Marin Marais...Viole de gambe... Où êtes-vous Marin marais, Sainte Colombe, Delalande? Où sont donc tous ces menuets, Et tous ces airs qui vous transcendent? _Où êtes-vous Marin Marais, Clavecins et violes de gambe, Sur des musiques dépassées, Et ces poèmes et ces iambes Surgis de ces notes pleurées, Ces sonnets et ces villanelles, Ces quatrains et ces triolets, Contredanses et ritournelles Qui ont fait tant d'amours se nouer? _Où êtes-vous Marin Marais, Rameau, Lully et Couperin, Tapis au fond de nos pensées, Avec ces sons de clavecins, Toutes ces notes envolées, Tous ces chants un rien désuets, Et ces poèmes et ces iambes, Musiques et encres mêlées D'amour et de violes de gambes?...
Poète : Auguste Angellier (1848-1911) Recueil : À l'amie perdue (1896).
Splendides reflets bleus des parois des glaciers, Qui plongez dans une ombre aussi bleue et splendide, Où les pâles azurs des cristaux, des aciers, Se réfractent sans fin en un saphir limpide,
Où les argents, tantôt nacrés, tantôt lucides, Près desquels les rayons de lune sont grossiers, S'unissent, en des jeux féeriques et rapides, À des bleus assombris, somptueux et princiers ;
Gouffre idéalement bleuâtre, gouffre étrange, Et dans lequel la main invisible d'un ange Sème encor des béryls et des aigues-marines,
Je connais, ô glaciers, un abîme plus doux, Plus riche et frissonnant de clartés divines, Dans l'azur d'yeux plus purs et plus profonds que vous.
Ciel assombri Gouttes de pluie Au gré du vent Elles ont un reflet d'argent Perles d'eau Roulant vers le ruisseau Sous le caprice de la météo Elles tombent et se déposent Sur les feuilles et les pétales des roses Coulent en perles de cristal Mais pour la vie elles sont vitales Petites gouttes transparentes Fragiles et tremblantes Dans la rosée du matin Tel un tissu de satin Glissent et s'accrochent Tout près de la roche Roulant sur les hautes herbes folles Dont la terre assoiffée raffole Sur les fleurs d'un rouge flamboyant Brillent comme des diamants Petites perles fines Tombent sur une note cristalline
@Copyright Vizzavona2A
Ce commentaire a été modifié le 23/05/2019 à 11:04
Je m'éveille dans le silence de la maison de la mer, Dehors, l'écume trouble déchire le rocher. Un oiseau nautonier figure le monde seul Quand l'odeur de la querelle trace l'inquiétude. Une cendre d'étoile phosphorescente, Ailleurs, consume sa beauté passée. Les sanglots des branches frappent la terre au pied Agitant la signifiance du bruit qui secoue la porte Sur l'escalier sombre et fiévreux. L'eau s'écarte dans le sommeil des poupes, Seule une poignée résiste, Celle de l'aube sur un regard sage. ...Noirs sont les jeux, Jamais de soi mais des autres...
Marin Marais par André Bouys, 1704.
Marin Marais...Viole de gambe...
Où êtes-vous Marin marais,
Sainte Colombe, Delalande?
Où sont donc tous ces menuets,
Et tous ces airs qui vous transcendent?
_Où êtes-vous Marin Marais,
Clavecins et violes de gambe,
Sur des musiques dépassées,
Et ces poèmes et ces iambes
Surgis de ces notes pleurées,
Ces sonnets et ces villanelles,
Ces quatrains et ces triolets,
Contredanses et ritournelles
Qui ont fait tant d'amours se nouer?
_Où êtes-vous Marin Marais,
Rameau, Lully et Couperin,
Tapis au fond de nos pensées,
Avec ces sons de clavecins,
Toutes ces notes envolées,
Tous ces chants un rien désuets,
Et ces poèmes et ces iambes,
Musiques et encres mêlées
D'amour et de violes de gambes?...
@copyright Marie-Hélène
Les azurs
Poète : Auguste Angellier (1848-1911)
Recueil : À l'amie perdue (1896).
Splendides reflets bleus des parois des glaciers,
Qui plongez dans une ombre aussi bleue et splendide,
Où les pâles azurs des cristaux, des aciers,
Se réfractent sans fin en un saphir limpide,
Où les argents, tantôt nacrés, tantôt lucides,
Près desquels les rayons de lune sont grossiers,
S'unissent, en des jeux féeriques et rapides,
À des bleus assombris, somptueux et princiers ;
Gouffre idéalement bleuâtre, gouffre étrange,
Et dans lequel la main invisible d'un ange
Sème encor des béryls et des aigues-marines,
Je connais, ô glaciers, un abîme plus doux,
Plus riche et frissonnant de clartés divines,
Dans l'azur d'yeux plus purs et plus profonds que vous.
Auguste Angellier.
PERLES DE PLUIE
Ciel assombri
Gouttes de pluie
Au gré du vent
Elles ont un reflet d'argent
Perles d'eau
Roulant vers le ruisseau
Sous le caprice de la météo
Elles tombent et se déposent
Sur les feuilles et les pétales des roses
Coulent en perles de cristal
Mais pour la vie elles sont vitales
Petites gouttes transparentes
Fragiles et tremblantes
Dans la rosée du matin
Tel un tissu de satin
Glissent et s'accrochent
Tout près de la roche
Roulant sur les hautes herbes folles
Dont la terre assoiffée raffole
Sur les fleurs d'un rouge flamboyant
Brillent comme des diamants
Petites perles fines
Tombent sur une note cristalline
@Copyright Vizzavona2A
Je m'éveille dans le silence de la maison de la mer,
Dehors, l'écume trouble déchire le rocher.
Un oiseau nautonier figure le monde seul
Quand l'odeur de la querelle trace l'inquiétude.
Une cendre d'étoile phosphorescente,
Ailleurs, consume sa beauté passée.
Les sanglots des branches frappent la terre au pied
Agitant la signifiance du bruit qui secoue la porte
Sur l'escalier sombre et fiévreux.
L'eau s'écarte dans le sommeil des poupes,
Seule une poignée résiste,
Celle de l'aube sur un regard sage.
...Noirs sont les jeux,
Jamais de soi mais des autres...
@copyright Marie-Hélène
Illustration: Google
Au lever
Aigue-marine le ciel
inonde le paysage
la plaine somnole
le jour déjà levé
pluvine de rayons
à se noyer les yeux
les notes légères
d’une brise fluide
dansent à petits pas
un terril rutile
que le soleil tiédit
placide silhouette
l’air est transparent
le merle m’appelle
je pense à toi déjà
Malices
Lovés l’un contre l’autre tout le temps,
Merveilleux voyage pour deux amants.
Vrille hors de portée, en fuite en avant
Sur des eaux lointaines bercées par les murmures du vent.
Au hasard du destin, nos yeux s’ouvrent sur une aurore boréale,
Lumière de Norvège intemporelle de Tromsø idéale.
Sous ses cieux tu es ma douce chaleur, mon étoile.
Rêves parfaits, secret d’un voyage nuptial,
Goûtons à la vie jusqu’à l’ivresse,
Sans hâte, baignons nos corps d’espérance et de tendresse.
La beauté des fjords se détache sur les fonds transparents,
Entre blanc bleu sous un soleil flamboyant.
Toujours blottie sur ton épaule, partons en Irlande
Vivre les brumes sur ses landes.
Serre-moi mon tendre amant dans tes bras,
Embrasse-moi devant le lac du Connemara.
Restons loin des sentiers battus
Sur une couche de mousse embaumée, dévêtue
Jusqu’au petit matin, tu prendras ma vertu,
Voluptés et charmes comme festin veux-tu.
Après Dingle, Killarney, Kerry
Offre au printemps de merveilleuses prairies.
Nous quittons le Nord pour la Grèce
Sous le soleil et ses moulins qui tournent avec allégresse.
Allons voir le temple d’Apollon
Et diner à Santorin accompagné de violons.
Dans le couchant doré se noyant sur les iles,
Les ruines antiques invitent à savourer notre idylle.
Quand se couchera la dernière étoile du matin radieux.
Nous serons fous d’un bonheur vécu tous les deux,.
Dans cette fin de voyage imaginaire en promesses merveilleuses,
Nous sommes encore lovés sous la blanche couverture soyeuse.
@copyrightClaudie
Poète : Auguste Angellier (1848-1911)
Recueil : Le chemin des saisons (1903).
Première Voix.
La neige tombe à gros flocons ;
Par dessus nous, le ciel est noir ;
La terre, autour de nous, est noire ;
La lourde neige seule est blanche ;
On entend huer les faucons,
Dans les murs croulants du manoir ;
La sorcière est à son grimoire ;
Et le corbeau dort sur sa branche ;
Le gel sème Pair de frissons,
Dieu ! qu'il est triste de s'asseoir
Seul au foyer, quand la mémoire
Sur le puits du passé se penche !
Deuxième Voix.
Sur les toits pendent les glaçons,
Mais le soleil les fera choir ;
L'Hiver est chose transitoire,
Le Printemps prendra sa revanche ;
Les rayons battront les buissons ;
Aux eaux claires de l'abreuvoir,
Les troupeaux libres viendront boire,
Sous un ciel couleur de pervenche ;
Lors, les cœurs auront des chansons,
Lors, les cœurs reprendront espoir,
Et célébreront la victoire
Des bourgeons sur la neige blanche !
Auguste Angellier.
Statue d'Auguste Angellier, vue de la rue Jean-Bart (Lille).
Ailes crochetées
de l’Afrique il venait
sur le dos le dessin
d’un crâne décharné
l’étrange volait
ici s’est posé
sur une belladone
s’est accouplé
la chenille
dévorera la belle
en sphynx éclora
papillon s’envolera
Malices
29/04/2019