Mon cher ami, Nous avons longuement discuté avec toi ce dernier dimanche.Corne d’Auroch s’obstinait à te vouloir fait pour la philosophie.J’ai gueulé. Je lui ai dit qu’aider un ami à tout abandonner pour suivre la voie de la poésie ne pouvait jamais être une faute. Car un poète est à la fois philosophe, philologue, moraliste, historien, physicien, jardinier et même marchand de maisons. De plus, on ne trouve la quadrature du cercle que par la poésie. Emile a trop réfléchi et inutilement. Moi, je sens que si tu persévères dans tes recherches métaphysiques, tu te perdras dans une forêt. Nom de Dieu, j’insiste ! Sans doute, ta récente définition de l’art est très belle, mais pourquoi ne pas la remplacer par des ailes de moulin ? Il faut que ça bouge, comme sur l’écran. Le reste se fait tout seul. Ce n’est pas à toi d’expliquer les mécanismes ; c’est aux autres de les deviner et de les démonter eux-mêmes. Tu perds ta force et ton temps à faire le travail des imbéciles. Oui, je sais : Bergson est quand même un poète. Et toute la poésie de Valéry est faite d’opérations critiques. Et tu ne le sais que trop, toi. Mais il me semble que tu t’exténues en t’imposant déjà, par goût de la cérébralité, des exigences qui ne tarderont pas à devenir surhumaines. Que veux-tu que cela me fasse, à moi, que tout « fond apparent représente ce que la forme n’a pas pu exprimer » ? Suis-je plus avancé maintenant que tu me l’as fait savoir ? Non, je sais une pensée de plus.Je ne connais pas un homme de plus (j’espère que tu ne vois pas du paternalisme ou de la prétention pédagogique dans mes propos…).Je suis né pour aimer, pour passer dans la vie comme un étranger et pour être indifférent à ce que l’on me raconte. Rien de toi ne me laisse insensible, mais comme ton cher Gide, comme toi et comme moi-même, je ne t’estime que dans ce que tu pourrais faire. Et j’ai tort de te redire ces choses, de même que tu as tort d’expliquer d’autres choses à d’autres êtres. Tout ce que tu peux me faire comprendre, je l’ai déjà entendu dans un concert. Montre-nous des gens qui marchent, qui s’aiment, qui font des choses charmantes et bêtes comme la vie, des moulins qui tournent… Sers-toi de l’absurde comme d’un bloc de marbre. Crée des images. Elles contiennent toutes les pensées, tous les axiomes possibles, tous les aphorismes. Bien sûr, tu me diras qu’un aphorisme est une image intérieure, et je le conçois fort bien. Mais 200 aphorismes font un traité de philosophie ou un livre de haute morale. Même Gide est un moraliste. Il énonce des idées, des justifications, il transforme la notion de plaisir en une notion de devoir ; il se croit obligé (noblesse oblige) de critiquer, de comparer, de créer des critères. Or, je l’aime mieux quand il s’agenouille au hasard et ne cherche plus Dieu, se disant que Dieu est partout. Rimbaud nous bouleverse plus qu’André Breton. Pourquoi ? Parce qu’il chante et n’apprend rien à personne. Si révélation il y a dans sa poésie, il ne s’en préoccupe pas d’une façon dialecticienne. Tu disais toi-même : « Les fruits nous consolent et les idées nous désespèrent. » Alors, nous sommes d’accord ? Excuse-moi, mon vieux, de te donner des conseils.C’est Bonafé et les études littéraires et grammaticales qui remontent comme un mets que l’on a mal digéré. Tes erreurs sont certainement fructueuses. Nous raisonnons trop. Et moi je raisonne quand je te reproche de raisonner. Nous sommes des enfants pour qui le monde entier est une école. Mais nous sommes encore trop studieux. Il faudrait pouvoir crier avec Rimbaud: « Oh là là ! que d’amours splendides j’ai rêvées ! » Dans tous nos gestes et dans chacune de nos pensées, tu occupes la plus grande place, la seule possible. Nous t’embrassons. Georges
Il était une fois en Afrique un roi dont la passion était la chasse. Il allait toujours chasser avec son ami d’enfance, qui positivait tout le temps. Une fois, alors qu’ils étaient à la chasse, l’ami nettoya les fusils et les mit contre un mur. Un peu plus tard, le roi vint voir s’ils étaient propres. Il regarda dans le canon du fusil et accidentellement tira sur la gâchette et fit sauter son pouce ! Il hurla de toutes ses forces ! Son ami arriva en courant pour voir ce qui s’était passé. « Que se passe-t-il ? » demanda-t-il. « J’ai perdu mon pouce », expliqua le roi en montrant sa main ensanglantée. « Comme c’est bien ! C’est merveilleux ! Super, Dieu merci! » répondit son ami. Le roi le regarda dégoûté et dit : « Tu te moques de moi ? Tu ne comprends pas ! J’ai perdu un pouce ! Ça saigne et ça fait mal! Ce n’est pas bien! J’en ai marre de toujours t’entendre que c’est bien! J’ai une idée: tu iras en prison et tu verras là-bas si tout est si bien.” Le roi était manifestement très fâché ! Il se dit : « J’apprécie beaucoup mon ami, mais là, c’est trop ! » Son ami alla donc en prison, disant « Chouette, bien, merveilleux, » comme d’habitude… Quand la blessure du roi fut guérie, il se remit à chasser avec son équipe. Au bout d’un moment, ils chassèrent dans une région où il y avait des cannibales. Lorsque le roi était seul, sans son équipe, les cannibales l’attrapèrent et l’attachèrent à un arbre. Il se dit : « Oh, mon Dieu, est-ce que je vais mourir maintenant ? Que se passe-t-il ? En est-ce fini pour moi ? » Il avait très peur ! Les cannibales commencèrent à préparer le souper, et vinrent le chercher. Lorsqu’ils lui détachèrent les cordes des mains, ils virent qu’il lui manquait un pouce ! Vous devez savoir que les cannibales sont très superstitieux. Ils dirent « Oh, non, ça c’est de mauvaise augure, un mauvais signe, nous devons nous débarrasser de lui tout de suite ! » Et ils se mirent à le chasser pour qu’il s’en aille. Le roi courut aussi vite que possible et se dit : « C’est merveilleux, c’est super, c’est si bien que j’aie perdu mon pouce, cela m’a sauvé la vie ! » Il retourna dans sa contrée et alla tout de suite voir son ami en prison. Il lui raconta ce qui s’était passé et lui dit : « Tu avais raison, mon ami, c’était bien ! Je suis désolé de t’avoir jeté en prison. Après tout, tu avais raison ! » Son ami lui dit : « Pas besoin de t’excuser, c’est bien que jesois en prison, c’est merveilleux, Dieu merci ! » Le roi lui demanda : « Pourquoi ? C’était si bien de croupir un an en prison ? » « Eh bien, expliqua l’ami, si je n’avais pas été en prison, j’aurais été avec toi, et j’ai mes deux pouces ! » Et il leva ses deux mains en montrant les pouces… « Ils m’auraient mangé ! » Donc dans la vie, quand arrivent de mauvaises choses, rappelez-vous l’histoire du pouce et dites-vous: « Bien, chouette, c’est merveilleux, Dieu merci », et attendez un peu de voir ce pour quoi c’était bon ! Il y a toujours quelque chose de bon dans tout ce qui est mal.
Dis-toi qu'il faudra bien que revienne l'été, Ses cascades de fleurs et puis ses champs de blé, Ses parfums délicats, sa vie exubérante, Le soleil au zénith et les oiseaux qui chantent. De tous ces dons du ciel qui réchauffent le coeur, Que ferais-je sans toi, plongée dans le malheur? Si tu glisses au Néant, refuses le combat, Le monde tout à coup, perdra tout son éclat! Que faire d'une rose à l'odeur envoûtante? En moi, demeurera, la blessure béante! Et la brise légère qui rafraîchit le soir, Ne saura dissiper, en moi, ce désespoir! Lutte!
C'est avec impatience que Pierre avait attendu ce week-end. Levé avant l'aube, il était passé chercher sa fiancée, la belle Mélinda, qui devait l'accompagner dans une aventure aérienne. En route vers l'aérodrome, qu'ils se dépêchaient d'atteindre avant le lever du jour, il lui assura que tout se passerait bien. Le petit avion que Pierre avait loué pour l'occasion les attendait sur la piste.
Il faisait encore nuit, à l'exception d'une touche de ciel bleu vers l'est, lorsque, dans un ronflement de moteur, l'appareil s'élança sur la piste pour décoller. Quelques minutes plus tard, ils survolaient un superbe paysage. Ils ne purent retenir des cris d'admiration quant à l'horizon le soleil vint enflammer les sommets et réchauffer le cockpit de ses beaux rayons dorés.
C'était un instant inoubliable, exactement ce dont Pierre avait rêvé pour le baptême de l'air de sa future épouse.
— N'est-ce pas formidable? dit-il. Ici, on se sent libre et léger comme un oiseau!
— Oui, mon chéri, tu as raison, c'est magnifique, répondit-elle en se blottissant tout contre lui.
Vingt minutes plus tard, alors qu'ils savouraient encore la beauté du paysage et la joie d'être ensemble, ils furent brusquement interrompus par le toussotement du petit moteur. L'hélice finit par s'immobiliser. Instinctivement, Pierre tourna le contact pour essayer de redémarrer. Une fois, deux fois, trois fois, mais sans succès. Ce n'est pas possible !, pensa-t-il.
— Fais quelque chose, chéri, je t'en prie! s'écria Mélinda d'une voix suppliante.
Fiévreusement, Pierre essayait, mais en vain, de remettre en marche le moteur.
— Je fais tout ce que je peux, rétorqua-t-il, mais il refuse de démarrer!
— On perd de l'altitude! cria-t-elle. Oh, mon Dieu, je t'en prie, viens à notre aide!
Pierre parcourut des yeux le terrain, qui se rapprochait à vue d'œil, pour y chercher un endroit où atterrir: une route, un champ, ou même une voie ferrée.
— Zut! Des arbres, rien que des arbres! lança-t-il.
Inexorablement, du ciel matinal, le petit avion plongeait vers une mer interminable de feuillage.
***
Comme se réveillant d’un cauchemar, Pierre appela:
— Mélinda, Mélinda, est-ce que tout va bien?
— Oui, je crois, soupira-t-elle d'une voix faible, un peu hébétée. Je me souviens que nous nous agrippions l'un à l'autre et puis que l'avion s'est écrasé dans les arbres. Ensuite, j'ai dû m'évanouir.
Stupéfaits, mais soulagés d'avoir survécu à une telle catastrophe, ils s'embrassèrent et se serrèrent l'un contre l'autre.
Pourtant, ils se sentaient étrangement différents. La faible griserie qu'ils éprouvaient se transformait peu à peu en une curieuse sensation de légèreté, comme une impression de flotter. Soudain Mélinda s'exclama:
— Pierre, qu'est-ce qui se passe? Regarde! Nos pieds... ils ne touchent même pas le sol!
— Je... je ne comprends pas, parvint-il à répondre. Je n'ai jamais ressenti ça... On dirait qu'on monte!
Comme ils s'élevaient, Mélinda pointa le sol du doigt en s'écriant:
— Oh mon Dieu! Là-bas, l'avion, il est complètement démoli! Il brûle! Et regarde... oh non, c'est impossible! Ces deux corps... c'est nous!
— Mon Dieu! Gémit Pierre, alors ça veut dire qu'on est... mort!
La fatalité de ces mots résonnait encore à leurs oreilles quand ils eurent l'impression qu'une force invisible s'emparait d'eux pour les entraîner toujours plus vite, toujours plus haut, loin du lieu de l'accident. Soudain ils se trouvèrent projetés, à une vitesse incroyable, dans une sorte de tunnel, de couloir obscur!
Au loin, une lumière leur apparut qui, au fur et à mesure qu'ils s'en rapprochaient, devenait de plus en plus brillante. Bientôt cette lumière se fit plus intense qu'aucune autre lumière. Pourtant, chose curieuse, celle-ci ne les aveuglait pas.
En s'approchant, ils réalisèrent que cette lumière était quelqu'un, un Être de Lumière resplendissant! Comme ils baignaient dans cette formidable clarté, un immense sentiment d'amour et de compassion vint les inonder.
À présent, le choc et l'appréhension qu'ils avaient ressentis en découvrant qu'ils étaient morts, avaient disparu. Enveloppés dans cette chaude lumière d'amour, ils éprouvaient une paix profonde. Jamais ils ne s'étaient sentis aussi merveilleusement bien, autant aimés!
C'est là qu'en présence de cet Être de Lumière, ils devinrent les témoins de toute leur vie, qui repassait en détail devant leurs yeux. Ils étaient bien plus que de simples spectateurs, ils revivaient littéralement leur existence, en trois dimensions et en couleur, depuis leur plus jeune âge jusqu'au moment de l'accident.
Avec remords, ils revécurent chacun des moments égoïstes, chacune des petites méchancetés de leur enfance. Chaque détail était parfaitement clair. Avec joie ils revirent aussi leurs bonnes actions, les jouets prêtés ou donnés, les occasions d'entraide, les mots d'encouragement, toutes les gentillesses. Et rien n'y manquait!
On aurait dit que cette rétrospective faisait d'eux leurs propres juges. Avec honnêteté et sans détours ils reconnurent leurs échecs et leurs réussites. Tout était indéniable, irréfutable, et les conclusions à tirer, parfaitement justes et claires. De plus, bien qu'ils eussent revu leur vie entière, scène par scène, il leur sembla que le tout n'avait duré que quelques instants.
Après avoir ainsi vu défiler le film de leur vie, ils se retournèrent vers l'Être de Lumière. Quel soulagement de constater, quand leurs yeux se rencontrèrent, que les Siens étaient toujours chaleureux, remplis d'amour, de sympathie et de compréhension! Malgré leurs fautes, ils trouvaient en Lui un amour et un accueil sans condition.
L'Être leur tendit la main, et leur fit signe de se diriger vers une lumière merveilleuse tout au loin, qui scintillait avec l'éclat de l'or et dépassait en clarté toutes les étoiles à l'entour.
— Ne craignez rien, mes enfants, les encouragea-t-Il, votre Père a trouvé bon de vous donner Son Royaume! Car il y a beaucoup de demeures dans la maison de Mon Père et Je vous ai préparé une place, afin que là où Je suis vous y soyez aussi!
***
Pierre et Mélinda se rendent compte à présent que cette personne pleine d'amour n'est autre que Jésus, et qu'Il est en train de les accueillir au Paradis. En dépit de tout ce qu'ils ont fait de mal, de leurs fautes, leurs faiblesses et leurs échecs du passé, en dépit du fait que toutes ces choses sont bien connues de Lui, Il n'a jamais cessé de les aimer, et les reçoit à bras ouverts. Tandis qu'Il les prend dans Ses bras pour les réconforter, des larmes de reconnaissance mouillent leur visage, qu'Il essuie tendrement.
— C'est parce que Je vous aime que Je suis mort pour vous!, leur assure-t-Il, J'ai pris sur Moi votre péché afin que vous n'ayez pas à souffrir des conséquences. Parce que vous avez cru en Moi et que vous avez accepté Mon sacrifice pour vous, vous êtes purifiés et pardonnés, à toujours, de vos péchés! Venez donc et entrez maintenant dans le Royaume que Je vous ai préparé!
Sur ces mots, Il les prend chacun par la main, et comme dans le tunnel, ils se remettent à voler. Ils se rapprochent de leur destination, une magnifique cité céleste d'or cristallin qui ne cesse de s'élargir à leurs yeux. Ils sont sidérés par sa beauté et son immensité!
Ils pénètrent dans la cité par l'une de ses portes de perle: quelle émotion de découvrir qu'un comité de réception les y attend! Pierre croit rêver quand il entend, juste à côté de lui, une voix qui lui a tant manqué:
— Bienvenue chez nous, fiston.
Il se retourne, pour découvrir sa mère, qu'il a perdue il y a sept ans à la suite d'une maladie. Elle est radieuse, ravissante, respirant la vie et la jeunesse — semblable au souvenir que Pierre avait d'elle quand il était petit garçon. Tous deux s'embrassent avec effusion, pleurant de joie et remerciant Dieu de ces merveilleuses retrouvailles!
Ni Pierre ni Mélinda n'avaient imaginé que le Ciel serait si beau! Tout le monde y est aimable, gentil. Personne n'est un inconnu. Tout semble déborder de vie, depuis les jardins et les parcs garnis de fleurs exquises jusqu'aux arbres majestueux, sans parler de tous nos amis les animaux. Les maisons, les édifices, sont d'une conception prodigieuse, d'une telle beauté de couleurs et de matériaux, qu'il leur est impossible de trouver à quoi les comparer.
Les habitants y sont vêtus d'étincelantes parures lumineuses qui drapent avec légèreté, tout en les révélant, leurs belles silhouettes. Nul n'est pressé. Certains semblent flotter plutôt que marcher, touchant à peine de leurs pieds les trottoirs aux reflets d'or ou le gazon verdoyant. D'autres volent et glissent avec grâce dans les airs!
***
Le récit du voyage fantastique de Pierre et Mélinda n'est pas simple fiction. Il est fondé sur des milliers de cas d'expériences aux frontières de la mort, qui ont été scientifiquement documentés et étudiés dans plusieurs ouvrages qui font autorité. Bien sûr, dans tous ces cas, les sujets ont été réanimés, bien qu'on les ait déclarés cliniquement morts parfois jusqu'à 20 ou 30 minutes. Ils ont affirmé que l'Être de Lumière, celui qui leur avait fait revoir leur vie, leur avait donné le choix de reprendre possession de leur corps afin de continuer leur vie terrestre. Mais de toute évidence il s'agit d'exceptions, étant donné que la grande majorité des gens ne reviennent pas, une fois qu'ils nous ont quittés pour l'autre monde.
L’art de l’art ! La vie est une explosion de couleurs D’émotions et de sentiments, D’être capable de pouvoir l’exprimer A travers des mots, de la peinture, De la musique ou une sculpture ; Cela s’appelle l’art ! La touche du divin ne se pose pas Là où elle n’est pas désirée, reconnue, Elle doit être aimée et approfondie. Tout le monde en reçoit une mesure, Certains en abondance, d’autres, Avec plus de modération. Ce qui crée un artiste, c’est ce qu’il Fait avec ce qu’il a reçu. Il faut croire en son talent, son génie, Ne pas perdre de vue que tout don Parfait viens d’en haut et le ciel, A une capacité de donner, illimité ! Ce que nous recevons et sommes Capables d’accomplir est seulement Limité par notre vision, notre foi, Et le courage de s’aventurer. Beaucoup ne peuvent pas, parce Qu’ils n’osent pas ; ils ont ce trésor Au fond d’eux, mais ils ont peur De le dépenser et de le partager Avec les autres. Beaucoup sur ce chemin solitaire Vont essayer de vous décourager, Un mot mal placé, Un sourcil qui fronce, Un regard moqueur, Et vous courrez vous cacher Dans la retraite de votre chambre. Mais celui qui va vous blesser Le plus, devinez qui il est ? C’est vous-même ! Vous avez le monde et l’univers Entre vos mains ; elles attendent, Que vous leur fassiez confiance ! Patrick Etienne
Il était tard
Ainsi qu'une médaille neuve
La pleine Lune s'étalait
Et la solennité de la nuit
Comme un fleuve sur Paris dormant, ruisselait
......
Je me suis souvent évoqué cette lune enchantée,
le silence et la langueur,
Et cette horrible confiance chuchotée
Dans le confessionnal du cœur.......
(tiré du poème Confession / fleurs du mal, C.BAUDELAIRE)
HIVER
Du ciel d’un blanc cotonneux
des flocons en rang serrés
Tombent en tourbillons joyeux
Sur les arbres et la terre glacés
Plus un bruit plus de chant d’oiseaux
sur la plaine endormie
jusqu’au printemps nouveau
Il a neigé cette nuit…
©Alice
Lettre de Georges Brassens à Roger Toussenot
31 août 1948
Mon cher ami,
Nous avons longuement discuté avec toi ce dernier dimanche.Corne d’Auroch s’obstinait à te vouloir fait pour la philosophie.J’ai gueulé. Je lui ai dit qu’aider un ami à tout abandonner pour suivre la voie de la poésie ne pouvait jamais être une faute. Car un poète est à la fois philosophe, philologue, moraliste, historien, physicien, jardinier et même marchand de maisons. De plus, on ne trouve la quadrature du cercle que par la poésie. Emile a trop réfléchi et inutilement. Moi, je sens que si tu persévères dans tes recherches métaphysiques, tu te perdras dans une forêt. Nom de Dieu, j’insiste ! Sans doute, ta récente définition de l’art est très belle, mais pourquoi ne pas la remplacer par des ailes
de moulin ? Il faut que ça bouge, comme sur l’écran. Le reste se fait tout seul. Ce n’est pas à toi d’expliquer les mécanismes ; c’est aux autres de les deviner et de les démonter eux-mêmes. Tu perds ta force et ton temps à faire le travail des imbéciles. Oui, je sais : Bergson est quand même un poète. Et toute la poésie de Valéry est faite d’opérations critiques. Et tu ne le sais que trop, toi. Mais il me semble que tu t’exténues en t’imposant déjà, par goût de la cérébralité, des exigences qui ne tarderont pas à devenir
surhumaines. Que veux-tu que cela me fasse, à moi, que tout « fond apparent représente ce que la forme n’a pas pu exprimer » ? Suis-je plus avancé maintenant que tu me l’as fait savoir ? Non, je sais une pensée de plus.Je ne connais pas un homme de plus (j’espère que tu ne vois pas du paternalisme ou de la prétention
pédagogique dans mes propos…).Je suis né pour aimer, pour passer dans la vie comme un étranger et pour être indifférent à ce que l’on me raconte. Rien de toi ne me laisse insensible, mais comme ton cher Gide, comme toi et comme moi-même, je ne t’estime que dans ce que tu
pourrais faire. Et j’ai tort de te redire ces choses, de même que tu as tort d’expliquer d’autres choses à d’autres êtres. Tout ce que tu peux me faire comprendre, je l’ai déjà entendu dans un concert. Montre-nous des gens qui marchent, qui s’aiment, qui font des choses charmantes et bêtes comme la vie, des moulins qui tournent… Sers-toi de l’absurde comme d’un bloc de marbre. Crée des images. Elles contiennent toutes les pensées, tous les axiomes possibles, tous les aphorismes. Bien sûr, tu me diras qu’un aphorisme est une image intérieure, et je le conçois fort bien. Mais 200 aphorismes font un traité de philosophie ou un livre de haute morale. Même Gide est un moraliste. Il énonce des idées, des justifications, il transforme la notion de plaisir en une notion de devoir ; il se croit obligé (noblesse oblige) de critiquer, de comparer, de créer des critères. Or, je l’aime mieux quand il s’agenouille au hasard et ne cherche plus Dieu, se disant que Dieu est partout. Rimbaud nous bouleverse plus qu’André Breton. Pourquoi ? Parce qu’il chante et n’apprend rien à personne. Si révélation il y a dans sa poésie, il ne s’en préoccupe pas d’une façon dialecticienne. Tu disais toi-même : « Les fruits nous consolent et les idées nous désespèrent. » Alors, nous sommes d’accord ? Excuse-moi, mon vieux, de te donner des conseils.C’est Bonafé et les études littéraires et grammaticales qui remontent comme un mets que l’on a mal digéré. Tes erreurs sont certainement fructueuses. Nous raisonnons trop. Et moi je raisonne quand je te reproche de raisonner. Nous sommes des enfants pour qui le monde entier est une école. Mais nous sommes encore trop studieux. Il faudrait pouvoir crier avec Rimbaud: « Oh là là ! que d’amours splendides j’ai rêvées ! »
Dans tous nos gestes et dans chacune de nos pensées, tu occupes la plus grande place, la seule possible.
Nous t’embrassons.
Georges
Comme c’est bien !
Il était une fois en Afrique un roi dont la passion était la chasse. Il allait toujours chasser avec son ami d’enfance, qui positivait tout le temps. Une fois, alors qu’ils étaient à la chasse, l’ami nettoya les fusils et les mit contre un mur. Un peu plus tard, le roi vint voir s’ils étaient propres. Il regarda dans le canon du fusil et accidentellement tira sur la gâchette et fit sauter son pouce ! Il hurla de toutes ses forces ! Son ami arriva en courant pour voir ce qui s’était passé. « Que se passe-t-il ? » demanda-t-il. « J’ai perdu mon pouce », expliqua le roi en montrant sa main ensanglantée. « Comme c’est bien ! C’est merveilleux ! Super, Dieu merci! » répondit son ami. Le roi le regarda dégoûté et dit : « Tu te moques de moi ? Tu ne comprends pas ! J’ai perdu un pouce ! Ça saigne et ça fait mal! Ce n’est pas bien! J’en ai marre de toujours t’entendre que c’est bien! J’ai une idée: tu iras en prison et tu verras là-bas si tout est si bien.” Le roi était manifestement très fâché ! Il se dit : « J’apprécie beaucoup mon ami, mais là, c’est trop ! » Son ami alla donc en prison, disant « Chouette, bien, merveilleux, » comme d’habitude… Quand la blessure du roi fut guérie, il se remit à chasser avec son équipe. Au bout d’un moment, ils chassèrent dans une région où il y avait des cannibales. Lorsque le roi était seul, sans son équipe, les cannibales l’attrapèrent et l’attachèrent à un arbre. Il se dit : « Oh, mon Dieu, est-ce que je vais mourir maintenant ? Que se passe-t-il ? En est-ce fini pour moi ? » Il avait très peur ! Les cannibales commencèrent à préparer le souper, et vinrent le chercher. Lorsqu’ils lui détachèrent les cordes des mains, ils virent qu’il lui manquait un pouce ! Vous devez savoir que les cannibales sont très superstitieux. Ils dirent « Oh, non, ça c’est de mauvaise augure, un mauvais signe, nous devons nous débarrasser de lui tout de suite ! » Et ils se mirent à le chasser pour qu’il s’en aille. Le roi courut aussi vite que possible et se dit : « C’est merveilleux, c’est super, c’est si bien que j’aie perdu mon pouce, cela m’a sauvé la vie ! » Il retourna dans sa contrée et alla tout de suite voir son ami en prison. Il lui raconta ce qui s’était passé et lui dit : « Tu avais raison, mon ami, c’était bien ! Je suis désolé de t’avoir jeté en prison. Après tout, tu avais raison ! » Son ami lui dit : « Pas besoin de t’excuser, c’est bien que jesois en prison, c’est merveilleux, Dieu merci ! » Le roi lui demanda : « Pourquoi ? C’était si bien de croupir un an en prison ? » « Eh bien, expliqua l’ami, si je n’avais pas été en prison, j’aurais été avec toi, et j’ai mes deux pouces ! » Et il leva ses deux mains en montrant les pouces… « Ils m’auraient mangé ! » Donc dans la vie, quand arrivent de mauvaises choses, rappelez-vous l’histoire du pouce et dites-vous: « Bien, chouette, c’est merveilleux, Dieu merci », et attendez un peu de voir ce pour quoi c’était bon ! Il y a toujours quelque chose de bon dans tout ce qui est mal.
Dis-toi qu'il faudra bien que revienne l'été,
Ses cascades de fleurs et puis ses champs de blé,
Ses parfums délicats, sa vie exubérante,
Le soleil au zénith et les oiseaux qui chantent.
De tous ces dons du ciel qui réchauffent le coeur,
Que ferais-je sans toi, plongée dans le malheur?
Si tu glisses au Néant, refuses le combat,
Le monde tout à coup, perdra tout son éclat!
Que faire d'une rose à l'odeur envoûtante?
En moi, demeurera, la blessure béante!
Et la brise légère qui rafraîchit le soir,
Ne saura dissiper, en moi, ce désespoir!
Lutte!
Nicole Larrue
et apprécier .
U nique ou multiple au cours du temps il
N e doit jamais trouver la porte de sortie.
S e dissimule au fonds de l’esprit des secrets
E ntre raison et déraison il faut savoir se taire
C acher les maux pour ne point blesser autrui
R ien ni personne ne doit connaître la vérité
E t oui toute vérité n’est pas bonne à entendre
T rouver les justes mots pour cacher ce mystère
S avoir dissimuler sans provoquer de remous
F ardé encore de ton givre glacé si féerique
E t paré de ton habit hivernal qui nous glace
V ivement les prémices printanières pour
R ecevoir les premiers rayons de soleil et
I nutile de résister ton temps est compté
E t tes derniers frissons de froid s’estomperont par un
R éveil de la nature tout en douceur et beauté.