Ah ! il en voulait à la veuve Garcin, le Joseph Coulet. On ne sait pourquoi ; elle-même d’ailleurs ne se l’expliquait pas. « Une haine des plus implacables, disait la pauvre femme, dans l’objet seulement de menuire. » Georges, son mari fort âgé, était mort en novembre et Coulet avait progressivement déversé toute sa hargne sur la vieille veuve. Quand elle passait devant chez lui, il la suivait et l’accusait des pires vilénies. Il allait même la calomnier auprès des autres, mettant ses voisins en garde contre les rapines de la veuve. Dans l’été, il jurait l’avoir vue passer avec un drap rempli de pois chiches. La voleuse ! Où avait-elle chapardé cela ? Il l’avait suivie jusque dans ses vignes où il était certain qu’elle s’était cachée pour échapper à sa colère. Alors, pour la débusquer comme un lapin, il avait jeté quantité de pierres au milieu de ses arbustes, certain que l’une d’elles l’atteindrait bien. Mais elle s’était éclipsée. Et Joseph Coulet ruminait sa rage… Alors, quand cette fin d’après-midi du dimanche 22 septembre arriva, l’occasion fut belle de régler son compte à la veuve. Elle vint à passer devant la bastide du fermier, au quartier de Roussier, avec un panier plein de fruits rouges. Son raisin, elle lui a volé son raisin ! Aussitôt, Coulet sortit à grands pas de sa bastide, vociférant ses accusations : « Voleuse de raisins, je vais te dénoncer ! Non seulementl es miens, mais aussi les raisins de mon voisin… » Mais cette fois-ci,Marguerite Garcin ne voulait plus se laisser faire. Elle versa une bonne partie du contenu de son panier sur son tablier pour bien montrerce qu’il contenait : des mûres, des mûres sauvages, comme on en ramasse dans les broussailles, dans les terrains qui n’appartiennent à personne. Mais Coulet ne voulait pas perdre la face : elle s’était débarrassée des raisins qu’elle avait volés dans quelque buisson. C’en était trop pour Mme Garcin. Elle sortit de ses gonds : « Marria, coquin… Soutiendras-tu que je t’ai pris des raisins ? » - « Mais oui, parfaitement ! Et tu les as jetés dans une haie… » Les mains sur les hanches, chacun toisait l’autre du regard, mais la veuve Garcin fut la première à bouger : « Malheureux, coquin », cria-t-elle en se baissant et en ramassant des pierres. Elle en jeta bien quatre ou cinq sur Coulet qui se contenta de crier son dépit : « Ah ! Il ne t’est pas difficile de nourrir des cochons chez toi, puisque c’est aux dépens de tes voisins… » Mais il dut battre en retraite et rentrer en toute hâte dans sa bastide, alors que des cailloux l’accompagnaient jusque dans son intérieur. Le lendemain matin, Coulet attela son mulet et partit pour la ville d’Aix. Il lui fallait de l’aide pour faire un sort à la vieille. Son voisin avait des vignes et la veuve Garcin y avait sans doute chapardé.Ce voisin qui, par un curieux hasard, portait les mêmes noms que lui, vivait à Aix, près de la rue des Trois-Ormeaux, non loin de la place des Prêcheurs. On parlait de Joseph Coulet d’Aix pour ne pas le confondre avec le vindicatif Joseph Coulet de Puyricard. Joseph Coulet de Puyricard, donc, débarqua de grand matin, à sept heures à peine, chez son homonyme aixois et l’assura que la veuve Garcin lui avait volé quantité de raisins. « Vous comprenez bien, cette coquine volait votre raisin. Je peux aller faire une dénonce en votre nom », proposa Coulet de Puyricard, dans sa grande générosité. Mais Coulet d’Aix était un homme sage. Il allait vérifier ce qu’on lui disait et partirait le soir même voir ses terres à Puyricard. Alors Coulet de Puyricard était parti mécontent et était allé trouver l’huissier pour leprier de consigner sa dénonce. Et, retourné chez son voisin d’Aix, il l’informa qu’il avait fait les choses pour son compte et que celui-ci verrait bien ce qu’il voudrait faire. Or, quand Coulet d’Aix arriva à Puyricard dans la soirée, il vit que ses vignes étaient intactes et que personne n’y avait pénétré. La terre était humide et en cas d’intrusion, il y aurait eu des traces de pas. Personne de qui se plaindre, en somme. Le mardi matin, Coulet de Puyricard revint à Aix : « Alors, ces vignes - Intacts. Elle était âgée cette femme ? - Très avancée en âge, oui. C’est une coquine qui s’occupe à voler pendant toutes les nuits les fruits de la campagne. Tellement qu’une fois, je la vis passer… » et bla bla bla… Coulet d’Aix avait compris le genre de voisin qu’il avait à Puyricard. Quand il lui dit qu’il ne dénoncerait personne, Coulet de Puyricard partit en bougonnant : « Puisqu’il en est ainsi, on pourra vous voler tous vos fruits que je ne vous avertirai plus ! » Mais jamais on ne vola de fruits à Coulet d’Aix sur sa terre de Puyricard…
La rencontre du poète avec la Mort N'est pas celle de la sienne Mais celle d'une scène Improbable près de la Seine
Le poète avait conclu un accord Avec une âme perdue désœuvrée Voulant en finir avec les nausées Un homme souhaitait se suicider
Du haut d'un pont sans aucun remord Le désespéré s'était laissé tomber Aucune place pour un regret Les dés étaient d'avance jetés
Caché derrière un réverbère Elle était bien là , elle attendait Sans aucune haine ni compassion Avec sa faux et sa toge noire
La Mort : "Bonsoir poète ... Tu voulais me rencontrer ? " Le poète "Oui , Je voulais te poser une question . Puis je prendre un peu de ton temps ?" La Mort : "Le temps n'existe pas pour moi ! Je t'écoute... " Le poète : "Pourquoi les hommes ont ils peur de toi ? " La Mort : "Je suis la fin de la vie . Cela suffit pour faire de moi une incomprise " Le poète : "Alors que tu fais partie de la vie ...? Chacun sait bien une fois sur terre Que la mort est la fin de la vie ?" La Mort : "Je suis considérée comme quelqu'un qui vient prendre ceux que l'on aime En cela je suis l'angoisse de tout homme Je fais le sale travail Je viens prendre ceux qui abandonnent Ceux qui lâchent prise tout simplement"
Le poète : "Je pensais que tu étais le Mal ? Alors qu'en fait tu viens chercher Ceux qui cessent de vivre . Je suis confus d'avoir fait une telle erreur ... " La Mort : "Ce n'est point grave , poète Tu as le mérite d'en avoir conscience maintenant ..."
Le poète "Tu étais justement venue pour ce malheureux qui a donc abandonné ?"
La Mort : "Tu te trompes poète... C' est toi que j'étais venue chercher"
La Mort disparut laissant le poète à son étonnement profond et face à de nouvelles questions ... C'était donc lui qui devait mourir ce soir là et la Mort ne l'avait pas emmené avec elle ...
Thierry Petibon Recueil Le chemin Chapitre II - Le Temps La Mort l'Ennui
Ecrire Pour Ne Pas Mourir - Anne Sylvestre by lepoete7 Proposé par : GILLES_BARBOTTE
Que je sois née d'hier ou d'avant le déluge J'ai souvent l'impression de tout recommencer Quand j'ai pris ma revanche ou bien trouvé refuge Dans mes chansons toujours j'ai voulu exister Que vous sachiez de moi ce que j'en veux bien dire Que vous soyez fidèle ou bien simple passant Et que nous en soyons juste au premier sourire Sachez ce qui pour moi est le plus important Oui le plus important
Écrire pour ne pas mourir Écrire sagesse ou délire Écrire pour tenter de dire Dire tout ce qui m'a blessée Dire tout ce qui m'a sauvée Écrire et me débarrasser Écrire pour ne pas sombrer Écrire au lieu de tournoyer Écrire et ne jamais pleure Rien que des larmes de stylo
Qui viennent se changer en mots Pour me tenir le coeur au chaud
Que je vive cent ans ou bien quelques décades Je ne supporte pas de voir le temps passer On arpente sa vie au pas de promenade Et puis on s'aperçoit qu'il faudra se presser Que vous soyez tranquille ou bien plein d'inquiétude Ce que je vais vous dire vous le comprendrez En mettant bout à bout toutes nos solitudes On pourrait se sentir un peu moins effrayés Un peu moins effrayé
Écrire pour ne pas mourir Écrire tendresse ou plaisir Écrire pour tenter de dire Dire tout ce que j'ai compris Dire l'amour et le mépris Écrire me sauver de l'oubli Écrire pour tout raconter Écrire au lieu de regretter Écrire et ne rien oublier Et même inventer quelques rêves De ceux qui empêchent qu'on crève Quand l'écriture un jour s'achève
Qu'on m'écoute en passant d'une oreille distraite, Ou qu'on ait l'impression de trop me ressembler Je voudrais que ces mots qui me sont une fête On n' se dépêche pas d'aller les oublier Que vous soyez critique ou plein de bienveillance Je ne recherche pas toujours ce qui vous plaît Quand je soigne mes mots c'est à moi que je pense Je veux me regarder sans honte et sans regrets Sans honte et sans regrets
Écrire pour ne pas mourir Écrire grimace et sourire Écrire et ne pas me dédire Écrire ce que je n'ai su faire Dire pour ne pas me défaire Écrire habiller ma colère Écrire pour être égoïste Écrire ce qui me résiste Écrire et ne pas vivre triste Et me dissoudre dans les mots Qu'ils soient ma joie et mon repos Écrire et pas me foutre à l'eau
Et me dissoudre dans les mots Qu'ils soient ma joie et mon repos Écrire et pas me foutre à l'eau
Quartier Saint-Jacques. Clermont-Ferrand (il y a longtemps maintenant)
"La rivière aux souvenirs coule rarement de source. À tout instant, ses eaux que l’on croyait mortes peuvent dévaler le lit de nos pensées."
Eric Robert, Denise Weber,
Deux souvenirs à ranger au rayon des premières. Pour lui, une histoire d’intrépides aventuriers de quartier. Pour elle, de jolis songes et un prénom sur la porcelaine gravé.
Mais les premiers cités ne me feront pas oublier l’acidité des pommes sauvages du champ d'à côté, Pas plus que les cages d’escaliers dévalées à grandes enjambées, Pas plus que les courses folles pour toujours éperdues, Pas plus que la mort aux trousses parfois entrevue juste au coin de la rue.
J’avais dix ans et un drôle d’accent. J’avais l’école buissonnière d'un enfant debout contre vents et marées. J'avais de sombres histoires de cimetière qui me valaient la trique sur le derrière.
Je me souviens surtout d’un temps de découvertes, D’un temps où l’esprit s’enhardit, Temps béni pour un explorateur sans limites. Je me souviens encore d’une vie tendue vers l’infini.
Je me souviens enfin, pour rire et pour finir, De nos jeux d’escalades improbables au pied De la muraille de Chine.
Je tenais à partager ce poème à un moment où la mairie de Clermont a décidé de détruire cet ensemble de logements sociaux, certes un peu vieillots (1961), quitte à reloger 900 personnes dont un grand nombre habitent là depuis longtemps et avaient noué des liens de voisinage.
À pas menus, menus, Le bel automne est revenu Dans le brouillard, sans qu'on s'en doute, Il est venu par la grand'route Habillé d'or et de carmin. Et tout le long de son chemin, Le vent bondit, les pommes roulent, Il pleut des noix, les feuilles croulent. Ne l'avez-vous pas reconnu ? Le bel automne est revenu.
L’automne
De boue le chemin est devenu. Les arbres encore vivement vêtus. La pluie récente parfume l’air. Un million de feuilles se couchent par terre. A la descente de la brume, le bois secret s’allume. L’enchantement est divin, le temps n’a plus de fin. Errer dans le bois, voler du passé, ramasser du thym gentiment faire du thé. Rarement le silence reste dans ce ruisseau fascinant. Caresser tout le savoir dans les bras de maintenant.
L’automne grelotte Voici l’automne Vole, vole, petite feuille Saute, saute, l’écureuil Cachez-vous les hérissons ! Où êtes-vous les champignons ? Les grands arbres nus grelottent Ils tremblent de toutes leurs quenottes Pom, pom, pom Tombent les pommes Pomme, pomme, pomme Voici l’automne
Si tu peux commencer ta journée sans caféine, Si tu peux la terminer sans sédatif pour dormir, Si tu peux être de bonne humeur, sachant ignorer tes maux et tes douleurs, Si tu peux ne jamais te plaindre et ennuyer les autres avec tes problèmes, Si tu peux comprendre quand ceux qui t'aiment sont trop occupés pour te donner de leur temps, Si tu peux accepter qu'on te blâme pour une faute non commise, Si tu peux croire qu'on prendra soin de toi jusqu'à la fin de ta vie, Si tu peux accepter toutes les critiques sans jamais te rebiffer, Si tu peux endurer la grossièreté de certaines gens sans jamais les corriger, Si tu peux faire face à la vie sans jamais mentir ou décevoir, Si tu peux te détendre sans jamais prendre une goutte d'alcool, Si tu peux dire très honnêtement, du plus profond de ton cœur, que tu n'as aucun préjugés contre les gens âgés, les différentes races, les religions ou les identités sexuelles, Si tu peux manger la même nourriture à chaque jour et en être heureux, Si tu peux aimer sans condition sans rien attendre en retour...
Hé bien, mon ami(e), tu es PRESQUE aussi parfait(e) que ton CHIEN.
Vous laissez tomber vos mains rouges, Vigne vierge, vous les laissez tomber Comme si tout le sang du monde était sur elles.
A leur frisson, toute la balustrade bouge, Tout le mur saigne, Ô vigne vierge... Tout le ciel est imbibé D'une même lumière rouge.
C'est comme un tremblement d'ailes rouges qui tombent, D'ailes d'oiseaux des îles, d'ailes Qui saignent. C'est la fin d'un règne Ou quelque chose de plus simple infiniment.
Ce sont les pieds palmés de hauts flamants Ou de fragiles pattes de colombes Qui marchent dans l'allée. (Où vont-elles, si rouges ?) Leurs traces étoilées Rejoignent l'autre vigne, où l'on vendange. Si rouge, Est-ce déjà le sang des cuves pleines ? Ah ! simplement la fête des vendanges, Simplement n'est-ce pas ?
Et pourtant, que vos mains sont tremblantes ! Leurs veines Se rompent une à une... Tant de sang... Et cette odeur si fade, étrange. Ces mains qui tombent d'un air las, Ô vigne vierge, d'un air las et comme absent, Ces mains abandonnées...
(Lady Macbeth n'eut-elle pas ce geste Après avoir frotté la tache si longtemps ?)
Mains qui se crispent, mains qui restent En lambeaux rouges sur octobre palpitant ; Dites, oh ! dites chaque année Êtes-vous les mains meurtrières de l'Automne ?
Ou chaque année, Sans rien qui s'en émeuve ni personne, Des mains assassinées Qui flottent au fil rouge de l'automne ?
Ah ! il en voulait à la veuve Garcin, le Joseph Coulet. On ne sait pourquoi ; elle-même d’ailleurs ne se l’expliquait pas.
« Une haine des plus implacables, disait la pauvre femme, dans l’objet seulement de menuire. » Georges, son mari fort âgé, était mort en novembre et Coulet avait progressivement déversé toute sa hargne sur la vieille veuve.
Quand elle passait devant chez lui, il la suivait et l’accusait des pires vilénies. Il allait même la calomnier auprès des autres, mettant ses voisins en garde contre les rapines de la veuve. Dans l’été, il jurait l’avoir vue passer avec un drap rempli de pois chiches. La voleuse ! Où avait-elle chapardé cela ? Il l’avait suivie jusque dans ses vignes où il était certain qu’elle s’était cachée pour échapper à sa colère. Alors, pour la débusquer comme un lapin, il avait jeté quantité de pierres au milieu de ses arbustes, certain que l’une d’elles l’atteindrait bien. Mais elle s’était éclipsée. Et Joseph Coulet ruminait sa rage…
Alors, quand cette fin d’après-midi du dimanche 22 septembre arriva, l’occasion fut belle de régler son compte à la veuve. Elle vint à passer devant la bastide du fermier, au quartier de Roussier, avec un panier plein de fruits rouges. Son raisin, elle lui a volé son raisin !
Aussitôt, Coulet sortit à grands pas de sa bastide, vociférant ses accusations : « Voleuse de raisins, je vais te dénoncer ! Non seulementl es miens, mais aussi les raisins de mon voisin… » Mais cette fois-ci,Marguerite Garcin ne voulait plus se laisser faire. Elle versa une bonne partie du contenu de son panier sur son tablier pour bien montrerce qu’il contenait : des mûres, des mûres sauvages, comme on en ramasse dans les broussailles, dans les terrains qui n’appartiennent à personne. Mais Coulet ne voulait pas perdre la face : elle s’était débarrassée des raisins qu’elle avait volés dans quelque buisson.
C’en était trop pour Mme Garcin. Elle sortit de ses gonds :
« Marria, coquin… Soutiendras-tu que je t’ai pris des raisins ? »
- « Mais oui, parfaitement ! Et tu les as jetés dans une haie… »
Les mains sur les hanches, chacun toisait l’autre du regard, mais la veuve Garcin fut la première à bouger :
« Malheureux, coquin », cria-t-elle en se baissant et en ramassant des pierres. Elle en jeta bien quatre ou cinq sur Coulet qui se contenta de crier son dépit :
« Ah ! Il ne t’est pas difficile de nourrir des cochons chez toi, puisque c’est aux dépens de tes voisins… » Mais il dut battre en retraite et rentrer en toute hâte dans sa bastide, alors que des cailloux l’accompagnaient jusque dans son intérieur.
Le lendemain matin, Coulet attela son mulet et partit pour la ville d’Aix. Il lui fallait de l’aide pour faire un sort à la vieille. Son voisin avait des vignes et la veuve Garcin y avait sans doute chapardé.Ce voisin qui, par un curieux hasard, portait les mêmes noms que lui, vivait à Aix, près de la rue des Trois-Ormeaux, non loin de la place des Prêcheurs. On parlait de Joseph Coulet d’Aix pour ne pas le confondre avec le vindicatif Joseph Coulet de Puyricard.
Joseph Coulet de Puyricard, donc, débarqua de grand matin, à sept heures à peine, chez son homonyme aixois et l’assura que la veuve Garcin lui avait volé quantité de raisins.
« Vous comprenez bien, cette coquine volait votre raisin. Je peux aller faire une dénonce en votre nom », proposa Coulet de Puyricard, dans sa grande générosité. Mais Coulet d’Aix était un homme sage. Il allait vérifier ce qu’on lui disait et partirait le soir même voir ses terres à Puyricard. Alors Coulet de Puyricard était parti mécontent et était allé trouver l’huissier pour leprier de consigner sa dénonce. Et, retourné chez son voisin d’Aix, il l’informa qu’il avait fait les choses pour son compte et que celui-ci verrait bien ce qu’il voudrait faire.
Or, quand Coulet d’Aix arriva à Puyricard dans la soirée, il vit que ses vignes étaient intactes et que personne n’y avait pénétré. La terre était humide et en cas d’intrusion, il y aurait eu des traces de pas. Personne de qui se plaindre, en somme. Le mardi matin, Coulet de Puyricard revint à Aix :
« Alors, ces vignes
- Intacts. Elle était âgée cette femme ?
- Très avancée en âge, oui. C’est une coquine qui s’occupe à voler pendant toutes les nuits les fruits de la campagne. Tellement qu’une fois, je la vis passer… » et bla bla bla…
Coulet d’Aix avait compris le genre de voisin qu’il avait à Puyricard. Quand il lui dit qu’il ne dénoncerait personne, Coulet de Puyricard partit en bougonnant : « Puisqu’il en est ainsi, on pourra vous voler tous vos fruits que je ne vous avertirai plus ! »
Mais jamais on ne vola de fruits à Coulet d’Aix sur sa terre de Puyricard…
Le poète et la Mort
La rencontre du poète avec la Mort
N'est pas celle de la sienne
Mais celle d'une scène
Improbable près de la Seine
Le poète avait conclu un accord
Avec une âme perdue désœuvrée
Voulant en finir avec les nausées
Un homme souhaitait se suicider
Du haut d'un pont sans aucun remord
Le désespéré s'était laissé tomber
Aucune place pour un regret
Les dés étaient d'avance jetés
Caché derrière un réverbère
Elle était bien là , elle attendait
Sans aucune haine ni compassion
Avec sa faux et sa toge noire
La Mort :
"Bonsoir poète ...
Tu voulais me rencontrer ? "
Le poète
"Oui ,
Je voulais te poser une question .
Puis je prendre un peu de ton
temps ?"
La Mort :
"Le temps n'existe pas pour moi !
Je t'écoute... "
Le poète :
"Pourquoi les hommes ont ils peur de toi ? "
La Mort :
"Je suis la fin de la vie .
Cela suffit pour faire de moi
une incomprise "
Le poète :
"Alors que tu fais partie de la vie ...?
Chacun sait bien une fois sur terre
Que la mort est la fin de la vie ?"
La Mort :
"Je suis considérée comme quelqu'un qui vient prendre ceux que l'on aime
En cela je suis l'angoisse de tout homme
Je fais le sale travail
Je viens prendre ceux qui abandonnent
Ceux qui lâchent prise tout simplement"
Le poète :
"Je pensais que tu étais le Mal ?
Alors qu'en fait tu viens chercher
Ceux qui cessent de vivre .
Je suis confus d'avoir fait une telle erreur ... "
La Mort :
"Ce n'est point grave , poète
Tu as le mérite d'en avoir conscience maintenant ..."
Le poète
"Tu étais justement venue pour ce malheureux qui a donc abandonné ?"
La Mort :
"Tu te trompes poète...
C' est toi que j'étais venue chercher"
La Mort disparut laissant le poète à son étonnement profond et face à de
nouvelles questions ...
C'était donc lui qui devait mourir ce soir là et la Mort ne l'avait pas emmené avec elle ...
Thierry Petibon
Recueil Le chemin
Chapitre II - Le Temps La Mort l'Ennui
Proposé par : GILLES_BARBOTTE
Que je sois née d'hier ou d'avant le déluge
J'ai souvent l'impression de tout recommencer
Quand j'ai pris ma revanche ou bien trouvé refuge
Dans mes chansons toujours j'ai voulu exister
Que vous sachiez de moi ce que j'en veux bien dire
Que vous soyez fidèle ou bien simple passant
Et que nous en soyons juste au premier sourire
Sachez ce qui pour moi est le plus important
Oui le plus important
Écrire pour ne pas mourir
Écrire sagesse ou délire
Écrire pour tenter de dire
Dire tout ce qui m'a blessée
Dire tout ce qui m'a sauvée
Écrire et me débarrasser
Écrire pour ne pas sombrer
Écrire au lieu de tournoyer
Écrire et ne jamais pleure
Rien que des larmes de stylo
Qui viennent se changer en mots
Pour me tenir le coeur au chaud
Que je vive cent ans ou bien quelques décades
Je ne supporte pas de voir le temps passer
On arpente sa vie au pas de promenade
Et puis on s'aperçoit qu'il faudra se presser
Que vous soyez tranquille ou bien plein d'inquiétude
Ce que je vais vous dire vous le comprendrez
En mettant bout à bout toutes nos solitudes
On pourrait se sentir un peu moins effrayés
Un peu moins effrayé
Écrire pour ne pas mourir
Écrire tendresse ou plaisir
Écrire pour tenter de dire
Dire tout ce que j'ai compris
Dire l'amour et le mépris
Écrire me sauver de l'oubli
Écrire pour tout raconter
Écrire au lieu de regretter
Écrire et ne rien oublier
Et même inventer quelques rêves
De ceux qui empêchent qu'on crève
Quand l'écriture un jour s'achève
Qu'on m'écoute en passant d'une oreille distraite,
Ou qu'on ait l'impression de trop me ressembler
Je voudrais que ces mots qui me sont une fête
On n' se dépêche pas d'aller les oublier
Que vous soyez critique ou plein de bienveillance
Je ne recherche pas toujours ce qui vous plaît
Quand je soigne mes mots c'est à moi que je pense
Je veux me regarder sans honte et sans regrets
Sans honte et sans regrets
Écrire pour ne pas mourir
Écrire grimace et sourire
Écrire et ne pas me dédire
Écrire ce que je n'ai su faire
Dire pour ne pas me défaire
Écrire habiller ma colère
Écrire pour être égoïste
Écrire ce qui me résiste
Écrire et ne pas vivre triste
Et me dissoudre dans les mots
Qu'ils soient ma joie et mon repos
Écrire et pas me foutre à l'eau
Et me dissoudre dans les mots
Qu'ils soient ma joie et mon repos
Écrire et pas me foutre à l'eau
Écrire pour ne pas mourir
Pour ne pas mourir.
à Clermont-Ferrand
Quartier Saint-Jacques. Clermont-Ferrand
(il y a longtemps maintenant)
"La rivière aux souvenirs coule rarement de source. À tout instant, ses eaux que l’on croyait mortes peuvent
dévaler le lit de nos pensées."
Eric Robert, Denise Weber,
Deux souvenirs à ranger au rayon des premières.
Pour lui, une histoire d’intrépides aventuriers de quartier.
Pour elle, de jolis songes et un prénom sur la porcelaine gravé.
Mais les premiers cités ne me feront pas oublier l’acidité des pommes sauvages du champ d'à côté,
Pas plus que les cages d’escaliers dévalées à grandes enjambées,
Pas plus que les courses folles pour toujours éperdues,
Pas plus que la mort aux trousses parfois entrevue juste au coin de la rue.
J’avais dix ans et un drôle d’accent.
J’avais l’école buissonnière d'un enfant debout contre vents et marées.
J'avais de sombres histoires de cimetière qui me valaient la trique sur le derrière.
Je me souviens surtout d’un temps de découvertes,
D’un temps où l’esprit s’enhardit,
Temps béni pour un explorateur sans limites.
Je me souviens encore d’une vie tendue vers l’infini.
Je me souviens enfin, pour rire et pour finir,
De nos jeux d’escalades improbables au pied
De la muraille de Chine.
Eric Tchijakoff
Clermont-Ferrand, France
Je tenais à partager ce poème à un moment où la mairie de Clermont a
décidé de détruire cet ensemble de logements sociaux, certes un peu
vieillots (1961), quitte à reloger 900 personnes dont un grand nombre
habitent là depuis longtemps et avaient noué des liens de voisinage.
Près de la Sédelle qui chante
Suivant un rythme régulier
J'écoute, en sa besogne ardente
Du moulin les bruits familiers.
Homme et cheval plein de courage
S'en vont sur d'arides chemins
Pour charger dans chaque village
Le lourd chariot de bons grains.
Le Meunier fera la farine
Avec le blé des paysans
Pour que cuise en l'humble chaumine
Le pain doré tout croustillant.
Ainsi chaque jour, sans relâche
Suivant un rythme régulier
S'accomplit une noble tâche
Dans l'amour de ce beau métier.
Mais comme tout change en ce monde,
Le vieux moulin devra mourir,
Et sa tendre musique, à la ronde,
Ne sera plus qu'un souvenir.
Maurice Pasty
À pas menus, menus,
Le bel automne est revenu
Dans le brouillard, sans qu'on s'en doute,
Il est venu par la grand'route
Habillé d'or et de carmin.
Et tout le long de son chemin,
Le vent bondit, les pommes roulent,
Il pleut des noix, les feuilles croulent.
Ne l'avez-vous pas reconnu ?
Le bel automne est revenu.
L’automne
De boue le chemin est devenu.
Les arbres encore vivement vêtus.
La pluie récente parfume l’air.
Un million de feuilles se couchent par terre.
A la descente de la brume,
le bois secret s’allume.
L’enchantement est divin,
le temps n’a plus de fin.
Errer dans le bois,
voler du passé,
ramasser du thym
gentiment faire du thé.
Rarement le silence reste
dans ce ruisseau fascinant.
Caresser tout le savoir
dans les bras de maintenant.
L’automne grelotte
Voici l’automne
Vole, vole, petite feuille
Saute, saute, l’écureuil
Cachez-vous les hérissons !
Où êtes-vous les champignons ?
Les grands arbres nus grelottent
Ils tremblent de toutes leurs quenottes
Pom, pom, pom
Tombent les pommes
Pomme, pomme, pomme
Voici l’automne
Si tu peux commencer ta journée sans caféine,
Si tu peux la terminer sans sédatif pour dormir,
Si tu peux être de bonne humeur, sachant ignorer tes maux et tes douleurs,
Si tu peux ne jamais te plaindre et ennuyer les autres avec tes problèmes,
Si tu peux comprendre quand ceux qui t'aiment sont trop occupés
pour te donner de leur temps,
Si tu peux accepter qu'on te blâme pour une faute non commise,
Si tu peux croire qu'on prendra soin de toi jusqu'à la fin de ta vie,
Si tu peux accepter toutes les critiques sans jamais te rebiffer,
Si tu peux endurer la grossièreté de certaines gens sans jamais les corriger,
Si tu peux faire face à la vie sans jamais mentir ou décevoir,
Si tu peux te détendre sans jamais prendre une goutte d'alcool,
Si tu peux dire très honnêtement, du plus profond de ton cœur, que tu n'as aucun préjugés
contre les gens âgés, les différentes races, les religions ou les identités sexuelles,
Si tu peux manger la même nourriture à chaque jour et en être heureux,
Si tu peux aimer sans condition sans rien attendre en retour...
Hé bien, mon ami(e), tu es PRESQUE aussi parfait(e) que ton CHIEN.
source : le net
LA DOULEUR D'UNE BARBE FLEURIE
Sous les yeux conquis, les portraits, radieux, sont présents,
L'album de famille fait resurgir le passé,
En d'émouvants instantanés,
En mon coeur, une très grand joie,
Un rayon de soleil, dans ce matin glacé,
Où des symboles de vie, aux parcours différents,
M'ont fixé, de la nuit des temps,
Au matin clair, porteur d'histoire d'amour, en fontaine,
Se déversant, en clichés, de poses sucrées.
Ah ! Ce beau minois, il a su,
Me conduire, à l'espoir,
Tout comme le mystère de son écho,
On peut voir, sa transparence, au creu des larmes,
En évoquant, tant de souvenirs de laine,
Au miroir qui ne se reflète plus,
Telle une pensée qui s'envole,
Oubliant, d'emporter sa boussole.
Ah ! Qu'il était beau, ce tableau !
Naît, d'un flash de sanglots,
Et d'une lumière qui avorte,
Tant de jolies feuilles mortes,
Tristes, en mon âme, au clair de lune,
Des maux du coeur, des sourires aux dents,
De la vie et de ses tourments,
Où s'en vont les regards grimaces,
Soupirs, d'un violon qui trépassent,
Sans note, juste un bruit sourd,
Pour bercer l'abandon de sa mélodie.
Ce soir, je suis triste, à mon tour,
Cet album, au clair de lune,
Qui divulgue, l'existence, d'un savoir,
Ouvrant, la passerelle, sur un monde de magie,
Où la douleur, s'est colorée, d'une barbe fleurie.
Copyright @ Onoma Gaia
Vigne vierge d'automne
Vous laissez tomber vos mains rouges,
Vigne vierge, vous les laissez tomber
Comme si tout le sang du monde était sur elles.
A leur frisson, toute la balustrade bouge,
Tout le mur saigne,
Ô vigne vierge... Tout le ciel est imbibé
D'une même lumière rouge.
C'est comme un tremblement d'ailes rouges qui tombent,
D'ailes d'oiseaux des îles, d'ailes
Qui saignent. C'est la fin d'un règne
Ou quelque chose de plus simple infiniment.
Ce sont les pieds palmés de hauts flamants
Ou de fragiles pattes de colombes
Qui marchent dans l'allée.
(Où vont-elles, si rouges ?)
Leurs traces étoilées
Rejoignent l'autre vigne, où l'on vendange.
Si rouge,
Est-ce déjà le sang des cuves pleines ?
Ah ! simplement la fête des vendanges,
Simplement n'est-ce pas ?
Et pourtant, que vos mains sont tremblantes ! Leurs veines
Se rompent une à une... Tant de sang...
Et cette odeur si fade, étrange.
Ces mains qui tombent d'un air las,
Ô vigne vierge, d'un air las et comme absent,
Ces mains abandonnées...
(Lady Macbeth n'eut-elle pas ce geste
Après avoir frotté la tache si longtemps ?)
Mains qui se crispent, mains qui restent
En lambeaux rouges sur octobre palpitant ;
Dites, oh ! dites chaque année
Êtes-vous les mains meurtrières de l'Automne ?
Ou chaque année,
Sans rien qui s'en émeuve ni personne,
Des mains assassinées
Qui flottent au fil rouge de l'automne ?
Sabine Sicoud