Poésies,contes et légendes.

Par Yannick Fondin - 1 il y a 10 années 4 mois
19/12/2015 - 11:48


VEILLÉE D'HIVER

Dehors le vent hurle

À travers les ramures

Dans le vieux chalet

Le feu crépite dans la cheminée

Assise sur un banc la tête penchée

La vieille femme bercée

Par le ronflement de son rouet

Semble être dans ses pensées

Ses doigts agiles s'agitent sur le fil

Son petit chat fripon

Joue avec sa laine et tourne en rond

Avec son chien endormi sur le tapis

Sont ses seuls compagnons

Elle se souvient d'une chanson

Que son mari jouait au violon

L'horloge égrène les heures

Elle se remémore son bonheur

Des larmes coulent sur ses joues

Elle se souvient des doux bisous

La vieille femme incline la tête

Elle regarde l'heure au cadran

La fileuse songe à son passé

Et à ses bonnes veillées d'antan


@CopyrightVizzavona2A
19/12/2015 - 08:49



 
A TOI MON FILS CHERI, EN CETTE FIN D'ANNEE, le 19 DECEMBRE 2008, IL Y A 7 ANS....

UNE LARME..

Soudain elle surgit venue des profondeurs, sa valeur est inestimable tant elle
est vraie. Plus riche qu'un trésor, elle perle au gré du moment,
scintillante de vérité et pourtant si indéchiffrable qu'aucun n'eut pu
la comprendre.


Merveille qu'elle est, elle s'écoule vivement pour laisser fuir l'autre qui la
suit. Rempli de mélancolie, seul l'être qui la laisse filer peut la
comprendre car elle crie ton nom dans le silence.


Où il y a une larme, il y a un coeur. Et dans le mien, tu lui manques tellement,
tu me manques atrocement,
c'est inacceptable de vivre sans toi , c'est pas facile
de continuer mon chemin sans l'amour de ma vie...et comment puis-je exister sans amour
puisque tu n'es plus là?


Oh! larme de mon coeur torturé, je te cherche mon fils adoré,je te sens, je te vois,
tu n'étais que poèsie et je reste sans voix, je voudrais te prendre dans mes bras,
je t'ai aimé,guidé, aidé dans tes premiers pas;.je respire ton odeur, ce parfum si délicat
de ta peau toute de douceur ,blottie là dans mes bras. Toi si cher à mon
coeur,comment pourrai-je oublier tous ces moments de bonheur, nos
gestes,nos baisers. Dans le creux de ma main ta tête reposant, ton
regard si mutin,qui disait tant et tant,et là le souvenir,qui me brise
le coeur de t'avoir vu partir vers ailleurs...


Oh! images cruelles je ne peux vous effacer....reviens , reviens mon amour
je t'en supplie ne serait-ce qu'un moment, qu'un seul jour,qu'une seule
nuit... qu'un tout petit instant.mais reviens, pour te serrer très fort
et imprégner en moi la marque de ton corps, l'image de ton joli visage;
reviens nous serons toi et moi si heureux ...ah, qu'il est terrible
d'écrire ! mais pour toi mon amour je le fais, tu pourrais me maudire si
je ne l'avais fait....

Je n'ai plus que des larmes à t'offrir, mon ange, je t'aime dans l'infini paradis
où tu es parti depuis sept ans déjà...
Je pense toujours à toi...
Éternellement, je t'aime! Je t'aime, je t'aime àme fendre le coeur.
Je n'ose pas te demander de l'aide, mon trésor et c'est à moi de prendre soin de toi...
mais j'ai tellement besoin de toi mon fils... Je ne sais plus comment vivre cette peine.
J'ai trop de douleur dans la poitrine. Comment avoir une vie heureuse sans toi.
C'estimpossible...

J'écris des poèmes en espérant ton retour...Des mots de solitude où tu es présent en chaque vers.....
Tu me manques trop...

Quand je me lève, je pense a toi... Quand je rêve, je rêve de toi... Quand je
parle avec mes amis, je parle de toi... Tu es dans toutes mes pensées.
J'ai l'impression que sans toi, je ne peux plus vivre...

La nuit s'achève, Tu me manques. Même quand je veille, Tu me manques, .
Lejour se lève, Tu me manques. Les yeux mi-clos, Tu me manques. Je ne
dors plus, Tu me manques...

Dans mes rêves du paradis nous marchons main dans la main... Je t'aime....
Pourquoi sans prévenir un jour tout s'arrête et vous laisse encore plus seul sur terre
sans savoir quoi faire... 

L’absence d’un être aimé est une grande souffrance pour celui qui reste seul.
Tu m’as quitté mais je ne peux t’oublier. . Sans toi ma vie a perdu tout
son sens. Je meurs de ton absence.


Malgré la douleur , la souffrance de mes "Tu me manques"... tellement insensés
.Je pense à toi,. Plus je pense à toi et plus encore je m'aperçois que
le temps qui passe ne me guérira pas. Rien ne te remplace, je manque de
toi, je meurs de toi, Et je m'aperçois que tu manques à l'espace.Tu me
manques et jamais je ne t'oublierai!


C'est difficile à dire les choses qu'on a en soi. Je voudrais te les écrire
mais les mots ne se forment pas. Alors je me demande quoi d'autre
inventer. pour qu'enfin revienne en moi la sérénité. Est-ce que tu
m'entends lorsque je te parle? Est-ce que tu vois mes larmes qui coulent
toujours pour toi. Est-ce que tu entends mon coeur battre tout à
l'envers?


Quand la solitude vient m’embrasser et étreindre durement mon corps, je te
vois là à mes côtés… ! Je ne cesserai jamais de t'aimer. Je pense sans
cesse à toi...

Tu étais ma plus belle saison et je t'ai perdu. Tu étais une fleur qui
maintient toutes les saveurs. Tu es à l’origine de toutes les alchimies
de mon coeur. Celles qui me transforment et me rendent plus forte. Je ne
comprends pas pourquoi tu n'es plus là. Je ne t'ai jamais dit adieu. Je
ne t'ai jamais dis vas t-en. Je t'attends. Reviens-moi quand tu veux.
Je ne t'ai jamais dit adieu...


Tu me manques... Je réalise combien tu comptes dans ma vie... Tu habites
dans mes pensées... Tu as fait naître en moi l'envie de t'envoyer ce
poème pour te dire tout simplement que je t'aime."J'apprends à survivre
sans toi mon amour..."
18/12/2015 - 17:51



QUI VEUT DU FILS ?


« Jamais, je ne pourrais m’acquitter
de la dette que j’ai envers votre fils »
   
Un riche amateur d’art et son fils
aimaient à collectionner quantité de
chefs-d’œuvre de grands maîtres, de
Raphaël à Picasso.

Ils se retrouvaient souvent pour
admirer les tableaux de leur
collection.

Lorsque la guerre éclata, le fils
partit au front.

Très courageux, il trouva la mort
en sauvant la vie d’un de ses
camarades.

À cette nouvelle, le père fut très
affligé.
 
Environ un mois plus tard, quelques
jours avant Noël, quelqu’un vint
frapper à sa porte.

En ouvrant, il vit un jeune homme
qui tenait à la main un gros paquet.

? Vous ne me connaissez pas, Monsieur,
dit le jeune homme en guise
d’introduction, je suis le soldat
que votre fils a sauvé en sacrifiant
sa vie.

Il avait déjà sauvé plusieurs de nos
camarades, ce jour-là : j’étais blessé,
et il me mettait à l’abri lorsqu’une
balle l’a touché en plein cœur.

Il est mort sur le coup.

Il parlait souvent de vous et de votre
passion pour la peinture.

Il tendit le paquet qu’il tenait à la
main et ajouta :
 
? Je sais que ce n’est pas grand chose,
et je ne suis pas très doué comme artiste,
mais je crois que votre fils aurait voulu
que vous ayez ceci.
    
Le paquet contenait un portrait du fils
peint par le soldat.

Le père examina le portrait et admira
pendant un long moment la façon dont
l’artiste avait saisi sa personnalité.

Il était irrésistiblement attiré par
le regard de son fils, à tel point que
ses yeux finirent par se remplir de larmes.

Il remercia le jeune homme et voulut
le payer pour le tableau.
 
? Il n’en est pas question, Monsieur,
je vous l’offre !

Je sais que jamais je ne pourrai
m’acquitter de la dette que j’ai envers
votre fils.

Le père accrocha le tableau dans l’entrée
au-dessus de sa cheminée.

Chaque fois qu’il avait des visiteurs, il
leur montrait le portrait de son fils
avant même de leur montrer sa collection
de chefs-d’œuvre.

À la mort du père, on publia un avis
informant le public que sa collection
d’œuvres d’art serait mise aux enchères.

De nombreuses personnalités et amateurs
d’art fortunés vinrent assister à la
vente, chacun espérant acquérir un ou
plusieurs chefs-d’œuvre de la collection.

Sur un chevalet près de l’estrade, on
avait placé le portrait du fils.

Le commissaire-priseur abaissa son marteau.
 
? Nous allons démarrer les enchères avec
ce portrait du fils.

Quelqu’un veut-il faire une offre pour
ce portrait ?

Silence. Puis, du fond de la salle,
quelqu’un s’écria :

? Nous voulons voir les tableaux des maîtres !

Est-ce qu’on pourrait sauter celui-là ?!

Imperturbable, le commissaire-priseur répéta
sa question :

? Quelqu’un veut-il faire une offre pour ce
portrait ?

Les enchères commencent à 100 dollars.

Y a-t-il preneur à cent dollars ?

? Nous ne sommes pas venus voir ce portrait.

Nous sommes venus pour les Van Gogh et
les Rembrandt.

Procédons à la vraie vente maintenant !
s’exclama quelqu’un d’autre sur un ton
d’impatience.

Le commissaire, toujours impassible,
renouvela sa question :

? Le fils … y a-t-il preneur pour le fils ?

Finalement une voix se fit entendre du fond
de la salle.

C’était le jardinier qui avait été longtemps
au service de la famille :

? Je suis preneur pour dix dollars !
 
Il avait un peu honte de proposer une somme
aussi dérisoire, mais c’est tout ce que le
pauvre homme pouvait se permettre.

? Nous avons preneur à 10 dollars. Qui dit
20 dollars ?

? Donnez-lui le tableau pour 10 dollars.

De grâce, passons aux tableaux des maîtres !

? L’enchère est à 10 dollars …

qui dit 20 dollars ?

Le public commençait à perdre patience.

Ils n’étaient pas venus pour ce portrait.

? 10 dollars une fois … dix dollars deux fois …
adjugé, vendu !

déclara le commissaire-priseur en frappant
la table de son marteau.

? Bon ! Maintenant j’espère qu’on va pouvoir
passer à la collection !

s’écria un homme assis au premier rang.

Mais le commissaire posa son marteau et annonça :
 
? Mesdames et messieurs, la vente aux enchères
est maintenant terminée.

? Comment ça « terminée » ? …. et les tableaux ?

? Je regrette, mais la vente est terminée.

Lorsque cette vente m’a été confiée,  j’ai pris
connaissance d’une clause secrète figurant dans
le testament du propriétaire, clause que j’étais
tenu de ne pas révéler jusqu’à cette heure :

seul le portrait du fils serait mis aux enchères.
 
Le testament stipulait que la personne qui
l’achèterait hériterait de tous les biens du
propriétaire y compris les tableaux de grands
maîtres.

La personne qui a pris le fils hérite de tout !

Le Fils de Dieu est mort pour nous il y a deux
mille ans.

Comme le commissaire-priseur, Dieu nous pose
la question : « Qui veut du fils ? »

Car voyez-vous, celui qui prend le Fils héritera
de tout !

? Auteur inconnu.
18/12/2015 - 07:39
                 
DANS LES BRAS DES VENTS
EN QUATRE SAISONS



 

 J’ai rêvé qu’un zéphyr tendre et doux me prenait dans ses bras,

Me déposait sur un lit de moelleux nuages clairs

Et m’emportait loin, très loin dans le temps,

Vers des terres vierges à la nature intacte.

J’y ai retrouvé la genèse de notre aventure humaine,

La naissance d’un monde purgé de toute pourriture.



 J’ai rêvé qu’un sirocco à la fois violent, impétueux, passionné

M’emportait consentante vers des champs de plaisirs satisfaits.

La terre avait changé … déjà.

Perdue la luxuriance des forêts, la moiteur des sous-bois,

La splendeur des plaines, le roucoulement des sources claires et pures,

Le chant des oiseaux.



 J’ai rêvé qu’un vent d’autan câlin et moqueur à la fois

Me chahutait et y prenait plaisir.

Quoi … ? Que s’était-il donc passé depuis mon dernier voyage.

Une abomination, un massacre à la tronçonneuse,

Une floraison malsaine de villes puantes aux mœurs dégénérées.



 J’ai rêvé qu’un noroît méchant, brutal, voulait briser mes rêves.

Ils le furent, guerres et attentats, famine, maladie,

Il ne restait rien, juste un brin d’espérance en la conscience de l’homme.

Et j’ai vu le Passeur de la Mort , l’Ankou*,

Qui enfin allait me délivrer de mon enveloppe charnelle

Et m’emporter sur sa barque maudite,

Afin que j’oublie cet abominable rêve.

 
Marcelle Betbeder


 
*L’Ankou :En Bretagne, Passeur des âmes vers le grand Océan de l'Ouest, l'Ankou attend dans sa Barque de Nuit
les âmes des trépassés
17/12/2015 - 08:41



En souvenir d'une quinzaine difficile pour les Français

Un haïku japonais contemporain

 
Hier est déjà passé

Aujourd'hui va bientôt passer aussi

La chouette d'été


Eïji Haschimoto (h)


--------

On trouve un caractère double dans certaines croyances populaires au
Japon, où les chouettes sont des symboles positifs ou négatifs en  fonction de leur espèce.
Les chouettes effraies sont démoniaques alors que les
chouettes hulottes sont plutôt considérées comme des messagères des
dieux . Elles servent d'intermédiaire entre les dieux et les hommes.
Pour les chrétiens, la chouette signifie traditionnellement le Diable,
les puissances du mal, les mauvaises nouvelles, la destruction. De même,
dans l'Ancien Testament, la chouette est une créature impure et une
figure de désolation. 

Au Moyen Âge, la chouette est associée à à la tromperie et à la
sorcellerie. En effet, on voit dans le rapace sa capacité à profiter de
la nuit pour chasser, au moment où ses proies sont souvent "aveugles" et
démunies, tandis qu'elle y voit clair.

17/12/2015 - 07:54

{option}
Ma cabane au Canada
Est blottie au fond des bois
On y voit des écureuils
Sur le seuil
Si la porte n'a pas de clé
C'est qu'il n'y a rien a voler
Sous le toit de ma cabane au Canada
Elle attend, engourdie sous la neige
Elle attend le retour du printemps
Ma cabane au Canada
C'est le seul bonheur pour moi
La vie libre qui me plaît
La forêt
A quoi bon chercher ailleurs
Toujours l'élan de mon cœur
Reviendra vers ma cabane au Canada
Mais je rêve d' y emmener
Celui qui voudra me suivre
Viens avec moi si tu veux vivre
Au cher pays où je suis née
Ma cabane au Canada
J'y reviendrai avec toi
Nous rallumerons le feu
Tous les deux
Nous n'aurons pas de voisins
Parfois seul un vieil indien
Entrera dans ma cabane au Canada
Je te dirai le nom des fleurs sauvages
Je t'apprendrai le chant de la forêt
Ma cabane au Canada
Tant que tu y resteras
Ce sera le paradis
Mon chéri
À quoi bon chercher ailleurs
Je sais bien que le bonheur
Il est là, dans ma cabane au Canada 
Line Renaud
16/12/2015 - 17:14



DEMANDE SPÉCIALE D'UN SOLDAT

À toi mon bon vieux Père Noel

Toi le messager du ciel
Je te demande en cadeau cette année
Je demande une paix éternelle
Je ne veux jamais plus jouer à la guerre
Ma vie de soldat me pèse
Loin de mes proches en cette belle période
Je vis en ce moment
Que de terreur , je ne vois que des horreurs
Comme petit cadeau Père Noel
Je te demande que:
J'arrête de jouer à ce jeu d'enfer
Je refuse de tuer des humains innocents
Je refuse d'y laisser ma vie
Je suis encore jeune et une belle vie devant moi
Je me refuse même soldat
De détruire des maisons de bois ou de béton
Que me demande ma vie de soldat
Non je ne suis pas un lâche
Je suis un petit soldat
Qui a choisi de servir son pays
Quitte à y laisser sa vie
Moi je désire vivre , j'aime trop la vie
Je suis un petit soldat
Mais pas prêt d'aller voir Dieu au Paradis

@copyright Théma

16/12/2015 - 17:10
Pluie du soir
 
             Il mouille et les trottoirs brillent
Où la lueur des réverbères jaunâtres
Se fane tristement
Sous le bruit sourd de la pluie
Qui efface le firmament
            Un piéton au pas lourd
            Courbe le dos où coule l’eau
            Qui dégouline avec gravité
            Dans les flaques luisantes
            Mais glauques
Dans le désert de la rue
Quand la ville s’endort
Mille chuintements aqueux
Joignent le martèlement
Des gouttes gluantes
            Elles s’abandonnent
            Avec leurs teintes ocre sale
            Sur le trottoir aveugle
            D’où l’homme disparait
            Sous un porche noir...

 
  Malices
15/12/2015
16/12/2015 - 16:35
 AMITIE AMITIE 

Amitié qui es-tu, toi dont on parle tant ?
Que l’on cite à tout va dans journaux et romans,
Toi qui fais des miracles, ou du moins le dit-on,
Les grands de notre monde ne parlent qu’en ton nom.

Amitié où es-tu, moi je ne te vois pas
Mais je vois dans la rue des gens qui meurent sans toi,
Des poètes affamés que personne n’écoute
Et qui se retrouvent seuls sur une bien triste route.

Ceux-là ont tout tenté et frappé à ta porte,
Mais leurs cris déchirants sont restés lettre morte.
Ils te cherchent partout, ils ont besoin de toi
Et ne te trouvent pas car l’égoisme est roi.

Amitié, Amitié, lorsque le canon tonne,
Est-ce aussi en ton nom que la mort se donne
Et s’il en est ainsi pourquoi donc parlons-nous,
Puisque, dans notre bouche, les mots deviennent fous ?

Peut-être un jour viendra où c’est avec le cœur
Que nous nous comprenons, alors là plus de leurre
Car le cœur c’est l’amour et l’amour c’est tout,
Amitié, Amitié, où es-tu ? dis-le nous.

15/12/2015 - 19:30
                                 ** LA PASTORALE DE GALAGU **
                                 - conte de Jean-Claude RENOUX -

Galagu appartient vraiment à l'imaginaire provençal et n'est autre que Gargantua !


Dans une maison, vieille maison offerte à tous les vents, restait il y a
bien longtemps une vieille, vieille femme qu'on appelait la mamet
Jaumette.



La vie n'avait guère épargné la vieille, et elle n'avait plus de famille
qu'un petit-fils. Et encore : l'enfant qui s'appelait Olivier était si
petit, si maigre, si pâle, que le voyant chacun retenait sa respiration
de crainte de le voir s'affaisser comme un château de cartes. La vieille
avait en charge la bergerie du château de la Baume qui se trouvait tout
à côté de la maison, vieille maison offerte à tous les vents.
Un jour un médecin passant par là, vit l'enfant si petit, si maigre, si
pâle. Il dit à la vieille femme qu'elle devrait mieux le conduire à
l'hôpital. Au regard qu'échangèrent la mamet Jaumette et son petit-fils,
il sut que rien ne pourrait séparer ces deux-là. Alors il proposa à la
vieille de faire coucher l'enfant dans la bergerie, et non dans la
vieille maison offerte à tous les vents :




- La chaleur des moutons le protégera du froid, et avec un peu de chance peut-être se portera-t-il mieux.
Et le médecin s'en fut là où l'on payait ses services.
La vieille femme aménagea un coin pour l'enfant, à l'écart des moutons, et
la vie continua comme par le passé. Mais Olivier ne s'en portait pas mieux.
La fièvre dévorait ses grands yeux, et il ne quittait plus guère la bergerie.
Vint la période de Noël. Olivier, pour passer le temps, confectionna une crèche, et y mit tous les santons
que la mémé Jaumette lui avait offerts les Noëls précédents :




Le tout petit enfant dans son nid de paille, Joseph et Marie, le boeuf et
l'âne, les rois mages, l'ange Boufareu soufflant dans sa trompette, le
berger et son chien, un petit pâtre qui portait un agneau, l'aveugle et
son fils, un banc d'allumettes, les amoureux Mireille et Vincent se
cachant derrière un buisson de mousse, Roustide et sa lanterne cherchant
les amoureux, le Ravi s'extasiant tout en levant les bras, le garde
champêtre et le boumian, la poissonnière et son pistachier de mari, le
rémouleur, qu'on appelle amoulaïre en Provence, le meunier qui s'était
chargé d'un sac énorme de farine fraîchement moulue, un montreur d'ours
et sa bête...

Olivier se dit que l'âne et le boeuf ne suffiraient peut-être pas à réchauffer
le tout petit enfant, et il découpa une étoile de papier jaune qu'il
accrocha tout en haut de la crèche. Puis il songea que peut-être
l'agneau du pastouret aurait soif, et il confectionna un gros nuage bleu
avec du carton qu'il suspendit non loin de l'étoile de papier jaune.
Quand il eut fini d'aménager la crèche, il se rappela les contes de la
mamet Jaumette, et de Galagu, le géant du légendaire provençal. Alors
avec un peu d'argile, il fit une figurine, plus grande que les autres,
qu'il plaça non loin du pastouret et de l'agneau. Et puisqu'il lui
restait du temps, puisqu'il avait sous la main bien des boites en
carton, et beaucoup de planches, il fabriqua, à quelques pas de la
crèche, un petit village provençal, avec ses maisons, ses rues
commerçantes et ses ruelles tortueuses, sa place et sa fontaine... il
n'y manquait que le mont du Castelas et l'étang de l'olivier pour que le
village ressemblât à Istres, en ce temps-là !

Il eut terminé pour Noël. La mamet Jaumette vint lui apporter un grand
plat de lentille, en guise de réveillon, et admira la crèche, et le
village à quelques pas de là.

- Surtout ferme bien les portes : il fait si froid que les loups
approchent du village. Bientôt on les verra gratter aux portes des
bergeries. Ils pourraient manger les moutons, et toi par dessus le
marché !

Olivier promit, et la vieille s'en fut vers la maison offerte à tous les vents.
L'enfant contemplait la crèche, quand tout à coup voilà qu'elle s'anima : 
Le tout petit enfant dans son petit nid de paille souriait à Joseph et
Marie, le boeuf et l'âne soufflaient à qui mieux peut, les rois mages se
félicitaient d'être arrivés à temps au bout de leur voyage, l'ange
Boufareu reprenait son souffle, le berger caressait le chien qui remuait
la queue, l'agneau se pressait contre le pastouret en regardant Galagu,
le fils de l'aveugle faisait asseoir le vieux sur le banc d'allumettes,
les amoureux Mireille et Vincent s'embrassaient derrière le buisson de
mousse, pendant que Roustide balayait l'obscurité de sa lanterne pour
les chercher, le Ravi s'extasiait tout en levant les bras et en
regardant les amoureux : " Que le monde est beau ", le garde champêtre
roulait une cigarette pour le boumian, et le boumian proposait au garde
champêtre de partager avec lui la dinde qu'il avait volé à Roustide, la
poissonnière surveillait son pistachier de mari, le rémouleur, qu'on
appelle amoulaïre en Provence, affûtait un couteau, le meunier posait le
sac énorme de farine fraîchement moulue pour s'éponger le front, le
montreur d'ours faisait danser sa bête...

Galagu bailla bien fort, et déclara aux uns aux autres, qu'il avait bien faim
et qu'il s'offrirait bien un agneau. Quand il fit un pas vers celui du
pastouret, tous s'émurent. Mais le géant eut vite fait de bouléguer les
uns, les autres, d'aganter le couteau du rémouleur, et de courir après
le petit pâtre qui se sauvait de toutes ses courtes jambes d'argile vers
le village provençal, à quelques pas de là, sous le regard étonné
d'Olivier :

- Ne bouge pas, lui dit l'ange Boufareu, ou tu deviendrais santon parmi les santons !
Le pastouret et Galagu coururent entre les maisons de bois et de carton, au hasard
des rues et des ruelles tortueuses...


Les rois mages n'avaient encore rien dit, rien fait pour empêcher Galagu de
s'emparer de l'agneau. Mais figurez-vous que le soir de Noël chacun
d'eux a droit à un voeu ! Gaspard tendit le doigt vers les araignées qui
regardaient toute cette animation, suspendues aux poutres maîtresses de
la charpente de la bergerie. Les araignées descendirent à toutes pattes
et tentèrent de maîtriser en le ligotant de leurs fils le géant en
furie. Elles se décarcassèrent tant et plus, mais malgré la peine
qu'elles y prirent, le géant eut tôt fait de se libérer. Melchior tendit
alors la main vers le nuage de carton bleu, et voilà que celui-ci
déversa l'eau en quantité telle que bientôt les pas du géant se firent
plus pesant, ses pieds ne se décollèrent plus qu'avec difficulté.
Bientôt il ne put plus avancer, puis il ramollit, et se transforma en un
tas informe d'argile humide, tout en haut du village de bois et de
carton, pendant que l'eau dévalait les rues et les ruelles, pour former
une mare en contrebas. Balthazar, qui ne voulait pas être de reste,
tendit le doigt vers l'étoile de papier jaune, et voilà que les
araignées affluèrent à nouveau, et entreprirent de la hisser tout en
haut de la plus grosse des poutres maîtresses de la charpente de la
bergerie. Là, l'étoile se mit à briller, à briller, à briller, alors que
l'ange Boufareu, avant d'emboucher sa trompette, s'adressait à l'enfant
pour lui dire :

- Eh bien, qu'attends-tu pour ouvrir toutes grandes les portes de la bergerie ?
C'est Noël pour tous ce soir !

Puis chacun reprit la pause :
Le tout petit enfant dans son nid de paille, Joseph et Marie, le boeuf et
l'âne, les rois mages, l'ange Boufareu soufflant dans sa trompette, le
berger et son chien, le petit pâtre portant l'agneau, l'aveugle et son
fils, les amoureux Mireille et Vincent derrière un buisson de mousse,
Roustide et sa lanterne, le Ravi levant les bras, le garde champêtre et
le boumian, la poissonnière et son pistachier de mari, le rémouleur,
qu'on appelle amoulaïre en Provence, le meunier et son sac énorme de
farine fraîchement moulue, le montreur d'ours et sa bête...

Olivier ouvrit la porte ! Une première paire d'yeux s'allumèrent dans
l'obscurité, et un loup rentra en montrant les dents, puis un autre, et
un troisième. Mais au lieu de courir aux moutons, ils s'adoucissaient en
pénétrant plus avant, et en passant sous l'étoile. Les voilà assis tout
autour du plat de lentille ! Ensuite se fut au tour des renards, puis
des blaireaux de prendre place dans la bergerie. Les lapins, les
écureuils suivirent. Les animaux des bois, des combes et des collines se
pressaient autour du plat, et plus ils en mangeaient, autant il y en
avait. Le plat semblait ne devoir jamais diminuer. Quand ils furent
assadoulés, ils partirent. Les loups d'abord, puis les renards et les
blaireaux, suivis des lapins et des écureuils, et de tous les animaux
qui peuplent les bois, les combes et les collines d'Istres.

Lorsqu'au matin la mamet Jaumette se rendit à la bergerie, sa gorge se noua en
voyant les portes grandes ouvertes. Elle eut peur pour les moutons, bien
sûr, mais surtout pour Olivier, si petit, si maigre, si pâle, incapable
de résister à l'appétit des loups ! Ce furent des bêlements amicaux qui
l'accueillirent, au lieu du carnage qu'elle redoutait voir. Tout à côté
de la crèche, l'enfant dormait. La fièvre semblait être tombée. La
vieille, vieille femme s'étonna de voir que le village de cartons et de
bois comptait maintenant un mont qui ressemblait à celui du Castelas ;
et un étang lui baignait les pieds, qu'on aurait pris pour celui de
l'olivier : c'était bien Istres, tel qu'il était en ce temps-là. Un
rayon de soleil rentra derrière la vieille. Mille fils d'or
scintillèrent, mille fils d'or qui convergeaient vers l'étoile qui
brillait, tout là-haut, suspendue à la plus grosse des poutres maîtresse
de la charpente de la berge
rie.