Être dans la nature ainsi qu'un arbre humain, Étendre ses désirs comme un profond feuillage, Et sentir, par la nuit paisible et par l'orage, La sève universelle affluer dans ses mains !
Vivre, avoir les rayons du soleil sur la face, Boire le sel ardent des embruns et des pleurs, Et goûter chaudement la joie et la douleur Qui font une buée humaine dans l'espace !
Sentir, dans son cœur vif, l'air, le feu et le sang Tourbillonner ainsi que le vent sur la terre. - S'élever au réel et pencher au mystère, Être le jour qui monte et l'ombre qui descend.
Comme du pourpre soir aux couleurs de cerise, Laisser du coeur vermeil couler la flamme et l'eau, Et comme l'aube claire appuyée au coteau Avoir l'âme qui rêve, au bord du monde assise...
Il y a bien longtemps, à l’époque où les arbres vivaient en paix, il y avait, plantés là dans un pré au bord d’un lac, une majestueuse dame saule, flanquée de son petit… Dame saule élevait ses longues, fines et belles branches jusqu’aux nuages, tout en élégance et en grâce saulaire… Et notre petit rejeton, fasciné par cela, apprenait en bien s’appliquant, à relever ses petite branches courtes et raides, et sa maman lui disait que c’était au prix de ces efforts là qu’un jour, tout comme elle, il s’élancerait, majestueux, vers les nuages… Et il poussait, il poussait le titon, chaque jour, et elle était fière de lui… Mais vint le temps où les hommes arrivèrent. Vint le temps où il était dit que les arbres ne vivraient plus en paix. Et un jour, petit saule se retrouva tout seul. L’homme avait déraciné Dame saule, pour l’emporter on ne sait où, décorer on ne sait quel stupide parc ou quel jardin idiot… Pendant quelques temps encore, notre petit saule étira ses branchettes, mais le cœur n’y était plus. Et un soir, tellement fatigué, tellement triste, tellement seul, il laissaune fois pour toutes retomber ses fines branches par dessus son malheur, afin de cacher des larmes qui n’arrêtaient plus de couler… Regardez le, il est toujours là, dans un pré au bord d’un lac,avec ses longues branches qui traînent au sol, le saule, seul…
Je prenais la main de ma mère Pour la serrer dans les deux miennes Comme l’on prend une lumière Pour s’éclairer quand les nuits viennent . Ses ongles étaient tant usés, Sa peau quelquefois sombre et rêche. Pourtant, je la tenais serrée Comme on le fait sur une prêche. Ma mère était toujours surprise De me voir prendre ainsi sa main. Elle me regardait, pensive Me demandant si j’avais faim. Et, n’osant lui dire à quel point Je l’aimais, je la laissais Retirer doucement sa main Pour me verser un bol de lait.
Maurice Carême.
Ce commentaire a été modifié le 07/06/2020 à 14:19
Au sentiment, à la tendresse Le chien joint la fidélité. Le chat plaît par sa gentillesse. Les grâces et l'agilité ; En ses yeux brille un caractère Tout à la fois plaisant et fin: Dans l'art d'amuser le parterre Il fut le maître de Carlin.
Contre des animaux paisibles Le chien en plaine prend l'essor. Contre des animaux nuisibles Le chat nous sert bien mieux encor. Quel prix n'auraient point ses services Si, de ces êtres pleins d'appas, Adorés, malgré leurs caprices, Il pouvait prendre tous les rats.
Mais chat joli, femme jolie, Toujours entre eux vivront en paix ; Ruse, détour, plaisir, folie, Pour tous deux ont mêmes attraits. Voyez-vous comment la coquette En use avec ses favoris ? Elle les joue, elle les traite Comme le chat fait la souris.
Le chat est friand ; et les belles Partagent ce charmant défaut: Il est amoureux; et près d'elles L'est-on jamais plus qu'il ne faut? D'amour le chat est leur modèle ; Aussi, quand l'amant délicat En obtient le prix de son zèle, C'est toujours : Mon cœur ou mon chat.
Ce mot-là, dis-le-moi sans cesse, Eglé ! mais ne le dis qu'à moi. Qu'il rend bien cette douce ivresse Que je ne sens qu'auprès de toi ! De Minette offre-moi les charmes ; Mais point de ses malins retours : Pour mes rivaux garde ses armes ; Fais pour moi patte de velours.
Jolie poupée aux boucles d'or, Aux yeux couleur de l'océan Douce amie de mes jours gris A qui, j'ai confié mes souffrances Et mes plus grandes joies aussi !
Quand vint pour moi l'adolescence, Bien sûr, j'avais bien grandi, J'avais besoin de ta présence, Pour quelquefois combler l'ennui !
Triste fût le jour où tu es partie Et bien souvent à toi je pense, Tu me rappelles, avec nostalgie Les jours heureux de mon enfance !
Être dans la nature ainsi qu'un arbre humain,
Étendre ses désirs comme un profond feuillage,
Et sentir, par la nuit paisible et par l'orage,
La sève universelle affluer dans ses mains !
Vivre, avoir les rayons du soleil sur la face,
Boire le sel ardent des embruns et des pleurs,
Et goûter chaudement la joie et la douleur
Qui font une buée humaine dans l'espace !
Sentir, dans son cœur vif, l'air, le feu et le sang
Tourbillonner ainsi que le vent sur la terre.
- S'élever au réel et pencher au mystère,
Être le jour qui monte et l'ombre qui descend.
Comme du pourpre soir aux couleurs de cerise,
Laisser du coeur vermeil couler la flamme et l'eau,
Et comme l'aube claire appuyée au coteau
Avoir l'âme qui rêve, au bord du monde assise...
Anna de Noailles.
On l’appelle Saule Pleureur, et voici sa légende…
Il y a bien longtemps, à l’époque où les arbres vivaient en paix, il y avait, plantés là dans un pré au bord d’un lac, une majestueuse dame saule, flanquée de son petit… Dame saule élevait ses longues, fines et belles branches jusqu’aux nuages, tout en élégance et en grâce saulaire… Et notre petit rejeton, fasciné par cela, apprenait en bien s’appliquant, à relever ses petite branches courtes et raides, et sa maman lui disait que c’était au prix de ces efforts là qu’un jour, tout comme elle, il s’élancerait, majestueux, vers les nuages…
Et il poussait, il poussait le titon, chaque jour, et elle était fière de lui…
Mais vint le temps où les hommes arrivèrent. Vint le temps où il était dit que les arbres ne vivraient plus en paix. Et un jour, petit saule se retrouva tout seul. L’homme avait déraciné Dame saule, pour l’emporter on ne sait où, décorer on ne sait quel stupide parc ou quel jardin idiot… Pendant quelques temps encore, notre petit saule étira ses branchettes, mais le cœur n’y était plus. Et un soir, tellement fatigué, tellement triste, tellement seul, il laissaune fois pour toutes retomber ses fines branches par dessus son malheur, afin de cacher des larmes qui n’arrêtaient plus de couler… Regardez le, il est toujours là, dans un pré au bord d’un lac,avec ses longues branches qui traînent au sol, le saule, seul…
Je prenais la main de ma mère
Pour la serrer dans les deux miennes
Comme l’on prend une lumière
Pour s’éclairer quand les nuits viennent .
Ses ongles étaient tant usés,
Sa peau quelquefois sombre et rêche.
Pourtant, je la tenais serrée
Comme on le fait sur une prêche.
Ma mère était toujours surprise
De me voir prendre ainsi sa main.
Elle me regardait, pensive
Me demandant si j’avais faim.
Et, n’osant lui dire à quel point
Je l’aimais, je la laissais
Retirer doucement sa main
Pour me verser un bol de lait.
Maurice Carême.
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Au sentiment, à la tendresse
Le chien joint la fidélité.
Le chat plaît par sa gentillesse.
Les grâces et l'agilité ;
En ses yeux brille un caractère
Tout à la fois plaisant et fin:
Dans l'art d'amuser le parterre
Il fut le maître de Carlin.
Contre des animaux paisibles
Le chien en plaine prend l'essor.
Contre des animaux nuisibles
Le chat nous sert bien mieux encor.
Quel prix n'auraient point ses services
Si, de ces êtres pleins d'appas,
Adorés, malgré leurs caprices,
Il pouvait prendre tous les rats.
Mais chat joli, femme jolie,
Toujours entre eux vivront en paix ;
Ruse, détour, plaisir, folie,
Pour tous deux ont mêmes attraits.
Voyez-vous comment la coquette
En use avec ses favoris ?
Elle les joue, elle les traite
Comme le chat fait la souris.
Le chat est friand ; et les belles
Partagent ce charmant défaut:
Il est amoureux; et près d'elles
L'est-on jamais plus qu'il ne faut?
D'amour le chat est leur modèle ;
Aussi, quand l'amant délicat
En obtient le prix de son zèle,
C'est toujours :
Mon cœur ou mon chat.
Ce mot-là, dis-le-moi sans cesse,
Eglé ! mais ne le dis qu'à moi.
Qu'il rend bien cette douce ivresse
Que je ne sens qu'auprès de toi !
De Minette offre-moi les charmes ;
Mais point de ses malins retours :
Pour mes rivaux garde ses armes ;
Fais pour moi patte de velours.
Louis Philipon De La Madelaine (1734-1818)
Dans cette vie ou nous ne sommes
Que pour un temps si tôt fini,
L'instinct des oiseaux et des hommes
Sera toujours de faire un nid ;
Et d'un peu de paille ou d'argile
Tous veulent se construire, un jour,
Un humble toit, chaud et fragile,
Pour la famille et pour l'amour.
Par les yeux d'une fille d'Ève
Mon cœur profondément touché
Avait fait aussi ce doux rêve
D'un bonheur étroit et caché.
Rempli de joie et de courage,
A fonder mon nid je songeais ;
Mais un furieux vent d'orage
Vient d'emporter tous mes projets ;
Et sur mon chemin solitaire
Je vois, triste et le front courbé,
Tous mes espoirs brisés à terre
Comme les œufs d'un nid tombé.
François Coppée.
Jolie poupée aux boucles d'or,
Aux yeux couleur de l'océan
Douce amie de mes jours gris
A qui, j'ai confié mes souffrances
Et mes plus grandes joies aussi !
Quand vint pour moi l'adolescence,
Bien sûr, j'avais bien grandi,
J'avais besoin de ta présence,
Pour quelquefois combler l'ennui !
Triste fût le jour où tu es partie
Et bien souvent à toi je pense,
Tu me rappelles, avec nostalgie
Les jours heureux de mon enfance !
Michelle !