L'enfant et la bête s'entendent fort bien, ils sont tous deux près de la nature. Mais, il y a une chose que les enfants comprennent mieux encore que les ruses des singes : ce sont les belles actions des grands hommes.
Découvrez l'Auvergne mystérieuse à travers des récits et des légendes que l'on raconte encore dans les chaumières. ? Les Reclus (régime cellulaire à vie) Au Moyen Âge, jusqu'à la fin du XVème siècle, il y eut un peu partout en Auvergne, et plus précisément en Haute-Auvergne, des reclus et des recluses. C'étaient des hommes et des femmes généralement d'âge mûr et de toutes conditions qui choisissaient, de sang-froid, le régime cellulaire à vie. Ils n'avaient pour toute obligation que celle de la prière, car beaucoup d'entre eux, très certainement, ne savaient ni lire ni écrire. Dès qu'ils étaient entrés dans la récluserie (une toute petite pièce de quelques mètres carrés située généralement en dehors de la ville), on en murait la porte. Le seul contact avec le monde extérieur se faisait par une petite fenêtre grillagée, s'ouvrant le plus souvent sur une chapelle. C'est par cette fenêtre qu'on leur faisait passer la nourriture et les vêtements. On compta jusqu'à trois récluseries à Aurillac, deux à Clermont-Ferrand et à Brioude, une à Pont-du-Château, à Aigueperse, à Murat, à Mauriac, à Saint-Flour et à Ardes où l'on voit encore la "Chapelle de la Recluse". Beaucoup d'autres, certainement, n'ont pas été dénombrées. On peut supposer qu'il y avait encore, au siècle dernier, des reclus et des recluses. Voici ce que raconte Pierre Besson (1) : "A l'orée du village, on fait une halte pendant que Jeanpetit court "sonner" la Moûne, une vieille recluse à qui chaque maison et à tour de rôle, porte une écuellée de soupe et qui a "bonne main". On lui passe le rameau de buis, l'eau bénite. Du seuil de sa hutte, elle étend sa main sur le bétail, murmure quelques vagues paroles, et l'on s'engage dans les sentiers qui montent. Après le dîner, on m'envoyait porter la soupe à la Moûne. Je trouvais la vieille recluse dans sa misérable cabane crépie de bouse de vache en guise de mortier, assise sur un billot de hêtre qui lui servait de chaise, égrenant son chapelet, la tête branlante sur son cou grêle, la goutte au nez, la face gravée de rides profondes où s'était amassée la poussière. Elle la posait sur son giron, l'entourait de ses mains noueuses et goulûment, bruyamment, avalait la pitance en léchant et reléchant le fond, les bords et la cuiller. Je repartais chaque fois le cœur serré par sa pitoyable infortune, effrayé aussi par le mystère qui l'entourait(2)." En général, les reclus étaient l'objet d'une grande vénération, et on considérait que leur prière attirait la protection du ciel sur la ville... 1 -Un pâtre du Cantal (Éditions De Lagrave (1936) 2 - Henry Doniol, Voyage pittoresque dans la Basse-Auvergne (1847) ? La légende de Saint-Dominique (Murat, Cantal) Sur la route de Saint Jacques de Compostelle, Saint Dominique, injustement accusé de vol, fut pendu à La Calzada. Or, son père averti en songe, reçut ordre d'aller le chercher (Dominique était encore vivant). Le Malheureux se mit en route et arriva à La Calzada un jour où les autorités étaient en banquet. On se gaussa de lui car son fils était pendu depuis plus d'un mois. Le vieillard insista : "Dominique était vivant comme le coq rôti qui était sur la table". Le coq rôti, aussitôt s'envola. Émus par ce prodige, les convives se levèrent de table. En hâte, on courut au gibet. Dominique était bien là, vivant et bien portant. Dans l'Église de Murat, un tableau de l'École espagnole du XVIIème siècle retrace cet épisode. Dans ce tableau offert sans doute par un émigrant, on retrouve les grands faits de cette légende : l'arrestation de saint Dominique, le banquet et la résurrection du coq, les fourches et le pendu réconforté par un ange... ? La Procession des Trépassés (Aurillac - Cantal) De l'Abbaye d'Aurillac, à part l'église abbatiale, il ne reste plus grand chose aujourd'hui à part des noms et quelques pierres. Il faut citer la Fontaine de l'Aumône qui coule au coin de la rue du Buis et du Square Saint Géraud. Son nom lui vient de l'aumônerie du Monastère qui se trouvait là et l'on raconte qu'elle a donné parfois non pas seulement de l'eau mais de l'huile et du vin. La fontaine qui se trouve sur la place Saint Géraud devant la maison Renaissance des chanoines, est taillée dans un énorme bloc de serpentine verte qu'un abbé d'Aurillac, vers la fin du XIème siècle, fit venir de Griou pour orner ses jardins. Le bassin que l'on peut voir reposait sur un autre bien plus grand, qui fut brisé par les protestants. L'église Saint Géraud, telle qu'elle s'offre aujourd'hui, est elle aussi bien attachante. De la première basilique Romane, il reste un beau chapiteau, qui a été creusé pour en faire un bénitier, et deux dalles décorées de feuillages et d'animaux symboliques, encastrées dans le mur de la chapelle, à gauche du chœur. Il y a là aussi, sculpté dans la pierre, un curieux Samson datant du Xème siècle, le plus ancien spécimen de la sculpture préromane à Aurillac. Des fouilles récentes ont également fait apparaître le transept romain. Les protestants incendièrent l'église avec tout son riche mobilier en 1569. Les reliques de Saint Géraud furent elles aussi brûlées : on ne put sauver que quelques ossements, qui portent la trace du feu. Cependant, Mgr. de Noailles releva le chœur, restaura le transept et une travée de la nef. On y travaillait encore en 1643. Le reste de l'église date de la fin du XIXème siècle. Une légende raconte qu'autrefois, le jour des morts, à minuit, les fantômes de ceux qui devaient mourir dans l'année sortaient par le porche abbatial et s'en allaient lentement vers le cimetière. Un garçon se crut assez fort pour aller voir passer cette procession de la Nuit des Trépassés, mais s'étant reconnu lui-même dans un de ces fantômes, il tomba sur la place sans connaissance. On le releva au petit matin, mais il avait perdu le sens, bientôt après il perdit la vie.
? Les trois mineurs (Massiac - Cantal) Au temps jadis, trois mineurs, bons pères et bons chrétiens, travaillaient dans les mines d'antimoine de Massiac (Cantal). Avant de se mettre au travail, ils avaient l'habitude de faire leur prière. Mais un jour ils oublièrent de prier Dieu. A peine eurent-ils commencé leur besogne, qu'un éboulement soudain les ensevelit vivants dans la mine. Ils eurent alors recours à Dieu et lui adressèrent une fervente prière : un génie leur apparut, toucha du doigt leur morceau de pain, versa de l'huile dans leur lampe et disparut. Le pain et l'huile durèrent sept ans, et ils ne diminuaient point, et le pain était aussi frais qu'au moment où les mineurs étaient descendus dans la mine. Un jour, il se prirent à penser à la terre que le soleil éclairait, et l'un d'eux s'écria : - Si je revoyais la lumière du jour, je mourrais content. - Et moi, dit le second, je serais heureux de revoir, ne fût-ce qu'un instant, mes enfants et ma femme, et de me trouver encore à table avec eux. - Pour moi, dit le troisième, je désirerais revenir sur la terre des vivants et rester à vivre un an au milieu de ma famille. Au moment où le dernier des mineurs achevait son souhait, la terre amoncelée qui bouchait l'entrée des galeries disparut tout à coup, et les trois compagnons sortirent. Le premier arriva au jour, regarda un instant la campagne, puis expira. Le second alla droit à sa maison et retrouva sa femme et ses enfants; mais il avait tellement changé qu'ils ne le reconnurent pas d'abord; il coupa sa longue barbe, se lava la figure et aussitôt sa femme et ses enfants vinrent l'embrasser. On se mit à table; mais à la dernière bouchée du repas, le mineur mourut. Quant au troisième, il vécut encore un an avec sa famille, et il expira à la dernière minute de l'année révolue.
Une petite fille marchait tous les jours pour aller et revenir de l'école. Quoique, ce matin là, la température posait question et que des nuages se formaient, elle se rendit à pied à son école élémentaire.
Durant l'après-midi, les vents s'élevèrent et les éclairs apparurent.
La Maman de la petite craignait que sa fillette prenne peur en revenant à la maison et que la tempête électrique puisse lui faire du tort. Inquiète, la Maman, s'empressa de prendre la route, en voiture, vers l'école. En route elle vit apparaître sa petite, qui à chaque éclair, s'arrêtait, regardait en haut et souriait.
Quelques éclairs se succédèrent rapidement et chaque fois l'enfant regardait vers l'éclair et souriait. Sa mère parvint à ses côtés, baissa sa fenêtre et lui demanda ;Mais que fais-tu là?
L'enfant de répondre: J'essaye d'être belle, car Dieu n'arrête pas de prendre ma photo!
Voici un petit poème romantique plein de soleil pour nous réchauffer ! La douceur de notre jeunesse lointaine, le balbutiement de nos premiers pas amoureux et timide. L'innocence d'une amourette d'été, quand il fait bon de se rouler dans le foin et s'ébattre dans la nature. L’innocence de découvrir le sexe opposé ! Patrick Etienne ************ Le premier amour Courir dans les blés dorés, Jouer à cache-cache Dans le maïs frais, Patauger ses pieds Dans le ruisseau cristallin. Un amour de jeunesse, Un amour de vacances, Quand deux adolescents Oublient qu’il y a la guerre, Que le monde ; c’est eux deux. L’innocence du premier amour, Où on ne voit que l’autre reflet A travers les yeux de l’innocence, Le plaisir de découvrir timidement Le sexe opposé et ses mystères. Les caresses vagabondes, Les câlins coquins, La douceur d’un amour d’été, Quand on s’allonge dans le foin Et notre estomac fait un drôle de bruit. Deux cœurs innocents, Inconscients de grandir, Qui veulent savourer leur jeunesse, La beauté du moment présent Où rien ne compte que l’autre. Des mots doux à l’envolée, Deux cœurs qui se fondent, Le temps d’un soleil chaud Quand l’amour répond présent, Qu’il parfum la beauté de la jeunesse. L’été est court et touche à sa fin hélas, Le temps difficile de ce dire, au-revoir, La promesses de se revoir, Le dernier baiser, Le dernier frisson... C’est le temps de partir, C’est le temps de se quitter, Que reste-t-il de ce bel été ? Sinon un souvenir dans leurs cœurs Un été comme il n’y en aura plus ! Patrick Etienne
Vaisseau de pierres sans vie , Veiné de vigne vierge ; Silhouette drapée d'un linceul de brume ; Maison esseulée aux volets scellés , Vers quel chemin d'errance Ton âme défaillante , Privée de clairvoyance , S'est-elle égarée ?
Si tes murs séculaires pouvaient parler , Du sablier des jours égrénés , Les brèves minutes d'apogée Et les longues heures enneigées , Les détails , me conteraient ,
Écailles de tuiles écartelées : Ecchymoses sur toit de lauses . Ci-gît , à l'agonie, Un logis gémissant , Une demeure sans clameurs .
Les heures au cadran d'or ne sonent plus , Au cadre de porte , dorment les heurts . Dans l'âtre , le feu de hêtre ne crépite plus , - Foyer au voile de crèpe noir - , À jamais , feue est la flamme des êtres .
Sur le linteau , subsiste un signe ouvragé , Initiales de justes , juxtaposées . Sous le seing de deux lettres , Le scellement de deux êtres ; Et un an de grâce gravé : Pierre et Judith , 1725 ...
L’oreiller du pasteur ! Il y avait une fois, une femme amère qui n’aimait pas ce qu’un vieux pasteur lui disait tout le temps.
Un jour, les paroles du pasteur étaient plus ce qu’elle pouvait supporter ; pourtant, ce n’était que la vérité.
Cela la rendit si en colère, qu’elle alla partout dire des mensonges et de mauvaises histoires sur le pauvre pasteur.
Elle fit son possible pour le discréditer et répandre toutes sortes de mauvaises choses sur lui.
Mais le plus qu’elle répandait ces mensonges, le plus elle se sentait malheureuse.
A la fin, elle se sentit tellement malheureuse, qu’elle commença à vraiment regretter tous les mensonges qu’elle avait dit sur lui.
En pleurs, la femme alla voir le pasteur dans sa maison pour lui demander pardon.
« J’ai dit tellement de mensonges sur vous pasteur, pouvez-vous me pardonner ? »
Le vieil homme ne trouva pas de réponse à lui dire, mais resta silencieux pour un moment, perdu dans ses prières.
Au bout d’un long moment de réflexion, il lui dit :
« Bien sûr, je vous pardonne, mais avant, je veux que vous fassiez quelque chose pour moi »
« Qu’est-ce que vous voulez que je fasse pour vous ? » Dit-elle un peu surprise.
« Venez avec moi dans le clocher de l’église et je vais vous expliquez. Mais avant, je dois aller chercher quelque chose dans ma chambre »
Arrivez en haut du clocher de l’église, soudainement sans dire un seul mot, le pasteur éventra l’oreiller et le secoua très fort pour que toutes les plumes à l’intérieur s’envolent dans toutes les directions.
Les plumes, portées par le vent, se répandirent dans toute la campagne environnante. Il en avait dans tous les coins du village aussi.
Puis, le pasteur demanda à la femme :
« Maintenant, je veux que vous alliez me chercher toutes ces plumes et que vous me les rameniez »
« Mais c’est impossible s’écria la femme ! »
« Je le sais », dit le pasteur ; « ces plumes sont comme Les mensonges que vous avez répandus sur moi. Ce que vous avez commencé, vous ne pouvez plus l’arrêter, même si vous êtes désolé maintenant.
Vous pouvez dire aux gens que vous avez menti sur moi, mais le vent de ces rumeurs s’est déjà répandu très loin. »
On peut allumer une allumette, mais on ne peut Pas éteindre le grand feu qu’elle cause !
Ainsi aussi la langue est un petit membre et elle se vante de grandes choses. Voici, un petit feu, quelle grande forêt allume-t-il ! (la Bible)
MON ÎLE Elle est petite mais tranquille Aussi fragile qu'une coquille Éloignée du continent Elle est baignée par l'océan C'est un petit croissant de terre Qui baigne au milieu de la mer Avec ses lumières familières Il y fait bon se reposer Le soir au soleil couchant A l'abri du vent Parfois perdue dans la brume Comme pour retrouver Un peu de solitude Quand on la côtoie en été Elle laisse un doux parfum De sable chaud et de vent salé Elle a beaucoup de charme Avec des fleurs de couleurs parme A chaque marée haute Le bateau quitte la côte Il ramène touristes et provisions On y rencontre des pêcheurs Rentrant du port avec des poissons Elle est toujours belle C'est une petite merveille Ma petite île où il y fait bon vivre @Copyright Vizzavona2A
«J’ai cru guérir de ce cancer de la langue qui m’a touché en février 2013. Je me suis trompé. Il est revenu. Il y a une guerre au fond de ma gorge. Je me bats, je travaille à guérir. Pour un chanteur, perdre sa voix, c’est la pire épreuve. Depuis l’âge de 18 ans, la chanson est toute ma vie. Deux cents chansons en cinquante ans de carrière, dont trente “tubes”.
Curieusement, alors que je vis pour ma voix et par ma voix, je n’ai pas interpellé Dieu, je ne me suis jamais dit que ce qui m’arrivait était injuste. Peut-être parce que je commence à vivre non plus par ma voix, mais par la foi?? Pour parodier le titre d’une mes chansons – “Le Loir et Cher” –, je dis aujourd’hui? “La foi m’est chère”.
Mon premier cancer avait mis ma vie spirituelle en veilleuse. Je ne pouvais plus lire, ni me nourrir intellectuellement, moi qui suis féru de théologie. Cette rechute me révèle que la vie spirituelle ne se loge pas dans l’intellect, mais qu’elle est la VIE même – la vie de Dieu qui irradie tout l’être, et pas seulement la tête.
Je suis profondément croyant. J’ai vécu un jour un “choc religieux” à Jérusalem, où j’ai rencontré le Christ. Je visitai le Saint-Sépulcre avec ma femme, et là, pressé pourtant par de nombreux pèlerins, soudain, devant le Tombeau, je m’agenouille et me voilà chrétien. Un peu comme Frossard, Claudel, Clavel – d’un coup. En l’espace d’un instant, Jésus est entré dans ma vie, dans mon cœur. C’était très doux. J’ai immédiatement eu la sensation que j’étais sauvé. Tout ce qui m’était arrivé auparavant devenait caduc. La seule chose que je ne remette jamais en doute, c’est l’existence de Dieu.
Je suis d’un naturel plutôt ténébreux, un hypersensible qui s’en fait pour un rien. Je crois savoir où est la sagesse à force de lectures et de rencontres, mais je ne l’ai pas encore trouvée. Or, dans cette chambre d’hôpital, depuis des mois, curieusement, je n’ai jamais été aussi apaisé. Ce “re-cancer” ne m’a pas brisé?: je crois qu’il me grandit.
Dans l’épreuve, quelles sont mes consolations?? D’une part, l’amitié. Je n’avais pas réalisé que j’avais autant d’amis. Dans le tourbillon de la vie “du dehors”, la vie quotidienne, nous ne trouvons jamais le temps de nous arrêter pour voir ceux qui nous sont chers, et les années passent, les liens se distendent… Trop bête?! C’est quand ça ne va pas que l’essentiel ressurgit. Et l’amitié fait partie de l’essentiel.
J’ai été soutenu physiquement et psychologiquement par la bienveillance qui m’entoure. L’amour de ma femme, de mes enfants, la tendresse et la compétence du personnel médical et infirmier. On guérit plus vite quand on aime et qu’on est aimé, j’essaierai de ne pas l’oublier.
Curieusement, moi qui suis un gourmand invétéré, je n’ai plus de consolation culinaire. Je n’ai même plus le désir d’une bonne entrecôte avec un verre de Saint-Émilion?! On me nourrit avec des sondes et des pipettes. Pourtant, l’autre jour, le goût m’est un peu revenu en absorbant une cuillerée de glace au café. Elle m’a irrésistiblement évoqué La Première Gorgée de bière?de Philippe Delerm! Depuis, je suis plus ouvert aux toutes petites choses de la vie, ces surprises discrètes qui émaillent l’existence et peuvent nous passer sous le nez sans même qu’on les remarque.
Je goûte aussi des consolations plus spirituelles. Ainsi, celle de la patience. Le cancer est l’une de ces épreuves qui vous enseignent cette vertu. Vous pouvez fulminer, vous morfondre, crier, pleurer, cela ne changera rien. N’allez pas croire que je suis un saint homme?! Au quotidien, face aux mini-tracas, je peux être sanguin, colérique, râleur. J’ai tous les défauts de la terre pour les petits soucis. Mais là, c’est autre chose: il y a un “vrai” combat à mener. Ai-je reçu une grâce de Dieu pour cela?? Je le crois. Je sais qu’Il est à mes côtés.
Patience quand j’articule mal, que je suis inaudible. Patience quand la douleur se réveille et me contraint au silence. Patience face aux régressions inévitables, aux déceptions inhérentes, parce que les traitements semblent inefficaces. Patience quand je me fatigue très vite. Patience devant la mélancolie qui m’est familière…
J’étais jeune, j’avais du succès, la vie me souriait, lorsqu’une profonde dépression m’a mis à terre. J’ai plongé très bas. La maladie m’a tenu éloigné de la scène pendant dix ans. J’ai fait une rechute dépressive après mon premier cancer. J’ai survécu au jour le jour, les petites victoires se sont accumulées?; finalement, je me suis retrouvé à quai, quand patatras, le cancer est revenu.
Durant cette plongée dans les ténèbres de la dépression, j’ai connu le chaos. J’ai cherché à en sortir par le “haut”, en tâtant du bouddhisme, de l’hindouisme, en essayant la méditation transcendantale… Mais je me suis rendu compte, progressivement, que tout cela n’était pas un chemin fécond pour moi. J’étais en train de me perdre. J’ai commencé simultanément à m’intéresser à cette part de mon identité que je refusais jusqu’alors de regarder?: la religion chrétienne. Et j’ai osé… le christianisme?! Je ne sais si j’aurais eu cette hardiesse sans la dépression, je ne sais pas si je serais allé aussi loin dans cette voie. Une chose est sûre: depuis, Dieu reste l’objet incessant de ma quête.
Je me suis formé tout seul. J’ai beaucoup lu. Des livres qui ne sont pas tous “modernes”: Isaac le Syrien et Thomas Merton, saint Jean de la Croix et les Pères du désert, saint Augustin et l’Introduction à la vie dévote de François de Sales?; Urs von Balthasar et Thérèse d’Avila dont je retiens cette phrase: “Seigneur, si Tu n’existes pas, ça n’a pas d’importance. Tout ce que j’ai fait, je l’ai fait pour Toi”.
Je suis un homme de peu de foi. Telle est ma tragédie. Ma foi n’est pas un long fleuve tranquille?: elle est dans la torture, dans la complexité. J’en suis parfois épuisé. Pourtant, je plains ceux qui n’ont pas la chance de connaître ce tumulte-là. Il fait vivre jusque dans l’Au-delà?! Je ne pense pas que le Ciel se soit mêlé de mon cancer, mais je lui demande de m’aider à avoir la force de le surmonter, de me plier à la discipline indispensable, de faire ce qu’il m’est exigé de faire. Je n’ai jamais prié pour guérir, j’ai plus souvent pensé?: “Que ta volonté soit faite”.?
Autre consolation que permet le repos qu’impose la maladie, c’est une relecture apaisée de l’existence, même si je n’aime pas trop regarder en arrière. J’en ai fait des bêtises?! La fiesta, les filles, quelques drogues, étaient intimement liées à l’univers de la chanson, surtout dans les années 1960 et 1970. J’ai été un oiseau de nuit. Mais je crois en la miséricorde et au pardon – qui sont les plus grandes consolations qui soient.
Mais il n’y a pas que le pardon de Dieu qui console, il y a aussi… le foot. Je passe du coq à l’âne. J’ai une passion pour le foot. Quand j’ai fini de regarder KTO, que j’apprécie beaucoup, voir un bon match à la télé me fait oublier mes tracas. Après le foot – revenons au spirituel, quand même?! – il y a l’oraison. C’est une forme de prière méditative, une prière du cœur, plus proche de la contemplation que de l’imploration. Sainte Thérèse d’Avila, pour qui j’ai une tendresse particulière, en donne une jolie définition?: “L’oraison est un échange d’amitié où l’on s’entretient souvent seul à seul avec Dieu dont on se sent aimé”.? Si je ne prie pas, si je ne me livre pas à l’oraison, en quoi consistent ces plages de silence qui me font tellement de bien, au corps et au cœur??
Un philosophe me console aussi, c’est Gustave Thibon. Je suis fasciné par la vérité et la force spirituelle du verbe de ce génie autodidacte qui a révélé Simone Weil. Je l’ai convié à une émission de télévision à laquelle j’étais invité. Il est venu et a subjugué l’auditoire. Nous sommes devenus amis. Je suis allé le voir plusieurs fois chez lui, en Ardèche. Je fais mienne cette phrase de lui?: “Je croyais en Dieu, et maintenant je ne crois plus qu’en Dieu”. Et cette autre?: “Dieu ne te délivrera pas de toi-même?; Il te délivrera de la lassitude et du dégoût de toi-même”.
La maladie vous dépossède. Elle vous dénude. Elle vous contraint à vous interroger sur les vraies valeurs. Nous voulons une plus grande maison, une plus puissante voiture, plus d’argent, mais en serons-nous plus heureux?? Je constate souvent chez ceux qui possèdent moins un sourire plus radieux que chez ceux qui ont tout.
“Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu‘il se renie lui-même, qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive”, dit Jésus (Mt 16, 24). Alors je porte ma croix et je découvre que c’est le secret de la joie. Je réalise aussi que Dieu est là afin de m’aider à la porter. Pour la première fois de ma vie, je n’envisage pas une solution à une épreuve que j’affronte. Je sais aujourd’hui que je risque fort de ne plus pouvoir chanter. Ma confiance la plus totale, c’est en Dieu que je la place?: “Que ta volonté soit faite Seigneur?! Sans Toi, je suis perdu”.?»
Youkitchi et Mosouké étaient d'excellents amis. Youkitchi était un garçon joyeux, presque frivole, Mosouké par contre était sérieux et fort prudent. Tout différents qu'ils étaient, ils s'aimaient tant que si l'un devait entreprendre un voyage d'affaires -en effet, ils étaient marchands- il attendait toujours que l'autre puisse se joindre à lui.
Ainsi, une fois de plus, ils faisaient route ensemble. La journée avait été chaude et ils furent heureux d'arriver au bord d'une forêt et de pouvoir s'étendre à l'ombre d'un pin. Au bout d'un moment, Youkitchi était profondément endormi. Mosouké regardait le dormeur et, en soupirant, se disait : "Il dort tranquillement ici, dans la nature, comme s'il était dans la maison. Je ne le pourrais pas, moi, j'aurais peur de me faire voler. Et pourtant, un petit somme serait le bienvenu. Mais malheureusement, je ne peux pas m'endormir dehors." Pendant que Mosouké faisait ces réflexions, il vit tout à coup une guêpe sortir de la narine gauche de son ami. Il la regarda avec étonnement. Elle s'envola vers un haut pin solitaire campé sur un rocher, tourna trois fois autour de l'arbre, puis revint vers Youkitchi et disparut dans sa narine droite. Mosouké n'avait jamais vu chose aussi étrange.
A cet instant, Youkitchi s'éveilla, s'assit en riant et dit : "Mosouké, je viens de faire un rêve merveilleux. Il faut que je te le raconte. Figure-toi qu'il y avait un haut pin campé sur un rocher élevé, oui, exactement comme celui que tu vois là-bas ; une guêpe tournait autour du tronc en bourdonnant : -tu dois creuser à cet endroit, tu dois creuser à cet endroit ! Et effectivement je me suis mis à creuser et j'ai trouvé un grand pot plein de pièces d'or. De ma vie je n'ai vu tant d'argent, sauf dans mes rêves !" "Vraiment c'est un rêve étrange" répondit Mosouké, "A ta place j'irais creuser autour de ce pin là-haut." "Mais qu'est-ce qui te prends, je ne vais pas aller me fatiguer par une telle chaleur simplement à cause d'un rêve stupide. Continuons plutôt notre route pour arriver à temps en ville." Mais Mosouké ne voulait rien entendre : "un tel rêve a sûrement un sens. Si tu ne veux pas creuser, moi je veux bien essayer. Sais-tu ce que je te propose : vends-moi ton rêve." Youkitchi éclata de rire : "Voilà une bonne affaire pour moi qui n'ai jamais vendu de rêve. Que m'offres-tu ?" "Tu as dit qu'il y avait là un grand tas de pièces d'or. Je ne sais pas vraiment ; je suis ton ami et je ne veux pas te léser. Dis-moi toi-même à combien tu estimes ton rêve." Après une courte discussion, ils se mirent d'accord sur la somme. Et Mosouké acheta le rêve pour trois cent pièces d'argent. "Jamais je n'ai fait une telle affaire. Tant d'argent pour un simple rêve," dit Youkitchi en riant. "Mais maintenant, dépêchons-nous, sans quoi nous serons en retard pour le marché".
Les amis avaient parlé à haute voix car ils se croyaient seuls. Ils ne pouvaient pas deviner que l'avare Katchiémon avait surpris leur conversation. Lui aussi faisait route vers la ville et s'était reposé à la lisière de la forêt. Il s'était endormi mais les voix des deux marchands l'avaient réveillé. Maintenant il eut un rire mauvais : "Que voilà d'honnêtes gens, acheter un rêve. Heureusement qu'ils ont parlé fort. Grâce à eux, je sais où est enterré le trésor et je l'aurai pour rien." Katchiémon renonça à aller au marché et grimpa rapidement sur le rocher. Il creusa entre les racines du pin jusqu'à ce qu'il trouvât quelque chose de dur. Il continua à creuser avec précaution et finit par sortir de terre un grand pot ventru rempli de pièces d'or. Katchiémon brisa le pot et mit les pièces d'or dans le grand sac qui ne le quittait jamais. Arrivé à la ville, il acheta pour tout cet argent une auberge et il devint un homme riche. Mais cet or ne lui porta pas bonheur. Au bout de quelque temps, il perdit non seulement l'or qu'il avait trouvé mais également tout ce qu'il avait possédé auparavant. Bientôt il fut mendiant.
Lorsque, à la ville, Mosouké eut terminé ses affaires, il quitta Youkitchi et s'en retourna à l'endroit où il avait acheté le rêve. Quelle ne fut pas sa déception lorsqu'il vit que les racines du pin étaient dénudées et que les tessons du pot gisaient tout autour. "Quelqu'un a pris les devants et a déterré le trésor," se dit-il avec tristesse. Et il regarda les tessons. Tout à coup il tomba en arrêt car sur l'un d'eux il avait découvert une inscription. Il la déchiffra à haute voix : "Le premier des septs." "Le premier des septs, cela veut dire qu'il doit y avoir encore six autres pots sous terre," se dit-il et il commença à creuser avec énergie. Et en effet il trouva, l'un après l'autre, six pots de terre, chacun rempli de pièces d'or jusqu'à ras bord.
Mosouké se fit construire en ville une grande auberge qu'il appela "Au pot ventru". Il y vécut riche et satisfait jusqu'au jour de sa mort. Youkitchi venait souvent lui rendre visite et il saluait son ami par ces mots : "Alors Mosouké, comment vas-tu ? Je suis venu voir ce que devient mon rêve." Et les deux compères se tapaient dans le dos en riant et à chaque fois Mosouké servait à son ami le meilleur des sakés dans le plus ventru de ses pots.
enfants comprennent mieux encore que les ruses des singes : ce sont les
belles actions des grands hommes.
que l'on raconte encore dans les chaumières.
? Les Reclus (régime cellulaire à vie)
Au Moyen Âge, jusqu'à la fin du XVème
siècle, il y eut un peu partout en Auvergne, et plus précisément en
Haute-Auvergne, des reclus et des recluses. C'étaient des hommes et des
femmes généralement d'âge mûr et de toutes conditions qui choisissaient,
de sang-froid, le régime cellulaire à vie.
Ils n'avaient pour toute obligation que celle de la prière, car beaucoup d'entre eux,
très certainement, ne savaient ni lire ni écrire. Dès qu'ils étaient
entrés dans la récluserie (une toute petite pièce de quelques mètres
carrés située généralement en dehors de la ville), on en murait la
porte.
Le seul contact avec le monde extérieur se faisait par une petite fenêtre grillagée, s'ouvrant le plus souvent sur une chapelle.
C'est par cette fenêtre qu'on leur faisait passer la nourriture et les
vêtements.
On compta jusqu'à trois récluseries à Aurillac, deux à Clermont-Ferrand et à
Brioude, une à Pont-du-Château, à Aigueperse, à Murat, à Mauriac, à
Saint-Flour et à Ardes où l'on voit encore la "Chapelle de la Recluse". Beaucoup d'autres, certainement, n'ont pas été dénombrées.
On peut supposer qu'il y avait encore, au siècle dernier, des reclus et des recluses. Voici ce que raconte Pierre Besson (1) :
"A l'orée du village, on fait une halte pendant que Jeanpetit court
"sonner" la Moûne, une vieille recluse à qui chaque maison et à tour de
rôle, porte une écuellée de soupe et qui a "bonne main". On lui passe le rameau de buis, l'eau bénite. Du seuil de sa hutte,
elle étend sa main sur le bétail, murmure quelques
vagues paroles, et l'on s'engage dans les sentiers qui montent. Après le
dîner, on m'envoyait porter la soupe à la Moûne. Je trouvais la vieille
recluse dans sa misérable cabane crépie de bouse de vache en guise de
mortier, assise sur un billot de hêtre qui lui servait de chaise,
égrenant son chapelet, la tête
branlante sur son cou grêle, la goutte au nez, la face gravée de rides
profondes où s'était amassée la poussière. Elle la posait sur son giron,
l'entourait de ses mains noueuses et goulûment, bruyamment, avalait la
pitance en léchant et reléchant le fond, les bords et la cuiller. Je
repartais chaque fois le cœur serré par sa pitoyable infortune, effrayé
aussi par le mystère qui l'entourait(2)."
En général, les reclus étaient l'objet d'une grande vénération, et on considérait que
leur prière attirait la protection du ciel sur la ville...
1 - Un pâtre du Cantal (Éditions De Lagrave (1936)
2 - Henry Doniol, Voyage pittoresque dans la Basse-Auvergne (1847)
? La légende de Saint-Dominique (Murat, Cantal)
Sur la route de Saint Jacques de Compostelle, Saint Dominique, injustement accusé de vol, fut pendu à La Calzada.
Or, son père averti en songe, reçut ordre d'aller le chercher (Dominique était encore vivant).
Le Malheureux se mit en route et arriva à La Calzada un jour où les autorités étaient en banquet. On se
gaussa de lui car son fils était pendu depuis plus d'un mois. Le
vieillard insista :
"Dominique était vivant comme le coq rôti qui était sur la table".
Le coq rôti, aussitôt s'envola.
Émus par ce prodige, les convives se levèrent de table. En hâte, on
courut au gibet. Dominique était bien là, vivant et bien portant.
Dans l'Église de Murat, un tableau de l'École espagnole du XVIIème siècle retrace cet épisode.
Dans ce tableau offert sans doute par un émigrant, on retrouve les
grands faits de cette légende : l'arrestation de saint Dominique, le
banquet et la résurrection du coq, les fourches et le pendu réconforté
par un ange...
? La Procession des Trépassés (Aurillac - Cantal)
De l'Abbaye d'Aurillac, à part l'église abbatiale, il ne reste plus grand chose aujourd'hui à part des noms et quelques pierres.
Il faut citer la Fontaine de l'Aumône qui coule au coin de la rue du
Buis et du Square Saint Géraud. Son nom lui vient de l'aumônerie du
Monastère qui se trouvait là et l'on raconte qu'elle a donné parfois non
pas seulement de l'eau mais de l'huile et du vin.
La fontaine qui se trouve sur la place Saint Géraud devant la maison
Renaissance des chanoines, est taillée dans un énorme bloc de serpentine
verte qu'un abbé d'Aurillac, vers la fin du XIème siècle, fit venir de Griou pour orner ses
jardins. Le bassin que l'on peut voir reposait sur un autre bien plus
grand, qui fut brisé par les protestants. L'église Saint Géraud, telle
qu'elle s'offre aujourd'hui, est elle aussi bien attachante.
De la première basilique Romane, il reste un beau chapiteau, qui a été creusé pour en faire un bénitier,
et deux dalles décorées de feuillages et d'animaux symboliques,
encastrées dans le mur de la chapelle, à gauche du chœur. Il y a là
aussi, sculpté dans la pierre, un curieux Samson datant du Xème siècle, le plus ancien spécimen de la sculpture préromane à Aurillac.
Des fouilles récentes ont également fait apparaître le transept romain.
Les protestants incendièrent l'église avec tout son riche mobilier en 1569. Les reliques de Saint
Géraud furent elles aussi brûlées : on ne put sauver que quelques
ossements, qui portent la trace du feu.
Cependant, Mgr. de Noailles releva le chœur, restaura le transept et une
travée de la nef. On y travaillait encore en 1643. Le reste de l'église
date de la fin du XIXème siècle.
Une légende raconte qu'autrefois, le jour des morts, à minuit, les fantômes de ceux qui devaient mourir
dans l'année sortaient par le porche abbatial et s'en allaient lentement
vers le cimetière.
Un garçon se crut assez fort pour aller voir passer cette procession de
la Nuit des Trépassés, mais s'étant reconnu lui-même dans un de ces
fantômes, il tomba sur la place sans connaissance. On le releva au petit
matin, mais il avait perdu le sens, bientôt après il perdit la
vie.
? Les trois mineurs (Massiac - Cantal)
Au temps jadis, trois mineurs, bons pères et bons chrétiens, travaillaient dans les mines d'antimoine
de Massiac (Cantal). Avant de se mettre au travail, ils avaient
l'habitude de faire leur prière. Mais un jour ils
oublièrent de prier Dieu. A peine eurent-ils commencé leur besogne,
qu'un éboulement soudain les ensevelit vivants dans la mine. Ils eurent
alors recours à Dieu et lui adressèrent une fervente prière : un génie
leur apparut, toucha du doigt leur morceau de
pain, versa de l'huile dans leur lampe et disparut.
Le pain et l'huile durèrent sept ans, et ils ne diminuaient point, et le
pain était aussi frais qu'au moment où les mineurs étaient descendus
dans la mine. Un jour, il
se prirent à penser à la terre que le soleil éclairait, et l'un d'eux
s'écria :
- Si je revoyais la lumière du jour, je mourrais content.
- Et moi, dit le second, je serais heureux de revoir, ne fût-ce qu'un
instant, mes enfants et ma femme, et de me trouver encore à table avec
eux.
- Pour moi, dit le troisième, je désirerais revenir sur la terre des vivants et rester à vivre un an au milieu de ma famille.
Au moment où le dernier des mineurs achevait son souhait, la terre
amoncelée qui bouchait l'entrée des galeries disparut tout à coup, et
les trois compagnons sortirent. Le premier arriva au jour, regarda un
instant la campagne, puis expira. Le second alla droit à sa maison et
retrouva sa femme et ses enfants; mais il avait tellement changé qu'ils
ne le reconnurent pas d'abord; il coupa sa longue barbe, se lava la
figure et aussitôt
sa femme et ses enfants vinrent l'embrasser. On se mit à table; mais à
la dernière bouchée du repas, le mineur mourut.
Quant au troisième, il vécut encore un an avec sa famille, et il expira à la dernière minute de l'année révolue.
Une petite fille marchait tous les jours pour aller et revenir de l'école.
Quoique, ce matin là, la température posait question
et que
des nuages se formaient,
elle se rendit à pied à son école élémentaire.
Durant l'après-midi, les vents s'élevèrent et les éclairs
apparurent.
La Maman de la petite craignait que sa fillette prenne peur en revenant à
la maison
et que la tempête électrique puisse lui faire du tort.
Inquiète, la Maman, s'empressa
de prendre la route, en voiture, vers l'école.
En route elle vit apparaître sa petite, qui à chaque éclair, s'arrêtait, regardait en haut et souriait.
Quelques éclairs se succédèrent rapidement et chaque
fois l'enfant regardait vers l'éclair et souriait.
Sa mère parvint à ses côtés, baissa sa fenêtre
et lui demanda ;Mais que fais-tu là?
J'essaye d'être belle, car Dieu n'arrête pas de prendre ma photo!
Voici un petit poème romantique
plein de soleil pour nous réchauffer !
La douceur de notre jeunesse lointaine,
le balbutiement de nos premiers pas
amoureux et timide.
L'innocence d'une amourette d'été,
quand il fait bon de se rouler dans
le foin et s'ébattre dans la nature.
L’innocence de découvrir le sexe opposé !
Patrick Etienne
************
Le premier amour
Courir dans les blés dorés,
Jouer à cache-cache
Dans le maïs frais,
Patauger ses pieds
Dans le ruisseau cristallin.
Un amour de jeunesse,
Un amour de vacances,
Quand deux adolescents
Oublient qu’il y a la guerre,
Que le monde ; c’est eux deux.
L’innocence du premier amour,
Où on ne voit que l’autre reflet
A travers les yeux de l’innocence,
Le plaisir de découvrir timidement
Le sexe opposé et ses mystères.
Les caresses vagabondes,
Les câlins coquins,
La douceur d’un amour d’été,
Quand on s’allonge dans le foin
Et notre estomac fait un drôle de bruit.
Deux cœurs innocents,
Inconscients de grandir,
Qui veulent savourer leur jeunesse,
La beauté du moment présent
Où rien ne compte que l’autre.
Des mots doux à l’envolée,
Deux cœurs qui se fondent,
Le temps d’un soleil chaud
Quand l’amour répond présent,
Qu’il parfum la beauté de la jeunesse.
L’été est court et touche à sa fin hélas,
Le temps difficile de ce dire, au-revoir,
La promesses de se revoir,
Le dernier baiser,
Le dernier frisson...
C’est le temps de partir,
C’est le temps de se quitter,
Que reste-t-il de ce bel été ?
Sinon un souvenir dans leurs cœurs
Un été comme il n’y en aura plus !
Patrick Etienne
Vaisseau de pierres sans vie ,
Veiné de vigne vierge ;
Silhouette drapée d'un linceul de brume ;
Maison esseulée aux volets scellés ,
Vers quel chemin d'errance
Ton âme défaillante ,
Privée de clairvoyance ,
S'est-elle égarée ?
Si tes murs séculaires pouvaient parler ,
Du sablier des jours égrénés ,
Les brèves minutes d'apogée
Et les longues heures enneigées ,
Les détails , me conteraient ,
Écailles de tuiles écartelées :
Ecchymoses sur toit de lauses .
Ci-gît , à l'agonie,
Un logis gémissant ,
Une demeure sans clameurs .
Les heures au cadran d'or ne sonent plus ,
Au cadre de porte , dorment les heurts .
Dans l'âtre , le feu de hêtre ne crépite plus ,
- Foyer au voile de crèpe noir - ,
À jamais , feue est la flamme des êtres .
Sur le linteau , subsiste un signe ouvragé ,
Initiales de justes , juxtaposées .
Sous le seing de deux lettres ,
Le scellement de deux êtres ;
Et un an de grâce gravé :
Pierre et Judith , 1725 ...
Isadova
MON ÎLE
Elle est petite mais tranquille
Aussi fragile qu'une coquille
Éloignée du continent
Elle est baignée par l'océan
C'est un petit croissant de terre
Qui baigne au milieu de la mer
Avec ses lumières familières
Il y fait bon se reposer
Le soir au soleil couchant
A l'abri du vent
Parfois perdue dans la brume
Comme pour retrouver
Un peu de solitude
Quand on la côtoie en été
Elle laisse un doux parfum
De sable chaud et de vent salé
Elle a beaucoup de charme
Avec des fleurs de couleurs parme
A chaque marée haute
Le bateau quitte la côte
Il ramène touristes et provisions
On y rencontre des pêcheurs
Rentrant du port avec des poissons
Elle est toujours belle
C'est une petite merveille
Ma petite île où il y fait bon vivre
@Copyright Vizzavona2A
-conte japonais -
Youkitchi et Mosouké étaient d'excellents amis. Youkitchi était un garçon joyeux,
presque frivole, Mosouké par contre était sérieux et fort prudent. Tout
différents qu'ils étaient, ils s'aimaient tant que si l'un devait
entreprendre un voyage d'affaires -en effet, ils étaient marchands- il
attendait toujours que l'autre puisse se joindre à lui.
Ainsi, une fois de plus, ils faisaient route ensemble. La journée avait été
chaude et ils furent heureux d'arriver au bord d'une forêt et de pouvoir
s'étendre à l'ombre d'un pin. Au bout d'un moment, Youkitchi était
profondément endormi.
Mosouké regardait le dormeur et, en soupirant, se disait :
"Il dort tranquillement ici, dans la nature, comme s'il était dans la
maison. Je ne le pourrais pas, moi, j'aurais peur de me faire voler. Et
pourtant, un petit somme serait le bienvenu. Mais malheureusement, je ne
peux pas m'endormir dehors."
Pendant que Mosouké faisait ces réflexions, il vit tout à coup une guêpe sortir
de la narine gauche de son ami. Il la regarda avec étonnement. Elle
s'envola vers un haut pin solitaire campé sur un rocher, tourna trois
fois autour de l'arbre, puis revint vers Youkitchi et disparut dans sa
narine droite. Mosouké n'avait jamais vu chose aussi étrange.
A cet instant, Youkitchi s'éveilla, s'assit en riant et dit : "Mosouké,
je viens de faire un rêve merveilleux. Il faut que je te le raconte.
Figure-toi qu'il y avait un haut pin campé sur un rocher élevé, oui,
exactement comme celui que tu vois là-bas ; une guêpe tournait autour du
tronc en bourdonnant : -tu dois creuser à cet endroit, tu dois creuser à
cet endroit ! Et effectivement je me suis mis à creuser et j'ai trouvé
un grand pot plein de pièces d'or. De ma vie je n'ai vu tant d'argent,
sauf dans mes rêves !"
"Vraiment c'est un rêve étrange" répondit Mosouké, "A ta place j'irais creuser autour de ce pin là-haut."
"Mais qu'est-ce qui te prends, je ne vais pas aller me fatiguer par une telle
chaleur simplement à cause d'un rêve stupide. Continuons plutôt notre
route pour arriver à temps en ville."
Mais Mosouké ne voulait rien entendre : "un tel rêve a sûrement un sens. Si
tu ne veux pas creuser, moi je veux bien essayer. Sais-tu ce que je te
propose : vends-moi ton rêve."
Youkitchi éclata de rire : "Voilà une bonne affaire pour moi qui n'ai jamais vendu de rêve. Que m'offres-tu ?"
"Tu as dit qu'il y avait là un grand tas de pièces d'or. Je ne sais pas
vraiment ; je suis ton ami et je ne veux pas te léser. Dis-moi toi-même à
combien tu estimes ton rêve."
Après une courte discussion, ils se mirent d'accord sur la somme. Et Mosouké acheta le rêve pour trois cent pièces d'argent.
"Jamais je n'ai fait une telle affaire. Tant d'argent pour un simple rêve," dit
Youkitchi en riant. "Mais maintenant, dépêchons-nous, sans quoi nous
serons en retard pour le marché".
Les amis avaient parlé à haute voix car ils se croyaient seuls. Ils ne
pouvaient pas deviner que l'avare Katchiémon avait surpris leur
conversation. Lui aussi faisait route vers la ville et s'était reposé à
la lisière de la forêt. Il s'était endormi mais les voix des deux
marchands l'avaient réveillé. Maintenant il eut un rire mauvais : "Que
voilà d'honnêtes gens, acheter un rêve. Heureusement qu'ils ont parlé
fort. Grâce à eux, je sais où est enterré le trésor et je l'aurai pour
rien."
Katchiémon renonça à aller au marché et grimpa rapidement sur le rocher. Il creusa
entre les racines du pin jusqu'à ce qu'il trouvât quelque chose de dur.
Il continua à creuser avec précaution et finit par sortir de terre un
grand pot ventru rempli de pièces d'or. Katchiémon brisa le pot et mit
les pièces d'or dans le grand sac qui ne le quittait jamais. Arrivé à la
ville, il acheta pour tout cet argent une auberge et il devint un homme
riche. Mais cet or ne lui porta pas bonheur. Au bout de quelque temps,
il perdit non seulement l'or qu'il avait trouvé mais également tout ce
qu'il avait possédé auparavant. Bientôt il fut mendiant.
Lorsque, à la ville, Mosouké eut terminé ses affaires, il quitta Youkitchi et
s'en retourna à l'endroit où il avait acheté le rêve. Quelle ne fut pas
sa déception lorsqu'il vit que les racines du pin étaient dénudées et
que les tessons du pot gisaient tout autour.
"Quelqu'un a pris les devants et a déterré le trésor," se dit-il avec tristesse.
Et il regarda les tessons. Tout à coup il tomba en arrêt car sur l'un
d'eux il avait découvert une inscription. Il la déchiffra à haute voix :
"Le premier des septs."
"Le premier des septs, cela veut dire qu'il doit y avoir encore six autres
pots sous terre," se dit-il et il commença à creuser avec énergie. Et en
effet il trouva, l'un après l'autre, six pots de terre, chacun rempli
de pièces d'or jusqu'à ras bord.
Mosouké se fit construire en ville une grande auberge qu'il appela "Au pot
ventru". Il y vécut riche et satisfait jusqu'au jour de sa mort.
Youkitchi venait souvent lui rendre visite et il saluait son ami par ces mots :
"Alors Mosouké, comment vas-tu ? Je suis venu voir ce que devient mon
rêve."
Et les deux compères se tapaient dans le dos en riant et à chaque fois
Mosouké servait à son ami le meilleur des sakés dans le plus ventru de
ses pots.