«Les bras nus cerclés d'or et froissant le brocart De sa robe argentée aux taillis d'aubépines, Mélusine apparaît entre les herbes fines ,Les cheveux révoltés, saignante et l'œil hagard. La splendeur de sa gorge éblouit le regard Et l'émail de ses dents a des clartés divines ; Mais Mélusine est folle et fait dans les ravines Paître au pied des sapins la biche et le brocart. Depuis cent ans qu'elle erre au pied des arbres fées, Elle est fée elle-même ; un charme étrange et doux La fait suivre à minuit des renards et des loups. Ses yeux au ciel nocturne enchantent les hiboux, Et près d'elle, érigeant ses fleurs en clairs trophées, Jaillit un glaïeul rose à feuillage de houx» Jean Lorrain. 9 août 1855: naissance de Jean Lorrain, homme de lettres et journaliste français. À la fin du XIXe siècle, tout le monde avait son avis sur Jean Lorrain.Il faisait scandale. Léon Daudet, jamais avare d'une cruauté, le dépeignit: «Une tête poupine de vieux coiffeur vicieux. Qu'on imagine unégout servant de déversoir à un hôpital». C'était un extravagant, un homosexuel assumé (certains de ses ennemis l'appelaient «Jeanne, ma bonne Lorraine»). Ses livres et ses articles sont crus, très visuels. Onse représente tout de suite la scène quand il la décrit (La Maison Philibert). S'il n'y a quasiment que du vice dans ses romans, ses poèmes sont plus doux. Comme il buvait de l'éther (du solvant), il quitta la terre à 51 ans par là où il y était entré, à Fécamp.
Ce commentaire a été modifié le 09/08/2018 à 10:52
L’air embaumait les fleurs des montagnes ! Dans un écrin de broussailles et de roseaux La petite source joyeusement coulait … Le babil cristallin du ruisseau Dans le petit matin, traversait Les feuillages et faisait Scintiller la surface de l’eau. De plus en plus lumineux, le ciel Se teintait de rose, de gris et d’orange pâle !
La rivière sans se dépêcher Arrive au fond de la vallée Assez large pour qu’un pont La traverse d’un seul bond Le clocher par-dessus la ville Annonce une heure tranquille Le dîner sera bientôt prêt Tout le monde l’attend, au frais, On entend les gens qui causent Les jardins sont pleins de roses Le rose propage et propose L’ombre rouge à l’ombre rose
La campagne fait le pain La colline fait le vin C’est une sainte besogne Le vin, c’est le vin de Bourgogne! Le citoyen fort et farouche Porte son verre à sa bouche Mais la poule pousse affairée Sa poulaille au poulailler Tout le monde a fait son devoir En voilà jusqu’à ce soir. Le soleil dit: Il est midi.
Pour saluer la torpeur estivale et trouver du charme à la canicule, voici unpoème retrouvé de la comtesse Anna de Noailles (1876-1933), née à Parisd’un prince d’origine roumaine, amie de Proust, Cocteau et Colette, et qui avait passé sa jeunesse sur les rives du Léman. Il s’intitule «Chaleur».
Tout luit, tout bleuit, tout bruit, Le jour est brûlant comme un fruit Que le soleil fendille et cuit. Chaque petite feuille est chaude Et miroite dans l'air où rôde Comme un parfum de reine-claude. Du soleil comme de l'eau pleut Sur tout le pays jaune et bleu Qui grésille et oscille un peu. Un infini plaisir de vivre S'élance de la forêt ivre, Des blés roses comme du cuivre. Anna de Noailles
Prise au piège entre deux choix Tiraillée entre deux épingles du vice Je ne sais que pensé de toi et moi Et je reste ici indécise.
Que cherches-tu à faire de nouveau Maintenant que je commence à tirer un trait Sur ce qui s’est passé Et peu à peu s’efface mes maux. A présent tu veux me revoir Est-ce pour me faire souffrir Dans mon coeur j’ai une note d’espoir Que j’espère ne pas voir mourir.
Face à toi je perds tout sens de contrôle Je dissimule mes faiblesses Et écoute une à une tes paroles Mais au fond de moi remonte cette amère tristesse.
Ferai-je le bon choix dans quelques jours? On me conseille d’écouter mon coeur Je le fais malgré les rancoeurs Espérant que ce soit pour toujours.
"Le Rouge-gorge" La légende avec sa part de rêve et poésie En ce jour de la Passion, nous dit, sans hérésie Que le Rouge-gorge passereau familier et populaire Essuya de ses ailes les larmes du Christ au Calvaire ; Puis, de son bec, il arracha les épines qui le blessaient à la tête, Lorsque qu’une goutte de sang tomba sur sa gorge rondelette, Colorant dés lors et donc à jamais son humble plumage, Lui attribuant ce plastron à nul autre pareil, en hommage.
Gilles/lepoete71...20/12/2009 "La Belle et le Rouge-gorge" Sautillant sur ses deux longues pattes graciles La Belle aperçu ce petit être, fragile. Alors, venant de deux gros boutons de bottine, Son air interrogateur d’façon cabotine, Son regard, son œil vif, la firent « succomber » Et de lui, amoureuse, La Belle est tombée. Le Rouge-gorge : attendrissant et angélique, Apparaît fin septembre ; Ô douce musique. La mélancolie de sa mélodie, la charme Parfois, tôt le matin, lui arrachant des larmes, Ou tard le soir, d'un sous-boisjauni par l'automne, Où donc, elle l’entend qui tristement chantonne. À toutes heures, pour l’apercevoir, elle fouille Dans les ramures aux feuilles coloris rouille ; L’hiver, à l’heure des frimas, il est la petite flamme rousse Sortant du nid fait de feuilles mortes, de mousse, Qui au réveil, réchauffe et console ses nuits sans fin. Elle lui donne des miettes de pain quand il a faim. Le Rouge-gorge ne manquait aucun rendez-vous, Alors, Il devint son ami, le croirez –vous ? C’était un Prince charmant venu de Finlande ! Amie, se termine ainsi ma belle légende. Car, en vérité Son envol printanier Laissa un vide au cœur de La Belle ; Il disparut fin mars. Adieu Rouge-gorge mon ami.
Les hirondelles de Moitiébart.
Dans le ciel de Moitiébart
Fleurissent les hirondelles.
« Tiens bon la barre,
Poète ! Tes rimes sont belles ! »
Elles jouent sans fausse note,
Sur les fils électriques,
Noires et blanches lyriques
S’accouplent et mijotent.
Ces demoiselles font du zèle ?
Des ailes vives et sincères !
Elles errent et ensorcellent,
L’éther leur est offert !
Survolant les étangs
De Luzancy, elles culminent
En arborescence un temps
Et la vallée, dominent !
Thierry Petibon
Sur les routes de mon pays
2018
(vidéo prise de ma cour)
si la vidéo ne passe pas , vous pourrez la visualiser
via ma page Facebook
"Thierry Petibon le chemin »
++++
CLIC...https://www.francetvinfo.fr/decouverte/video-il-y-a-de-moins-en-mois-d-hirondelles-en-france_98575.html
«Les bras nus cerclés d'or et froissant le brocart
De sa robe argentée aux taillis d'aubépines,
Mélusine apparaît entre les herbes fines
,Les cheveux révoltés, saignante et l'œil hagard.
La splendeur de sa gorge éblouit le regard
Et l'émail de ses dents a des clartés divines ;
Mais Mélusine est folle et fait dans les ravines
Paître au pied des sapins la biche et le brocart.
Depuis cent ans qu'elle erre au pied des arbres fées,
Elle est fée elle-même ; un charme étrange et doux
La fait suivre à minuit des renards et des loups.
Ses yeux au ciel nocturne enchantent les hiboux,
Et près d'elle, érigeant ses fleurs en clairs trophées,
Jaillit un glaïeul rose à feuillage de houx»
Jean Lorrain.
9 août 1855: naissance de Jean Lorrain, homme de lettres et journaliste français.
À la fin du XIXe siècle, tout le monde avait son avis sur Jean Lorrain.Il faisait scandale.
Léon Daudet, jamais avare d'une cruauté, le dépeignit: «Une tête poupine de vieux coiffeur vicieux. Qu'on imagine unégout servant de déversoir à un hôpital». C'était un extravagant, un homosexuel assumé (certains de ses ennemis l'appelaient «Jeanne, ma bonne Lorraine»). Ses livres et ses articles sont crus, très visuels. Onse représente tout de suite la scène quand il la décrit (La Maison Philibert). S'il n'y a quasiment que du vice dans ses romans, ses poèmes sont plus doux. Comme il buvait de l'éther (du solvant), il quitta la terre à 51 ans par là où il y était entré, à Fécamp.
L’air embaumait les fleurs des montagnes !
Dans un écrin de broussailles et de roseaux
La petite source joyeusement coulait …
Le babil cristallin du ruisseau
Dans le petit matin, traversait
Les feuillages et faisait
Scintiller la surface de l’eau.
De plus en plus lumineux, le ciel
Se teintait de rose, de gris et d’orange pâle !
Michelle
La rivière sans se dépêcher
Arrive au fond de la vallée
Assez large pour qu’un pont
La traverse d’un seul bond
Le clocher par-dessus la ville
Annonce une heure tranquille
Le dîner sera bientôt prêt
Tout le monde l’attend, au frais,
On entend les gens qui causent
Les jardins sont pleins de roses
Le rose propage et propose
L’ombre rouge à l’ombre rose
La campagne fait le pain
La colline fait le vin
C’est une sainte besogne
Le vin, c’est le vin de Bourgogne!
Le citoyen fort et farouche
Porte son verre à sa bouche
Mais la poule pousse affairée
Sa poulaille au poulailler
Tout le monde a fait son devoir
En voilà jusqu’à ce soir.
Le soleil dit:
Il est midi.
Paul Claudel:1868/1955
Théophile Gautier
Par l’ennui chassé de ma chambre,
J’errais le long du boulevard :
IL faisait un temps de décembre,
Vent froid, fine pluie et brouillard ;
Et là je vis, spectacle étrange,
Échappés du sombre séjour,
Sous la bruine et dans la fange,
Passer des spectres en plein jour.
Pourtant c’est la nuit que les ombres,
Par un clair de lune allemand,
Dans les vieilles tours en décombres,
Reviennent ordinairement ;
C’est la nuit que les Elfes sortent
Avec leur robe humide au bord,
Et sous les nénuphars emportent
Leur valseur de fatigue mort ;
C’est la nuit qu’a lieu la revue
Dans la ballade de Zedlitz,
Où l’Empereur, ombre entrevue,
Compte les ombres d’Austerlitz.
Mais des spectres près du Gymnase,
A deux pas des Variétés,
Sans brume ou linceul qui les gaze,
Des spectres mouillés et crottés !
Avec ses dents jaunes de tartre,
Son crâne de mousse verdi,
A Paris, boulevard Montmartre,
Mob se montrant en plein midi !
La chose vaut qu’on la regarde :
Trois fantômes de vieux grognards,
En uniformes de l’ex-garde,
Avec deux ombres de hussards !
On eût dit la lithographie
Où, dessinés par un rayon,
Les morts, que Raffet déifie,
Passent, criant : Napoléon !
Ce n’était pas les morts qu’éveille
Le son du nocturne tambour,
Mais bien quelques vieux de la vieille
Qui célébraient le grand retour.
Depuis la suprême bataille,
L’un a maigri, l’autre a grossi ;
L’habit jadis fait à leur taille,
Est trop grand ou trop rétréci.
Nobles lambeaux, défroque épique,
Saints haillons, qu’étoile une croix,
Dans leur ridicule héroïque
Plus beaux que des manteaux de rois !
Un plumet énervé palpite
Sur leur kolbach fauve et pelé ;
Près des trous de balle, la mite
A rongé leur dolman criblé ;
Leur culotte de peau trop large
Fait mille plis sur leur fémur ;
Leur sabre rouillé, lourde charge,
Creuse le sol et bat le mur ;
Ou bien un embonpoint grotesque,
Avec grand’peine boutonné,
Fait un poussah, dont on rit presque,
Du vieux héros tout chevronné.
Ne les raillez pas, camarade ;
Saluez plutôt chapeau bas
Ces Achilles d’une Iliade
Qu’Homère n’inventerait pas.
Respectez leur tête chenue !
Sur leur front par vingt cieux bronzé,
La cicatrice continue
Le sillon que l’âge a creusé.
Leur peau, bizarrement noircie,
Dit l’Égypte aux soleils brûlants ;
Et les neiges de la Russie
Poudrent encor leurs cheveux blancs.
Si leurs mains tremblent, c’est sans doute
Du froid de la Bérésina ;
Et s’ils boitent, c’est que la route
Est longue du Caire à Wilna ;
S’ils sont perclus, c’est qu’à la guerre
Les drapeaux étaient leurs seuls draps ;
Et si leur manche ne va guère,
C’est qu’un boulet a pris leur bras.
Ne nous moquons pas de ces hommes
Qu’en riant le gamin poursuit ;
Ils furent le jour dont nous sommes
Le soir et peut-être la nuit.
Quand on oublie, ils se souviennent !
Lancier rouge et grenadier bleu,
Au pied de la colonne, ils viennent
Comme à l’autel de leur seul dieu.
Là, fiers de leur longue souffrance,
Reconnaissants des maux subis,
Ils sentent le coeur de la France
Battre sous leurs pauvres habits.
Aussi les pleurs trempent le rire
En voyant ce saint carnaval,
Cette mascarade d’empire
Passer comme un matin de bal ;
Et l’aigle de la grande armée
Dans le ciel qu’emplit son essor,
Du fond d’une gloire enflammée,
Étend sur eux ses ailes d’or !
Théophile Gautier, Emaux et camées.
Pour saluer la torpeur estivale et trouver du charme à la canicule, voici unpoème retrouvé de la comtesse Anna de Noailles (1876-1933), née à Parisd’un prince d’origine roumaine, amie de Proust, Cocteau et Colette, et qui avait passé sa jeunesse sur les rives du Léman.
Il s’intitule «Chaleur».
Tout luit, tout bleuit, tout bruit,
Le jour est brûlant comme un fruit
Que le soleil fendille et cuit.
Chaque petite feuille est chaude
Et miroite dans l'air où rôde
Comme un parfum de reine-claude.
Du soleil comme de l'eau pleut
Sur tout le pays jaune et bleu
Qui grésille et oscille un peu.
Un infini plaisir de vivre
S'élance de la forêt ivre,
Des blés roses comme du cuivre.
Anna de Noailles
Prise au piège entre deux choix
Tiraillée entre deux épingles du vice
Je ne sais que pensé de toi et moi
Et je reste ici indécise.
Que cherches-tu à faire de nouveau
Maintenant que je commence à tirer un trait
Sur ce qui s’est passé
Et peu à peu s’efface mes maux.
A présent tu veux me revoir
Est-ce pour me faire souffrir
Dans mon coeur j’ai une note d’espoir
Que j’espère ne pas voir mourir.
Face à toi je perds tout sens de contrôle
Je dissimule mes faiblesses
Et écoute une à une tes paroles
Mais au fond de moi remonte cette amère tristesse.
Ferai-je le bon choix dans quelques jours?
On me conseille d’écouter mon coeur
Je le fais malgré les rancoeurs
Espérant que ce soit pour toujours.
(du net)
"Le Rouge-gorge"
La légende avec sa part de rêve et poésie
En ce jour de la Passion, nous dit, sans hérésie
Que le Rouge-gorge passereau familier et populaire
Essuya de ses ailes les larmes du Christ au Calvaire ;
Puis, de son bec, il arracha les épines qui le blessaient à la tête,
Lorsque qu’une goutte de sang tomba sur sa gorge rondelette,
Colorant dés lors et donc à jamais son humble plumage,
Lui attribuant ce plastron à nul autre pareil, en hommage.
Gilles/lepoete71...20/12/2009
"La Belle et le Rouge-gorge"
Sautillant sur ses deux longues pattes graciles
La Belle aperçu ce petit être, fragile.
Alors, venant de deux gros boutons de bottine,
Son air interrogateur d’façon cabotine,
Son regard, son œil vif, la firent « succomber »
Et de lui, amoureuse, La Belle est tombée.
Le Rouge-gorge : attendrissant et angélique,
Apparaît fin septembre ; Ô douce musique.
La mélancolie de sa mélodie, la charme
Parfois, tôt le matin, lui arrachant des larmes,
Ou tard le soir, d'un sous-boisjauni par l'automne,
Où donc, elle l’entend qui tristement chantonne.
À toutes heures, pour l’apercevoir, elle fouille
Dans les ramures aux feuilles coloris rouille ;
L’hiver, à l’heure des frimas, il est la petite flamme rousse
Sortant du nid fait de feuilles mortes, de mousse,
Qui au réveil, réchauffe et console ses nuits sans fin.
Elle lui donne des miettes de pain quand il a faim.
Le Rouge-gorge ne manquait aucun rendez-vous,
Alors, Il devint son ami, le croirez –vous ?
C’était un Prince charmant venu de Finlande !
Amie, se termine ainsi ma belle légende.
Car, en vérité
Son envol printanier
Laissa un vide au cœur de La Belle ;
Il disparut fin mars.
Adieu Rouge-gorge mon ami.
lepoete71/Gilles...20/12/2009