un goût de cendre. Marcelle Betbeder
Si l'étoffe des soleils tombe en lambeaux Si les trames du sang se détissent Si la peau accuse les coups
Retiens en ton parcours final : Rivières couleurs alliances Assez de plaines assez d'élans Pour combler tes dernières soifs Pour attiser l'ultime flambée
La neige à gros flocons dépose ses pivoines blanches,
Mais c’est surtout la voie lactée, voûte de lumière glacée si proche dans le ciel de nuit pure, qui prouve aux humains l’immensité de l’univers, l’indifférence de la nature et la fragilité de toute existence.
La neige, en ce sens, est une manifestation physique qui apaise ce
fantasme de pureté, d’ordre parfait, de traditions figées en âge d’or,
telles les estampes de Hokusai (1760-1849) et Hiroshige (1797-1858).
La neige ? Simple effet poétique, en France du moins...
?
Dirions-nous que le printemps est arrivé
Quand les tulipes nous montrent leur nez
Chanceux sommes-nous, quatre saisons
Même si des bouts, on trouve ça long
Je ne voudrais pas habiter le désert
Ni devoir vivre au cercle polaire
Au fond, je ne déteste pas l’hiver
Ensoleillé, oui, il sait me plaire
On parle souvent de différences
Puis chaque année, on recommence
On voudrait que l’été soit plus tôt
On aime voir griller notre peau
C’est le propre de l’homme de chialer
Nous les Québécois on y est habitués
On aime tellement nous apitoyer
Il nous est difficile d’accepter
Pourtant, quand on parle à des étrangers
On parle de nos hivers avec fierté
C’est chez nous qu’il fait le plus froid
Vous n’en avez pas vous, d’endroits comme ça
Mais enfin, quand nous arrive le printemps
On met notre nez dehors, et plus souvent
A la marmotte nous ne sommes pas pareils
Nous, on aime toujours voir du soleil
Texte Claude Marcel Breault
Hier encore, je voyais le soleil
Aujourd’hui, plus rien n’est pareil
Que s’est-il passé durant la nuit
Pour que mon ciel soit aussi gris
Je me souviens, on me disait
Non toi, tu ne vieilliras jamais
Comme le roseau tu peux courber
Et l’instant d’après te redresser
Mais aujourd’hui je suis distraite
Ma vie me semble toute défaite
Je me sens fatiguée surtout
J’ai aussi mal un peu partout
Chaque fois que je me réveille
J’ai mal, à une place nouvelle
Mais je sais, un jour viendra
Je sais que le printemps reviendra
Que je retrouverai mon soleil
Que ma vie sera encore très belle
Et ce jour-là, oui j’oublierai
Que j’avais une piètre santé
Ce sera une nouvelle saison
Je verrai pousser les bourgeons
Je retrouverai aussi mon sourire
Des p’tits riens pourront me faire plaisir
Texte Claude Marcel Breault
? Louis Bertrand Henri ?
Si l'étoffe des soleils tombe en lambeaux
Si les trames du sang se détissent
Si la peau accuse les coups
Retiens en ton parcours final :
Rivières couleurs alliances
Assez de plaines assez d'élans
Pour combler tes dernières soifs
Pour attiser l'ultime flambée
S'il doit subir le sort
L'homme crée ses propres fables
Elles l'abattent
Ou le sauvent
Andrée Chedid
Averse de neige
au premier jour de printemps
l'hiver s'accroche
Micheline BOLAND
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