Poésies,contes et légendes.

Par Yannick Fondin - 1 il y a 10 années 4 mois
22/01/2016 - 07:24
L''auteur de ce beau poème est "Yves Duteil"
Pas surprenant, n'est-ce pas ?
Quelle extraordinaire et belle comparaison entre le verbe "AVOIR" et le verbe
"ÊTRE" le tout en poème. Il faut pour si bien réussir une telle
présentation être un expert de la langue
"FRANÇAISE"..................................."CHAPEAU"

> > > >
Loin des vieux livres de grammaire,
Écoutez comment un beau soir,
Ma mère m'enseigna les mystères
Du verbe être et du verbe avoir.
 
Parmi mes meilleurs auxiliaires,
Il est deux verbes originaux.
Avoir et Être étaient deux frères
Que j'ai connus dès le berceau.
 
Bien qu'opposés de caractère,
On pouvait les croire jumeaux,
Tant leur histoire est singulière.
Mais ces deux frères étaient rivaux.
 
Ce qu'Avoir aurait voulu être
Être voulait toujours l'avoir.
À ne vouloir ni dieu ni maître,
Le verbe Être s'est fait avoir.
 
Son frère Avoir était en banque
Et faisait un grand numéro,
Alors qu'Être, toujours en manque.
Souffrait beaucoup dans son ego.
 
Pendant qu'Être apprenait à lire
Et faisait ses humanités,
De son côté sans rien lui dire
Avoir apprenait à compter.
 
Et il amassait des fortunes
En avoirs, en liquidités,
Pendant qu'Être, un peu dans la lune
S'était laissé déposséder.
> > > > > >
> > > >
Avoir était ostentatoire
Lorsqu'il se montrait généreux,
Être en revanche, et c'est notoire,
Est bien souvent présomptueux.
 
Avoir voyage en classe Affaires.
Il met tous ses titres à l'abri.
Alors qu'Être est plus débonnaire,
Il ne gardera rien pour lui.
 
Sa richesse est tout intérieure,
Ce sont les choses de l'esprit.
Le verbe Être est tout en pudeur,
Et sa noblesse est à ce prix.
 
Un jour à force de chimères
Pour parvenir à un accord,
Entre verbes ça peut se faire,
Ils conjuguèrent leurs efforts.
 
Et pour ne pas perdre la face
Au milieu des mots rassemblés,
Ils se sont répartis les tâches
Pour enfin se réconcilier.
 
Le verbe Avoir a besoin d'Être
Parce qu'être, c'est exister.
Le verbe Être a besoin d'avoirs
Pour enrichir ses bons côtés.
 
Et de palabres interminables
En arguties alambiquées,
Nos deux frères inséparables
Ont pu être et avoir été.
 
....Oublie ton passé, qu`il soit simple ou composé,
Participe à ton Présent pour que ton Futur soit Plus-que-parfait.....

 
Joli, non ?
Bien loin des contenus humoristiques des envois habituels.
Exceptionnellement ce texte mérite d'être transféré largement.
Vive la langue française !
21/01/2016 - 07:28



 Comment s’aimer soi-même ?
 C’est bien là le problème !

Pouvoir dire, « Je M’aime »
Est chargé de dilemmes.


S’écouter ; première loi. 
Puis, s’occuper de soi 
Et s’accepter, je crois 
Sont tous de bon aloi.


Se respecter, ma foi 
Et aussi croire en soi. 
S’en donner à cœur joie. 
Être heureux, tu vois. 


Non point de narcissisme,
Ni preuve d’égoïsme 
Et point de jugement, 
Coupable sentiment. 


Bienveillant : c’est ton choix,
Et toujours envers toi. 
La chose qui t’échoit
Etre toujours courtois.

 
.lepoete71…le 31/12/2013

20/01/2016 - 11:25

Ça a passé si vite



Je me rappelle encore comment c’était
Quand toujours, le temps s’en allait
On en avait si peu pour nous
À peine le temps de nous faire un bisou

Je te chérissais, vraiment je t’adorais
Et j’étais si bien quand tu me câlinais
J’oubliais, que j’étais devenu vieux
Tu voulais tellement me savoir heureux

Je donnerais tout pour que ce soit encore vrai
Pour que le temps ne s’arrête jamais

Aujourd’hui, il est long le temps, je m’ennuie
Je ne sais plus quoi faire de ma vie
J’ai beau te parler, de façon virtuelle
Je sais bien que ce n’est pas naturel

Même que je me trouve un peu idiot
Quand je fais des bisous à ta photo
Je voudrais encore t’adorer, te chérir
Que tu me câlines me ferait si plaisir

Notre chez-nous, enfin tout, autour de moi
Me fait sans cesse me souvenir de toi
Je me rappellerai toujours, comment c’était
Quand notre temps, toujours s’en allait

Claude Marcel Breault


20/01/2016 - 11:19
L'HISTOIRE DU VIEUX CHARPENTIER

                       
 
Un vieux charpentier s'apprêtait à prendre sa retraite.
Il dit à son patron et client (il travaillait sous contrat)
qu'il souhaitait abandonner la construction et se consacrer à sa famille.
Sa petite retraite lui permettait de vivre agréablement,
à condition de faire attention.

Son patron et client fut désolé de voir un si bon travailleur
le quitter et lui demanda, comme un service personnel, s'il
pouvait construire une dernière maison.

Le charpentier répondit oui, mais on pouvait voir que le coeur n'y était plus.
Il utilisait des matériaux inférieurs et les finitions laissaient à désirer.
Dommage de finir sa carrière de cette façon!

Lorsque le charpentier finit son travail et que le constructeur
vint pour inspecter la maison, il remit la clef de la porte
principale à son employé.
"Cette maison est à toi", dit-il, "en reconnaissance
pour toutes ces années de bonne collaboration".

Quel choc! Quelle honte! Si seulement il avait su
qu'il construisait une maison qu'il allait lui-même habiter...
il l'aurait faite bien différemment.
Il allait devoir vivre dans la maison qu'il avait construite sans amour.

Il en va de même pour nous tous.
Nous construisons trop souvent nos vies de manière distraite,
sans amour. Pour certaines choses importantes nous ne donnons
pas le meilleur de nous-mêmes.

Ensuite nous sommes choqués de nous rendre compte
que nous avons à vivre dans la maison que nous avons construite.

Si nous y avions pensé plus tôt, nous l'aurions construite
différemment.

Pensez à vous comme à un charpentier.
Pensez à votre maison.
À chaque fois que vous donnez un coup de marteau,
plantez un clou, érigez un mur... construisez avec sagesse.

Il y a de grandes chances pour que ce soit la seule vie
que vous construirez de cette façon.
Même s'il ne vous restait qu'un seul jour à vivre,
ce jour mériterait d'être vécu dans la plénitude et le respect de vous-même.

Il y a une plaque sur le mur de cette maison imaginaire qui dit
"La vie est un projet que vous bâtissez vous-même".

Qui peut le dire plus clairement?
Votre vie d'aujourd'hui est le résultat de vos attitudes et de vos choix passés.
Votre vie de demain sera le résultat des attitudes et des
choix que vous faites... aujourd'hui!

20/01/2016 - 11:16
           Vivre au Présent

              

On se persuade souvent soi-même que la vie sera meilleure,
après s'être marié, après avoir eu un enfant,
et, ensuite, après en avoir eu un autre, et un autre...



Plus tard, on se sent frustré
parce que nos enfants ne sont pas encore assez grands
           et on pense que l'on sera mieux quand ils le seront.
     On est alors convaincu que l'on sera plus heureux
     quand ils auront passé cette étape.


On se dit que notre vie sera complète
quand les choses iront mieux pour notre conjoint,
quand on possédera une plus belle voiture ou une plus grande maison,
quand on pourra aller en vacances, quand on sera à la retraite...




La vérité est qu'il n'y a pas de meilleur moment pour être heureux
que le moment présent.

Si ce n'est pas maintenant, quand est-ce que ce sera ?


La vie sera toujours pleine de défis à atteindre et de projets à terminer.

Il est préférable de l'admettre et de décider d'être heureux maintenant,
            pendant qu'il est encore temps.



Longtemps, j'ai pensé que ma vie allait enfin commencer,
                                    «Ma Vraie Vie»


Mais, il y avait toujours un obstacle sur le chemin,
            un problème qu'il fallait résoudre en premier,
      un thème non terminé, un temps à passer, une dette à payer.



                        Et, alors, la vie allait commencer ! ! !


         Jusqu'à ce que je me rende compte
         que ces obstacles étaient justement ma vie.


        Cette perspective m'a aidé à comprendre
        qu'il n'y a pas un chemin qui mène au bonheur.


                   Le bonheur est le chemin.
        Ainsi passe chaque moment que nous avons et plus encore,
  quand on partage ce moment avec quelqu'un de spécial,
  suffisamment spécial pour partager notre temps,
  et que l'on se rappelle que le temps n'attend pas.

       Alors, il faut arrêter d'attendre
      d'avoir terminé ses études,
      d'augmenter son salaire,
      de se marier,
      d'avoir des enfants,
      que les enfants partent de la maison
      ou simplement
      le vendredi soir ou le dimanche matin,
     le printemps, l'été, l'automne ou l'hiver,
     pour décider qu'il n'y a pas de meilleur moment
     que maintenant pour être heureux.




LE BONHEUR EST UNE TRAJECTOIRE ET NON UNE DESTINATION !


        Il n'en faut pas beaucoup pour être heureux.
  Il suffit juste d'apprécier chaque petit moment
  et de le sacrer
       comme l'un des meilleurs moments de sa vie.


BONNE JOURNÉE!


20/01/2016 - 10:59
Quand survint la belle Hélène . 

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Résumé pour la compréhension du texte : Deux jeunes sont en rupture avec la
secte à laquelle ils ont adhéré et qui tient le pays. Le garçon par
peur. La fille par amour. La morale pourrait être qu'on n'échappe pas à
son destin, comme dans la mort à Samarcande. Ou bien "les dieux
aveuglent ceux qu'ils veulent perdre". Il pourrait y en avoir d'autres. À
chacun de les concevoir...

................
La porte du chalet de montagne, s’est ouverte brusquement et, quand je me suis retourné, elle était déjà devant moi. 
Un seul coup d’œil m’a suffi à comprendre, ce qu’elle était venue faire et j’en ai eu le souffle coupé. 
Elle était très sexy dans son uniforme, ses cheveux s’échappant de son calot posé de côté, ses yeux immenses et
sa poitrine arrondissant sa tunique moulante. 
Une chaleur sourde monta de mes reins. Cette belle fille vient pour me
tuer ; on confie aussi ce boulot à des femmes dans le nouveau Régime. 
« - La Paix soit avec toi, Frère ! – La Paix soit avec toi ! ». 
J’ai le réflexe de porter la main à ma hanche gauche ; c’est un geste idiot,
car tout à l’heure j’ai enlevé ma veste et mon harnachement. Tout est
pendu là-bas, près de la porte et mon imprudence va me coûter cher, car,
naturellement, mon automatique est resté dans sa gaine après le
ceinturon. Ainsi elle pourra m’abattre tranquillement. 
Je sens ma gorge se nouer et un vide creuser mon estomac. Je la regarde
refermer la porte avec précaution et nous restons sans bouger. 
Enfin, je lui tends le trépied, le seul siège du refuge. Si elle venait à le
prendre, en contournant la table je pourrais gagner la porte et
décrocher mon ceinturon. Mais elle allonge simplement le bras pour
l’attirer et s’installe contre la porte, les jambes croisées. Elle
retire son calot d’un geste rapide, rejette en arrière ses cheveux et
elle rit. Une vraie femme quoi ! Une attitude qu’on voit rarement à
l’école du Parti. 
« Cela ne t’a pas paru trop dur de grimper jusqu’ici ? – Du tout, et la montagne, cela nous connaît à l’entraînement ». 
Elles font cela aussi ! Décidément, on croit tout connaître de l’attitude des
femmes, et depuis qu’elles ont pris le pouvoir et séparé les sexes, on
reste ballot devant une situation inédite. 
« Tu n’en reviens pas de voir une fille dans ton secteur ? Autrefois, on
m’appelait Hélène, et tu dois trouver mon attitude incorrecte, » 
- « Et moi Alexandre. Je dois te paraître godiche. Mais tu sais, les
filles, on n’a pas l’habitude de les côtoyer, surtout dans ta tenue ». 
De nouveau, elle rit ; ses dents impeccables luisent derrière ses lèvres
naturellement rouges. Plus que tout à l’heure, la peur me serre à la
gorge . Je m’attends à tout moment à la voir plonger sa main dans sa
tunique ; la poche gauche où j’ai aperçu un renflement carré, et tirer
son automatique. 
C’est une fichue idée que d’avoir demandé d’aller « méditer » en montagne. Je
me suis jeté dans la gueule du loup. Cela les aurait embêtées de
m’abattre au camp. En général, Elles évitent la publicité, si bien
qu’ici je me ferai liquider comme un lapin. On dira que je suis tombé
dans un ravin, comme on l’a dit pour d’autres, dont je ne connais même
pas le nom d’origine, tant le cloisonnement est parfait.
 Une sale peur animale me tord les tripes ; et c’est devant une fille qui
aurait dû se dissimuler sous des voiles réglementaires. 
Je lui suggère de sortir un moment pour voir le soleil couchant sur la neige. 
Elle bat des mains en riant, mais elle s’arrange pour me laisser passer le
premier, en tournant le dos à mon arme, que je pensais récupérer en
sortant. 
Un coup d’œil aux environs, où s’impriment encore les stries parallèles de
ses skis, ceux qu’elle a laissés contre la cabane avec son havresac.
 Elle est bien arrivée seule ici, cela me laisse une chance de m’en tirer, à
condition de ne pas laisser deviner que je me doute de quoi que ce soit. 
Je tente de l’effleurer au passage, geste rigoureusement interdit ; mais,
elle se dégage sans que j’aie pu vérifier si elle portait bien un automatique. 
J’ai eu des sueurs froides, tant j’avais peur qu’elle m’abatte sur place. 
Au camp, j’aurais eu droit à un mois de trou, pour ce geste-là. 
Maintenant, cela va mieux. Mon automatique est dans ma poche. J’ai pu le récupérer.
Cela s’est fait simplement, pendant qu’elle reprenait sons sac à dos.
Je suis rentré en enfilant ma veste et, en douceur, j’ai pu le glisser
dans ma poche. Maintenant, nous sommes à armes égales avec une petite
supériorité pour moi, car elle ne sait pas que je l’ai repérée. 
En d'autres temps,  je me serais laissé faire. Elles auraient pu me liquider ; j’aurais même
reconnu mes fautes. Mais j’ai 20 ans ; voilà quatre ans que je me suis
converti au « Parti », avant les événements, et contre la volonté de ma famille. 
Et voici deux ans que je porte l’uniforme de la "Milice des Droits de
Demain". J’avais déjà vu tourner le vent de l’Histoire. Maintenant, j’ai
compris que tout fiche le camp. Je sais qu’un jour ou l’autre les
Américains nous écraseront et l’on fusillera tous ceux qui tiennent de
près ou de loin au Régime, comme mon grand-père en 1944. J’ai réfléchi à
tout cela ; c’est pourquoi je pensais partir pour un pays encore libre. 
A cause de cela aussi que ma peau ne vaut pas cher et qu’Hélène est là, devant moi.
Oui, elle m'a dit s'appeler ainsi. 
Je me fais repérer en lui disant en français : « On va casser la croûte ? ».
Mais ce « parler » d’autrefois, ne la rebute pas et nous
nous asseyons devant une boite de sardines qu’elle sort de son havresac.
 Nous avons fait du feu et elle a fait légèrement glisser la fermeture éclair
de sa tunique. Ce que j’entrevois me rappelle un peu le costume que
portaient autrefois les filles au lycée. J’ai la pensée que j’aurais pu
en profiter pour lui tordre le bras et récupérer son arme. Mais je me
suis dégonflé. Elle est sportive, bien musclée ; elle doit connaître le
close-combat, pratique que je ne peux plus pratiquer depuis une sale histoire. 
Et enfin ses attraits ont retardé mon élan. Alors, je me risque à chahuter
un peu, de frôler sa poitrine. Elle se dérobe avec un rire, un rire
artificiel, plutôt troublé, je ne sais pas. C’est sans doute son jeu de
faire du charme et tout en se rajustant elle me regarde de biais. 
J’aurais eu le temps de prendre mon arme et de tirer, et tout serait terminé.
Mais je dois me maîtriser. Au fond, les plus trouillards sont les premiers à tirer. 
En bas, Elles savent qu’elle est là et pourquoi elle y est ; le tout est
de savoir quand "Elles" attendent son retour. Cette nuit, ou demain matin ? 
Sans en avoir l’air, je mets la question sur le tapis. 
Oui, elle compte dormir dans la cabane. Où aller d’ailleurs, à 2000 mètres d'altitude ? 
Tout va bien. Je peux attendre encore un peu ; la liquider en douceur, faire
mon barda et filer. Filer vite. Vite et loin ! Je jetterai mon uniforme
dans quelque gouffre, mon uniforme avec tout ce que cela représente,
mes illusions et mes désillusions, une impitoyable vie de métal, qui me
pourrit peu à peu comme un chancre. 
À condition de ne pas la perdre de vue et de garder mon sang froid… 
Je me demande d’ailleurs pourquoi elle recule le moment de faire son boulot.
Son sale boulot de me descendre ! 
À la fin, son assurance m’inquiète. Je ne peux penser qu’à cela. À ma mort. Douce Nuit !
À présent, elle a sauté sur la couchette du haut. J’ai été pris de court.
J’aurais pu l’empoigner par les pieds, mais maintenant c’est trop tard.
Encore trop tard ! mon inquiétude paralyse mes réflexes. Là-haut, elle
peut allonger le bras et prendre son arme… 
Elle attend peut-être une tentative de ma part pour justifier son acte. Je
souffle la lampe et m’étends à mon tour sur la couchette du bas. Il fait
assez noir, malgré la clarté diffuse de la neige par une petite lucarne.
 « Bonsoir ! – Bonsoir ! ». Puis, silence total ! Un silence lourd, écrasant ;
je sais que l’instant est venu ; je sais qu’elle attend. Quand elle
entendra ma respiration régulière, elle saura que je dors et alors elle
descendra et appuiera son automatique sur ma tempe. 
J’ai beau crâner, je sens la sueur m’inonder, mes mains trembler. 
C’est la peur, la vraie peur ! Mon bras droit se raidit le long du corps, mes doigts
s’incrustent sur la crosse de mon arme. 
« Tu dors, Alex ? ». Si elle sait que je ne dors pas, elle attendra le moment voulu
comme le chat guette la souris. Par tactique, je ne réponds pas. 
« Tu ne dors pas, j’en suis sûre, et je sais pourquoi ». 
Soudain, un petit, tout petit frôlement. Elle commence à descendre comme un
serpent. Instinctivement, je me renfonce contre le mur. 
Je sursaute à son contact, une chair tiède et douce. 
D’une détente, je la saisis de mon bras libre et de l’autre j’appuie à fond
sur la détente. Quelques sursauts, et puis plus rien. 
J’allume mon briquet, et, à la pâle lueur qu’il projette, je découvre son corps nu.
Son sang coule d’un grand trou dans le front. Elle a son compte ! 
La lampe allumée, je cherche son arme. 
Partout, dessous et dans les lits, dans ses affaires… Rien ! 
Trop tard, je réalise que j’ai fait une bêtise, une grosse bêtise. J’ai tout
compris de travers. Elle n’était pas venue pour me tuer et quand elle m'a rejoint… 
C’était une chic fille et une belle fille. 
Elle est toute blanche avec des yeux fixes et vitreux qui fixent les toiles d’araignées du plafond. 
Soudain, j’ai peur de ce que j’ai fait. J’ai peur d’elle… 
Je n’ai aucune raison de filer. Du moins pas encore. 
Pourtant, je chausse mes skis. Dehors je glisse, avec comme seul repère la clarté
lunaire sur la neige. Je file à toute vitesse et l’air glacial me brûle la peau… 
Un choc, un trou noir comme si mon crâne éclatait. Le noir, le noir… 
"Elles" m’ont fait arrêter plus tard. Très probablement, nous étions grillés
tous les deux et "Elles" attendaient que l’un tue l’autre, pour avoir un
motif. J’aurai droit à un tribunal inquisitorial. Excellent pour l’exemple ! 
J.A

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Note. Il s'agit d'une uchronie, c'est à dire une évocation imaginaire dans le
temps. L’auteur d’une uchronie prend comme point de départ une
situation historique existante (ou supposée) et en modifie l’issue pour
ensuite imaginer les différentes conséquences possibles (wikipédia). 
A l'époque où j'ai publié, cette nouvelle, dans un magazine
départemental, c'était à la suite de l'attentat des tours de New-York.
Dans ce texte d'anticipation, j'avais voulu garder un certain flou, pour
respecter un contexte différent de celui d'aujourd'hui. D'où
l'improbable désignation de la secte "Elles".
A nouveau, le 27/9/12, j'ai présenté cette nouvelle sur notre site de
poésie, avec les mêmes données. J'ai pensé, aujourd'hui, qu'elle était
toujours d'actualité...  A présent, on pourra personnellement mettre un nom sur la secte de son choix. 
Et puis, en reprenant un texte ancien, cela me permet d'éviter d'opérer à
l'ordi et d'échapper ainsi à quelques petits tourments physiques
auxquels la nature et l'âge nous convient trop souvent, du moins en ce
qui me concerne. 

   
Écrit et Présenté par J.A. Illustration Google. 
Engagement à retirer l'image en cas de demande des ayants droit.

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20/01/2016 - 08:31


LA ROSE DES VENTS

Vent du Nord qui souffle fort

Et hurle sur les pâtures
Tu m'apportes le froid
Et la neige quelquefois
Vent de l'Ouest
Avec plus de faiblesse
Parfois tu deviens tempête
Arrivant droit de l'océan
Tu es aussi le vent dominant
Les vagues rugissantes
Font danser les bateaux
Au rythme de ton tempo
Les voiles claquant
Dans les haubans
Quand au loin le phare

Pris comme par des assaillants
Par les vagues le recouvrant
Mais le vent d'Est plus timide
Par une chaleur torride
Me fait rêver allongée
A l'ombre de la charmille
Quand au vent du Sud
Avec toute sa quiétude
Plus doux que ses trois frères
Vient me caresser

D'une brise légère

@Copyright Vizzavona2A

19/01/2016 - 17:11


 

La danse de nuit

Ah, la danse ! La danse
Qui fait battre le coeur,
C'est la vie en cadence
Enlacée au bonheur.
Accourez, le temps vole,
Saluez s'il-vous-plaît,
L'orchestre a la parole
Et le bal est complet.
Sous la lune étoilée
Quand brunissent les bois
Chaque fête étoilée
Jette lumières et voix.
Les fleurs plus embaumées
Rêvent qu'il fait soleil
Et nous, plus animées
Nous n'avons pas sommeil.
Flammes et musique en tête
Enfants ouvrez les yeux
Et frappez à la fête
Vos petits pieds joyeux.
Ne renvoyez personne !
Tout passant dansera
Et bouquets ou couronne
Tout danseur choisira.
Sous la nuit et ses voiles
Que nous illuminons
Comme un cercle d'étoiles,
Tournons en choeur, tournons.
Ah, la danse ! La danse
Qui fait battre le coeur,
C'est la vie en cadence
Enlacée au bonheur.

Marceline Desbordes-Valmore.

19/01/2016 - 17:09



LE PETIT NUAGE GRIS

Qu’il était triste le petit nuage gris

Oublié dans un coin par ses frères,

Les ventripotents cumulonimbus pleins à ras gueule de pluie

Qu’ils déversaient énergiquement sur la terre assoiffée.

Il retenait ses larmes et sanglotait en silence

Le petit nuage gris.

 
Jamais de sa vie il ne pourrait offrir la manne bienfaisante

Au sol desséché, craquelé, qui l’attendait avidement.

Le vent lui-même le boudait

Et dans un ciel bleu de glace il stagnait là, solitaire.

 
Le soleil poursuivait son implacable course

Evitant de s’approcher des géants noirs.

Mais cette minuscule chose de coton gris immobile

Le tracassait. Que faisait-elle là toute seule ?

C'est alors que grâce à ses rayons puissants

Il vit qu’à l’intérieur

De cela un gros, un très gros chagrin

Ne parvenait pas à s’extirper

Et que des larmes s’y étaient figées.


Touché par cette peine rentrée

Il enroba les pleurs de lumière, les irisa,

Et notre petit nuage gris si triste

Devint un splendide arc-en-ciel

Effaçant d’un coup ses frères ingrats.

 
Marcelle Betbeder



 Même lorsque tout semble perdu, il reste toujours l’espoir d’un avenir meilleur
18/01/2016 - 12:30
 ***La Dame Hollé *** - conte de Grimm -

Une veuve avait deux filles, l’une belle et active, l’autre laide et
paresseuse. Mais elle aimait bien plus la fillette paresseuse et laide,
comme étant sa propre fille, que l’autre qui devait faire tout l’ouvrage
et qui était la Cendrillon du logis. La pauvre enfant devait se mettre
tous les jours sur la grande route, près d’un puits, et filer sans
relâche, au point que le sang lui coulait des doigts.


Il arriva qu’une fois, comme sa quenouille était couverte de sang et
qu’elle se penchait pour se laver, celle-ci lui glissa de la main et
tomba au fond du puits. La pauvrette fondit en larmes, et courut chez sa
belle-mère à qui elle conta son malheur ; mais cette femme la gronda
rudement et se montra sans pitié. Enfin, elle lui dit :

« Si tu as laissé tomber ta quenouille, va la chercher. »
La jeune fille s’en retourna donc auprès du puits, mais elle ne savait que
faire ; et, dans son angoisse, elle sauta par-dessus le bord, pour
chercher la quenouille.


Lorsqu’elle revint à elle après le premier étourdissement, elle se vit sur une
belle prairie, où il faisait un beau soleil et où il y avait des
milliers de fleurs. Elle traversa la prairie et arriva près d’un four
qui était rempli de pains ; et le pain criait :

« Ah ! Retire-moi, retire-moi ! Autrement, je brûlerais, car il y a longtemps que je suis cuit. »
Vite, elle se mit au travail, et retira tout. Puis elle continua son chemin,
et trouva un pommier chargé de pommes ; et il criait :

« Ah ! Secoue-moi, secoue-moi ! Mes pommes sont mûres. »
Alors elle secoua l’arbre et les pommes tombèrent comme grêle, jusqu’à ce qu’il
n’y en eût plus une ; puis elle s’en alla.

Enfin, elle rencontra une petite maison, d’où semblait la guetter une vieille
femme ; mais comme celle-ci avait de longues dents, elle eut peur et
voulut se sauver. La vieille femme lui dit alors :

« Ne crains rien, chère enfant, reste chez moi, et si tu veux faire avec
soin tout l’ouvrage de la maison, tu auras du bon temps ; mais il faut
prendre garde de bien secouer mon édredon, jusqu’à ce que les plumes
s’envolent : alors il neige par le monde ; car je suis la dame Hollé. »

La vieille parlait si doucement que la jeune fille accepta d’entrer à son
service. Elle faisait tout à souhait et secouait toujours l’édredon de
toutes ses forces ; mais aussi avait-elle une vie des plus agréables,
point de mauvaises paroles, et chaque jour de la friture et du rôti.

Il y avait déjà quelque temps qu’elle était chez la dame Hollé,
lorsqu’elle devint triste jusqu’au fond du cœur ; et quoiqu’elle fût
mille fois mieux là que dans la maison de sa belle-mère, elle mourait
d’envie de revoir son ancien logis ; enfin elle dit à la vieille :

« J’ai le mal du pays, et si bien que je me trouve ici, je ne puis y rester plus longtemps. »
La dame Hollée lui répondit :« Il me plait que tu désires retourner chez toi ;
et, puisque tu m’as servie fidèlement, je veux t’y ramener moi-même. »

Puis elle la prit par la main pour la conduire sous une grande porte, qui
s’ouvrit ; et lorsque la jeune fille fut juste au-dessous, une pluie
d’or abondante en tomba, et l’or resta attaché à elle, de sorte qu’elle
en était couverte entièrement.

« Tu auras cela, parce que tu as été appliquée, » dit la dame Hollé ; et
elle lui donna aussi la quenouille qui était tombée dans le puits.
Ensuite la porte se referma et la jeune fille se trouva de nouveau sur
la terre, près de la maison maternelle ; et quand elle entra dans la
cour, le coq était perché sur la margelle du puits et chantait :

« Kikeriki, kikeriki !Notre vierge d’or est ici. »
Alors, elle s’en fut chez sa mère, et comme elle arrivait couverte d’or, elle se trouva la bienvenue.
Quand la mère eut appris comment cette richesse lui était échue, elle voulut
procurer le même bonheur à sa laide et paresseuse fille. Il fallut
qu’elle se mit aussi à filer auprès du puits ; et pour que la quenouille
fût ensanglantée, elle se piqua le doigt et s’égratigna la main aux
épines de la haie ; puis elle jeta la quenouille dans le puits, et sauta
elle-même après elle.

Comme sa sœur, elle arriva à la belle prairie et prit les mêmes chemins.
Lorsqu’elle atteignit le four, le pain criait :

« Oh ! Retire-moi, retire-moi ! Autrement je brûlerais, car il y a longtemps que je suis cuit. »
La paresseuse répondit :
« Je n’ai pas envie de me salir ! » Et elle continua sa route.
Bientôt elle trouva le pommier, qui s’écria :
« Oh ! Secoue-moi, secoue-moi ! Mes pommes sont toute mûres. »
Elle dit :
« Oui ! N’est-ce pas ? Pour qu’une pomme me tombe sur la tête ! » Et elle s’en alla plus loin.
En arrivant devant le logis de la dame Hollé, elle n’eut pas peur, car
elle avait déjà entendu parler de ses grandes dents, et s’y mit tout de
suite en service. Le premier jour, elle se contraignit à être appliquée
et fit tout comme le lui disait la dame Hollé, car elle pensait à l’or
qui lui en reviendrait. Le second jour, elle commença à faire la
paresseuse ; le troisième, ce fut encore pis ; elle ne voulait plus se
lever de bon matin, faisait fort mal le lit de la dame Hollé et ne le
secouait pas pour en faire voler les plumes. La dame Hollé fut bientôt
fatiguée d’elle et lui donna son congé. La paresseuse en fut ravie,
pensant que la pluie d’or allait venir à présent. La bonne dame la
conduisit comme l’autre sous la grande porte, et quand elle se trouva
juste au-dessous, au lieu de l’or qu’elle attendait, un chaudron de poix
lui fut versé sur la tête.

Tu as maintenant la récompense de tes services, » dit la dame Hollé en fermant la porte.
C’est ainsi que la paresseuse s’en retourna toute couverte de poix ; et quand
le coq, perché sur le puits, l’eut aperçue, il chanta :

« Kikeriki, kikeriki !Notre enfant malpropre est ici. » La poix ne voulut jamais s’en aller, et la paresseuse
fut obligée de la garder aussi longtemps qu’elle vécut.