Un jour tu comprendras,lorsque ton âme sœur Viendra sur ton chemin et te prendra la main, Alors oui tu sauras ce qu’est le vrai bonheur Et tu souhaiteras qu’il n’ait jamais de fin, La vie s’écoulera dans une grande tendresse, Vous aurez des enfants,des projets plein la tête, Ton cœur sera rempli de joie et d’allégresse Et tes jours et tes nuits seront comme une fête. Un jour tu comprendras ,quand tu l’auras perdu, La douleur infinie et la détresse immense, Tu ne sera pas prêt devant cet imprévu Et pour toi cette vie n’aura plus aucun sens. Un jour tu te diras que malgré tes blessures Il te faut avancer avec force et courage Et tu prendras la route,tu mettras ton armure, Tu apprendras l’amour en sortant de ta cage. Les autres aussi un jour,ceux qui se moquent de toi, Ceux qui ne savent pas quel est le goût des pleurs, Lorsque la mort viendra se glisser sous leur toit, Ceux là aussi sauront la saveur du malheur.
L'amour de la Patrie est le premier amour Et le dernier amour après l'amour de Dieu. C'est un feu qui s'allume alors que luit le jour Où notre regard luit comme un céleste feu ; C'est le jour baptismal aux paupières divines De l'enfant, la rumeur de l'aurore aux oreilles Frais écloses, c'est l'air emplissant les poitrines En fleur, l'air printanier rempli d'odeurs vermeilles. L'enfant grandit, il sent la terre sous ses pas Qui le porte, le berce, et, bonne, le nourrit, Et douce, désaltère encore ses repas D'une liqueur, délice et gloire de l'esprit. Puis l'enfant se fait homme ou devient jeune fille Et cependant que croît sa chair pleine de grâce, Son âme se répand par-delà la famille Et cherche une âme soeur, une chair qu'il enlace ; Et quand il a trouvé cette âme et cette chair, Il naît d'autres enfants encore, fleurs de fleurs Qui germeront aussi le jardin jeune et cher Des générations d'ici, non pas d'ailleurs. L'homme et la femme ayant l'un et l'autre leur tâche S'en vont un peu chacun de son coté. La femme, Gardienne du foyer tout le jour sans relâche, La nuit garde l'honneur comme une chaste femme ; L'homme vaque aux durs soins du dehors ; les travaux, La parole à porter - sûr ce qu'il vaut - Sévère et probe et douce, et rude aux discours faux, Et la nuit le ramène entre les bras qu'il faut. Tout deux, si pacifique est leur course terrestre, Mourront bénis de fils et vieux dans la patrie ; Mais que le noir démon, la guerre, essore l'oestre, Que l'air natal s'empourpre aux fleurs de tuerie, Que l'étranger mette son pied sur le vieux sol Nourricier, - imitant les peuples de tous bords. Saragosse, Moscou, le Russe, l'Espagnol, La France de quatre-vingt-treize, l'homme alors, Magnifié soudain, à son oeuvre se hausse, Et tragique, et classique, et très fort, et très calme, Lutte pour sa maison ou combat pour sa fosse, Meurt en pensant aux siens ou leur conquiert la palme S'il survit il reprend le train de tous les jours, Élève ses enfants dans la crainte de Dieu Des ancêtres, et va refleurir ses amours Aux flancs de l'épousée éprise du fier jeu. L'âge mûr est celui des sévères pensées, Des espoirs soucieux, des amitiés jalouses, C'est l'heure aussi des justes haines amassées, Et quand sur la place publique, habits et blouses, Les citoyens discords dans d'honnêtes combats (Et combien douloureux à leur fraternité !) S'arrachent les devoirs et les droits, et non pas Pour le lucre, mais pour une stricte équité, Il prend parti, pleurant de tuer, mais terrible Et tuant sans merci comme en d'autres batailles, Le sang autour de lui giclant comme d'un crible, Une atroce fureur, pourtant sainte, aux entrailles. Tué, son nom, célèbre ou non, reste honoré. Proscrit ou non, il meurt heureux, dans tous les cas D'avoir voué sa vie et tout au lieu sacré Qui le fit homme et tout, de joyeux petit gars.
Pendant la saison des couleurs un aigle se percha sur une branche tout près d’un mélèze et lui dit : « Bonjour grand mélèze, je te demande asile pour la saison des grands froids qui sera bientôt là.»
Le mélèze grand et majestueux lui répondit : « Jamais je ne t’abriterais, tu perdras des plumes qui me saliront et ton nid déguisera ma belle prestance.» Il faut dire que le mélèze est très fier, il se tient droit comme une flèche et pointe sa tête très haut vers le ciel, ses aiguilles sont plus douces que celles des sapins et des pins, mais aucun oiseau n’est toléré sur ses branches.
Et la saison des couleurs tire à sa fin, les arbres perdent leurs belles couleurs, ce seras bientôt la saison des grands froids, et l’aigle réitère sa demandeà plusieurs reprises, et toujours le mélèze réponds : «Jamais, je suis bien trop majestueux pour t’abriter. Vas donc demander aux sapins et auxpins. »
Puis par un matin beaucoup plus froid, après avoir encore demandé asile au mélèze, voilà que l’aigle se transforme sous les yeux ébahis du mélèze. « C’est moi le Grand Esprit, moi qui ai donné vie à toute la forêt, à toute vie. Le peuple des oiseaux m’a raconté comme ton cœur est dur et ton orgueil trop grand. Je me suis donc transformé en aigle pour venir t’éprouver. Les oiseaux avaient bien raison à ton sujet.»
Le Grand Esprit irrité par la conduite du mélèze lui dit : « Dorénavant, à chaque saison des couleurs, tes aiguilles qui t’habille d’un beau vert, deviendront jaunâtres. Finalement tes aiguilles tomberont, tu seras dénudé pendant toute la saison des grands froids, tandis que les sapins et les pins qui abritent les oiseaux, eux, garderont leurs belles couleurs vertes.»
Ce commentaire a été modifié le 13/07/2020 à 14:17
Tout doucement, le jour s'en est allé, La nuit, scintillante d'étoiles, l'a remplaçé ! Assis près de la cheminée, Où crépite les bûches aux odeurs boisées,
Le vieil homme, au visage buriné... somnole !
A la douceur des veillées d'antan, il songe... La pendule, égrène, son tic-tac monotone Il sursaute, et pense au temps qui passe. Sur la table, trône l'unique chandelier, Une douce chaleur envahit la salle à manger !
Le vieil homme, rêveur... s'est endormi !
Ce commentaire a été modifié le 12/07/2020 à 14:47
A travers les peupliers Qui poussent sur ses rives, La rivière déploie, nonchalante, Sa surface étincelante. L'ombre des nuages Est sur les pâturages, Dans le ciel, un grand oiseau Tournoie, très haut ! Au loin, sur la colline, Les ondulations du paysage Au seuil de la nuit Changent de reflets. A la lisière de la forêt, Une biche fait regagner Doucement, à son petit Le couvert des arbres.
Les prés ont une odeur d'herbe verte et mouillée, Un frais soleil pénètre en l'épaisseur des bois, Toute chose étincelle, et la jeune feuillée Et les nids palpitants s'éveillent à la fois. Les cours d'eau diligents aux pentes des collines Ruissellent, clairs et gais, sur la mousse et le thym ; Ils chantent au milieu des buissons d'aubépines Avec le vent rieur et l'oiseau du matin. Les gazons sont tout pleins de voix harmonieuses, L'aube fait un tapis de perles aux sentiers, Et l'abeille, quittant les prochaines yeuses, Suspend son aile d'or aux pâles églantiers. Sous les saules ployants la vache lente et belle Paît dans l'herbe abondante au bord des tièdes eaux ; La joug n'a point encor courbé son cou rebelle, Une rose vapeur emplit ses blonds naseaux. Et par delà le fleuve aux deux rives fleuries Qui vers l'horizon bleu coule à travers les prés, Le taureau mugissant, roi fougueux des prairies, Hume l'air qui l'enivre, et bat ses flancs pourprés. La Terre rit, confuse, à la vierge pareille Qui d'un premier baiser frémit languissamment, Et son oeil est humide et sa joue est vermeille, Et son âme a senti les lèvres de l'amant. O rougeur, volupté de la Terre ravie ! Frissonnements des bois, souffles mystérieux ! Parfumez bien le coeur qui va goûter la vie, Trempez-le dans la paix et la fraîcheur des cieux ! Assez tôt, tout baignés de larmes printanières, Par essaims éperdus ses songes envolés Iront brûler leur aile aux ardentes lumières Des étés sans ombrage et des désirs troublés. Alors inclinez-lui vos coupes de rosée, O fleurs de son Printemps, Aube de ses beaux jours ! Et verse un flot de pourpre en son âme épuisée, Soleil, divin Soleil de ses jeunes amours !
La Nature est un temple où de vivants piliers Laissent parfois sortir de confuses paroles ; L’homme y passe à travers des forêts de symboles Qui l’observent avec des regards familiers.
Comme de longs échos qui de loin se confondent Dans une ténébreuse et profonde unité, Vaste comme la nuit et comme la clarté, Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.
II est des parfums frais comme des chairs d’enfants, Doux comme les hautbois, verts comme les prairies, Et d’autres, corrompus, riches et triomphants,
Ayant l’expansion des choses infinies, Comme l’ambre, le musc, le benjoin et l’encens, Qui chantent les transports de l’esprit et des sens.
Une très vieille légende nous venant du moyen-âge… Arrivé à la fin de ses jours Adam charge son fils Seth d’aller au « Jardin de délices », afin de rapporter une huile miraculeuse qui guérit de tout. Seth refait alors en sens inverse le chemin parcouru par Adam et Ève depuis le Paradis. Au seuil du Jardin, Seth rencontre l’Archange Michel. Comme Seth a le cœur pur, Saint Michel le convie à regarder trois fois le Paradis. Il y contemple un arbre magnifique, dont la cime atteint le ciel et les racines descendent jusqu’aux Enfers. Au milieu des branches, un enfant merveilleux rayonnant comme le soleil, sept colombes volent autour de lui. L’ange lui dit que cet enfant est le futur rédempteur.
Saint Michel remet alors trois graines nées des fruits de l’Arbre du Paradis, et le charge de les placer sous la langue de son père, qui mourra trois jours plus tard. Après qu’on eut enseveli Adam dans la vallée de l’Hebron, trois arbres naquirent deson corps, représentant la Trinité. Un Cèdre (le Père), un Cyprès (le Fils), un pin (Saint Esprit). Par la suite, les trois arbres s’entrelacèrent pour ne former plus qu’un, non seulement image de la Trinité, mais grâce à l’action rédemptrice du Fils, l’Arbre du Paradis lui-même, reconstitué sous la forme du Cèdre du Liban.
Ce commentaire a été modifié le 06/07/2020 à 13:31
Venu en sautillant dans l'arbre du jardin En ce jour illuminé par l'astre divin, Ne craignant ni le chien ni le chat du voisin, Dans les branches feuillues et fleuries, Rien n'effraie cet adorable et charmant Écureuil qui, de son air coquin, s'est fait l'hôte Du grand chêne, qui l'abrite et l'accueille Insouciant, de me voir l'observer...du coin de l’œil ! Michelle
Un jour tu comprendras,lorsque ton âme sœur
Viendra sur ton chemin et te prendra la main,
Alors oui tu sauras ce qu’est le vrai bonheur
Et tu souhaiteras qu’il n’ait jamais de fin,
La vie s’écoulera dans une grande tendresse,
Vous aurez des enfants,des projets plein la tête,
Ton cœur sera rempli de joie et d’allégresse
Et tes jours et tes nuits seront comme une fête.
Un jour tu comprendras ,quand tu l’auras perdu,
La douleur infinie et la détresse immense,
Tu ne sera pas prêt devant cet imprévu
Et pour toi cette vie n’aura plus aucun sens.
Un jour tu te diras que malgré tes blessures
Il te faut avancer avec force et courage
Et tu prendras la route,tu mettras ton armure,
Tu apprendras l’amour en sortant de ta cage.
Les autres aussi un jour,ceux qui se moquent de toi,
Ceux qui ne savent pas quel est le goût des pleurs,
Lorsque la mort viendra se glisser sous leur toit,
Ceux là aussi sauront la saveur du malheur.
Alfred de Musset
L'amour de la patrie
L'amour de la Patrie est le premier amour
Et le dernier amour après l'amour de Dieu.
C'est un feu qui s'allume alors que luit le jour
Où notre regard luit comme un céleste feu ;
C'est le jour baptismal aux paupières divines
De l'enfant, la rumeur de l'aurore aux oreilles
Frais écloses, c'est l'air emplissant les poitrines
En fleur, l'air printanier rempli d'odeurs vermeilles.
L'enfant grandit, il sent la terre sous ses pas
Qui le porte, le berce, et, bonne, le nourrit,
Et douce, désaltère encore ses repas
D'une liqueur, délice et gloire de l'esprit.
Puis l'enfant se fait homme ou devient jeune fille
Et cependant que croît sa chair pleine de grâce,
Son âme se répand par-delà la famille
Et cherche une âme soeur, une chair qu'il enlace ;
Et quand il a trouvé cette âme et cette chair,
Il naît d'autres enfants encore, fleurs de fleurs
Qui germeront aussi le jardin jeune et cher
Des générations d'ici, non pas d'ailleurs.
L'homme et la femme ayant l'un et l'autre leur tâche
S'en vont un peu chacun de son coté. La femme,
Gardienne du foyer tout le jour sans relâche,
La nuit garde l'honneur comme une chaste femme ;
L'homme vaque aux durs soins du dehors ; les travaux,
La parole à porter - sûr ce qu'il vaut -
Sévère et probe et douce, et rude aux discours faux,
Et la nuit le ramène entre les bras qu'il faut.
Tout deux, si pacifique est leur course terrestre,
Mourront bénis de fils et vieux dans la patrie ;
Mais que le noir démon, la guerre, essore l'oestre,
Que l'air natal s'empourpre aux fleurs de tuerie,
Que l'étranger mette son pied sur le vieux sol
Nourricier, - imitant les peuples de tous bords.
Saragosse, Moscou, le Russe, l'Espagnol,
La France de quatre-vingt-treize, l'homme alors,
Magnifié soudain, à son oeuvre se hausse,
Et tragique, et classique, et très fort, et très calme,
Lutte pour sa maison ou combat pour sa fosse,
Meurt en pensant aux siens ou leur conquiert la palme
S'il survit il reprend le train de tous les jours,
Élève ses enfants dans la crainte de Dieu
Des ancêtres, et va refleurir ses amours
Aux flancs de l'épousée éprise du fier jeu.
L'âge mûr est celui des sévères pensées,
Des espoirs soucieux, des amitiés jalouses,
C'est l'heure aussi des justes haines amassées,
Et quand sur la place publique, habits et blouses,
Les citoyens discords dans d'honnêtes combats
(Et combien douloureux à leur fraternité !)
S'arrachent les devoirs et les droits, et non pas
Pour le lucre, mais pour une stricte équité,
Il prend parti, pleurant de tuer, mais terrible
Et tuant sans merci comme en d'autres batailles,
Le sang autour de lui giclant comme d'un crible,
Une atroce fureur, pourtant sainte, aux entrailles.
Tué, son nom, célèbre ou non, reste honoré.
Proscrit ou non, il meurt heureux, dans tous les cas
D'avoir voué sa vie et tout au lieu sacré
Qui le fit homme et tout, de joyeux petit gars.
Paul Verlaine.
Pendant la saison des couleurs un aigle se percha sur une branche tout près d’un mélèze et lui dit : « Bonjour grand mélèze, je te demande asile pour la saison des grands froids qui sera bientôt là.»
Le mélèze grand et majestueux lui répondit : « Jamais je ne t’abriterais, tu perdras des plumes qui me saliront et ton nid déguisera ma belle prestance.»
Il faut dire que le mélèze est très fier, il se tient droit comme une flèche et pointe sa tête très haut vers le ciel, ses aiguilles sont plus douces que celles des sapins et des pins, mais aucun oiseau n’est toléré sur ses branches.
Et la saison des couleurs tire à sa fin, les arbres perdent leurs belles couleurs, ce seras bientôt la saison des grands froids, et l’aigle réitère sa demandeà plusieurs reprises, et toujours le mélèze réponds : «Jamais, je suis bien trop majestueux pour t’abriter. Vas donc demander aux sapins et auxpins. »
Puis par un matin beaucoup plus froid, après avoir encore demandé asile au mélèze, voilà que l’aigle se transforme sous les yeux ébahis du mélèze.
« C’est moi le Grand Esprit, moi qui ai donné vie à toute la forêt, à toute vie. Le peuple des oiseaux m’a raconté comme ton cœur est dur et ton orgueil trop grand. Je me suis donc transformé en aigle pour venir t’éprouver. Les oiseaux avaient bien raison à ton sujet.»
Le Grand Esprit irrité par la conduite du mélèze lui dit : « Dorénavant, à chaque saison des couleurs, tes aiguilles qui t’habille d’un beau vert, deviendront jaunâtres. Finalement tes aiguilles tomberont, tu seras dénudé pendant toute la saison des grands froids, tandis que les sapins et les pins qui abritent les oiseaux, eux, garderont leurs belles couleurs vertes.»
Tout doucement, le jour s'en est allé,
La nuit, scintillante d'étoiles, l'a remplaçé !
Assis près de la cheminée,
Où crépite les bûches aux odeurs boisées,
Le vieil homme, au visage buriné... somnole !
A la douceur des veillées d'antan, il songe...
La pendule, égrène, son tic-tac monotone
Il sursaute, et pense au temps qui passe.
Sur la table, trône l'unique chandelier,
Une douce chaleur envahit la salle à manger !
Le vieil homme, rêveur... s'est endormi !
A travers les peupliers
Qui poussent sur ses rives,
La rivière déploie, nonchalante,
Sa surface étincelante.
L'ombre des nuages
Est sur les pâturages,
Dans le ciel, un grand oiseau
Tournoie, très haut !
Au loin, sur la colline,
Les ondulations du paysage
Au seuil de la nuit
Changent de reflets.
A la lisière de la forêt,
Une biche fait regagner
Doucement, à son petit
Le couvert des arbres.
Michelle
Juin
Les prés ont une odeur d'herbe verte et mouillée,
Un frais soleil pénètre en l'épaisseur des bois,
Toute chose étincelle, et la jeune feuillée
Et les nids palpitants s'éveillent à la fois.
Les cours d'eau diligents aux pentes des collines
Ruissellent, clairs et gais, sur la mousse et le thym ;
Ils chantent au milieu des buissons d'aubépines
Avec le vent rieur et l'oiseau du matin.
Les gazons sont tout pleins de voix harmonieuses,
L'aube fait un tapis de perles aux sentiers,
Et l'abeille, quittant les prochaines yeuses,
Suspend son aile d'or aux pâles églantiers.
Sous les saules ployants la vache lente et belle
Paît dans l'herbe abondante au bord des tièdes eaux ;
La joug n'a point encor courbé son cou rebelle,
Une rose vapeur emplit ses blonds naseaux.
Et par delà le fleuve aux deux rives fleuries
Qui vers l'horizon bleu coule à travers les prés,
Le taureau mugissant, roi fougueux des prairies,
Hume l'air qui l'enivre, et bat ses flancs pourprés.
La Terre rit, confuse, à la vierge pareille
Qui d'un premier baiser frémit languissamment,
Et son oeil est humide et sa joue est vermeille,
Et son âme a senti les lèvres de l'amant.
O rougeur, volupté de la Terre ravie !
Frissonnements des bois, souffles mystérieux !
Parfumez bien le coeur qui va goûter la vie,
Trempez-le dans la paix et la fraîcheur des cieux !
Assez tôt, tout baignés de larmes printanières,
Par essaims éperdus ses songes envolés
Iront brûler leur aile aux ardentes lumières
Des étés sans ombrage et des désirs troublés.
Alors inclinez-lui vos coupes de rosée,
O fleurs de son Printemps, Aube de ses beaux jours !
Et verse un flot de pourpre en son âme épuisée,
Soleil, divin Soleil de ses jeunes amours !
Leconte de Lisle
La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
L’homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l’observent avec des regards familiers.
Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.
II est des parfums frais comme des chairs d’enfants,
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
Et d’autres, corrompus, riches et triomphants,
Ayant l’expansion des choses infinies,
Comme l’ambre, le musc, le benjoin et l’encens,
Qui chantent les transports de l’esprit et des sens.
Charles Baudelaire (1821 - 1867)
Une très vieille légende nous venant du moyen-âge…
Arrivé à la fin de ses jours Adam charge son fils Seth d’aller au « Jardin de délices », afin de rapporter une huile miraculeuse qui guérit de tout. Seth refait alors en sens inverse le chemin parcouru par Adam et Ève depuis le Paradis. Au seuil du Jardin, Seth rencontre l’Archange Michel. Comme Seth a le cœur pur, Saint Michel le convie à regarder trois fois le Paradis.
Il y contemple un arbre magnifique, dont la cime atteint le ciel et les racines descendent jusqu’aux Enfers. Au milieu des branches, un enfant merveilleux rayonnant comme le soleil, sept colombes volent autour de lui. L’ange lui dit que cet enfant est le futur rédempteur.
Saint Michel remet alors trois graines nées des fruits de l’Arbre du Paradis, et le charge de les placer sous la langue de son père, qui mourra trois jours plus tard.
Après qu’on eut enseveli Adam dans la vallée de l’Hebron, trois arbres naquirent deson corps, représentant la Trinité. Un Cèdre (le Père), un Cyprès (le Fils), un pin (Saint Esprit). Par la suite, les trois arbres s’entrelacèrent pour ne former plus qu’un, non seulement image de la Trinité, mais grâce à l’action rédemptrice du Fils, l’Arbre du Paradis lui-même, reconstitué sous la forme du Cèdre du Liban.
Venu en sautillant dans l'arbre du jardin
En ce jour illuminé par l'astre divin,
Ne craignant ni le chien ni le chat du voisin,
Dans les branches feuillues et fleuries,
Rien n'effraie cet adorable et charmant
Écureuil qui, de son air coquin, s'est fait l'hôte
Du grand chêne, qui l'abrite et l'accueille
Insouciant, de me voir l'observer...du coin de l’œil !
Michelle
Je suis cette fleur importune
dont on souffle les pappus au loin
après la chute des pétales
Dites-moi
comment se nomme
le bout de la fin
de l’infini ?
Je marche
au creux des ravines tortueuses
où elle m’emmènent
je ne sais
J’ai crainte de m’y perdre
et je ne sais pas
qui attend au bout du chemin
(Malices)
01/06/2020